La vigne et le vin, sacrés symboles
Jean-François Blondel
Oxus, 2020, 224 pages, 18 €
Pour le Maçon, le vin, synonyme de « poudre » dans les banquets, ne joue qu’un rôle secondaire dans le rituel. Et pourtant, depuis des temps immémoriaux, ce nectar des dieux accompagne civilisations, cultures, religions et sociétés à mystères… Serait-il donc porteur d’un message symbolique transcendant ainsi l’espace et le temps ?
S’il est une personne qui connait la vigne et le vin, c’est bien Jean-Jacques Hervy, Conservateur du musée du Vin à Paris. Il signe la préface du dernier opus de Jean-François Blondel, passionné par l’histoire et l’organisation des corporations ou confréries et les initiations de métier tel le Compagnonnage.
Le raisin apparaissant il y a quelque 65 millions d’années, et le vin probablement en 9000 avant J.-C., son histoire est donc intimement liée à celles de nombreuses civilisations. C’est pourquoi l’auteur aborde tout d’abord le vin au temps de la Perse ancienne et du « prophète » Zoroastre. Deux exemples illustrent cette période : l’Épopée de Gilgamesh, légende sumérienne et récit épique de l’ancienne Mésopotamie, œuvre littéraire les plus anciennes de l’humanité et, moins connue, celle de la Coupe de Jamshid, héros légendaire et mythologique, rappelant le Saint Graal car contenant le pouvoir de l’immortalité.
Jean-François Blondel passe ensuite en revue le vin dans les trois religions monothéistes. À commencer, dans le judaïsme, par les vignes du patriarche Noé. Selon la tradition judéo-chrétienne, il lui revient la paternité du divin breuvage. Puis, dans le christianisme, il étudie les Noces de Cana et la Cène, ainsi que la place du vin dans la symbolique chrétienne. Quant à l’islam, il n’hésite pas à décrire comment la dernière religion du livre est confrontée aux vertus thérapeutiques du breuvage.
Mais le vin est aussi associé aux dieux et aux mythes. Dans la mythologie grecque, Dionysos « le deux fois né », fils du dieu suprême Zeus et de la mortelle Sémélé, est le dieu de la vigne, du vin et de ses excès, de la folie et de la démesure. Bacchus est son équivalent romain. Mais les fêtes en son honneur deviennent des lieux d’ivresse, de luxure et de désordre social.
La seconde partie traite des grandes mutations du premier millénaire et des monastères où aujourd’hui encore ces derniers conservent une activité agricole tournée parfois vers le vin. Jouant ainsi un rôle important car cette boisson alcoolisée obtenue par fermentation du jus de raisin est la boisson chrétienne par excellence, nécessaire à la liturgie, à l’hospitalité et propre à réjouir le cœur de l’homme. Mais aussi nécessaire pour recevoir les pèlerins de passage et même pour soigner les malades D’ailleurs avant d’implanter une communauté religieuse, les moines ne coûtaient-ils pas la terre pour savoir si la culture de la vigne donnerait de beaux fruits ?
Notre intérêt portera surtout sur les chapitres consacrés au vin et à la tradition du banquet dans les sociétés traditionnelles de métier, chez les tailleurs de pierre et au sein du Compagnonnage. Le vin comme ciment de la fraternité !
Quant à la Franc-Maçonnerie, Jean-François Blondel aborde essentiellement les Loges militaires et le vin de la saint Jean, des chansons maçonniques et banquets, du pain et du vin lors de la consécration d’une Loge, du vin et du sacré des Chevaliers Rose-Croix.
L’auteur se consacre, dans sa troisième et dernière partie, à une analyse de la culture populaire contemporaine en passant des révoltes viticoles au début du XXe siècle au problème de l’alcoolisme en passant par les confréries bachiques au XXIe siècle, assemblées de professionnels et d’amateurs de vin, dont le but avoué est la promotion des vins de la région qu’elles représentent.
Sont annexés un recueil de proverbes, dictons, citations et un choix de chansons à boire. De cet ouvrage, puisions-nous au moins en retirer la part de anges…