ven 26 avril 2024 - 05:04

Regard sur… le spiritisme

Le spiritisme est considéré, selon les sources, comme une superstition, comme une science occulte ou comme une doctrine. Il est fondé sur la croyance que certains phénomènes paranormaux sont le moyen pour des entités de l’au-delà appelées « esprits », le plus souvent des personnes décédées, de communiquer avec les vivants. Ce mot s’applique ainsi, de manière large, à un courant disparate où les pratiquants, appelés « spirites », communiquent avec ces « esprits » par divers moyens, comme des sujets en état de transe, les médiums, ou des supports inanimés, tables tournantes.

Le terme de spiritisme désigne aussi par extension les enseignements révélés lors de ces communications, notamment le spiritualisme moderne anglo-saxon initié par les sœurs Fox en 1847, première expression de cette théorie, puis à sa suite la doctrine spirite d’Allan Kardec, pseudonyme de l’instituteur et pédagogue français Hippolyte Léon Rivail Denizard, inventeur des mots « spiritisme » et « spirite ».

Timbre du Danemark pour commémorer un congrès spirite en mai 1911

Par généralisation certains auteurs spécialistes de ce domaine parlent de spiritisme pour toute tradition, ancienne ou actuelle, exerçant un culte ou des rites invoquant les entités non physiques que sont l’âme des morts, les anges, les démons, etc.

Pratiqué dans de nombreux pays sous des formes variées, c’est en Amérique latine et plus particulièrement au Brésil que le spiritisme voit aujourd’hui son extension la plus importante. En France, un renouveau du spiritisme est constaté depuis la fin des années 1970.

Parfois présenté à tort comme une religion, il compte actuellement entre 6 et 50 millions de pratiquants selon les estimations.

Précisions

Dans le vocabulaire courant, le mot « spiritisme » désigne les pratiques popularisées aux États-Unis par les sœurs Fox à partir de 1848, comme celle des « tables tournantes », et toutes les méthodes visant à communiquer avec l’au-delà. En fait, il y a là un abus de langage, même si l’usage l’a consacré, puisque le mot ne fut inventé par Allan Kardec, qu’en 1857, pour désigner sa doctrine. Jusque-là on parlait de « phénomènes magnétiques », de « phénomènes du spiritualisme », ou « spiritualisme moderne », ou de « spiritualisme américain ». Si le terme s’est imposé rapidement c’est parce qu’il permettait de lever une ambiguïté lexicale. En effet, la traduction de spiritualism (le mot en usage dans les pays anglo-saxons) par « spiritualisme » passait mal en français, parce que ce mot avait déjà une signification, celle du spiritualisme philosophique. Ainsi, le mot « spiritisme », conçu à l’origine pour nommer exclusivement la doctrine spirite française, s’appliqua progressivement à l’ensemble des croyances et activités liées à la communication avec les esprits, à travers le monde.

Selon que l’on dénombre uniquement les adeptes de la doctrine spirite au Brésil ou ceux des diverses formes de spiritisme, leur nombre est estimé entre 6 millions et jusqu’à 50 millions, avec une estimation moyenne de 13,5 millions de spirites, essentiellement en Amérique latine.

Le spiritisme n’est pas une religion dans le sens où il ne contient ni dogme, ni rituel, ni adoration, ni hiérarchie, selon les définitions usuelles de ce qu’est une religion. Toutefois, plusieurs encyclopédies classent le spiritisme parmi les religions.

Origines du spiritisme

Le spiritisme moderne est généralement présenté comme la continuité d’une tradition ancestrale commune à la plupart des civilisations. De l’oracle grec au chaman d’Amérique, en incluant le griot ou le marabout africain, les personnes chargées de contacter le monde des esprits (celui des défunts, des anges, des dieux, des démons), ou au contraire chargées de s’en préserver, caractérisent de multiples cultures. René Guénon, dans son ouvrage L’Erreur spirite, considérait, lui, que les explications données par le spiritisme moderne à propos de phénomènes étranges connus depuis l’antiquité étaient une erreur.

Selon David Prado un axiome anthropologique formule que l’homme s’est interrogé sur « l’après vie », développant l’idée d’un « au-delà », dès le moment où il a pris conscience de sa finitude. Ce moment aurait érigé la mort comme « énigme existentielle » avec pour corollaire « la peur de la mort et des morts ». Pour Julien Ries, les premières traces archéologiques de cette croyance seraient observables à l’époque des « hommes de Qafseh », il y a de cela approximativement cent millénaires. Des indices de telles croyances étaient également relevées chez l’homo neanderthalensis il y a quatre-vingts millénaires. Ces signes sont la présence de sépultures et, sur les lieux de sépultures, de corps en position de repos ou fœtales, la présence d’objets de parures, d’ocre rouge symbolisant le sang, d’ornementations du crâne, etc. Soit, un ensemble de vestiges comportementaux laissant penser qu’ils sont porteurs d’une valeur symbolique et par conséquent, l’indice d’un système de représentations portant sur le devenir existentiel de l’homme dans « l’après-vie ».

En effet, toujours selon Prado, André Leroi-Gourhan s’est attaché à étudier les manifestations de préoccupations dépassant l’ordre matériel chez l’homme à l’ère paléolithique. Selon lui, les indications les moins ambiguës permettant de déduire une attitude spécifique vis-à-vis de la mort, sans pour autant reconstituer un système de pensée, apparaîtrait dès le paléolithique moyen (entre 200 000 ans et 35 000 ans). En effet, de nombreuses fouilles révèlent les indices de pratiques funéraires avec les inhumations d’offrandes funéraires et la constatation de traitements du corps pour la mise en terre. Cependant, pour l’auteur, voir dans les pratiques funéraires l’expression de croyances religieuses est surtout le fait de l’interprétation d’un auteur car aucune recherche comparative ne permet de justifier un tel rapprochement.

