jeu 28 mars 2024 - 12:03

Le GODF mène une enquête sur l’image de la maçonnerie

Le Grand Orient de France a missionné l’IFOP, le célèbre institut de sondages d’opinion, aux fins de conduire une étude portant sur la perception de la franc-maçonnerie en France.

Celle-ci a été réalisée, du 16 au 21 octobre 2020, auprès d’un échantillon représentatif de la population française de plus de 1000 personnes. Les « individus statistiques » ont, tout d’abord, été invités à visionner le film de présentation ci-dessous :

ainsi qu’un PowerPoint détaillant les apports de la franc-maçonnerie pour soi, au sein de la loge et pour la société. Puis, chacun a ensuite répondu à un ensemble de questions.

Deux groupes furent constitués afin d’affecter les répondants en une classe de 25 à 35 ans pour le premier et en une autre de 45 à 65 ans pour le second.

Le GODF se pose des questions, en réalité, pertinentes pour toutes les Obédiences car la compréhension des attentes des profanes vis-à-vis de la franc-maçonnerie reste, en général, assez floue.

Une autre question, qui n’est pas non plus dépourvue de conséquences, émerge par la suite : c’est celle des causes de la démission des Sœurs et des Frères, afin de comprendre pourquoi autant de maçons, aussi bien dans les rangs des Apprentis ou dans ceux des Compagnons que dans ceux des Maîtres, rendent leur tablier, chaque année. Par exemple, la Grande Loge de France enregistre une moyenne de 1000 démissions annuelles de Maîtres maçons. Ces derniers ont suivi le cursus des trois premiers grades et abandonnent ensuite, pourquoi ? Ne serait-il pas temps de mener une vaste enquête auprès de ces milliers d’initiés ? Sont-ils déçus de la méthode ou de l’environnement maçonnique ? Sont-ce d’autres circonstances de vie qui les déterminent ?

Pour le moment, le GODF s’est polarisé sur l’image de notre maçonnerie auprès du public profane. Les questions de cette enquête, que notre rédaction s’est procurée, permettent de constater un très fort déficit d’image et de clarté. En effet, plus de la moitié des interrogés déclarent ne pas vraiment connaitre la maçonnerie. Plus inquiétants sont certains termes associés à notre pratique : Secret, Secte, Élite, Mystère, Réseaux, Confrérie, Argent, Politique, Influence... Fort heureusement, il ressort aussi de bonnes images : Rites, Réunion, Réflexion, Société, Culte, Solidarité, Fraternité, Ordre, Bâtir, Métier, Groupe…

Au fil des questions, on perçoit assez vite que la franc-maçonnerie reste associée à une image de secret, animée par des appétits de pouvoir. Les résultats constatés avant et après explications durant la série de questions posées par l’IFOP démontrent qu’une explication de texte, auprès du public, modifie singulièrement sa perception.  

Ce qui devrait alerter l’ensemble des obédiences, ce sont les trois statistiques suivantes : « pour 91 % des sondés, la franc-maçonnerie c’est la culture du secret ; pour 84 %, c’est l’implantation dans les cercles du pouvoir et, pour 79 %, c’est du réseautage ». Partant de ce constat, ne serait-il pas utile de regrouper toutes les forces des instances maçonniques pour travailler à un message commun à l’intention du grand public ?

D’autres questions, telles que la perception de la finalité de la pratique maçonnique, nous éclairent sur les faibles motivations des jeunes pour notre Art. Nous sommes perçus comme ambigus et parfois dépassés par la multitude de plateformes sociales proposées sur le marché.

Sur la question du travail introspectif, il apparaît de nombreuses réticences car naissent alors des confusions avec des voies comme le yoga ou la méditation. Par ailleurs, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur le lien entre le travail collectif et l’introspection individuelle. Il est, cependant, reconnu que la méthode de travail permet l’écoute, le respect de l’autre. La phrase qui ressort souvent est : « La mise en valeur d’un débat apaisé et d’un apprentissage de celui-ci. » Le second point saillant résulte de la possibilité de s’extraire des activités professionnelles et de l’urgence de pouvoir passer un moment avec soi… et les autres.

Concernant la communication de la franc-maçonnerie

Le public souhaite une démarche plus transparente. Il est dit, par exemple, qu’il y a une « attente d’un discours relativement transparent sur le pourquoi de la démarche de communication ». Cela concerne plus particulièrement l’identité des personnalités appartenant à la franc-maçonnerie. On peut s’interroger sur le bien-fondé d’une telle demande. Car le souci du public interrogé est-il réellement la transparence ou la curiosité ?

