sam 23 novembre 2024 - 12:11

Mauvais temps pour les licornes !

La licorne nous est connue ! Sa corne sur le front lui donne une identité reconnaissable, outre la beauté du pelage, la profondeur du regard et le déploiement de ses ailes lors de son envol vers les cieux. Mais de bien mauvais temps menacent nos paisibles compagnes …

Dans le bestiaire symbolique, la licorne a pris place avec un  corps équin, une barbiche de bouc, des sabots fendus et cette longue corne pointue au milieu du front, droite et spiralée. À l’époque des grandes explorations, des navigateurs assuraient en avoir vues pas mal ; ils en réalisaient des portraits très précis, mais souvent contradictoires. Soit ils ont fait douter de leur existence, soit ils les apparentaient à des races différentes. Heureusement, nous possédons au Musée Cluny à Paris, une tapisserie ancienne qui atteste, à côté d’une belle jeune femme au teint pâle, de la présence de la licorne aux yeux doux !

Une récente enquête menée par un institut réputé pour le sérieux de ses méthodes d’investigation et la rigueur de ses résultats, suscite un grand émoi chez les amoureux de ces êtres hybrides : le parc des licornes affiche un nombre de plus en plus décroissant, d’année en année et cela concerne autant la licorne comme animal de compagnie que la licorne hôte de nos rêves. Autant la rareté de leurs présences chez soi que dans les songes ajoutés à la reprise de la chasse à la licorne dans nombreuses zones boisées, constituent désormais un péril sociologique associé à une inquiétante désinformation du public !

De longue mémoire, prendre une licorne comme animal de compagnie a toujours été un moyen fiable pour obtenir un sentiment de quiétude intérieure. Près d’elle, se calment les angoisses mieux que sous l’effet des anxiolytiques ! Mais, devenir l’heureux propriétaire de cet animal fabuleux s’avère de plus en plus difficile, en dépit même de l’allongement de la durée de vie des humains. S’il est établi qu’il vaut mieux avoir une certaine aisance financière pour accueillir ou sur recommandation, ou sur cooptation, ou par la voie d’un héritage, une licorne,  (rappelons- le), peut vivre plus de mille ans ! Cette espérance de vie oblige les propriétaires à passer quelques arrangements de leur vivant : notamment à contracter une couverture d’assurance pour « Entretien-gardiennage-succession de Licorne » pour s’affranchir des affres de la temporalité. Malheureusement le coût d’une telle assurance est de plus en plus cher et cette capitation décourage les engagements  à long terme !

Comme la licorne ne peut pas se passer de ballades au clair de lune, rechercher des lieux retirés pour satisfaire son besoin d’évasion et d’atmosphère onirique, devient de plus en plus compliqué : au-delà de la qualité des séries TV qui effritent le sens du devoir de quelques propriétaires en les retenant sur le sofa du salon, la pollution des cieux autant que la traque des licornes par des braconniers sont des dangers qui pèsent sur la vie de ces bêtes féériques ! Les meilleurs endroits pour amener promener sa Licorne et lui apporter une énergie vitale se font rares : d’ailleurs, ces géo-localisations ne se livrent plus que sous le sceau du secret entre les membres de discrètes  « fraternelles » du sublime équidé !

Autre écueil : pour séduire l’animal énigmatique, son propriétaire (et nécessairement ami), doit avoir un esprit de mélomane averti. La licorne apprécie profondément la musique. Des textes très anciens trouvés dans de célèbres bibliothèques, informent qu’elle sait chanter, d’autres sources prétendent qu’elle préfère écouter. De toute façon, les deux options restent vraisemblables : à chaque fois il a été vérifié que la licorne manifeste un grand contentement à l’écoute des lieds, et lorsqu’elle est en confiance, elle se risque souvent avec une voix de mezzo-soprano sur de grandes œuvres de musique classique ! Certains vous confieront que ce serait la musique des sphères qui calmerait plutôt son éventuelle intrépidité et certifierait un égrégore parfait entre l’homme et l’animal. Hélas, trois fois hélas, les fêtes de la musique successives dans notre pays ont affadi le sens musical de la population désormais plus réceptive aux sons électro-acoustiques, au rock et  folk ou hard métal, que sur la connaissance des sonates et autres symphonies sublimes.

Quant aux songes, les êtres imaginaires les désertent de plus en plus… Excepté des dragons pervers- narcissiques qui s’agrippent fermement, des psychologues et psychanalystes, dans leurs cabinets auprès de leur patientèle et à travers leurs confidences, notent qu’il n’y a plus aucune mention de licornes ! L’explication tiendrait à cette frénésie quotidienne qui oppresse nos sociétés et qui compromet la vacuité du temps. Qui prend encore le loisir à fréquenter les cercles érudits des alchimistes, des mages, voire des loges maçonniques ? Par suite, une parole sottement perdue pour l’ésotérisme ou  oublieuse de symbolisme revêt des incidences fâcheuses en terme d’imagination !

Le fait le plus dramatique touche le phénomène de chasse contre lequel les défenseurs des unicornes sont vent-debout. Depuis qu’une nouvelle légalisation permissive dans toutes les zones forestières de la planète a été adoptée, les battues en forêts se multiplient. La prolifération de ces activités meurtrières est soutenue par la puissance du lobbying international des chasseurs attachés au commerce de la corne et du sang de licorne. Pour ces produits réputés comme excellents anti-poisons,  les pisteurs passent de plus en plus de contrats sur les têtes de licorne avec des médecins-apothicaires ou des grands laboratoires pharmaceutiques qui vendent ces médications à un prix fou ! Pour ce commerce sans honneur, on déplore même l’ouverture de formations spécialisées pour apprendre l’affût et le maniement des équipements à vision nocturne ! Des sociétés privées de chasses extraordinaires traitent directement avec les grands canaux d’information en  leur délivrant des soi-disantes  études scientifiques quant à la nocivité des licornes sur l’humanité du fait d’un trop plaisant voisinage. Ainsi  les cerveaux des humains seraient-ils devenus indisponibles et pour produire et pour investir. Cette « désinformation » nous vaut d’être saoulés par cette affirmation récurrente : « Ne prenez pas les licornes pour des stocks options » !

Vraiment ce siècle est sans amour et sans tendresse ! Comment sortir  de cette période désastreuse pour l’imaginaire des enfants, mais aussi pour ceux d’adultes sensibles, d’aimables savants comme les théologiens, les historiens et les symbolistes et les psychanalystes … ? Que faire ?  Revenir régulièrement, au Musée Médiéval de Cluny, pour contempler cette chanceuse Dame à la Licorne ? Possible à titre individuel !

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Claude Laporte
Claude Laporte
Cursus universitaire en Droit public, Organisation du travail, et Sociologie Politique. (Maîtrise en Droit Public (1972), à la Faculté de Bordeaux. Chargée de cours sur la « Sociologie Politique et des Institutions Internationales » aux élèves de 1ère Année de Droit (1972/1973). Puis, intégration professionnelle au sein de l’Assurance Maladie. Dernier poste occupé : Responsable de la Communication à la Direction des Systèmes d’Information à la CNAMTS. Autres diplômes : DESS Systèmes d’Information; DEA «Communication, Technologies et Pouvoir » (Université Paris-Sorbonne). Par ailleurs : des engagements dans le domaine associatif et culturel. Depuis mars 2020 une activité écriture/publications avec la création et l’animation du blog EMEREKA, journal d’opinions et d’humeurs ..

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