Dans la lignée de Leroi-Gourhan, Quéchon rappelle en effet que l’état d’ignorance de la science, concernant les motivations métaphysiques de l’homme préhistorique, est lié à un manque de données paléoarchéologiques. Les théories qui ont été forgées sur la question sont parfois biaisées par des méthodes d’investigation archéologiques déficientes. Il récuse, faute de preuves, les interprétations selon lesquelles l’homme préhistorique a conçu « l’au-delà » à l’image de « l’ici-bas ». C’est ce que le chercheur serait tenté de penser lorsque, lors de fouilles, des corps sont découverts ensevelis avec des parures, armes et outils ayant probablement appartenu au défunt. Comme il persiste un manque d’informations sur les variations de ces comportements face à la mort tant dans l’espace que dans le temps, il serait dès lors peu pertinent d’en faire une généralité. Il faudra attendre les premières traces écrites pour pourvoir reconstituer une archéologie de « conceptions » plus précises de la mort et de l’après-vie.

Les traditions au fil des âges

Dans la Mésopotamie antique : Pour les Assyriens et les Babyloniens, les morts étaient un souffle, une vapeur. Ils pouvaient hanter les maisons. Le destin des hommes était fixé dans l’autre monde. Les morts connaissaient notre destinée et pouvaient donner des conseils.

Ancien papyrus égyptien représentant le voyage après la mort

Dans l’Égypte antique : Ancien papyrus égyptien représentant le voyage après la mort.
Les Égyptiens croyaient en un kha, que certains auraient relié au périsprit du mort, au sens du terme « périsprit » donné par le spiritisme. C’est ce kha qu’ils essayaient de retenir dans le tombeau en lui préparant des offrandes. Dans certaines conditions ils invoquaient les morts pour obtenir d’eux des rêves prémonitoires.

Dans la tradition hébraïque : La loi de Moïse, le Deutéronome, interdisait aux hébreux d’interroger les spectres et d’invoquer les morts (Dt 18,11). Selon le premier Livre de Samuel, Saül consulta néanmoins la nécromancienne d’Endor pour s’entretenir avec l’esprit de Samuel avant une bataille contre les Philistins (1S 28,7-25).

Vue d’artiste d’un druide celtique

Dans l’Antiquité occidentale : En Gaule, les druides, et plus particulièrement les Vates, invoquaient régulièrement les morts dans des enceintes de pierre édifiées en pleine nature. Peuples et souverains les consultaient. Ce fut le cas de Vercingétorix qui, avant de soulever la Gaule contre César, se rendit chez les prêtresses de l’île de Sein pour consulter les âmes des héros morts. À la même époque, les religions nordiques se construisaient autour de la communication permanente entre le clan et ses défunts qui le protégeaient, puisqu’ils étaient détenteurs du plein savoir. Une communication d’autant plus permanente qu’il n’existe pas de frontière réelle entre les deux mondes.

Dans la tradition grecque : Dans la Grèce antique, l’évocation des morts était codifiée, la communication avec les défunts faisait partie intégrante de la religion, elle disposait de ses prêtres, de ses temples, et même de sa fête annuelle qui n’est pas sans rappeler, elle aussi, le jour des Morts31 en Europe.

Dans la tradition romaine : Le monde romain qui s’adonnait volontiers à des pratiques magiques, les réprouva à peu près de tous temps dans ses lois, dès la loi des XII Tables, mais celle-ci ne semblait pas viser les nécromants. Le régime impérial, autoritaire, n’aimait guère les devins qui, autant que les vendeurs de philtres et de charmes, pouvaient encourager les ambitieux à l’assaut du pouvoir : Tibère, Néron, Claude, Dioclétien sévirent sans succès, comme en témoignent de nombreux procès en sorcellerie. Par culture et par tradition, les empereurs, les généraux, et tout le peuple de la Rome antique se pressaient chez les sibylles, des prophétesses dont le ministère fondé sur la communication avec l’au-delà s’exerça d’abord en Grèce, avant d’être popularisé dans toutes les contrées du vaste empire. La plus célèbre d’entre elles était la sibylle de Cumes, prêtresse d’Apollon. Elle rendait par écrit les oracles qui lui parvenaient du royaume des morts.

Dans la tradition des Évangiles : Certains auteurs des Évangiles comparent les anges à des esprits et utilisent ces deux mots comme synonymes (He 1,6-7, He 1,13-14, Ac 8,26-29 et Ac 10,19-20). En Grec ancien, langue des Évangiles, le mot « ange » signifie très exactement « messager » de l’au-delà. Marie dialogue avec l’Ange Gabriel et Jésus s’entretient avec Moïse et Élie, tous les deux pourtant décédés au moment de cet entretien (Mt 17,1-3). Même s’il s’agit de discussion entre humains et esprits, la nuance avec le spiritisme tient au fait qu’il s’agit d’apparitions et non de venues de morts à la suite d’invocations. L’avenir n’est pas révélé à la demande de l’humain mais au contraire, l’esprit est le messager de Dieu.

Dans la tradition de l’islam : Mahomet s’entretient avec l’Ange Gabriel. Par ailleurs, les djinns invisibles (ou jinn) peuvent intervenir dans la vie courante. Le marabout est une figure traditionnelle de l’Afrique. Des mystiques musulmans affirment être en contact avec l’au-delà. Enfin, la manifestation des défunts est considérée comme une possibilité par la plupart des courants de pensée de l’Islam.

Dans le shintoïsme : Selon la religion ancestrale du Japon, un nombre considérable d’esprits invisibles agissent en permanence dans les évènements terrestres.

Chaman de l’Amazonie en 1988

Chaman de l’Amazonie en 1988 : La majorité des traditions, dites premières, entretiennent une communication avec l’au-delà par le biais du chamanisme. Les chamans des premiers peuples d’Amérique, d’Asie, de l’extrême Nord de l’Europe, de l’Afrique et de l’Océanie assurent le lien entre le visible et l’invisible. Les échanges avec les défunts ne représentent qu’une part de leurs fonctions. Le chamanisme se perpétue encore de nos jours.

