mer 24 avril 2024 - 02:04

Initiatique ou religieux ? Ou Mithra, Mithra pas

Parmi les sources de la franc-maçonnerie et des monothéismes occidentaux, le culte de Mithra joue un rôle trop longtemps méconnu. Les points communs entre les pratiques rituéliques maçonniques et mithraïques sont étonnamment nombreux. D’autre part, les reprises d’éléments religieux du culte de Mithra vers la chrétienté sont également importants.  

Les francs-maçons sont fous de recherches sur les origines : une chaîne a beau être longue, nous sommes fascinés par la découverte de ses extrémités. D’ailleurs cette biblique parole «  cherche et tu trouveras » booste nos énergies et justifie notre acharnement.

La littérature regorge d’essais ou romans décrivant une possible filiation entre la franc-maçonnerie et de glorieuses civilisations anciennes. Nombre d’épisodes romanesques ou héroïques émaillent cette filiation. Ils tiennent en haleine les écouteurs d’histoires que nous sommes tous, et font le bonheur des éditeurs . Dan Brown, Giacometti et Ravenne et pas mal d’autres vivent bien du phénomène.

Les religions dites du livre ont marqué l’occident pendant deux millénaires. Les historiens qui se sont penchés sans préjugés sur les évolutions ont constaté l’impact des modifications. Ces altérations sont les traductions, homogénéisations, intégrations, élimination des pensées gnostiques ou autres hérésies,  etc.

Au final on a du mal à discerner d’où proviennent les éléments de nos rituels et textes ; ceci nous laisse sur notre faim, aussi les fouilles continuent.

Les découvertes faites après la seconde guerre mondiale, manuscrits de Qûmran et de Nag Hammadi, ont profondément bousculé la communication faite par l’église catholique, pourtant stabilisée à l’époque.

Robert Ambelain a publié en 1972 un livre devenu best-seller :  « Jésus ou le mortel secret des Templiers ». Sa thèse est que Jésus était un zélote préoccupé de prise du pouvoir local et non un prophète/messie . Ce secret se serait plus ou moins transmis jusqu’aux francs-maçons via les templiers et les cathares.

La piste égyptienne, elle, a atteint un sommet avec Robert Lomas et Christopher Knight et leur « clé d’Hiram ». Ils affirment avoir découvert un pharaon assassiné dans des conditions similaires à celle d’Hiram. Le livre dévoile des formules à la consonance proche de certains mots sacrés de la franc-maçonnerie.

Le berceau de nos civilisations se place entre la Grèce et le croissant fertile qui va d’Égypte en Assyrie.

Ce croissant fertile inclut Israël, Phénicie, Perse. La Grèce fut un absorbeur de tout ce qui l’a précédée puis un diffuseur grâce aux conquêtes d’Alexandre le Grand . De ce fait on a du mal à distinguer ce qui fut découvert par les grecs eux-mêmes. Il s’avère que pas mal de découvertes scientifiques attribuées à Pythagore, Euclide et d’autres étaient déjà connues auparavant.

La civilisation hébraïque n’échappe pas à cette suspicion, comme le montre la grande similitude de l’épopée de Gilgamesh avec la civilisation assyrienne.

Les premiers siècles après Jésus-Christ ont vu une âpre lutte de la chrétienté avec les nombreuses variantes de gnosticisme. On sait aussi que Constantin fit un choix crucial en faveur de la chrétienté, défavorisant le culte de Mithra, pourtant installé bien avant.

Et nous voilà au 21e siècle.  Charles Imbert, dans son «  les 7 degrés de l’initiation », remarque que les monothéismes occidentaux sont maigrichons en ésotérisme. Seule la franc-maçonnerie en possède une bonne dose, avec activité sur une longue période.

Il faut remonter l’histoire avant de retrouver un tel ésotérisme fort, pérenne, initiatique : jusque dans le culte de Mithra.

La progression initiatique, au moins dans sa forme tardive telle que pratiquée par les Romains, comportait 7 degrés. Tout comme on comptait 7 planètes, métaux, tons musicaux, zones corporelles ( chakras ) et surtout 7 vices qu’il s’agissait de combattre pour progresser.

Charles Imbert dresse une vertigineuse liste de similitudes entre les pratiques rituéliques mithraïques et les maçonniques. Citons ainsi, à titre d’exemples, les trois premiers degrés, dédiés aux trois dieux (/planètes ) de la Sagesse, de la Beauté et de la Force.

Poursuivons : la disposition intérieure du temple (parvis, sièges en « colonnes », espace de déambulation central, estrade,…), initiation avec dénudation et glaives.

Et, au-delà : la référence aux 5 sens, l’usage d’un mythe comportant un meurtre, accent prononcé sur les dualités et surtout celle de Lumière/Ténèbres, rôle particulier des solstices,…

Mais on peut aussi dresser une liste d’éléments communs entre le culte chrétien et le culte de Mithra. On citera volontiers la naissance lors du solstice d’hiver, et la résurrection/renaissance de Jésus/Mithra. Plusieurs indices historiques laissent à penser que la communauté zélote de Cilicie est le lieu où le transfert s’est organisé : la ville centrale était la Tarse de Paul.

Bref, tout semble se passer comme si finalement Mithra avait survécu complètement, mais au prix d’une partition. 

Le christianisme a récupéré les éléments-clés religieux, et la franc-maçonnerie les rituels et méthodes initiatiques, par-delà deux millénaires !

C’est ce gigantesque « viaduc » de 2000 ans qui pose évidemment question, vu cette qualité de transmission . Serait ce inscrit dans nos gènes ? Sont-ce les archétypes communs à tous les humains qui ont permis cela, sans que nous en puissions mesurer la part innée et la part acquise ?  Les néoplatoniciens ont d’évidence joué un rôle de véhicule pour permettre une partie du saut, de l’Antiquité tardive jusqu’à la Renaissance : 13 siècles, pas mal !  Nul doute non plus que les kabbales et l’alchimie ont, elles aussi, servi de courroie de transmission pour nous mener où nous en sommes.

Les recherches continuent :  à bientôt pour de nouvelles aventures !

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Patrick Van Denhove
Patrick Van Denhovehttps://www.lebandeau.net
Après une carrière bien remplie d'ingénieur dans le secteur de l'énergie, je peux enfin me consacrer aux sciences humaines ! Heureux en franc-maçonnerie, mon moteur est la curiosité, et le doute mon garde-fou.

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