jeu 28 mars 2024 - 15:03

A la découverte des francs-maçons illustres du Père-Lachaise

Du Blog Mon Paris Joli – Par Princess Zaza

Le Père-Lachaise est bien plus qu’un cimetière, c’est un livre d’Histoire à ciel ouvert et il est très agréable de s’y promener aux beaux jours. Vous ne le savez peut-être pas, mais environ 400 francs-maçons, célèbres ou inconnus, y sont enterrés !

Pour vous y retrouver et enrichir votre découverte, je vous recommande d’opter pour une visite guidée proposée par les Nécro-romantiques. C’est avec Jean-François, notre guide, que nous sommes partis à la découverte des tombes de quelques-uns des francs-maçons les plus célèbres enterrés au Père-Lachaise.

Une remarque : les innombrables sépultures portant des obélisques ou des pyramides ne sont pas forcément des tombes maçonniques. C’est tout simplement que l’architecture funéraire s’inspire largement de références égyptiennes.

Je vous propose également de revenir sur l’épisode de la Commune de Paris qui célèbre cette année ses 150 ans et évoquer ses liens avec la franc-maçonnerie. 

Les francs-maçons du Père-Lachaise

On repère assez souvent les tombes des francs-maçons aux symboles qui décorent les pierres tombales : branche d’acacia, feuille de chêne, compas, équerre…Cela dit, il n’y a pas de symbole maçonnique en tant que tel mais une lecture maçonniques des symboles.

Avant d’aller à la découverte des tombes, Jean-François nous a emmenés au columbarium, près du crématorium, pour nous montrer quelques cases de francs-maçons illustres :

Voici à présent quelques-unes des tombes de francs-maçons parmi celles à ne pas manquer et que j’ai pu découvrir au cours de la visite. Vous y découvrirez plus particulièrement des tombes de francs-maçons politiciens ou ayant eu un rôle dans la Commune de Paris mais sont aussi présents au Père-Lachaise de nombreux francs-maçons dans bien d’autres domaines : artistes, gens de lettre et de science, industriels…. :

  • Charles Voisin : certainement la plus belle sépulture maçonnique du Père-Lachaise, celle de ce franc-maçon du XIXème siècle. Une tombe très évocatrice ornée de nombreux symboles utilisés en maçonnerie.
  • Gustave Mesureur : dessinateur de modèles de tissus, syndicaliste, ardent républicain, homme fortement engagé, tant au niveau professionnel que maçonnique. Il mena une carrière politique exemplaire : élu Président du Conseil de Paris en 1887, plusieurs fois Député de la Seine puis, Ministre de l’Industrie, du Commerce et des Postes en 1895 et enfin, Vice-président de la Chambre des Députés et Président de la commission des finances en 1898. En 1901, il crée le Parti Radical, qui était à l’époque l’incarnation de la gauche républicaine, il en fût le premier Président.

Par la suite, il entame une carrière dans l’administration en devenant le Directeur de l’Assistance publique de Paris. Il a été initié franc-maçon à 22 ans, au Rite Ecossais Ancien et Accepté au sein de la mythique Loge « La Justice n° 133 » . Cette loge a réuni des figures marquantes de la franc-maçonnerie comme Jules Vallès, l’avocat Charles Floquet, le chimiste François Raspail, l’avocat et journaliste Henri Brisson. Pendant plusieurs années au début du XXème siècle, il sera Grand Maître de la Grande Loge de France. ll restera en maçonnerie plus de 50 ans.