Dans la tradition du vaudou : Appelé candomblé au Brésil ou santeria à Cuba, le vaudou est une variante de rites traditionnels africains importés par les anciens esclaves. Les esprits des morts sont honorés lors des enterrements et peuvent prendre possession de danseurs lors de cérémonies rythmées de musiques enivrantes.

Avènement du christianisme en Europe : Avec le christianisme, se répand l’idée que l’influence des démons sur la terre est limitée au domaine spirituel à la suite du Concile de Braga qui pose l’impossibilité pour le Diable d’être à l’origine des catastrophes naturelles et met un frein au spiritisme.

Dès l’an 318, l’empereur Constantin, comme plusieurs de ces prédécesseurs non chrétiens, publie un décret interdisant « la communication avec les âmes des défunts ». Certains temples des sibylles sont alors détruits. Durant les siècles suivants le clergé lutte contre cette pratique qui faisait la force des anciennes religions et le pouvoir de leur clergé et l’associe généralement au diable.

La nécromancie devient alors synonyme de magie noire, dans le sens où l’on considère que ce sont des démons qui se manifestent et non plus des esprits. C’est l’avis de Lactance (vers 300) et d’Augustin comme de la plupart des Pères de l’Église au Moyen Âge :

Dieu interdisant aux anciennes tribus d’Israël de chercher à communiquer avec les morts (Deutéronome), la réponse à une telle invocation est une désobéissance qui ne peut venir que des démons.
Dans l’anthropologie chrétienne, l’homme étant libre, il n’a pas de destin, il est donc impossible de prédire son avenir. Toute parole sur son avenir ne peut être qu’un mensonge — par opposition, la prophétie est toujours conditionnelle, elle est un avertissement sous forme d’appel à la pénitence, sur les conséquences d’un comportement néfaste —.

La survie de la nécromancie

Au XIIe siècle, par l’intermédiaire de traductions latines de l’arabe, la nécromancie, élevée à la dignité de science, devient quasiment un savoir que l’on traite comme tel. Les expériences nigromantiques se retrouvent dans des traités de magie comme le Picatrix, le Liber sacratus ou le Liber vaccae qui circulent dès le xiiie siècle et dont il est assuré qu’ils étaient lus avec attention dans les milieux lettrés, les cours royales, princières, et jusqu’à la Curie romaine. Au XIVe siècle, de nombreux procès impliquant de hauts personnages ou des savants comme Cecco d’Ascoli (1327) témoignent de cette effervescence intellectuelle autour de la nigromancie.

Au xve siècle, le ton change. De l’idée de commerce avec les démons, on passe à celle de pacte avec le Diable et on pense que les sorciers, et surtout les sorcières, constituent une secte dont l’objectif est de renverser l’ordre chrétien.

L’intérêt pour la nécromancie ne s’éteint pourtant pas et se perpétue même au sein de l’élite ecclésiastique sous des prétextes tolérés. C’est ainsi qu’en France, en 1588, Noël Taillepied (1540-1589), docteur en théologie, publia à Rouen un livre intitulé Psychologie ou traité de l’apparition des Esprits à savoir des âmes séparées, fantosmes, prodiges, accidents merveilleux dans lequel il écrit :

« Souvent il advient que quand aucun de nos parents demeurant en pays lointain seront grièvement malades, nous oyrons tomber en la maison des choses qui sembleront pesantes et feront un merveilleux bruit : puis après on trouvera cela être devenu à l’heure mesme qu’iceux parents seront trépassés. C’est une chose comme ordinaire à quelques-uns que quand une personne doit mourir, ils oyron ouvrir ou fermer les fenestres et les portes, quelqu’un monter par les degrés et autres cas semblables quelquefois un Esprit se montrera dans la maison, ce qu’apercevans, les chiens se jetteront entre les jambes de leurs maistres et n’en voudront partir, car ils craignent fort les Esprits. »

Les précurseurs

Plaque commémorative sur la façade de la maison d’Emanuel Swedenborg, à Stockholm

John Dee
John Dee (1527-1608), fut un mathématicien et astrologue qui témoigna de communication avec les anges par le biais de médiums.

Emanuel Swedenborg
Emanuel Swedenborg (1688 – 1772) fut le premier scientifique moderne à publier une importante littérature basée sur des visions qu’il prétendait recevoir de l’au-delà et sur des échanges qu’il prétendait avoir avec les anges et les esprits. Ce savant se montrait polyvalent, à la fois mathématicien et théologien, physicien et naturaliste. Fort de sa renommée, il décida à l’âge de 56 ans de se consacrer au « mystère de l’âme ». Il passa les 27 dernières années de sa vie à côtoyer « le monde des esprits », « les bons et les mauvais ». Il produisit une dizaine d’ouvrages inspirés de ses visions de l’au-delà. Ses idées encouragèrent de nouveaux courants de pensée, comme le martinisme ou celui des théosophes.

Justinus Kerner
Justinus Kerner (1786-1862), publia le compte rendu de ses observations sous le titre : Die Seherin von Prevorst, Eröffnungen über das innere Leben des Menschen und über das Hineinragen einer Geisterwelt in die unsere (La voyante de Prevorst, considérations inaugurales sur la vie intérieure de l’être humain et l’intervention d’un monde des esprits dans le nôtre).

Franz Anton Mesmer
À la suite de la découverte du « magnétisme animal », Franz Anton Mesmer (1734-1815) élabore une méthode appelée mesmérisme. Il s’agissait alors d’une nouvelle thérapeutique liée à une façon originale de concevoir la santé et la maladie. En 1779, dans un Mémoire sur la découverte du magnétisme animal, Mesmer exposa en vingt-sept points les principes de son système. Il affirma qu’un fluide physique emplit l’univers et relie les hommes, les animaux, la terre et les corps célestes entre eux. La maladie ne serait que le résultat d’un engorgement de cette « énergie » à certains endroits du corps. Rétablir une circulation harmonieuse du fluide favoriserait la guérison. Un des disciples de Mesmer, Armand Marc Jacques de Chastenet de Puységur, fit la découverte du somnambulisme magnétique, ancien nom de l’hypnose. Les études sur le fluide des êtres vivants conforteront Allan Kardec dans sa théorie qui affirme que ce fluide est le moyen utilisé par les esprits pour se manifester.

