jeu 25 avril 2024 - 16:04

Conseils et infos pour le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle

Le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle ou pèlerinage de Compostelle est un pèlerinage catholique dont le but est d’atteindre le tombeau attribué à l’apôtre Saint Jacques le Majeur, situé dans la crypte de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle en Galice (Espagne). C’est un « Chemin semé de nombreuses démonstrations de ferveur, de pénitence, d’hospitalité, d’art et de culture, qui nous parle de manière éloquente des racines spirituelles du Vieux Continent ».

Créé et instauré après la découverte des reliques de Jacques de Zébédée au début du ixe siècle, le pèlerinage de Compostelle devient à partir du xie siècle un grand pèlerinage de la chrétienté médiévale mais c’est seulement après la prise de Grenade en 1492, sous le règne de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle la Catholique, que le pape Alexandre VI déclare officiellement Saint-Jacques-de-Compostelle lieu d’un des « trois grands pèlerinages de la Chrétienté », avec ceux de Jérusalem et de Rome.

Depuis la fin du xxe siècle, l’interprétation du sanctuaire catholique subit une évolution doctrinale : le mot tombeau est disparu des discours des derniers papes depuis Jean-Paul II : Jean-Paul II parlant du mémorial de Saint Jacques sans utiliser le mot reliques et Benoît XVI disant simplement que la cathédrale Saint-Jacques-de-Compostelle « est liée à la mémoire de Saint Jacques ».

Les chemins de Compostelle, qui correspondent à plusieurs itinéraires en Espagne et en France, ont été déclarés en 1987 « premier itinéraire culturel » par le Conseil de l’Europe. Depuis 2013, les chemins de Compostelle attirent plus de 200 000 pèlerins chaque année, chiffre qui connait un taux de croissance de plus de 10 % par an.

Aussi dénommés Jacquets, les pèlerins viennent essentiellement à pied et souvent de villes proches demandant peu de jours de marche pour atteindre Santiago. Le Camino francés rassemble les 2/3 des marcheurs mais les autres chemins mineurs connaissent une croissance de leur fréquentation supérieure au chemin traditionnel. Les mois d’été sont les plus fréquentés par les pèlerins et les pèlerins espagnols y sont majoritaires (les pèlerins d’origine étrangère dominent le reste de l’année).

Saint Jacques et l’Espagne

D’après une tradition, l’apôtre Jacques aurait quitté le Proche-Orient au ier siècle avec pour mission de prêcher la parole du Christ en Occident jusque dans la péninsule Ibérique. De retour en Palestine, il aurait été décapité sur ordre du roi Hérode Agrippa et sa dépouille, recueillie par ses compagnons, portée dans une embarcation. « Guidé par un ange », l’esquif franchit le détroit de Gibraltar avant de s’échouer sur les côtes de Galice. L’emplacement du tombeau aurait été perdu jusqu’au ixe siècle.

Les premiers écrits mentionnant la prédication de Jacques en Espagne remontent au ve siècle (par saint Jérôme (345-420)). En 419, saint Augustin soutient lui aussi la thèse de l’évangélisation de l’Espagne par Saint Jacques. Mais à la fin du ve siècle, un ouvrage apocryphe (Histoire du combat apostolique) conteste cette hypothèse indiquant que Jacques aurait évangélisé la Palestine (et non l’Espagne). L’ouvrage, s’il est condamné par le pape Gélase Ier (492-496), reste néanmoins en circulation, et « toléré ». Vers la fin du vie siècle, le texte est traduit en latin et rediffusé en Occident. D’autres documents diffusés en Orient donnent les lieux d’évangélisation des différents apôtres, sans jamais mentionner l’Espagne pour Saint Jacques. De même, son lieu de sépulture indiqué serait en Orient, fluctuant entre la Judée, Césarée de Palestine, l’Égypte ou la Libye. Ces textes sont repris au xiie siècle et incorporés au Codex Calixtinus. En 650, les catalogues apostoliques (publiés en Orient) sont traduits en Occident mais avec des variantes pour certains apôtres ; par exemple, l’Espagne qui est attribuée à Saint Jacques (au lieu de la Palestine) mais sa tombe est toujours située en Orient. Appuyé par cet écrit, la thèse de l’apostolat de Saint Jacques en Espagne s’accrédite définitivement de plus en plus en Occident au début du viiie siècle. Après la conquête de l’Espagne par les musulmans, et avant la découverte du tombeau, le culte de Saint Jacques se développe dans les zones restées sous contrôle des royaumes chrétiens. Ainsi, avant la fin du xiiie siècle, une fête de Saint Jacques est inscrite au calendrier liturgique espagnol le 25 juillet (elle n’existait pas auparavant).