  • Oscar Wilde : écrivain, auteur dramatique d’origine irlandaise et véritable dandy, il a été initié en 1875, dans une loge d’Oxford. Son parcours dans la franc-maçonnerie le mena jusqu’au grade de maître mais il y resta seulement 4 ans. Exilé en France après sa condamnation pour homosexualité en Grande-Bretagne, il est mort à Paris en 1900, dans la misère et la solitude.
  • Eugène Pottier : ouvrier chansonnier, militant socialiste, et communard, il est l’auteur des paroles de L’Internationale, un chant qui deviendra l’hymne du monde ouvrier. Dans le cadre de la répression menée contre les communards, il est condamné par contumace à la peine de mort. Il s’exile en Angleterre puis aux États-Unis où il est initié à la franc-maçonnerie. En 1880, suite au vote de la loi amnistiant les communards, il rentre en France. Le Grand Orient de France lui rend hommage tous les 1er mai, lors du défilé en hommage à la Commune.
  • Jules Vallès : journaliste, écrivain et homme politique français, Jules Vallès est le fondateur du journal Le Cri du peuple et il a fait partie des élus lors de la Commune de Paris en 1871. Il s’est battu toute sa vie contre l’injustice et l’ordre établi et pour la liberté de la presse.
  • Jean-Baptiste Clément auteur de la chanson « Le Temps des Cerises », poème d’amour devenu un chant révolutionnaire, symbole du sort tragique d’une partie de la population ouvrière parisienne massacrée par l’armée Versaillaise lors de la Commune de Paris.
  • Auguste Blanqui : fondateur du journal Ni Dieu, ni maître, membre de plusieurs loges, révolutionnaire socialiste, il est une figure emblématique de la Commune de Paris. Il est surnommé « l’enfermé » car il a passé 35 ans de sa vie en prison.

Vous pourrez aussi découvrir la très belle stèle de Marc et Victor Schœlcher. Ce dernier, journaliste et homme politique français du XIXè siècle, mena un combat sans relâche en faveur de l’abolition définitive de l’esclavage dans les colonies françaises. Leurs restes furent transférés au Panthéon en 1949.

Sont également présents au Père-Lachaise : Emmanuel Arago : homme politique français, c’est l’un des pères fondateurs de la IIIème République. Eminent franc-maçon, il devient, en 1878, un haut dignitaire du Suprême Conseil de France (Grand Orateur ou Commandeur).

Jean-Jacques Régis de Cambacérès : avocat et éminent homme d’Etat français sous l’Empire, il est initié à 20 ans à la « Loge Ancienne et de la Réunion des Elus » de Montpellier, devint Vénérable de la loge parisienne « Saint-Jean de la Grande Maîtrise », puis nommé premier Grand Maître Adjoint du Grand Orient de France en 1805. Dans les faits, il sera le véritable Grand Maître du Grand Orient de France pendant toute la période napoléonienne. Il a profondément marqué l’élaboration du « Code Civil des Français ».

Source : Wikipédia

Le mur des Fédérés, hommage aux morts de la Commune de Paris

La Commune de Paris est un mouvement de révolte populaire qui dura 72 jours, du 18 mars 1871 à la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871. Le peuple de Paris réclame une République démocratique et sociale. C’est un épisode peu connu ou méconnu de l’Histoire de France mais qui gagne à l’être et à s’en rappeler.

A cette époque, de nombreux ouvriers et artisans, du moins à Paris, font partie des loges. Par ailleurs, la Commune de Paris et la franc-maçonnerie partagent des valeurs communes : la défense des principes de la République, la justice sociale, la laïcité, l’éducation…Cela explique pourquoi on trouve beaucoup de francs-maçons parmi les communards, jusqu’aux responsables de la Commune. Néanmoins, la Commune de Paris divisa la franc-maçonnerie.

Les Conseils de l’Ordre, instances maçonniques dirigeantes des deux principales obédiences de l’époque (le Grand Orient de France et le Suprême Conseil de France (ce dernier administrait la Grande Loge Centrale qui deviendra la Grande Loge de France en 1894)) avaient donné des consignes de neutralité. Allant à leur encontre et après plusieurs tentatives de conciliation avec Thiers qui ont échoué, de nombreux francs-maçons parisiens (car les loges de Province sont plutôt restées en retrait) se sont engagés aux côtés des communards pour combattre Versailles. Certains le payeront de leur vie, d’autres seront emprisonnés ou déportés en Nouvelle-Calédonie.

Même si son engagement fût tardif, car elle pensait qu’en franc-maçonnerie « on n’acceptait pas les femmes », on pense bien sûr à Louise Michel, figure emblématique de la Commune.

