jeu 25 avril 2024 - 10:04

Regard sur… l’Hypnose

En français, le terme hypnose désigne à la fois des états modifiés de conscience, les pratiques thérapeutiques utilisées pendant cet état, et les techniques permettant de créer cet état (appelées techniques d’induction).

Lorsqu’un individu est dans un état d’hypnose, ses perceptions sont modifiées par rapport à son état ordinaire. Les caractéristiques de ces états sont variées, notamment : perte des repères spatio-temporels, hallucinations, analgésies, anesthésies, etc. L’expérience hypnotique d’une personne dépend de sa personnalité, du contexte, de la méthode employée, des suggestions qui lui sont faites, de la profondeur de l’induction hypnotique, et d’autres paramètres.

Une personne peut également développer une hypnose spontanée ou provoquer soi-même sa propre hypnose. On parle alors d’autohypnose.

Il existe un débat ancien entre ceux qui considèrent l’hypnose comme un état mental spécifique et ceux qui le considèrent comme un jeu de rôle comportemental en réponse pour se conformer à une attente, ainsi que des positions médianes.

Etymologie

Séance d’hypnose, par Richard Bergh, 1887.

Le terme « hypnose » est un dérivé de « hypnotisme ».

Le mot « hypnotisme » est proposé par Étienne Félix d’Henin de Cuvillers dès 1820, lui-même dérivé de l’adjectif « hypnotique » signifiant qui provoque le sommeil et déjà en usage en médecine.

Après la publication en anglais en 1843 de l’ouvrage du chirurgien écossais James Braid Neurypnology ; or the rationale of nervous sleep, considered in relation with animal magnetism, le terme « hypnotisme » se répand parmi les médecins français pour désigner un sommeil ou un somnambulisme provoqués volontairement et artificiellement. On ne parle plus de sommeil magnétique (provoqué par la manipulation d’un fluide magnétique), mais d’un sommeil hypnotique ou d’un état d’« hypnotisme ».

Au milieu du xixe siècle, le terme de « sommeil magnétique » est quelquefois employé en France.

La forme courte « hypnose » apparaît en français vers 1880, d’abord pour désigner l’état hypnotique, puis également les diverses pratiques faisant usage de l’état hypnotique (hypnose médicale, hypnose clinique, hypnose légale, hypnose de scène).

Histoire de l’hypnose

Expériences « comportementales » d’hypnose à la clinique de Budapest du ministère de la santé mentale et de pathologie. (a) Suggestion hypnotique de prière. (b) Suggestion hypnotique de suicide. (c) Suggestion hypnotique de serment. (d) L’hypnose produite par un diapason. (1899).

En 1878, le professeur et médecin français Jean-Martin Charcot réhabilite l’hypnose comme sujet d’étude scientifique en la présentant comme un fait somatique pathologique propre à l’hystérie.

L’histoire de l’hypnose dépasse de beaucoup celle de la psychothérapie. Cette vieille pratique a toujours « flirté » avec les frontières entre sciences, occultisme, spectacle, thérapie, etc. Son utilisation dans un cadre thérapeutique a ainsi toujours été source de controverses, sans doute parce que la thérapeutique elle-même est prise dans ce même jeu des frontières : entre thérapeutiques officielles « scientifiques », thérapeutiques traditionnelles, thérapeutiques spirituelles, etc.

Une des controverses qui ont traversé les pratiques hypnotiques est rapportée par Bertrand Méheust dans son travail sur le courant du magnétisme animal (Mesmer, Puységur…).

L’hypnose comme état de conscience

L’hypnose est un état modifié de conscience différent de celui produit par la relaxation ou la méditation. Cet état peut être léger (rêverie, transe hypnotique légère, hypnagogique), hypnopompique ou plus profond.

« L’hypnose offre tant au patient qu’au thérapeute un accès aisé à l’esprit inconscient du patient. Elle permet de s’occuper directement de ces forces inconscientes qui sont sous-jacentes aux perturbations de la personnalité, et elle autorise l’identification de ces éléments de l’expérience de vie d’un individu qui ont de l’importance pour la personnalité et auxquels on doit accorder toute l’attention requise si l’on souhaite obtenir des résultats thérapeutiques. Seule l’hypnose peut donner un accès aisé, rapide et large à l’inconscient, inconscient que l’histoire de la psychothérapie a montré être d’une telle importance dans le traitement des désordres aigus de la personnalité. »

— Milton Erickson

Léon Chertok considère l’hypnose comme un « quatrième état de l’organisme actuellement non objectivable » dont les racines profondes vont jusqu’à l’hypnose animale. Cet état renverrait aux « relations pré-langagières d’attachement de l’enfant ». Il se manifesterait électivement dans toutes les situations de perturbation entre le sujet et son environnement.

« L’altération consciente n’existe que de cause à effet : l’utilisation de suggestions verbales en remplace d’autres. Mais si l’on puise dans les items préexistants à l’individu pour les reformuler sans les déformer ou les remplacer, les conduites futures restent en accord avec le conscient, ce qui affecte la mémoire à long terme et confère une durabilité au traitement. L’hypnose dans ce cas dépasse l’état modifié de conscience, qui n’est plus le terme approprié pour définir l’état d’hypnose. D’autres constats actuels, l’état dit « de somnambulisme » se visualise avec l’électro-encéphalogramme (EEG) tel un état de sommeil lent profond comparable au sommeil paradoxal. On devrait aussi parler de « surconscient » et non de subconscient pour qualifier les états d’hypnose car ceux-ci remplacent la fonction volontaire du conscient ayant une action dominante sur la motricité. »

— Martine Le Coz, Erich Lancaster, L’hypnose et la graphologie, Éditions Du Rocher, 1991.