La supposée translation des reliques de Jacques en Espagne est rapportée par le Codex Calixtinus qui reprend un document du ixe siècle, la Lettre apocryphe du pape Léon : après sa mort « par l’épée » en Palestine sur ordre du « roi Hérode », ses disciples auraient récupéré son corps et l’auraient embarqué sur un navire qui, en sept jours, les aurait transportées en Espagne. Ce récit de translation, caractéristique de la littérature hagiographique, est repris dans les compilations ultérieures et s’enrichit au xiie siècle : après avoir accosté dans le port romain d’Iria Flavia, le corps de Jacques aurait été inhumé dans le temple païen (ou le palais) que la reine Lupa, nouvellement convertie, leur avait cédé.

Ces traditions, d’après Mgr Duchesne, directeur de l’École française de Rome, ne sont fondées sur aucune réalité historique : « de tout ce que l’on raconte sur la prédication de Saint Jacques en Espagne, la translation de ses restes et la découverte de son tombeau, un seul fait subsiste : celui du culte galicien. Il remonte jusqu’au premier tiers du ixe siècle et s’adresse à un tombeau des temps romains que l’on crut alors être celui de Saint Jacques ».

La découverte des reliques

Statue de Jacques le Majeur dans la cour de l’hôpital Saint-Jacques de Besançon, témoin d’un culte local à Saint Jacques mais sans lien avec Compostelle.

D’après la tradition, la redécouverte « miraculeuse » d’un tombeau en Galice est l’œuvre de l’ermite Pelagos (ou Pelagius), ermite vivant dans les bois près de la future ville de Compostelle, vers 813. Celui-ci aurait eu une révélation, durant son sommeil, de l’emplacement du tombeau. Il aurait été guidé par une « pluie d’étoiles » vers le lieu et y aurait découvert un tumulus, lieu nommé depuis campus stellarum (« champ des étoiles »), la légende voulant que ce soit l’origine du nom « Compostelle ».

L’ermite en avertit Théodomir, évêque d’Iria Flavia (aujourd’hui une paroisse rurale près de Padrón), qui y découvre en 838 le tumulus, « édicule sépulcral » dans un cimetière d’époque romaine. À la suite de cette révélation mystérieuse et après concertation, l’Église locale déclare qu’il s’agit « du tombeau de l’apôtre Jacques, frère de Jean l’Évangéliste et premier apôtre martyr de la chrétienté ». Aussitôt avisé, le roi Alphonse II y fait édifier une église dédiée à Saint Jacques (bâtie à l’emplacement de cette découverte) et abritant ses reliques. D’autres églises seront construites plus tard : une église dédiée à Jean le Baptiste et le monastère de San Pelayo de Antealtares. Le roi encourage également le pèlerinage sur le lieu. Il est à noter que les premiers écrits (829, 844 et 854) citant la découverte des reliques ne fournissent aucun détail sur le déroulement de la découverte. Il faut attendre 1077 pour trouver un texte en relatant les conditions.

Cette découverte des reliques survient à un moment crucial de l’histoire espagnole : celle de la Reconquista des royaumes musulmans de la péninsule Ibérique par les souverains chrétiens.

L’invention du tombeau de Saint Jacques, datée du ixe siècle, est rapportée pour la première fois par l’Historia compostelana, gesta écrite au xiie siècle par deux chanoines de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, proches de l’archevêque Diego Gelmírez. Cette eulogie de l’archevêque assure définitivement le culte local de Saint Jacques, jusque-là contesté, en se faisant l’écho d’une tradition relatée dans le Concordia de Antealtares, accord signé en 1077 entre l’évêque de Compostelle, Diego Pelaez, et l’abbé du monastère, selon le récit empreint du merveilleux propre au Moyen Âge.

Une autre tradition jacobéenne évoque l’invention du tombeau sans la tête (de l’apôtre). La récupération (ultérieure) de la tête de Jacques s’inscrit dans la tradition typique du vol de reliques : vers 1100, lors d’un pèlerinage à Jérusalem, Maurice Bourdin, moine bénédictin d’Uzerche devenu archevêque de Braga, aurait subtilisé la tête de l’apôtre Jacques dans une église de la ville sainte. Celle-ci aurait été rapidement récupérée par l’évêque de Compostelle.

Certains historiens comme Philippe Martin considèrent que le corps retrouvé au ixe siècle et identifié comme celui de Saint Jacques-de-Compostelle est en fait celui de l’hérétique Priscillien.

