mar 23 avril 2024 - 11:04

Regard sur… le Néodruidisme

Le néodruidisme (également appelé druidisme par certains adhérents) est une forme moderne de religion ou de spiritualité qui promeut l’harmonie avec la nature, souvent au travers d’une forme de culte de la nature. Ce mouvement d’inspiration maçonnique, essentiellement présent dans le monde anglo-saxon et en Europe dans les pays anciennement celtisés, compterait deux millions d’initiés(iées).

Les 100 ans de la Gorsedd de Bretagne à Hanvec en 1999. Le Grand Druide entouré de l’Archidruide de Galles et de la Grande Bardesse de Cornouailles.

Le néodruidisme, dont les premiers mouvements apparaissent en Angleterre au xviiie siècle, relève en partie des premières manifestations de la mouvance « néopaïenne ». Les premiers mouvements néodruidiques, inspirés par la vision romantique des xviiie et xixe siècles, étaient basés sur des descriptions historiques des druides de l’âge du fer largement erronées. Ces mouvements n’avaient pas, par ailleurs, de relation directe avec les anciens Celtes ou leur civilisation.

Pour Iolo Morganwg et la Gorsedd de Galles, qui étaient des défenseurs de la langue et de la nationalité galloises, il s’agissait toutefois de relier la langue et la culture galloises de son temps à la société brittonique antique et médiévale dont elles étaient issues. Iolo n’était pas franc-maçon (organisation représentative des milieux anglais dominants auxquels se heurtaient certains non-conformistes gallois pour des raisons sociales et nationales) et son entreprise fut d’empêcher le druidisme anglais d’annexer le bardisme gallois, notamment en promouvant les Eisteddfodau ou manifestations culturelles en langue celtique. Son œuvre mettait avant tout l’accent sur le bardisme.

Plus récemment, certains groupes néodruidiques ont tenté de recréer des pratiques plus proches de la réalité historique du druidisme, bien qu’il y ait controverse sur la ressemblance effective que ces mouvements peuvent avoir avec le druidisme historique. La Gorsedd de Bretagne n’adopte l’appellation de « druide » qu’en simple référence à l’inspiration philosophique des anciens druides.

Origines

Assemblée à Stonehenge, pour le solstice d’été.
  • Le 21 septembre 1717, The Druid Universal Bond plus connu sous le nom de Druid Order (DO), est créé sous l’impulsion de John Toland (1669-1722).
  • Le 28 novembre 1781, Henry Hurle fonde à Londres un Ordre fraternel et initiatique (mais ayant aussi une importante fonction de société de secours mutuel pour ses membres), l’Ancient Order of Druids (AOD). Une scission de celui-ci en 1833, va donner naissance à une société fraternelle l’United Ancient Order of Druids (UAOD), qui, en 1858 connaît à son tour une scission et voit la création de l’Order of Druids (OD), également société fraternelle.
  • Le 21 juin 1792, Iolo Morganwg réunit à Londres (Primrose Hill) la première Gorsedd Beirdd Ynis Prydain (Collège des Bardes de l’Île de Bretagne).
  • En 1838, un groupe de jeunes bretons, parmi lesquels Auguste BrizeuxAuguste du Marhallac’hThéodore Hersart de la Villemarqué, se rend à Abergavenny au Pays de Galles où se tient l’Eisteddfod et où ils sont accueillis et reconnus comme bardes par la Gorsedd galloise. Alphonse de Lamartine, bien qu’invité, ne put venir et envoya un poème. De retour en Bretagne, La Villemarqué fonde une petite confrérie, la Kenvreuriez Breiz, comprenant un nombre limité d’écrivains bretons auquel il confère des titres « bardiques » en breton assez solennels, lui-même se baptisant Arc’hkelenner (Grand instructeur). Aucune activité publique n’a lieu et aucun texte philosophique ou spirituel n’est publié.
  • En 1899, une délégation bretonne, invitée dans le cadre de l’Eisteddfod de Cardiff, décide à son tour de fonder la Gorsedd de Bretagne en se plaçant sous le patronage de l’Archidruide de Galles dont ils reçoivent l’agrément. Les futurs dirigeants (Jean Le FustecFrançois Jaffrennou (Taldir)Léon Le Berre) seront reçus par la Gorsedd insulaire en 1902, lors d’un voyage en Galles.
  • En 1928, est créée à Boscawen Un en Cornouailles britannique, sous le patronage de l’Archidruide de Galles, la Gorsedh Kernow avec Henry Jenner et Morton Nance.