Les rapports du spiritisme avec les sciences

Selon Prado, avec l’essor du spiritisme, une composante viendra alimenter son système de pensée et de pratiques. Il s’agit des « sciences ». À l’époque, le monde scientifique fut fortement « fasciné » pour les “tables tournantes“, les “Ouija“, “l’écriture automatique“, etc. Pour les uns, il s’agissait d’en prouver la supercherie, pour d’autre de prouver la véracité de tels phénomènes extraordinaires. Certains, détracteurs du début furent convaincus du bien-fondé des “phénomènes spirites” par la suite.

Soulignons que la psychologie a fortement été interpellée par les “phénomènes” dits spirites. Un des premiers auteurs à proposer une théorie de l’inconscient en France s’était proposé d’expliquer le mouvement des planchettes spirites ou des tables. Pierre Janet (1859-1947) étudiait les formes les plus élémentaires et rudimentaires de l’activité humaine. Ces activités étaient caractérisées par des mouvements du corps spontanés, réguliers et non déterminés par le libre arbitre.

Il considérait l’existence d’une part “automatique” de la conscience. Si les activités supérieures de la conscience sont caractérisées par l’unité (la puissance volontaire et indivisible de la conscience), celles de la “conscience automatique” se manifeste par des sentiments, des actions multiples et indépendantes les unes des autres. Bref, notre esprit peut nous conduire à réaliser des actions dont on n’a pas conscience. Cette psychologie préfigure la théorie des « états de conscience altérés ». Celle-ci serait explicative du “syndrome de personnalité multiple”, dont la symptomatologie ressemble si fort aux transes “possessionnistes” ou “spirites”.

Pour Janet, les conditions de prestation du « médium spirite » induisent une « fragmentation de la conscience », une partie de celle-ci devient inconsciente et perçue comme étrangère à lui-même. Cette « désagrégation psychologique » expliquerait pourquoi le spirite ignore son mouvement et la pensée qui dirige ce mouvement, lors d’une communication par « écriture automatique » par exemple. Il y aurait, chez le « spirite expérimentateur », la formation d’une seconde série de pensées inconscientes. Il éprouve alors l’impression qu’une intelligence extérieure guide les mouvements pour communiquer des idées. Cependant, ces idées sont bien les siennes, bien qu’elles soient dissociées de sa conscience et de sa perception corporelle.

Nous trouvons, avec Janet, l’idée d’une « dissociation » mentale qui permettrait à des idées interdépendantes de se séparer du système de la conscience normale. Cette dissociation fut également postulée par Jean-Martin Charcot (1825-1893) pour qui « un état hypnoïde » était caractérisé par un état de conscience différent, où les idées exprimées demeuraient isolées de celles exprimées par la conscience. Breuer puis Freud vont développer des concepts similaires à ceux de Charcot et Janet. Pour la psychanalyse classique, il ne faisait aucun doute que toute « manifestation spirite » était le fait de « l’inconscient ».

Aux États-Unis

Le spiritisme est à distinguer du spiritualisme, même si les deux termes ont parfois été confondus ou utilisés de façon interchangeable dans la littérature anglaise, principalement. Allan Kardec rejette le terme de spiritualisme utilisé dans le monde anglo-saxon au profit de spiritisme, considérant que le spiritualisme fait trop penser à une opposition avec le matérialisme.

Les sœurs Fox, de gauche à droite : Margaret, Kate, et Leah

Les sœurs Fox
Vers 1848 à Hydesville, une bourgade de l’État de New York, aux États-Unis, les sœurs Fox, furent les témoins de bruits inexpliqués. Les coups entendus répondaient aux questions de la famille et se produisaient même devant témoins. L’origine fut attribuée à l’esprit d’un défunt. Ce phénomène provoqua très vite un véritable engouement. Un comité d’études fut fondé afin d’examiner ces manifestations insolites. D’autres personnes parvinrent à reproduire la méthode des sœurs Fox pour communiquer avec l’au-delà, la mode des tables tournantes se propagea jusqu’en Europe.

Andrew Jackson Davis (1826-1910)
Sans aucune éducation scientifique, il parvenait à produire des ouvrages très complexes pour son époque. Il dictait ses textes alors qu’il se trouvait en état de transe et acquit aux États-Unis une réputation de médium et de magnétiseur. Andrew Jackson Davis bénéficia d’une grande renommée en tant que clairvoyant et médium et pratiquait des soins en utilisant le magnétisme, selon les principes du mesmérisme.

Thomas Edison (1847-1931)
L’inventeur américain, intéressé très tôt dans sa vie aux questions de spiritisme, a eu le projet de créer un appareil censé permettre de rentrer en communication avec les morts, en enregistrant leur voix et leurs sons, dénommé nécrophone ou appareil nécrophonique en français (spirit phone en anglais).

En France

Buste d’Allan Kardec

Instituteur lyonnais, Allan Kardec, pseudonyme d’Hippolyte Léon Denizard Rivail (1804-1869), s’intéresse d’abord aux recherches sur le magnétisme et l’hypnose. Il observe les réunions médiumniques qui se multiplient en Europe après l’aventure des sœurs Fox. En 1853, l’académicien Saint-René Taillandier lui remet des messages retranscrits par des médiums. Kardec se lance alors dans une analyse des phénomènes supposés faire intervenir des esprits. Il ne fut jamais médium lui-même comme il est parfois précisé à tort, mais fit appel au concours d’une dizaine de médiums pour recevoir les enseignements des esprits. Après un énorme travail de synthèse, il publie le 18 avril 1857 son œuvre majeure : Le livre des Esprits. En 1858, il fonde la Société parisienne d’études spirites, ainsi que le journal : La Revue spirite. Par la suite, il rédige Le Livre des médiums, L’Évangile selon le spiritisme, Le Ciel et l’Enfer et La Genèse selon le spiritisme.

