ven 13 décembre 2024 - 12:12

Des francs-maçons bourrés de volonté, ça ne peut que réussir !

La volonté est pour nous francs-maçons l’outil majeur pour nous améliorer ou améliorer la société. Mais, étrangement, tout se passe souvent comme s’il existait une volonté contradictoire qui bloque efficacement le processus de progrès. Les psychologues commencent à comprendre les mécanismes du blocage et comment les éviter.

Plusieurs rituels le disent, nous venons en franc-maçonnerie entre autres pour « soumettre notre volonté ».

Quoi ? Soumettre à qui ? Et ma liberté absolue de conscience, alors ? Du calme, fougueux impétrant, c’est la volonté de ton être intérieur, qui résiste aux injonctions de ta raison, qui doit plier et désormais effectuer pile ce que ta raison a décidé. Ce texte-là contient déjà en germe une confusion entre la volonté, terme qui désigne la force claire de l’intention mise au service du raisonnement, et la volonté, résumant les forces plus souterraines dirigées par notre inconscient.

Bon, on le sait bien, qu’il y aura toujours opposition entre le cerveau raisonnant et le cœur ( ou d’autres organes localisés plus bas ). Mais l’apprenti plein de bonnes résolutions fonce pour tailler sa pierre afin de devenir meilleur.

Nous savons que maintenir un cap sur la durée va requérir de la persévérance, mais en fait il y a un autre problème, qui se manifeste déjà dans le court terme. 

L’exercice de la volonté semble déclencher, rapidement et automatiquement, une résistance.

Tout se passe comme si un être intérieur doté d’un énorme esprit de contradiction se levait face à nous et aux diktats de notre volonté, et arrivait parfois à prendre les manettes, nous mettant devant un fait accompli avant que nous ne comprenions ce qui se passe.

L’exemple le plus caricatural se produit lors de la recherche du sommeil :  l’idée même semble réveiller plein d’idées intéressantes mais à affiner, de trucs à ne pas oublier de faire demain, et plus on se dit qu’il faut vraiment dormir, que demain sera lourdement chargé, et plus la crainte de ne pas dormir devient plus omniprésente.

Une version alternative est bien sûr de regarder un épisode de plus de cette série pourtant pas terrible, de se faire un dernier petit jeu vidéo, ou n’importe quoi mais pas dodo.

Ce cercle vicieux, Edgar Allan Poe et Charles Darwin l’avaient déjà signalé ; Freud l’a étudié en le nommant «  principe de volonté contraire », et sa dénomination actuelle «  loi de l’effort inverse » lui fut attribuée par l’écrivain et psychanalyste Charles Baudouin.   Il indique que l’effet se produit chaque fois qu’apparaît un conflit entre d’une part l’imagination (et ses représentations mentales) et d’autre part la volonté consciente : non seulement nous ne réalisons pas l’action souhaitée, mais nous effectuons son exact contraire. Et plus nous insistons, plus l’effet se renforce.

Une autre description précise de cette loi figure dans un essai de Fiodor Dostoïevski, et a servi de base en 1987 ( donc plus de 100 ans plus tard ) à l’élaboration d’un protocole expérimental, par les équipes de Daniel Wegner à Philadelphie. Tous les aspects obsessionnels se mettent en place dès qu’une idée à piloter par la volonté consciente est suggérée et, comme l’observait déjà Emile Coué, ce sont toujours les représentations mentales qui gagnent  contre la volonté :  repousser une image mentale provoque son retour de manière irrésistible, c’est pourquoi certains ont désigné le processus comme « ironique » .

Jusque-là, on reste dans le descriptif et le constat : n’y aura-t-il pas de possibilité que la volonté gagne le match ?

Les rituels maçonniques nous auraient ils menti ?

C’est là que les équipes de Wegner ont bien bossé. Réintroduisons une notion que nos compagnes connaissent bien :  la charge mentale… nos vénérables la vivent aussi. Elle se caractérise par une multiplicité de choses à garder à l’œil simultanément, par un flux incessant de décisions à prendre, etc. Les psychologues ont observé l’existence d’un cumul de besoins en énergie mentale :  les besoins pour l’exercice opérationnel de la volonté, ceux pour le contrôle ( dont la surveillance de l’adéquation entre besoin et moyens à disposition ), et ceux de vérification de l’atteinte effective des buts.  Les psys ont pu remarquer qu’une chose affleurant à l’esprit, sous l’étiquette «  à éviter », peut voir son attribut migrer en «  à rechercher », dans les situations de surcharge intellectuelle. Dit autrement, l’épuisement cognitif entraîne temporairement mais nettement le risque de méprise sur nos intentions, au point que ce qu’on cherche absolument à contourner se placerait pour un temps limité mais crucial comme l’objectif à atteindre.

On peut en déduire la marche à suivre pour juguler le risque : refuser fermement d’en prendre « trop sur la fourche » , savoir que tout signe indiquant que la « loi de l’effort inverse » est en train d’émerger indique notre surcharge mentale et qu’il est urgent de lâcher la pression et d’apprendre à dire non, en répartissant le boulot sur une période plus longue, moyennant une rehiérarchisation du reste-à-faire, et pourquoi pas en se faisant quelques plaisirs en profitant au max de son cercle amical, familial et fraternel.

L’atteinte de vos vrais objectifs est à ce prix !  

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Patrick Van Denhove
Patrick Van Denhovehttps://www.lebandeau.net
Après une carrière bien remplie d'ingénieur dans le secteur de l'énergie, je peux enfin me consacrer aux sciences humaines ! Heureux en franc-maçonnerie, mon moteur est la curiosité, et le doute mon garde-fou.

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