Le Dr Jean Godin, premier spécialiste français de l’hypnose éricksonienne propose dans l’encyclopedie médico chirurgicale la définition suivante qui fait le lien entre les étatistes et les non-étatistes.

L’hypnose est un mode de fonctionnement psychologique dans lequel un sujet, parvient à faire abstraction de la réalité environnante, tout en restant connecté à certains stimulus (ex. : la voix de l’hypnotiseur). Ce « débranchement de la réaction d’orientation à la réalité extérieure », qui suppose un certain lâcher-prise, équivaut à une façon originale de fonctionner à laquelle on se réfère comme à un état.

Fonctionnement de l’hypnose

Avoir conscience de l’inconscient

Pour comprendre les méthodes d’hypnose, il est important de comprendre que nous sommes connecté au monde extérieur à travers nos sens. Le cerveau les traite selon 2 circuits : le circuit conscient et le circuit inconscient. Si le premier est bien connu de tous puisque l’on en est par définition conscient, le circuit inconscient est très mystérieux. Il existe cependant d’innombrables manifestations de cet inconscient dans la vie de tous les jours, notamment les émotions. D’ailleurs, si on a conscience de ses émotions, leur maîtrise est toujours ardue en raison de leur source inconsciente. Les émotions sont source de comportement (la peur, l’amour, etc.), ce qui sera utilisé par l’hypnotiseur. Une autre facette de notre inconscient est la perception. La perception est une réaction inconsciente à un stimulus qui peut être une source d’information pour notre conscient. Par exemple si je pique le doigt d’une personne, cette dernière va retirer son doigt avant même d’avoir mal, par réflexe (comportement inconscient), et elle ne pourra pas s’empêcher d’avoir mal (réflexe inconscient également).

Le moment le plus révélateur de l’inconscient s’avère néanmoins être lorsque le conscient se met en pause : lorsque l’on dort. Le rêve est donc un acte purement inconscient (d’ailleurs la mémoire d’un rêve au réveil s’estompe en quelques secondes en général, et ces rêves dont on a vaguement conscience ne correspondent qu’à une petite partie des rêves que l’on a, la plupart étant totalement inconscient, seulement visible sur un électroencéphalogramme). Il y a d’ailleurs dans le rêve un réflexe – par définition inconscient, qui déconnecte le cervelet de la moelle épinière pour éviter que lorsque l’on s’imagine courir, on se mette à courir réellement dans son lit. Dans de très rares cas, la reconnexion pourtant automatique au réveil peut mettre quelques secondes et on se retrouve dans une paralysie hypnagogique. A contrario, la reconnexion peut s’opérer durant les rêves et on se met alors à bouger dans son lit.

Un autre état d’hypnose très classique que tout le monde a vécu est de ne plus avoir conscience d’être dans un fauteuil assis avec des gens autour, lorsque l’on regarde un film. Ce qui conduit à une légère transe hypnotique ou l’on n’entend plus quelqu’un qui nous parle, on ne voit plus cette lumière sur le côté qui nous gênait pourtant au début. Et si on coupe le film brusquement, on met quelques secondes à réaliser que c’est en fait la publicité et qu’on peut se reconnecter à la réalité.

Manipuler l’inconscient

Le rôle de l’hypnotiseur est dans un premier temps d’« endormir » l’esprit conscient, en diminuant son importance face à l’esprit inconscient dont il va au contraire augmenter les effets.

Dès que ces effets sont réels on parle d’état d’hypnose. Cet état peut commencer par de l’hypnose imperceptible, et extrêmement légère. La personne hypnotisée ne se rend en général compte de rien. Puis l’hypnotiseur, va essayer d’augmenter cet état d’hypnose, jusqu’au niveau qu’il désire. Un bon hypnotiseur peut ainsi amener l’hypnotisé jusqu’à une transe très profonde. Cette phase de création de l’état hypnotique se fait au travers de suggestions, c’est-à-dire d’injonctions directes ou indirectes faites à l’inconscient. L’inconscient va alors réagir à ces suggestions. Cette réaction étant induite par les suggestions, on parle de phase d’induction.

Déroulement d’une séance d’hypnose

En général, une séance d’hypnose se déroule en trois phases potentiellement facultatives :

  • la mise en situation ;
  • l’induction :
    • l’induction transparente,
    • l’induction hypnotique initiale (contenant les fameux tests),
    • l’approfondissement ;
  • le travail (le moment où l’on va utiliser l’hypnose dans un but précis).

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Guillaume Schumacher
Guillaume Schumacher
Guillaume SCHUMACHER a été initié au GODF à l’Orient d’Épinal. Il participe également, quand il le peut, aux Imaginales Maçonnique & Ésotériques d'Épinal organisées aussi par son atelier. Avant d'être spéculatif, il était opératif. Aujourd'hui, il sert la nation dans le monde civil. Passionné de sport et de lecture ésotérique, il se veut humaniste avec un esprit libre et un esprit laïc.

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