Pour Allan Kardec, la compréhension de la philosophie spirite prime largement les expériences de communication avec l’au-delà. « Kardec répétait volontiers qu’en matière de spiritisme, la partie expérimentale est secondaire par rapport à la doctrine philosophique. » Les spirites de France diffèrent des spirites américains et anglais en ce que leurs “esprits” enseignent la réincarnation contrairement à ceux des États-Unis et de Grande-Bretagne.

Après la mort de Kardec en 1869, ses principaux continuateurs en France sont Gabriel Delanne, Leon Denis et l’astronome Camille Flammarion qui prononce l’éloge funèbre de Kardec. La doctrine spirite connait dans la seconde moitié du xixe siècle une expansion et une popularité importante, notamment dans les milieux intellectuels, littéraires ou savants. Le photographe Édouard Buguet qui propose à ses clients leur portrait avec l’esprit d’un être cher disparu, Victor Hugo qui affirme communiquer avec sa fille décédée, Léopoldine, et déclare « ceux que nous pleurons ne sont pas absents, ce sont les invisibles ». Alexandre Dumas participe à des séances de tables tournantes et y côtoie George Sand, Victorien Sardou et Théophile Gautier. Sir Arthur Conan Doyle s’engage en faveur du spiritisme et ouvre rue Victoria, à Londres, en 1925 une librairie spirite : The Psychic Bookshop. L’auteur de Sherlock Holmes consacre la fin de sa vie à animer des conférences sur le spiritisme et sur le spiritualisme dans le monde entier. Il préside le Congrès spirite mondial de Londres, en 1928.

Au xixe siècle, les médiums les plus connus furent Marthe Béraud, Franek Kluski, Jan Guzyk, Eusapia Palladino, et Stephen Ossowiecki, Jakob Lorber, le « scribe de Dieu ». Au cours du temps et jusqu’à aujourd’hui, les personnalités les plus notables sont : Léon Denis, Gabriel Delanne, Johannes Greber, Carl Wickland, Chico Xavier, François Brune (prêtre), Jean Prieur, Tommaso Palamidessi ou encore Serge Girard.

Un Conseil Spirite International a été fondé en 1992, fédérant près de 10 000 associations dans 84 pays membres. Bien que ce nombre soit en diminution depuis lors. À ces chiffres s’ajoutent des dizaines de millions de sympathisants et de pratiquants amateurs. Des rencontres nationales et internationales sont régulièrement organisées. En France, le Spiritisme est représenté par plusieurs organisations sous la forme de fédérations et associations diverses qui participent à la diffusion de la culture spirite, principalement des ouvrages et des publications (comme La Revue spirite ou Le Journal Spirite). La fédération affiliée au Conseil spirite international représentant la France est l’Union spirite française et francophone, qui fédère des centres spirites et des membres individuels dans toute la France. La situation du spiritisme dans le monde demeure néanmoins très contrastée.

En Europe

En Europe, le spiritisme est un courant très minoritaire. En France, si la tombe d’Allan Kardec demeure perpétuellement fleurie au cimetière du Père-Lachaise, le pays ne compte qu’une trentaine de centres spirites rassemblant au maximum quelques milliers de sympathisants ou d’adhérents. Au Portugal, par contre, chaque région possède entre deux et dix centres spirites. Au Royaume-Uni, plus de soixante Églises spiritualistes couvrent tout le territoire. En Belgique et au Luxembourg, le spiritisme est représenté par une dizaine de centres spirites sous l’égide de l’Union Spirite Belge créée en 1927.

En Amérique du Sud

Au Brésil, les pratiques des curanderos et les rites du Macumba, Candomblé, de l’Umbanda, et du Quimbanda ont parfois été assimilés à du Spiritisme.

Les spiritismes brésiliens

Un centre spirite brésilien, à Valença

Selon Maria-Isaura Pereira De Queiroz, au tout début de la colonisation du Brésil par les Portugais, on entendait déjà parler d’hérésies, dont celle du syncrétisme entre les croyances locales (Santidades) et le catholicisme. Puis les esclaves noirs importèrent leurs propres croyances qui se mélangèrent aux autres également, au point qu’il exista des cultes catholiques-indiens-noirs mélangés ensuite avec le spiritisme. La volonté de baptiser les indigènes, au lieu de provoquer la disparition des anciens cultes, les a mélangés avec les consignes du christianisme. Ainsi, au lieu de ne contacter que les anciens esprits, les grandes figures du christianisme se sont ajoutées au panthéon des divinités locales.

Selon l’historien Peter Winn, « la plupart des brésiliens peuvent se dire catholiques, mais le spiritisme est la vraie religion du Brésil ». L’héritage africain au Brésil a bien été intégré dans la culture du pays. Les croyances africaines dans l’interaction avec les « esprits » sont plus répandues dans les couches les plus pauvres de la société, quand les plus riches sont plus attirées par le spiritisme d’Allan Kardec.

La doctrine spirite au Brésil

Façade du bâtiment de la Fédération spirite brésilienne (pt), à Brasilia

Selon les chiffres publiés par des sources indépendantes, le spiritisme kardéciste regrouperait au Brésil (en 2007) plus de 6 millions de spirites « pratiquants » et plus de 20 millions de sympathisants. Chaque ville d’importance possède au moins un centre spirite. Ces établissements organisent à la fois l’aide sociale, l’éducation et les contacts avec l’au-delà, selon le modèle proposé par Allan Kardec, véritable gloire locale. Élevé au rang de religion, le spiritisme influence profondément la société brésilienne. Ainsi, il existe une Association des journalistes spirites, une Association des magistrats spirites et une Association des médecins spirites. Certains hôpitaux psychiatriques font officiellement appel à des médiums pour aider les malades sous l’emprise d’esprits obsessionnels. Un musée national du Spiritisme se trouve à Curitiba. L’institut Culturelle Spirite de Rio de Janeiro accueille les chercheurs et les scientifiques du monde entier qui analysent le paranormal. Les médiums brésiliens tels que Chico Xavier, João Teixeira de Faria ou Divaldo Pereira Franco bénéficient d’une grande popularité. Les députés brésiliens ont voté en 2007 pour instaurer le 18 avril comme la « journée nationale du spiritisme »