Débuts du pèlerinage

Pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle avec sa besace, son bourdon et sa coquille Saint-Jacques fixée au chapeau, gravure de 1568.

Pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle avec sa besace, son bourdon et sa coquille Saint-Jacques fixée au chapeau, gravure de 1568.

Au cours des xe et xie siècles, le culte de Saint Jacques est étroitement lié, en Espagne, à la reconquista.

À l’époque, les musulmans n’occupent que les régions situées au sud de la cordillère centrale ou Sierra de Guadarrama. Les premiers pèlerins arrivent par voie maritime ou empruntent l’ancienne voie romaine au sud de la Cordillère Cantabrique. Les pèlerins sont soumis à différentes menaces comme les attaques des Normands au Nord, les rezzous des seigneurs musulmans (comme l’attaque de Almanzor en 997 qui rase la ville de Santiago), sans parler des loups ou autres brigands. Par exemple, vers 960, Raymond II, comte de Rouergue est tué par les Sarrasins lors de son pèlerinage. Avec la reconquête et l’extension au sud des royaumes espagnols, une nouvelle route « officielle » se met en place à partir de la fin du XIe siècle : le Camino francés. Après la prise de Jérusalem par les Turcs au xie siècle et la difficulté (voire l’impossibilité) pour les pèlerins chrétiens de se rendre à Jérusalem, il ne reste plus à la chrétienté européenne que deux grands pèlerinages : Rome et Saint-Jacques, ce qui développe d’autant cette voie de pèlerinage.

Les pèlerins avaient pour coutume de rapporter comme témoignage de leur voyage des coquilles de pectens, qu’ils fixaient à leur manteau ou à leur chapeau, d’où le nom de coquilles Saint-Jacques donné par la suite à ces mollusques. La coquille Saint-Jacques était, à l’issue du voyage, le signe qu’un homme nouveau rentrait au pays. Elle deviendra l’un des attributs reconnaissables du pèlerin, avec le bourdon, la besace et le chapeau à larges bords. La coquille fut parfois gravée dans la pierre sur les frontons ou les chapiteaux des églises.

Sur les chemins de Compostelle qui canalisent les pèlerins, les infrastructures se développent. Si de nombreux éléments (routes, ponts, hôtels) sont créés spécifiquement pour répondre aux besoins des pèlerins, ce n’est pas systématiquement le cas, ces axes étant également utilisés pour le commerce et la circulation des personnes. Des abbayes, hôpitaux et refuges sont ouverts sur les voies de circulation des pèlerins pour leur accueil matériel et spirituel, tant par des ordres monastiques que par des rois ou même des particuliers.

Le pèlerinage contemporain

S’il est parcouru depuis le ixe siècle par des chrétiens faisant étape dans des monastères, le pèlerinage de Saint-Jacques est également devenu une randonnée pédestre célèbre, où les marcheurs croisent les amateurs d’art roman.

Un chemin de Compostelle est bien identifié en Espagne : le Camino francés qui a été la voie de communication du nord de l’Espagne très fréquentée après la Reconquista pour favoriser le repeuplement des royaumes du Nord. Cette voie conduisait à Compostelle mais tous ceux qui l’ont empruntée ne sont sans doute pas allés jusqu’en Galice.

En France, des itinéraires qualifiés de chemins de Saint-Jacques ont été tracés par la Fédération française de randonnée pédestre à partir du début des années 1970. Le premier exemplaire ronéoté du topo-guide du GR 65 pour le tronçon Le Puy-Aubrac date de 1972. Ce chemin de Saint-Jacques est devenu le sentier de grande randonnée GR 65.

Certains pèlerins réalisent parfois le chemin inverse, après avoir atteint la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, tandis que d’autres vont à Padrón voir l’amarrage de la barque du saint, au cap Finisterre considéré au Moyen Âge comme le bout du monde, voire à Fátima au Portugal.

Les mots les plus fréquemment échangés par les pèlerins sont hola (« bonjour »), buen camino (« bon chemin »), ultreïa (expression latine qui apparaît notamment dans un poème du Codex Calixtinus : « Herru Sanctiagu, Gott Sanctiagu, E Ultreia, e suseia, Deus aia nos » qui peut se traduire par : « Monseigneur Saint Jacques, Bon Daint Jacques, allons plus loin, plus haut, Dieu nous aide », ultreïa étant un cri d’encouragement à aller plus loin).