Parmi les dirigeants du mouvement, on peut citer : Charles Amouroux, Gustave Flourens, Gabriel Ranvier, Simon Mayer. Parmi les principaux responsables politiques, élus républicains : Jules Valles, Léon Gambetta, Adolphe Crémieux, Eugène Pelletan, Emmanuel Arago. Auguste Blanqui aussi, fondateur du journal Ni Dieu ni maître. Et beaucoup d’autres.

Depuis 25 ans, chaque 1er mai (sauf cette année où ça a eu lieu le 29 mai), à l’initiative du Grand Orient De France, c’est la « montée » au Mur des Fédérés, sorte de pèlerinage laïque commémoratif au cours duquel les francs-maçons rendent hommage aux morts de la Commune. C’est à cet emplacement de l’enceinte du cimetière du Père-Lachaise que les derniers communards ont été fusillés par les Versaillais, le 28 mai 1871. Les corps ont été jetés dans une tranchée creusée au pied du mur. Le Mur des Fédérés est aujourd’hui un lieu de recueillement et dans la mémoire collective, symbolise la lutte du peuple pour la liberté. Il y a d’ailleurs une charge émotionnelle assez forte sur place.

« Si cette manifestation est le signe de notre combat pour la République, pour une société plus juste, plus fraternelle, elle est aussi une ode à la mémoire et au temps long, le temps de la perspective, le temps du souvenir et de la mise à distance. » Georges Sérignac, grand maître du Grand Orient de France (dans sa Tribune au journal Le Monde (ses propos n’engagent que plus :)).

Retrouvez ici quelques photos de la montée au Mur des Fédérés le 29 mai 2021 : Retour en images et là, le discours du Grand Maître du Grand Orient de France, Georges Serignac.

A l’occasion des 150 ans de la Commune de Paris, TWE, un collectif de street artistes engagés a réalisé une superbe fresque murale dans la rue des Pyrénées, au niveau de l’entrée du square Henri Karcher. En partenariat avec Art Azoï, une association qui oeuvre pour la promotion et la diffusion de la création artistique dans l’espace public.

Retrouvez ci-après le webinar proposé par la Grande Loge de France le 29 avril dernier à l’occasion des 150 ans de la Commune de Paris : Les francs-maçons dans la Commune de Paris.

Je vous invite également à regarder le documentaire Les damnés de la Commune, réalisé par Raphaël Meyssan, une plongée au coeur des évènements de la Commune de Paris. Il est disponible sur Arte.tv jusqu’au 19 août 2021.

Pour aller plus loin, retrouvez la page dédiée aux commémorations de la Commune de Paris par la Bibliothèque Nationale de France : Commémorer la Commune de Paris.

Mes pensées émues vont à tous ces Femmes et Hommes qui ont lutté pour cet idéal de Liberté, d’Egalité et de Fraternité. On ne vous oublie pas. Vous êtes dans nos cœurs.

Je remercie Jean-François pour la qualité de cette visite, sa générosité et nos échanges remplis d’une belle énergie qui m’a empli le coeur de joie pour le reste de la journée. J’ai été ravie de la partager avec deux autres personnes dont André Chabot, photographe, artiste et journaliste. Je vous recommande son très bel ouvrage :

Comme le pharmacien Jean-Louis Sacchet, amoureux de l’Egypte, qui a édifié sa pyramide au Père-Lachaise en vue d’être momifié, André Chabot a lui aussi déjà prévu le lieu où il reposera :

Si vous êtes sur Instagram, je vous invite à suivre le compte de Thierry Le Roi pour ses safaris nécro-romantiques. Retrouvez-le aussi sur Facebook. Et pour plus d’infos : les Nécro-Romantiques.

A suivre également le compte Instagram de Benoît Gallot, le conservateur du Père-Lachaise qui photographie la vie sauvage entre les tombes. On y croise des chats, des hérissons, des renardeaux, des oiseaux…

Retrouvez ici quelques autres photos de cette belle promenade : Visite Père-Lachaise. Pour ceux qui s’interrogent sur la sépulture énergétique du Père-Lachaise, je vous invite à regarder cette vidéo : Neuf72Céleste.

Je vous souhaite à votre tour une belle visite, d’inspirantes rencontres et découvertes !

Princess Zaza

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