En Asie

Caodaïsme

Le caodaïsme du Vietnam est parfois appelé spiritisme annamite68. Religion fondée au début du xxe siècle par Ngô Van Chiêu, fonctionnaire vietnamien. Le caodaïsme est un syncrétisme alliant le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme, mais il s’inspire aussi fortement du christianisme : la statue de Jésus est d’ailleurs représentée dans le « Grand Temple » de Tay Ninh, et la structure du clergé est calquée sur le modèle de celui de l’Église catholique. Le caodaïsme est un spiritisme en ce sens qu’il « contacte » des « guides spirituels » défunts de toutes les cultures comme Victor Hugo, Jeanne d’Arc, Pasteur, Churchill, Lénine ou Shakespeare, en plus des grandes figures religieuses comme le Christ ou Confucius.

Philippines

Le spiritisme est très ancré aux Philippines. Il existerait depuis le xvie siècle et s’est développé par la suite autour du Kardecisme, en particulier avec la Unión Espiritista Cristiana de Filipinas. Comme c’est le cas des guérisseurs du Brésil, aux Philippines, en particulier dans les pratiques des guérisseurs aux mains nues, Jésus-Christ est l’« Esprit » le plus invoqué.

La pratique médiumnique et les différentes formes de médiumnité en spiritisme

À propos de la médiumnité
La médiumnité est décrite par les spirites comme une sensibilité exacerbée qui prête à certaines personnes la faculté de servir d’intermédiaire aux esprits de l’au-delà. Selon eux, cette sensibilité ne s’improvise pas et n’est pas transmissible.

Les tables tournantes
Les participants se tiennent assis autour d’une table en bois. Les coups permettent des échanges : un coup pour oui, deux coups pour non, par exemple. Technique archaïque dont Allan Kardec disait déjà « Ce mode primitif et long se prête difficilement à des développements d’une certaine étendue ». Bien qu’abandonné depuis plus d’un siècle, ce procédé représente un stéréotype attaché au spiritisme et fut une pratique très à la mode au début du spiritisme et dans les salons parisiens du Second Empire.

Le ouija et la technique du verre
Le ouija est constitué d’une planche recouverte de feutrine, sur laquelle on a collé les lettres de l’alphabet disposées en arc de cercle. Sont également disposés les chiffres de zéro à neuf. Le médium utilise une planchette qui épouse la forme de la main et sous laquelle on a planté des clous de tapissier, pour un bon glissement et afin d’éviter le bruit du frottement. Le médium pose sa main sur la planchette et se recueille avec les participants. Sa main mue par l’esprit dirige le oui-ja rapidement et de façon automatique vers les lettres et chiffres qui formeront un message. L’assistance d’un lecteur et d’un transcripteur s’avère donc indispensable. Dans cette forme de dictée lettre par lettre, le médium ne perçoit pas le contenu du message.

Une variante du ouija se nomme l’additor et fut utilisé par le célèbre violoniste et médium Florizel Von Reuter assisté par sa mère la médium Grace Von Reuter dans les années 1920. La particularité de l’additor est d’être une règle droite où sont inscrit des lettres et des chiffres devant lesquels se déplace un curseur dans une rainure. Mme Grace Von Reuter l’utilisait les yeux bandés, le curseur se déplaçait à grande vitesse pendant que son fils Florizel notait les lettres ainsi obtenues.

L’écriture médiumnique
Appelée psychographie du temps d’Allan Kardec, elle correspond à la méthode la plus répandue pour recevoir des messages des esprits. Le pratiquant s’assoit à une table, pose une feuille de papier devant lui et tient un stylo en main au-dessus de la feuille. Le but est de laisser les esprits influencer les pensées ou les doigts du médium. On distingue alors ces types de phénomènes :

L’écriture intuitive et semi-automatique ou écriture inspirée
Le médium écrit les mots et phrases qui s’imposent à son esprit. Lors des premières expériences à caractère totalement intuitif, il s’agit souvent d’idées globales que le médium s’évertue à mettre en forme avec les mots les plus adaptés pour refléter la pensée de l’esprit. Ensuite, cela devient une forme de dictée où le médium perçoit mot à mot le message de l’esprit, on parle là de semi-automatisme. Au cours du message ou à la fin, le médium perçoit l’identité de l’esprit.

L’écriture automatique
L’esprit utilise dans ce cas la main du médium, et dans la pulsion qu’il lui donne, écrit d’un seul jet et de façon rapide des mots reliés entre eux jusqu’à la fin du message. Le geste est souvent vif et saccadé produisant une écriture parfois difficile à déchiffrer.

Très souvent, lors des premières expériences, l’écriture est d’abord intuitive pour progressivement devenir automatique. Lorsque l’automatisme prend le pas sur l’intuitif, le médium perçoit les mots en même temps qu’il les écrit. Et dans une phase suivante, cette perception télépathique disparaît, l’esprit utilisant directement la main du médium. Le médium est incapable de dire ce qu’il vient de rédiger et il ne prend connaissance du message qu’en le lisant.

L’écriture directe
Écriture qui apparaît spontanément sur un papier ou une ardoise sans intermédiaire physique. L’esprit est supposé utiliser l’énergie fluidique du médium qui se trouve à proximité. Ce phénomène fut observé à plusieurs reprises au début du xxe siècle[réf. souhaitée].

La clairvoyance médiumnique
Le médium travaille à partir de la photo d’un décédé qu’il a entre les mains. Les perceptions peuvent être des impressions, des sensations, des images ou des idées qui s’imposent clairement. L’intérêt de cette forme de clairvoyance est de percevoir l’état et la situation de l’esprit dans son au-delà, esprit qui peut éventuellement donner un message dont le clairvoyant restitue le contenu. Il arrive que l’esprit se fasse reconnaître selon l’image physique qui était la sienne : le clairvoyant perçoit alors une image nette l’esprit et peut le décrire.