Les évêques français et espagnols, responsables des diocèses traversés au cours du pèlerinage, se retrouvent régulièrement pour réfléchir au sens à donner au Chemin pour tous les pèlerins du xxie siècle. La première rencontre fut ainsi organisée en 2009 à l’initiative de Mgr Julián Barrio Barrio, évêque de Saint-Jacques-de-Compostelle depuis 1996. La dernière rencontre entre les évêques français et espagnols s’est déroulée en juillet 2015 à Bayonne. Elle s’est conclue par la publication d’une lettre pastorale qui allait dans le sens d’un renouveau du sens spirituel du pèlerinage.

Statistiques de fréquentation du pèlerinage

Données générales

Jacques le Majeur comme un pèlerin par Gil de Siloé Metropolitan Museum of Art.

La ville de Saint-Jacques-de-Compostelle reçoit chaque année plus de trois millions de visiteurs. Depuis les années 1990, le pèlerinage de Saint Jacques connaît une forte croissance de fréquentation, de près de 11 % par an, avec des pics marqués lors des années jacquaires (en moyenne, 100 000 pèlerins en plus que l’année précédente). À peine 10 000 en 1992, les pèlerins sont 50 000 en l’an 2000, et plus de 200 000 en 2013. Le Bureau d’accueil des pèlerins (Oficina de Acogida de pereginos) fournit une mise à jour mensuelle des statistiques d’arrivée des pèlerins.

Les pèlerins se rendent à Santiago à pied ou à vélo, parfois à cheval ou même en fauteuil roulant. Des statistiques détaillées sont tenues à jour par ce même Bureau des pèlerins.

Ainsi, en 2017, 301 036 randonneurs-pèlerins y ont été enregistrés, dont 43 % environ dans un but (déclaré) religieux, 47 % pour raison spirituelles, et 9 % pour raisons sportives ou autre. Le ratio hommes/femmes est d’environ 55 % d’hommes et 45 % de femmes. Le mode de déplacement est majoritairement « à pied » (entre 80 et 90 %), et à vélo (10 à 20 %). On note également la présence de quelques pèlerins à cheval (moins de 0,5 % des effectifs), ainsi que quelques pèlerins en fauteuil roulant (de quelques dizaines à une centaine par an).

Origine des pèlerins

La fréquentation de tous les chemins augmente d’année en année, mais celle du camino francés augmente moins vite que les autres, et son importance relative diminue (84 % en 2005, mais 60 % en 2017). La plus grosse progression se fait sur le camino portugués (6 % en 2005 à 20 % en 2017), avec un nombre de pèlerins multiplié par 8 en 10 ans (de 5 500 en 2005 à 43 000 en 2015). Le camino del Norte voit son trafic multiplié par 4 sur la même période (3 800 en 2005 à 15 800 en 2015).

Les villes de départ les plus fréquentes sont surtout des villes proches de Saint-Jacques-de-Compostelle, permettant ainsi de réaliser le pèlerinage en quelques jours. Les principales villes de départ sont donc situées à une centaine de kilomères de Santiago, sur les différents chemins (Sarria, Ponferrada, Cebreiro et Astorga sur le Camino francés ; Ferrol sur le Camino engles).

Autre point de départ privilégié : les villes frontières situées sur les chemins de pèlerinage, comme Saint-Jean-Pied-de-Port (premier point de départ hors Espagne) ou Roncevaux sur le Camino Francés, ou bien Valença do Minho et Tui situés de part et d’autre de la frontière Portugal-Espagne (sur le Camino Portugués). Enfin, nous trouvons de grandes villes régionales (comme Léon ou Oviedo).

Les grands pôles de départ situés en France ne rassemblent que peu de pèlerinsN 25 :

  • Arles via Toulouse (Via Tolosana) : 200 pèlerins ;
  • Paris via Tours (Via Turonensis) : 117 pèlerins ;
  • Vézelay via Limoges (Via Lemovicensis) : 216 pèlerins ;
  • Bayonne via le col de Belate (Voie du Baztan et Voie de Soulac) : 739 pèlerins ;

à l’exception du Puy-en-Velay via Cahors (Via Podiensis) qui comptabilise tout de même 3 134 pèlerins (soit 1 %).

Le recensement des arrivants révèle également des pèlerins partis au-delà de la France, en amont : 2 de Russie, 1 de Finlande, 42 de Pologne, 578 de Hollande ou 2 de Jérusalem.

L’Espagne fournit le contingent de pèlerins le plus important (46 % en 2015), les pays voisins européens fournissent le gros des effectifs (Italie : 8,4 % ; Allemagne 7,1 % ; Portugal 4,7 %, France 3,8 %), avec quelques contingents significatifs de pays éloignés (États-Unis 5,2 % ; Canada 1,6 % : Corée du Sud 1,5 % ; Brésil 1,5 %). Les statistiques 2015 recensent 180 pays différents, y compris des pays du Maghreb et de la péninsule arabique.