Les attentes concrètes de ce public concernent essentiellement le libre accès à nos travaux, sur des supports appropriés à tous, une diffusion plus large des conférences ou des réunions publiques et, bien entendu, des prises de position plus claires sur les sujets de société. Cela passe bien évidement par une présence plus assidue sur les réseaux sociaux.

La conclusion de l’étude

Il apparaît que les attentes des 40/60 ans ne sont pas les mêmes que celles des plus jeunes générations. Les plus âgés manifestent un intérêt pour les valeurs défendues par la franc-maçonnerie. Ils semblent intéressés par la bulle de réflexion que constitue la franc-maçonnerie. Une forme de protection propice à l’introspection.

Les plus jeunes sont plus critiques à l’égard de la maçonnerie. Ils ne perçoivent pas très bien le sens de sa pratique et la mettent rapidement en concurrence avec des laboratoires d’idées (couramment appelés « think tanks ») ou des centres de développement personnel voire avec des associations menant des combats sur divers fronts de la société contemporaine.

L’étude précise qu’il convient de trouver un équilibre en matière de communication.

En résumé, on perçoit assez vite que la maçonnerie n’est pas assez précise sur ses objectifs et ses résultats. Elle serait, pour certains, « victime de son mystère ». D’autres affirmeront que ce mystère est précisément le garant de sa longévité, pour assurer la sélection de ses membres et éviter de tomber ainsi dans un mercantilisme pseudo spirituel.

Il serait peut-être bon de réfléchir à des formes de communication globale sur des axes communs. Sachant que la franc-maçonnerie est polymorphe et polysémique, ne serait-il pas temps de créer une commission inter-obédientielle susceptible de formuler un ensemble de propositions illustrant la pluralité des pratiques et, surtout, reflétant la diversité de l’offre maçonnique et son intérêt ?

L’initiative du GODF est à saluer ; elle ne doit pas rester lettre morte, mais servir de tremplin à une réflexion fraternelle étendue à d’autres maisons maçonniques de poids, afin d’harmoniser et de dynamiser des lignes directrices de communication au service de l’Art Royal, en général, et de chaque Obédience en particulier. C’est à ce prix, semble-t-il, que seront mieux perçues la présence et l’action des Sœurs et des Frères sur le terrain… et aménagées les voies de l’avenir.

5 Commentaires

  1. “L’initiative du GODF est à saluer”, écrit la rédaction…
    “I second the motion”, comme nous disons au Rite Ancien York !

  2. C’est vrai que l’on peut féliciter le conseil de l’ordre du GODF d’avoir commandé ces enquêtes d’opinion et d’avoir diffusé les résultats en toute transparence ! De nombreux francs-maçon-ne-s n’aiment pas que cette question de l’image de notre ordre dans l’opinion soit discutée en public : pudeur, omerta, peurs ?
    Trouver des réponses pour améliorer la perception de notre engagement n’est pas très difficile pour peu qu’on respecte l’exigence éthique à tous les échelons de nos structures ! Et ceci dans la transparence la plus complète !

  3. ENFIN, la FM décide de s’interroger sur elle-même. Je suis profane mais ai participé à des tenues blanches ouvertes tant à Puteaux qu’à Cadet. Sincèrement je n’y ai entendu que des bla-bla-bla de gens satisfaits dont on se demande sur quelle planète ils vivent.
    Quand j’ai commencé à assister aux réunions dans les années 80, j’avais le sentiment d’être à une antenne (sectaire parfois) du PS, récemment plutôt une antenne de l’ancienne UDF.
    Je suis enseignant : j’observe depuis 30 ans un recul de la laïcité, un accroissement des inégalités sociales (et le Ministère de l’Education Nationale est très loin d’être étranger à cette tendance), un recul de la formation du citoyen, une montée des intégrismes religieux et/ou politiques. Je n’entends pas la FM sur ces sujets sauf très rares exceptions quand le feu est déjà dans la maison.

    Pour information, j’avais repris en 1983, le Club du Faubourg fondé en 1918 par Léo Poldès qui appartenait à la Maison.

    Cordialement et bien à vous et je reste à votre disposition

  4. Pour avoir lu l’enquête, j’y ai trouvé des questions que je me posais avant de porter le tablier. Loin d’être dénué de sens, cette enquête est une étape certaine dans la psychanalyse de l’ordre.

  5. Dans la suite de cette enquête
    Dans la suite des résultats de cette acte pouvons nous souhaiter qu un groupe interobedientiel soit mis en place pour consolider ce qui devrait être un fondement sur la communication et sur l identification d actions portées ensemble pour promouvoir les valeurs de la FM. Ses pratiques et son réalisme …
    En tout cas une volonté partagée de se reconnecter au réel sans renier la Tradition…
    L équipe du journal 450 FM pourrait être bienvenu pour forger un plan commun ?

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