Jean-Marc Vivenza – Éditions Dervy, 2022, 296 pages, 24 €
Notons tout d’abord, la beauté de la première de couverture représentant « Maître Hiram, cet ouvrier sublime, doué, selon les saintes Écritures, d’intelligence et d’un rare savoir » entouré des quatre vertus maçonniques – qui sont aussi, dans la doctrine morale chrétienne, les vertus cardinales, du latin cardo « charnière, pivot » –, inscrites ou figurées aux quatre angles du tableau et signifiant l’amour constant de la Justice, une exacte Tempérance dans nos désirs, paroles et actions, une sage habitude d’observer fidèlement les lois et les conseils de la Prudence ainsi que l’usage raisonnable que nous devons faire de la Force…
Tout pourrait être dit avec l’interprétation de ce troisième tableau du rituel de Maître Écossais de Saint André, quatrième grade du Rite/Régime Écossais Rectifié (RER) qui complète et termine l’initiation maçonnique dans les classes des symboles.
Avec ce dernier opus, le philosophe Jean-Marc Vivenza offre un remarquable ouvrage pour qui veut comprendre la démarche maçonnique de ce rite maçonnique et chevaleresque d’essence chrétienne mais surtout sa doctrine. Doctrine qui demeure mal ou très peu connue.
Pour la première fois, le lecteur a l’occasion, en dix leçons, d’entrer dans la doctrine du Régime Écossais Rectifiée, système constitué lors du Convent des Gaules réunis à Lyon en 1778 à l’initiative de son fondateur Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824). Un enseignement que l’on peut découvrir au fur et à mesure des instructions propres à chaque grade, à commencer par celui d’Apprenti jusqu’à cet état chevaleresque qu’est celui de Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte (CBCS), dernier de la classe dite ostensible, hors Profession et Grande Profession réservées à un tout petit nombre d’élus.
Commençant par dresser l’origine et la source de la doctrine Initiatique du RER, la première leçon rapporte la rencontre fondatrice entre Martinès de Pasqually (c. 1710-1774), thaumaturge mystérieux, et Jean-Baptiste Willermoz. Sont bien évidemment abordées les thèses du Traité de la réintégration des êtres, le dépôt doctrinal de l’Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coëns de l’Univers et sa proximité avec les thèses du théologien Origène (c. 185-c. 253), père de l’exégèse biblique. De leçon en leçon, l’auteur nous conduit des émanations des âmes spirituelles aux émancipations et prévarications, de la création d’un monde matériel à Adam et son « état glorieux » d’avant sa chute. La neuvième leçon fait état de l’évocation rituelle à Tubalcaïn remplacé par Phaleg. L’ouvrage comprend de nombreux appendices – présentation de l’Instruction particulière et secrète à mon fils de Willermoz, des éclaircissements sur l’émanation notion métaphysique fondamentale de la doctrine du Régime, des quatre « classes d’esprits émanés » selon l’enseignement de Martinès de Pasqually, de l’origine et source du mythe de la « révolte des Anges ».
Une bibliographie et un index des noms propres jusqu’au XIXe siècle sont les compléments indispensables à cet ouvrage. Un indispensable à posséder dans toute bibliothèque maçonnique pour connaître tous les aspects de cet enseignement ésotérique qui offre tant de lumière.