Période de pèlerinage

Cumul mensuel de pèlerins (en 2015)

Les pèlerins arrivent majoritairement en été à Santiago et les mois d’hiver sont les plus creux. Il n’y a cependant pas de trêve hivernale, avec tout de même plusieurs dizaines de pèlerins par jour même en janvier (à comparer aux près de 2 000 pèlerins quotidiens du mois d’août). À noter que les pèlerins espagnols sont majoritaires en juillet et août (60 %), alors que le reste de l’année, ce sont les pèlerins d’origine étrangère qui dominent (de 59 à 70 % en mai-juin et septembre-octobre).

Le pèlerin

Statue de pèlerin à Puente la Reina.

Les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle se sont vu attribuer plusieurs noms selon les époques. Le plus connu est « Jacquet» (étymologiquement « celui qui va à Saint-Jacques »).

Le mot « Romieu » désigne le pèlerin se rendant à Rome, autre grand pèlerinage. Le terme a également été utilisé pour d’autres pèlerinages et, suivant les époques, fut également donné aux pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Présentation

Pèlerins sur la voie limousine près de Bougue dans les Landes.

Des toponymes portent la trace de ce passé, tel que « Pont Romieu » à Conques parmi d’autres ponts le long des chemins. Au fil du temps, et l’imaginaire aidant, ces ponts deviennent « romains ». On trouve également une abbaye de La Romieu, lieu d’accueil des pèlerins, et des fontaines, telles que Font Romieu à Saint-Côme-d’Olt. En Espagne, Romieu se transforma en « Romero », que l’on retrouve aujourd’hui dans différents noms de lieux.

Les pèlerins ont de tout temps emprunté les voies de communication des autres voyageurs (marchands, artisans, clercs, gens d’armes…). Les conditions de leur voyage étaient les mêmes que celles de ces autres voyageurs. Ils étaient soumis aux mêmes aléas. Selon leurs possibilités financières ils utilisaient les moyens de transport existants (en particulier les fleuves) et les hébergements communs à tous ceux qui se déplaçaient. Les maisons Dieu accueillaient les pauvres, passants et pèlerins et ceux qui le pouvaient logeaient à l’auberge. L’édition en 1882 du dernier Livre du Codex Calixtinus, manuscrit compilé au xiie siècle, apporta des informations sur les routes qui vont à Compostelle. Ce Livre fut considéré comme un guide du pèlerin. Sa traduction en 1938 publiée sous ce titre amplifia la confusion. « Aucun manuscrit médiéval comportant exclusivement le dernier livre du livre de saint Jacques ne nous est parvenu et ne permet donc de penser que ce texte a pu être utilisé séparément. Rien ne permet de penser qu’il ait jamais servi de guide à un marcheur et le titre de Guide du pèlerin est abusif ». « Ce titre de Guide du pèlerin, donné en 1938, pour être à la mode de son temps, n’en a pas moins induit en erreur des générations de chercheurs ou de commentateurs. C’est lui qui a conduit le Conseil de l’Europe à déclarer, le 23 octobre 1987, le chemin de Saint-Jacques premier itinéraire culturel européen ».

Le carnet du pèlerin

Définition

Le carnet de pèlerin est un document qui s’apparente à un passeport et comporte un relevé d’itinéraire. Il a deux fonctions :

  1. permettre à son porteur de justifier de sa qualité de pèlerin donc de bénéficier des avantages accordés à ceux-ci, en particulier l’accès à certains gîtes. Si hors d’Espagne, les gîtes jacquaires acceptent de recevoir des pèlerins sans ce carnet, en Espagne, aucun Albergue de los Peregrinos (Auberge des pèlerins) n’accepte de pèlerins non munis du précieux sésame ;
  2. récolter à chaque étape un tampon (sello) et l’indication de la date de passage permettant à son porteur de justifier l’itinéraire parcouru. Cette justification lui permet d’obtenir la Compostela à son arrivée à Compostelle. La condition est d’avoir parcouru au moins les 100 derniers kilomètres à pied (ou 200 km à vélo) et de les avoir fait valider sur leur carnet du pèlerin.

Ce document est connu sous différentes dénominations. L’appellation espagnole est credencial, francisée en crédenciale (mais on trouve d’autres orthographes47). En 1998, l’Église de France a défini un carnet de pèlerin spécifique dénommé créanciale qu’elle souhaite remettre en mains propres aux futurs pèlerins.

