ven 26 avril 2024 - 19:04

1er mars Mardi Gras, un sobriquet donné au GODF en 1912…

La date est variable, chaque année Mardi Gras a lieu 47 jours avant Pâques. Ainsi, le Mardi Gras est toujours fixé entre le 3 février et le 9 mars ; soit juste avant la période de Carême, c’est-à-dire 41 jours + 6 dimanches, soit finalement 47 jours avant Pâques. Au XVIIIe siècle le premier jour gras était le jeudi gras.

Carnaval Seloncourt

Origine et célébration de Mardi-Gras

Le Mardi Gras est la journée festive qui précède le mercredi des Cendres. C’est donc un jour de fête dont la date est fixée 47 jours avant la Pâques.

Le Mardi Gras ne donne pas lieu à un événement liturgique spécifique, mais consiste plutôt en des réjouissances avant le carême, qui était une période excessivement contraignante pour la population au Moyen Âge : privation de fête, de danse, de plaisir et de sexe, au-delà de la nourriture très frugale. Ainsi, l’expression « faire gras » signifie manger de la viande, par opposition à « faire maigre », soit jeûner. Le Mardi gras donne lieu à des festivités, le carnaval. Le mot carnaval vient du latin « carne levarer » (enlever/ôter la chair), du fait qu’il s’agit un jour où le fidèle peut faire bombance avant de commencer le jeûne qui durera jusqu’à Pâques. Aujourd’hui, cela se traduit surtout par la distribution de mets sucrés dans les écoles.

Si cette pratique n’est pas la reprise exacte d’une fête romaine, elle semble fortement s’inspirer de fêtes de l’Empire romain. Notamment la fête des Saturnales, laquelle se traduisait par un renversement provisoire de l’ordre établi. Concrètement, les esclaves jouissaient temporairement d’une grande liberté et pouvaient ainsi se livrer à des comportements interdits le reste de l’année. Mais aussi les calendes de Mars qui célébraient la venue prochaine du printemps, rite païen par excellence, lequel autorisait le déguisement et la transgression des interdits. On notera que les Bacchanales ou les Lupercales1 ont pu aussi servir de ferment au Carnaval sous sa forme actuelle.

Le carnaval a donc synthétisé une partie de ces traditions pour se traduire, à partir du XIe siècle, par un défilé populaire où chacun était libre de se déguiser et de parader dans les rues. Cette fête avait par ailleurs une importance particulière au Moyen Âge où elle donnait lieu à l’élection d’un « pape des fous », signalant ainsi que c’était non seulement l’ordre social qui était inversé, mais aussi l’ordre du monde tout entier. Le chapitre V de Notre-Dame de Paris donne un aperçu particulièrement vivant de cette tradition à l’époque médiévale.

Le carnaval et Mardi Gras dans le monde

Dans le sud de l’Allemagne, le carnaval est une fête très populaire. Celle-ci commence le jeudi précédant Mardi Gras et voit des parades et des défilés se succéder. À Berlin, les habitants ne défileront qu’en mai à l’occasion du festival des cultures qui prend place dans le quartier multiethnique du Kreuzberg. À Cologne, le carnaval de la ville est l’un des plus connus d’Europe. Sa parade de chars réunit jusqu’à plus d’un million de personnes.

Le carnaval de Venise est un rassemblement qui est rentré dans les institutions à partir de la Renaissance. Il est principalement connu pour ses costumes et ses masques inspirés de la Commedia dell’arte. Le carnaval ramène tous les ans un très grand nombre de touristes dans la ville. Inspirée par les fêtes à l’honneur du dieu Dionysos à l’époque antique, la tradition grecque veut que l’on fête l’Apokries, une période de faste où l’on se déguise, l’on boit et l’on danse. Dans le pays, le carnaval de Patras est sans doute le plus connu et voit défiler de nombreux enfants chaque année.

À Dunkerque, c’est derrière un tambour-major que défilent les festivaliers déguisés. Organisés par groupe, ils avancent au rythme de la musique dans les rues de la ville et font un arrêt devant l’hôtel de ville, où un lancer de harengs fumés est effectué par le maire et son conseil municipal.

La ville de Binche accueille le carnaval le plus connu de Belgique. Reconnu chef d’œuvre oral et immatériel de l’humanité par l’UNESCO, le défilé voit des personnages comme Arlequin ou Pierrot déambuler au sein des cortèges.

Les traditions anglo-saxonnes

Aux pays du Commonwealth, l’on observe des traditions différentes mais apparentées au Mardi Gras latin, sous le nom de Shrove Tuesday (Mardi de l’absolution, du verbe archaïque to shrive, absoudre). La fête tourne surtout autour de la crêpe anglaise (pancake) qui est traditionnelle pour cette fête au point où la fête est appelée Pancake Tuesday par endroits. Plusieurs églises offrent des petits déjeuners ou dîners de pancakes, parfois afin de solliciter des contributions caritatives. On mange les pancakes avec un ragoût de viande (en Angleterre), avec du sirop d’érable (au Canada) ou avec de la compote de fruits. Dans certains endroits en Angleterre il y a même une tradition de course au pancake, où l’on parcourt une certaine distance en faisant tourner des pancakes à même la poêle tenue à la main, sans les laisser tomber.

Quand la FM se faisait traiter de Mardi Gras…

C’est dans un article « Franc-maçonnerie et mouvement coopératif en région parisienne (1871-1914) » d’Éric Lebouteiller publié dans la revue des études coopératives mutualistes et associatives (RECMA), revue internationale à caractère scientifique publiant les travaux consacrés à la coopération et à l’économie sociale que nous trouvons cette allusion à la Franc-Maçonnerie.

Extrait :  

« La montée de l’anti-maçonnisme

Contrairement au milieu de la coopération de production, toujours lié à l’Ordre, le mouvement coopératif de consommation connaît, à l’instar de la sphère syndicale et politique, une vague de contestation anti-maçonnique. L’affaire « des Fiches », qui secoue le Grand Orient en 1904, déclenche la virulence des critiques de gauche contre « cette confrérie du mardi gras, figée dans des rites caducs » (Janvion, 1912, p. 7). Un climat de défiance gagne donc un monde jusqu’à présent bien disposé. Dans les loges, les démissions de coopérateurs se multiplient, signe d’un désamour grandissant… »

Sources : https://www.cairn.info/ ; RECMA 2016/3 (N° 341), pages 104 à 117

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti est directeur de la rédaction de 450.fm. Il a fait l’essentiel de sa carrière dans une grande banque ancrée dans nos territoires. Petit-fils du Compagnon de l’Union Compagnonnique des Compagnons du Tour de France des Devoirs Unis (UC) Pierre Reynal, dit « Corrézien la Fraternité », il s’est engagé depuis fort longtemps sur le sentier des sciences traditionnelles et des sociétés initiatiques. Chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France (IMF) et médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie (Musée de France), il collabore à de nombreux ouvrages liés à l’Art Royal et rédige des notes de lecture pour plusieurs revues obédientielles dont « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France et « Perspectives » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain ou encore « Le Compagnonnage » de l’UC. Initiateur des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, il en a été le commissaire général. En 2023, il est fait membre d'honneur des Imaginales Maçonniques & Ésotériques d'Épinal (IM&EE).

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