ven 29 mars 2024 - 11:03

L’influence maçonnique sur le Grand Théâtre de Bordeaux

Rubrique présentée par Florence Mothe

Au dessus du péristyle, les Neuf Sœurs, sculptées par Berruer, veillent, en compagnie  de Vénus, Junon et Minerve, symboles de force, sagesse et beauté. Le Grand-Théâtre de Bordeaux – de grâce ne l’appelez pas Opéra –

Est un des rares monuments à se présenter d’emblée comme un chef d’œuvre maçonnique. Tel l’a voulu  son architecte, Victor Louis, qui appartenait à la maison du Duc d’Orléans, le futur Philippe-Egalité, qui eut l’amabilité de venir visiter le chantier de l’édifice en 1776, avant son inauguration en 1780.

Cet extraordinaire bijou avait été voulu par le Maréchal-Duc de Richelieu, illuministe convaincu, qui avait demandé à Victor Louis, initié à la Française Elue à l’O. d’Aquitaine « de lui faire un chef d’œuvre » Il fallut sept longues années et des crédits considérables pour mener à bien  la construction qui révolutionna le visage de Bordeaux, à l’époque totalement tourné vers le fleuve.

A Joseph II, le frère de Marie-Antoinette, venu visiter  la fameuse salle de spectacle, et qui s’étonnait de ce bizarre emplacement à l’envers, l’architecte répondit : « Sire, c’est pour que le soleil de trouve exactement à l’à-plomb de l’oculus du grand escalier à midi pour chaque Saint-Jean d’été. »

Victor Louis allait  mettre dans ce morceau d’architecture son talent et son extrême virtuosité au service de son  idéal maçonnique. Il fit de son Grand-Théâtre un véritable manifeste, ne se contentant pas de construire une salle de spectacle de plus, mais élevant un temple aux arts et à la musique.

C’est cette impression qui frappe le visiteur dés qu’il se trouve dans le grand escalier à double révolution, s’apprêtant à quitter les rudes accents du quotidien pour pénétrer l’univers lyrique qui, de Mozart à Fauré en passant par Beethoven et Satie, est, avant tout, celui de l’initiation.

Une impression  encore plus nette dans la salle, surmontée du magnifique plafond de Roganeau, qui demeure à mesure d’homme et où l’on ne peut que s’émerveiller de l’acoustique parfaite due au fait que loges et balcons sont construits en bois et sonnent comme des violons.

Il en est de même dans les foyers aux murs desquels sont représentés tous les grands compositeurs maçons de l’époque, les Grétry, Gluck et autres Dalayrac.

L’Office de Tourisme de Bordeaux a eu l’excellente idée, en proposant toute l’année, chaque jour à 16 h du mardi au samedi, la visite commentée du Grand-Théâtre (durée une heure, 10 €) de faire taire les pudeurs habituelles et d’insister sur le caractère maçonnique de l’architecture qui est d’ailleurs pieusement souligné par les directeurs successifs qui veillent depuis deux siècles et demi à concevoir une programmation en accord avec les canons de l’édifice.

Si le Grant-Théâtre de Bordeaux demeure de très loin son chef d’œuvre, Victor Louis construisit également entre autres châteaux et palais, la colonnade du Palais-Royal, la salle de la Comédie Française et l’Opéra du square Louvois qui fut bêtement rasé en signe d’expiation après l’assassinat du Duc de Berry par Louvel.

Mais le Grand Théâtre  demeurait  un exemple si parfait de l’architecture néo-classique que Charles Garnier s’en inspira pour l’Opéra de Paris, sans parvenir  à égaler la perfection absolue de ce temple dont l’inspiration, puisée chez Callicratès, ne peut que favoriser l’avènement d’exceptionnels égrégores musicaux.

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