Depuis novembre 2019, l’Église et la Fédération Française des Associations des Chemins de Saint Jacques de Compostelle (FFACC) laïque ont signé un accord pour proposer une « credential » (selon le terme espagnol) commune, il ne sera plus question désormais de créantial et de crédentiales et le pèlerin pourra les trouver aussi bien à son diocèse qu’auprès de l’association la plus proche de chez lui (source FFACC).

Obtenir un carnet de pèlerin

Credential d’un pèlerin dont le pèlerinage à vélo commence à Compiègne.

Le carnet de pèlerin, ou credential en espagnol, n’est pas obligatoire pour obtenir la Compostela. Il suffit d’une justification de l’itinéraire parcouru qui peut être apportée par exemple sur le carnet de route du pèlerin. Cependant, du fait de l’encombrement des gîtes, il est néanmoins prudent que le pèlerin qui souhaite en bénéficier se procure un carnet.

Il est possible d’obtenir un carnet en faisant appel au Service des Pèlerinages de son diocèse ou à une association locale d’anciens pèlerins. Elles sont nombreuses et une recherche sur internet permet de les trouver. La Fédération française des Associations des Chemins de Saint Jacques de Compostelle fédère la plupart des associations jacquaires de France, soit une cinquantaine représentant 7 000 adhérents en 2020. Le site de la fédération : www.compostelle-france.fr donne toutes les informations concernant les chemins, les associations, leurs coordonnées et l’actualité de ces associations (source FFACC). La plupart des associations les délivrent en échange d’une adhésion, pratique intéressante à la fois pour le pèlerin qui y trouve le plus souvent un espace amical pour sa préparation et pour l’association. Les modèles de carnets des associations reflètent la grande diversité de celles-ci. L’Église donne la creancial mais vend un mode d’emploi. Certains prestataires vendent des carnets de pèlerin

Au tout début de la creancial, l’identité du pèlerin est précisée. Puis une recommandation aux différentes autorités, civiles et religieuses, est faite avant le départ. Cette recommandation est fournie par l’association, le service ayant procuré la créantiale ou par la paroisse de laquelle relève le pèlerin.

Les témoignages de pèlerins

Le nombre grandissant de pèlerins et les facilités d’éditions multiplient les publications de mémoires, souvenirs ou autres carnets de routes. Parmi ces écrits, certains thèmes sont récurrents.

Motifs de départ

Même si « tous les gens qui marchent sur le chemin viennent forcément y chercher quelque chose », ce motif du départ est souvent difficile à exprimer pour le pèlerin :

  • François Desgrandchamps déclare « on ne sait pas pourquoi on part, mais un jour, cela s’impose, c’est une évidence » ;
  • Antoine Bertrandy : « avant de décider de partir vers Compostelle, je pouvais donner cent raisons de me lancer […] une fois la décision prise, je n’étais plus capable d’en formuler aucune ». « La question du pourquoi est en effet mouvante et le paradoxe du pèlerinage de Compostelle est que, plus on avance, plus la réponse à la question se précise. […] ce n’est qu’en arrivant à son chevet que celui-ci révèle son mystère et, de la sorte, la raison véritable de notre voyage [se révèle]. » ;
  • Jean-Christophe Rufin : « en partant vers Saint-Jacques, je ne cherchais rien et je l’ai trouvé » ;
  • Yves Duteil : « j’ignore ce que je suis venu chercher, mais je l’ai trouvé » ;
  • Jean-Marc Potdevin : « je fais ce chemin pour comprendre pourquoi je fais ce chemin ».
Conséquences physiques et psychologiques

Jacques Clouteau indique être revenu avec « une forme physique éblouissante, le cœur solide et les muscles durs ». Si Antoine Bertrandy fait également le constat qu’il est rentré en meilleur santé et forme physique qu’il n’est parti, il note néanmoins que la présence de plusieurs tombes le long du chemin témoignent du fait que certains pèlerins « n’arrivent pas à destination ».

D’après Luc Andrian et Gilles Donada, le chemin de Compostelle pourrait avoir le même but qu’une psychothérapie, ils l’appellent la « caminothérapie ». A. Bertrandy abonde en leur sens : « si j’en crois mon expérience personnelle, partagée j’en suis certain par beaucoup, la dimension thérapeutique de ce long voyage est indéniable ». Il ajoute : « ça ne fait plus aucun doute désormais, une paire de solides chaussures et un peu de courage sont bien plus efficaces que des centaines d’heures passées étendue sur un sofa, aussi moelleux soit-il. ». Pour J. Clouteau, ce pèlerinage a changé pour lui « sa vision du monde » : « dans la tête, beaucoup de choses sont remises à leur vraie place » ; il précise : beaucoup d’artifices de notre vie quotidienne dite civilisée paraissent désormais superflus.