La clairaudience médiumnique
La clairaudience est souvent une particularité qui s’additionne à la clairvoyance. Le clairaudient peut entendre l’esprit de deux manières : par la perception auditive d’une voix intérieure ou par l’ouïe, en une voix faible mais distincte perçue de l’extérieur.

La transcommunication instrumentale
La transcommunication instrumentale (TCI) est un terme inventé dans les années 1980 par le physicien allemand, Ernst Senkowski pour désigner l’ensemble des moyens de communication avec des esprits faisant intervenir des appareils électroniques. Ce sont des objets usuels tels que les téléphones, les magnétophones, les téléviseurs ou des ordinateurs ou encore des tablettes, appareils photos ou caméra infrarouge.

Les phénomènes de transe
Les médiumnités à transe médiumnique se distinguent totalement de l’intuitif ou de l’automatisme. L’esprit impose là sa présence d’une manière plus physique, en utilisant le corps du médium. Plusieurs stades, là encore, sont mis en évidence : l’esprit peut influencer le médium en l’entourant de ses fluides, l’induisant dans un état second. L’esprit annihile la volonté du médium, il l’enveloppe de son fluide et il le guide en utilisant tout ou partie du corps, dans la gestuelle ou la parole. Le stade suivant est celui de l’incorporation : à la suite d’un phénomène de transe, l’esprit du médium accompagné de son périsprit est extériorisé du corps. L’esprit désincarné intègre alors le corps du médium, il s’incorpore selon le terme. Il a alors toute possibilité de se mouvoir et de s’exprimer verbalement.

L’incorporation
Appelée autrefois du temps d’Allan Kardec « médiumnité à incarnation », c’est le stade le plus abouti de la médiumnité : à la suite d’un phénomène de transe, l’esprit du médium accompagné de son périsprit est extériorisé du corps. L’esprit désincarné intègre alors le corps du médium, il s’incorpore selon le terme. Il a alors toute possibilité de se mouvoir et de s’exprimer verbalement. Le médium recueilli s’abandonne entièrement pour laisser son esprit quitter son corps physique. C’est alors que l’esprit souhaitant se manifester prend possession du corps du médium, trouvant ainsi la possibilité de se faire reconnaître dans sa personnalité passée, par son langage, son accent ou sa gestuelle. L’esprit du médium réintègre son corps physique à l’issue de la séance.

C’est une médiumnité très rare et très éprouvante pour le médium, donnant lieu à des modifications physiologiques, principalement au niveau de l’influx nerveux et du rythme cardiaque[réf. nécessaire].

La xénoglossie
Ce terme inventé par le professeur Charles Richet (1850-1935) qualifie une médiumnité par laquelle les médiums parlent ou écrivent en langues étrangères existantes ou ayant existé, mais ignorées d’eux-mêmes et parfois des assistants à la séance. Ces communications étant cohérentes et justes grammaticalement (après traduction et vérification) et sont également capables de répondre à des questions impromptues, posées en temps réel, par des témoins assistant à la séance. recense surtout deux catégories de xénoglossie :

les cas obtenus par l’automatisme parlant et la médiumnité auditive ;
les cas obtenus par l’écriture automatique ou psychographie.
Les langues et dialectes ainsi obtenus sont nombreux et certains très rares, appartenant aux langues d’aujourd’hui, mais aussi à des langues mortes depuis des milliers d’années pour certaines.

Les arts médiumniques
Les artistes peuvent être influencés par les esprits décédés en peinture, en sculpture, en musique et en poésie, recevant l’influence des esprits dans des créations voulues par l’au-delà. Selon les cas, ces médiumnités sont intuitives ou automatiques ; on y retrouve, comme pour l’écriture, ces deux cas de figure.

C’est principalement dans l’art pictural telle la peinture ou le dessin que l’art médiumnique est surtout représenté. On recense ainsi de nombreux cas de peintures spirites réalisées par des peintres spirites n’ont pour la plupart reçu aucune formation artistique. Quelques peintres spirites :

Augustin Lesage
Fleury Joseph Crépin
Victor Simon
Hélène Smith
Madge Gill
Luiz Antonio Gasparetto

Ectoplasme
L’ectoplasme est censé être une substance blanchâtre qui s’extérioriserait du médium sous l’impulsion de l’esprit qui se manifeste. Cette substance, créée à partir des cellules physiques du médium, s’extériorise par la bouche, le nez ou au niveau du plexus. Elle prend alors des formes diverses, mains, visages ou parfois corps tout entiers. L’esprit fait vibrer la substance ectoplasmique pour lui donner forme humaine.

Ce phénomène fut étudié fin xixe et début xxe siècle par le monde scientifique grâce à ce qu’on a appelé les médiums à effets physiques, avec des personnages comme Gustave Geley et les célèbres moulages de main, William Crookes avec la célèbre médium Florence Cook, Charles Richet, Gabriel Delanne et de nombreux autres. Beaucoup d’expériences ont été réalisées dans les années 1920 en France par l’Institut Métapsychique International (IMI). Aucun cas d’apparition ectoplasmique n’a été validé par la science moderne.

Les médiumnités thérapeutiques
Sous l’influence d’un esprit médecin, le médium laisse aller ses mains sur le corps allongé du patient. L’esprit travaille fluidiquement ou magnétiquement avec des gestes, impositions ou autres mouvements qui échappent alors complètement au contrôle du médium. On rencontre beaucoup de ces médiums guérisseurs à mains nues en Amérique du Sud et aux Philippines, on peut citer le cas du célèbre médium José Arigo.

Critiques et oppositions

L’Église catholique

Livre de 1908. Le catholicisme et le spiritisme s’accordent sur la survie de l’âme et s’opposent sur l’idée de la réincarnation.

