mar 15 octobre 2024 - 01:10

La Force de la Beauté : elle balise la voie vers la Sagesse !

Les émotions esthétiques sont un élément indispensable de notre marche vers la sagesse, écrivains, philosophes l’avaient remarqué, les neurosciences ont maintenant trouvé pourquoi.

Aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours été épouvantablement rationaliste, et au point qu’à mon adolescence j’ai peu profité des parties littéraires de nos cours de français, et en particulier j’ai détesté le Romantisme . Tout acquis à l’amour de l’action concrète et des sciences “dures”, comment se passionner pour les pages de descriptions, souvent d’objets tels des arbres ou des bâtiments ?

Un demi-siècle plus tard il est grand temps de reconsidérer la chose, surtout que les études psycho-socio-neuro récentes apportent de nouveaux et passionnants éclairages .

Dans un billet précédent, nous apprenions que l’émerveillement joue comme un apaisant naturel des tensions éprouvées au niveau de notre cortex cingulaire : la Beauté peut donc nous aider à accéder à la Sagesse ! Creusons pour en trouver l’explication.

Notre cortex cingulaire apprécie peu les surprises , et nous incite à mémoriser les situations connues :  c’est le processus de «  routines de résonance », par lequel le cerveau se met en position de moins consommer d’énergie dans le futur ; cela a aussi pour effet de réduire son excitabilité par les stimuli extérieurs. Ce phénomène a été décrit par Max Weber, au début du 20e siècle, marqué par la domination de la Raison, comme «  désenchantement du monde ». C’est vrai que dans le même siècle la science a méthodiquement démoli plein de croyances, virant leur poésie avec l’eau du bain.

Nous voyons périodiquement des appels à réenchanter le monde, et on peut se demander s’il y a un lien avec le succès des croyances de tout poil déferlant sur internet et les réseaux sociaux ;  en tous cas on peut y voir un phénomène de « remplissage de la béance » pour utiliser les termes châtiés à la Lacan. Plus prosaïquement , on pourrait dire que l’assoiffé avale la première bibine venue.

Mais donc, nous voilà devant un manque d’enchantement, causé par un passage trop rapide à la crudité scientifique.

Physiologiquement, l’émerveillement est un état d’excitation, mesurable à la respiration, au pouls, etc. , que les anciens décrivaient comme une « stupeur effrayée » ; en anglais il existe l’adjectif « awesome », contenant l’onomatopée « awe » verbalisant cet état.

En psychologie deux éléments le caractérisent : primo un sentiment de grandeur ( vastitude ? ) , et secundo le sentiment que le phénomène ne rentre pas dans les schémas habituels, en tous cas pas sans adaptation ; pour terminer en émerveillement il faut encore qu’une note positive se dégage de l’ensemble. Moyennant tout cela, on est tenté de prendre le temps d’en profiter, de détailler …d’où sans doute les longues descriptions romantiques. Les créations artistiques viendront évidemment comme occasions de vivre des émotions esthétiques, tout comme les beautés de la nature.

Nous maçons savons bien que l’ équilibre entre la raison et le cœur est à privilégier, nous venons de trouver une des raisons dont la véracité est maintenant attestée par les neurosciences :  les émotions positives ressenties devant la grandeur de l’univers ou une œuvre artistique dont le souffle nous dépasse nous procureront un apaisement et un recul par rapport aux choses que l’on peut qualifier de pas vers la sagesse.

Et des essais psycho-socio récents ont montré qu’il y encore un bonus à la clé. Les expériences ont montré que l’émerveillement et ses effets bénéfiques sont le moteur de la motivation qui sous-tend la curiosité : le curieux prend plaisir à bousculer ses routines de résonance. Mais l’élément vraiment nouveau, c’est que l’enchantement ne fait pas que procurer des bonnes ondes à celui qui l’éprouve, il comporte aussi une composante sociale, qui vient renforcer les sentiments altruistes.

Le mécanisme serait que l’émerveillement face à la grandeur réduit la confiance en sa propre puissance, diminue donc la prépondérance de l’égo dans ses comportements, favorise l’importance du collectif et finalement booste l’entraide.

Conclusion : je vous prescris un émerveillement par jour, et je vous promets que vous vous  rapprocherez de la sagesse !

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Patrick Van Denhove
Patrick Van Denhovehttps://www.lebandeau.net
Après une carrière bien remplie d'ingénieur dans le secteur de l'énergie, je peux enfin me consacrer aux sciences humaines ! Heureux en franc-maçonnerie, mon moteur est la curiosité, et le doute mon garde-fou.
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