Antoine Bertrandy déclare : « Désormais, plus rien ne sera tout à fait comme avant » « je peux revenir chez moi. Ni neuf, ni nouveau, mais plus fort. Sublimé et rayonnant de confiance et de joie ». « Atteindre Compostelle c’est l’apothéose du pèlerin. […] C’est aussi la mort du pèlerin comme métaphore […] comme une étape vers une autre aventure de soi. Le prolongement de son chemin personnel avec plus de force, de joie et de confiance. C’est peut-être ça le message de l’apôtre à nos âmes : Ne te mens pas ! Deviens toi-même ! Sois joyeux ! ». « C’est une expérience qui porte bien au-delà de Santiago. Qui enveloppe de bienveillance. De bienveillance envers autrui et surtout, envers soi-même ».

Conversion spirituelle

Plusieurs pèlerins déclarent avoir fait une rencontre spirituelle (plus ou moins forte). Ainsi, si Antoine Bertrandy déclare modestement « Sur la route, la Présence emplit tout. […] Nous n’étions plus rien sur le chemin […] pourtant tout nous a été donné. », il relate également dans son récit, sa rencontre avec Samuel, un pèlerin qui a fait « une découverte de la foi » sur le chemin. Il décrit Samuel, habité lors de ses retours (il fait le pèlerinage par tronçon chaque année), d’un « calme mystique » qui l’aide à être plus ouvert à sa femme et à ses enfants, ce qui étonne les siens (profondément athées)61.

Pour sa part, Jean-Marc Potdevin n’hésite pas, dans son ouvrage, à témoigner d’une conversion fulgurante, d’une expérience mystique (alors qu’il était agnostique) qu’il compare à une plongée dans la 6e demeure du Château intérieur de Thérèse d’Avila.

Le besoin de temps et de solitude

Cette transformation physique et psychologique demande du temps, ainsi comme de nombreux autres pèlerins, Jean-Christophe Rufin déclare qu’« il faut du temps au pèlerin pour être transformé, cela ne peut se faire en huit jours ». Antoine Bertrandy pour sa part estime qu’il y a une différence énorme entre le pèlerin qui ne fait que quelques jours de marche (ou une semaine) et celui qui part pour un mois. De même, il estime que celui qui part pour deux ou trois mille kilomètres vivra une expérience beaucoup plus profonde et transformante. Gérard Trèves qui après avoir fait un premier pèlerinage, repart quelque temps plus tard pour refaire le pèlerinage sur neuf mois, aller et retour. Ce second pèlerinage le transforme complètement.

En plus du temps, le silence est un élément important de la transformation : « les bienfaits de la marche ne se révèlent vraiment que lorsque l’on est seul ».

Les accros du chemin

Un point qui surprend certains pèlerins sur le camino, est la présence de marcheurs qui réalisent pour la énième fois le même pèlerinage. Cette envie de refaire le chemin est raconté par Patrick Krochmalnik, qui, une fois rentré chez lui, déclare qu’il ne repartira pas (comme le font d’autres pèlerins) et qu’il « range ses chaussures définitivement » mais quelques années plus tard, il note en post-face de son livre « il faut que je refasse le chemin […] je partirai pour autre chose, mais quoi ? ». Jacques Clouteau, qui a réalisé de multiples randonnées, affirme : « le virus du voyage ne se guérit pas, le malade finit toujours par repartir ».

Jean-Christophe Rufin conclut son récit ainsi : « c’est une erreur ou une commodité de penser qu’un tel voyage n’est qu’un voyage et que l’on peut l’oublier, le ranger dans une case. Je ne saurais pas expliquer en quoi le chemin agit et ce qu’il représente vraiment. Je sais seulement qu’il est vivant […] c’est bien pour cela que, d’ici peu, je vais reprendre la route. Et vous aussi ».

Les pèlerins célèbres

Quelques pèlerins célèbres ayant fait le pèlerinage :

  • Godescalc, évêque du Puy-en-Velay, en 951, premier pèlerin non espagnol connu pour avoir fait le pèlerinage. À son retour il encourage ses fidèles à faire eux aussi le pèlerinage de saint Jacques ;
  • Aimery Picaud, moine poitevin de Parthenay-le-Vieux, en 1140, auteur du premier Guide du Pèlerin : le Codex Calixtinus ;
  • François d’Assise en 1213-1215, sur le Monte Gozo une grande sculpture de bronze célèbre son passage ;
  • le pape Jean-Paul II, en août 1989, organise les IVe JMJ à Saint Jacques et relance le pèlerinage jacquaire. Sur le Monte Gozo une grande sculpture de bronze célèbre son passage.