La première opposition officielle vint de l’Église catholique romaine. En 1861, l’évêque de Barcelone ordonna un autodafé public pour faire détruire par le feu plus de trois-cents ouvrages d’Allan Kardec, dont Le livre des Esprits. En 1864, la Sacrée Congrégation de l’Index condamna en bloc tous les ouvrages spirites. La position du Vatican fut définie par le décret du 24 avril 1917 dont le texte est le suivant :

« Du Spiritisme. En séance plénière, aux Éminentissimes et Révérendissimes Seigneurs Cardinaux, Inquisiteurs généraux de la Foi et des Mœurs, on a demandé : s’il était permis, par des médiums, comme on les appelle, ou sans médium, en usant ou non d’hypnotisme, d’assister à quelque manifestation spirite que ce soit, même présentant un aspect d’honnêteté ou de piété, soit en interrogeant les âmes ou Esprits, soit en écoutant les réponses, soit comme observateur, même avec l’affirmation, tacite ou exprimée, de ne vouloir aucun commerce avec les Esprits malins. Les Éminentissimes et Révérendissimes Pères ont répondu NON, sur tous les points. Le 26 du même mois, S.S. Benoît XV a approuvé la résolution des Éminents Pères qui lui avait été soumise. »

Aujourd’hui l’Église catholique s’oppose toujours fermement à la philosophie spirite, notamment à l’idée de réincarnation qui caractérise la doctrine spirite.

Une déclaration publiée dans la revue italienne Gente, no 52, le 26 décembre 1996 et commentée en français dans d’autres revues est considérée par les proches du spiritisme comme un changement d’attitude de l’Église catholique :

« Pour l’Église catholique, les contacts avec l’Au-delà sont possibles et qui dialogue avec le monde des défunts ne commet pas de péché s’il le fait en s’inspirant de la foi. »

Cette déclaration est accompagnée d’une interview du père Gino Concetti qui confirme :

« D’après le catéchisme moderne, Dieu permet à nos chers disparus qui vivent dans la dimension d’outre terre, d’envoyer des messages pour nous guider à certains moments de notre vie. À la suite des nouvelles découvertes dans le domaine de la psychologie sur le paranormal, l’Église a décidé de ne plus interdire les expériences de dialogue avec les trépassés, à condition qu’ils soient faits dans des buts scientifiques et religieux. »

En France, cette déclaration a été reprise dans les ouvrages du père François Brune, spécialiste de la communication avec les défunts.

Cependant Gino Concetti se borne à rappeler que l’Église considère comme possible le dialogue avec l’au-delà (qu’elle ne pourrait interdire, alors qu’avant elle ne le croyait pas possible), et il déclare seulement que cette communication ne peut être licite que dans le cas d’une personne inspirée par la foi qui reçoit des signes. Cet avis est personnel et non suivi par l’Église. Le Catéchisme de l’Église catholique déclare à ce propos :

« Toutes les formes de divination sont à rejeter : recours à Satan ou aux démons, évocation des morts ou autres pratiques supposées à tort « dévoiler » l’avenir (cf. Dt 18, 10 ; Jr 29, 8). La consultation des horoscopes, l’astrologie, la chiromancie, l’interprétation des présages et des sorts, les phénomènes de voyance, le recours aux médiums recèlent une volonté de puissance sur le temps, sur l’histoire et finalement sur les hommes en même temps qu’un désir de se concilier les puissances cachées. […] Le spiritisme implique souvent des pratiques divinatoires ou magiques. Aussi l’Église avertit-elle les fidèles de s’en garder. »

De manière générale, la position des catholiques pratiquants est très critique à l’égard du spiritisme. John Maust regrette en particulier le sentiment de confusion qui pourrait se produire à cause de l’association de la terminologie chrétienne avec le spiritisme.

L’ésotérisme
En 1923, René Guénon publia L’Erreur spirite, un exposé de quatre-cents pages sur la doctrine de Kardec qu’il qualifia de « matérialisme à peine déguisé ». À ses yeux, le spiritisme représentait une « erreur moderne » qui ne devait rien aux religions véritables.

Critique scientifique
Dans son étude de 1901, Théodore Flournoy déclare n’avoir trouvé au cours de ses investigations « aucun fait probant en faveur du paranormal (…) » et qu’elles n’ont « pas peu contribué à augmenter ma méfiance à l’endroit du spiritisme en me faisant constater d’une part la richesse et l’étendue des moyens par lesquels, chez les médiums les plus sincères, le jeu subconscient des facultés mentales arrive à simuler les messages de l’au-delà et d’autre part la prodigieuse complaisance que des gens, d’ailleurs très cultivés, mais enclins aux doctrines occultes, mettent à se laisser leurrer ».

Les « guéridons galants »
Certaines séances de spiritisme de la fin du xixe et du début du xxe siècle se donnent à voir, sous un angle bien spécifique : les compatibilités (ou incompatibilités) amoureuses se décident à l’épreuve des tables ou des chapeaux tournants

1 COMMENTAIRE

  1. Concernant le scientifique, inventeur, théologien, philosophe, homme politique et prophète Emanuel Swedenborg (1688-1772) le grand spécialiste semble désormais être M. Vincent Roy-Di Piazza, par ailleurs lauréat du prix Kirkaldy senior 2021 en histoire des sciences. Nous avons eu le bonheur de l’entendre lors du XXXVIIIe colloque international POLITICA HERMETICA, le samedi 3 décembre dernier, à Institut national d’histoire de l’art, comme annoncé ici-même le 23 Novembre 2022 https://bit.ly/3FuE5L6 dont le thème était « Ésotérisme et action politique ». Vincent Roy-Di Piazza était intervenu sur « Emanuel Swedenborg, politicien et prophète ». Une magnifique intervention, claire et remarquablement structurée !

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Guillaume Schumacher
Guillaume Schumacher
Guillaume SCHUMACHER a été initié au GODF à l’Orient d’Épinal. Il participe également, quand il le peut, aux Imaginales Maçonnique & Ésotériques d'Épinal organisées aussi par son atelier. Avant d'être spéculatif, il était opératif. Aujourd'hui, il sert la nation dans le monde civil. Passionné de sport et de lecture ésotérique, il se veut humaniste avec un esprit libre et un esprit laïc.

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