Fondements

Le néodruidisme, appelé aussi par les lignées galloises, bretonnes et cornouaillaises, le bardisme, est issu des œuvres de John Toland pour la lignée du Druid Order, d’Henry Hurle pour la lignée fraternelle et mutualiste (Ancient Order of Druids, United Ancient Order of Druids et Druid Order) et Iolo Morganwg pour la lignée galloise. Ce dernier a élaboré la doctrine et créé les rites des Gorsedd(au). À ses écrits parus en 1848 sous le titre Iolo Manuscripts, il faut ajouter ceux de William Ab Ithel, Barddas, parus en 1862. La théologie qui y est développée s’inspire de sources diverses : folkloriques, bouddhistes, chrétiennes. L’ensemble des ‘Triades de l’Ile de Bretagne’, une de ces bases théologiques, est par exemple toujours controversé et suspecté de christianisation. Cependant, Robert Ambelain les défend ainsi : « Il ne faut voir, dans les quelques points de similitude, que le traditionnel accès à des vérités communes à tous les cultes. Et on trouverait autant de traditions védiques dans le bardisme qu’on en pourrait estimer issues du christianisme ».

Selon certains partisans du néodruidisme, par exemple Gwenc’hlan Le Scouëzec, cinquième Grand druide de Bretagne, une continuité historique avec les anciens druides aurait existé. D’autres, au contraire, tel Per Vari Kerloc’h (Grand druide Morgan), successeur de Gwenc’hlan le Scouëzec, se placent simplement sur le plan du symbolisme et non celui de l’Histoire antique.

La plupart des spécialistes du domaine celtique récusent ainsi une quelconque filiation entre le mouvement néodruidique et la civilisation celtique antique. Dans leur ouvrage La civilisation celtique, Christian-Joseph Guyonvarc’h, philologue spécialiste de l’irlandais ancien, et Françoise Le Roux, diplômée en théologie, écrivent : « Il n’existe pas, en tout cas, pas plus au Pays de Galles et en Bretagne armoricaine, ou, a fortiori en Gaule […] d’organisation ou de groupe, ouvert ou fermé, qui dispose d’une filiation traditionnelle remontant aux druides de l’Antiquité. » Le druidisme, fondement d’une société celtique indépendante, ne pouvait survivre à la conception étatique imposée par la romanisation et il eut également à subir la condamnation de la nouvelle religion chrétienne. Cela n’empêche pas les nombreuses survivances des religions antéchrétiennes en Europe. Le mot druide n’a pas survécu sur le continent, où il a été réintroduit par des érudits, mais bard- est vivant en celtique insulaire.

Rites et croyances

Un groupe de néodruides en habits cérémoniels.

Le mouvement néodruidique est très varié et il n’y a pas de dogme ou de système de croyances auxquels tous les groupes souscrivent. Néanmoins, un certain nombre de traits sont communs à la majorité d’entre eux. La croyance principale est que la Terre et la Nature sont sacrées et sont dignes d’être vénérées en tant que telles. Pour cette raison la plupart des druides sont panthéistes. Le respect des ancêtres et en particulier des ancêtres païens est une autre croyance qui se retrouve souvent à la base de ces mouvements. Une autre encore, commune à la plupart d’entre eux, est la croyance en l’immortalité de l’âme et en l’évolution des êtres par la métempsycose (réincarnation). Si la croyance en Dieu figurait dans les règlements intérieurs de la Gorsedd de Bretagne avant la guerre de 1939-1945, celle-ci ainsi que d’autres conceptions philosophiques sont maintenant laissées à l’appréciation individuelle de chaque membre; les athées et les agnostiques sont admis. Les néodruides pratiquent leurs rituels en cercle, le plus souvent autour d’une fontaine, ou pour certains d’un autel. Ils se retrouvent parfois autour des cercles de pierres et mégalithes, ceux-ci étant associés aux anciens druides bien que l’origine de ces mégalithes soit antérieure aux Celtes de plusieurs millénaires. C’est notamment le cas de Stonehenge en Angleterre (site sacré cependant pour les anciens Celtes, le “temple d’Apollon” de Diodore de Sicile, utilisé et remanié jusqu’à son abandon vers 500 après J.-C). Un rituel néodruidique s’y est déroulé au solstice d’été. Certains portent des habits cérémoniels destinés à imiter ceux que les anciens druides portaient. De nombreux druides se servent également de bâtons rituels.

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Guillaume Schumacher
Guillaume Schumacher
Guillaume SCHUMACHER a été initié au GODF à l’Orient d’Épinal. Il participe également, quand il le peut, aux Imaginales Maçonnique & Ésotériques d'Épinal organisées aussi par son atelier. Avant d'être spéculatif, il était opératif. Aujourd'hui, il sert la nation dans le monde civil. Passionné de sport et de lecture ésotérique, il se veut humaniste avec un esprit libre et un esprit laïc.

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