Les itinéraires

Ce monument au Monte do Gozo indique aux pèlerins qu’ils sont bientôt arrivés à destination. Il rappelle également le passage de deux pèlerins célèbres : François d’Assise et Jean-Paul II. (Crédit photo Antoine Cadotte)

Sculpture d’une coquille marquant le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle à la chapelle Sainte-Croix de Forbach.

Les chemins de Compostelle

Articles détaillés : Chemins de Compostelle et Chemins de Compostelle en France.

Il existe un sentier de Saint-Jacques en Sardaigne, inspiré du culte de ce saint dans l’île, qui a concerné de nombreuses communes et qui est devenu un lieu réputé de la randonnée dans les îles de Méditerranée.

Villes et monuments traversés

Suivant leurs vœux et leurs possibilités, les pèlerins adaptaient leur itinéraire pour aller prier des corps saints, sans toujours suivre les itinéraires les plus directs. En 1998, la France a demandé à l’UNESCO l’inscription sur la liste du Patrimoine mondial de 71 monuments jugés représentatifs des chemins de Compostelle. Ces monuments et 7 tronçons de chemins de grande randonnée ont été retenus par l’UNESCO et inscrits comme « Un bien unique » dénommé « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France ».

Les pèlerins empruntant le Camino francés depuis les Pyrénées, passent entre autres par Pampelune entourée de

  • Site d’information complémentaire avant de partir (Cliquez ici)

4 Commentaires

  1. Bonjour 👋
    La France n a jamais fait la Demande de l inscription des chemins de Compostelke au Vonseil de l Europe
    C est le Conseil de l Europe qui a établit les chemins de Compostelle avec l Ordre de Mzlte et le Vatican en 1998 avec le Guide Européen des chemins de Compostelle de Jean Bourdarias
    Un élément symbolique est grave sur de nombreuses Églises du 12 c est la roue jacquaire pour la marche à l Etoile
    St Jacques était le frère de Jean et de nombreuses loges sont dites de St Jean
    Sur le chemin de St Jacques de tres nombreux édifices portent le nom notre Dame et defiees à la vierge noire..
    Le Chemin de Copstelle est chrétien comme ma bible

  2. Résumé
    Pendant dix siècles, l’Europe s’est rendue en foule à Compostelle afin de prier sur le tombeau retrouvé de saint Jacques le Majeur. Le Conseil de l’Europe a reconstitué ces itinéraires de sainteté qui, du Danemark à l’Italie, de la Pologne à la Hongrie, ont conduit hommes et femmes, riches et pauvres vers la Galice, dans l’extrême nord-ouest de l’Espagne. Ces routes, fondatrices de l’Europe d’aujourd’hui, sont jalonnées de prieurés, d’abbayes, de monastères, d’humbles chapelles de montagne ou de magnifiques cathédrales. Ce guide, fruit de plus de dix années de recherches, aidera pèlerins, touristes ou simples curieux – mais aussi ceux qui, pour diverses raisons, ne pourront se déplacer – à retrouver les chemins de Compostelle.
    Caractéristiques

  3. Le Conseil de l Europe et leChemin de Compostelle
    Compostelle en France, 71 monuments ainsi que 7 portions de chemins sont inscrits depuis 1998 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco sous le titre officiel de « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France ».

    En sus de cette inscription au patrimoine mondial, les Chemins de Compostelle dans leur ensemble ont également obtenu le premier label itinéraire culturel européen (ICE) du Conseil de l’Europe en 1987 et en 1988 les itinéraires seront définis par ke guide européen des Chemins de comojstelke

  4. Il est des lieux ou soufflent l’Esprit. Sur le chemin cet Esprit nous pousse, nous attire et nous aspire lorsque nous le rencontrons, c’est à dire lorsque notre conscience c’est suffisamment ouverte.
    Chaque fois que je respire, à chaque pas , à chaque effort celui ci me pénètre un peu plus.
    Après trois marches et plus de 1200 km accomplis, je n’ai qu’une envie y revenir.
    J’y ai trouvé le dépassement de soi, le gout de l’effort, le plaisir de la rencontre, le partage, la bienveillance et la compassion.
    A bientôt sur les chemins…

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