jeu 25 avril 2024 - 12:04

Jacques Fontaine ose descendre aux racines naturelles de l’homo sapiens. Il découvre une autre manière de vivre ensemble. AU CHEVET D’UN MONDE FIÉVREUX Des marionnettes rebelles ? 12 L’anarchie ; le libertaire (2ème partie)

Nous sommes, pour la majorité d’entre nous, sous la domination du scientisme, le royaume de l’objectivité . Il est réputé que ce qui se démontre rigoureusement est exact. Et avec des dérives actuelles inacceptables. Premier exemple de la tyrannie de la loi du « Des faits, rien que des faits ! ». Les expériences sur l’efficacité et l’innocuité des médicaments sont très encadrées, menées selon les rigueurs de la statistique. Il en ressort souvent que les personnes traitées représentent x% de la population étudiée. Et qu’un autre pourcentage de guérisons est dû à l’effet placebo : ces personnes ont guéri alors qu’elles n’ont pris que des substituts neutres. Et que faisons-nous, empêtrés de scientisme ? Médicament sur le marché sir le pourcentage de guérison est assez élevé. Point, rien d’autre. Mais ceux qui ont guéri grâce à l’effet placebo ? « Pfuitt, circulez, il n’y a rien à voir, ce n’est qu’un effet placebo, on l’a démontré ! ». Inaudible, puisque ce fameux et méprisé effet a guéri effectivement en toute subjectivité. Alors qu’une recherche mondiale devrait, de toute urgence, répondre à la question centrale : Qu’est-ce qui a déclenché l’effet placebo ? Que se passe-t-il dans la tête d’une personne qui en bénéficie ? Comment le provoquer ?… Les humains arriveront à se poser cette question quand les « sciences » humaines connaîtront un essor significatif. Ce qui est envisageable, aujourd’hui, vu l’état fiévreux du monde.
Un second exemple précis de cette attirance vers les faits, au détriment de la descente en soi : la psychanalyse est boutée hors du champ psychiatrique car ses résultats ne sont pas démontrés. Et tant pis si les analysants se sentent en meilleure harmonie interne, comme externe. Mais on ne peut se passer d’approches psychologiques. Et on le saura de moins en moins avec la croissance des dépressions. Alors on réduit l’exploration à ce qui marche vraiment, c’est-à-dire qui est observé, mesuré, avalisé. Ainsi le champ psychique n’est acceptable qu’à ces conditions. Résultat, l’invention, l’invasions des psychologies cognitives et comportementales, les TCC. En grand renfort de l’approche dualiste boiteuse : subjectivité et objectivité. Demain la guérison du malade exigera, c’est mon avis, une autre approche mentale, hors du OU/OU, du ET/ET, pour atteindre le NI/NI. Ce n’est plus la subjectivité OU l’objectivité ; pas plus que la subjectivité ET l’objectivité. NI l’une NI l’autre mais une troisième manière de vivre Il fallait donc trouver un nouveau terme pour caractériser cette faculté mentale. À savoir, susciter en soi, d’emblée, une vision qui prenne en compte la complexité et cherche à lui donner un sens. J’ai trouvé que cette faculté avait un nom depuis 1926 : l’«Holisme » décrit ainsi par Jan Christiaan Smuts : « La tendance dans la nature à constituer des ensembles qui sont supérieurs à la somme de leurs parties au travers de l’évolution créatrice…L’holisme se défi nit donc globalement par la pensée qui tend à expliquer un phénomène comme étant un ensemble indivisible, la simple somme de ses parties ne suffisant pas à le définir. De ce fait la pensée holiste se trouve en opposition à la pensée réductionniste qui tend à expliquer un phénomène en le divisant en parties » ; Dans la foulée, en 1975, Joël de Rosnay lance un ouvrage majeur pour inciter à la pensée holiste, « Le Macroscope ».Tout y est annoncé de la révolution de la pensée. J’ai tiré de « holisme » le terme « holistivité », en consonance avec ceux de subjectivité et objectivité.
Aujourd’hui déjà, et demain plus sûrement, l’humain situera sa relative possibilité d’émancipation au croisement des chemins de réseaux de groupes libertaires et de ceux de l’écologie, d’une part et de l’holistivité d’autre part. Ces deux facteurs se rejoignent dans la pleine conscience de notre fonctionnement en meute. Ainsi l’écologie et l’anarchie trouvent leur point de jonction. L’affaire n’est pas nouvelle : L’écologie libertaire, l’anarchisme vert naissent vers 1930, en références aux travaux de Pierre Kropotkine et d’Élisée reclus, géographe et Franc-maçon. Déjà, ces courants dénonçaient le seigneur-saigneur, comme j’ai appelé l’humain plus haut. Renoncer à dominer la nature et d’abord la sienne, la vie en meute, l’instinct grégaire.

Chaque individu, dans des réseaux, ne passera plus son temps à acheter tout et rien, à guigner le pouvoir ou s’y soumettre. Il conjuguera, comme déjà dit, le solidaire et le solitaire. Les spiritualités déploieront leurs ailes, le développement personnel, aussi. Le mouvement est enclenché clairement depuis les années 60. Auparavant, quelques élus seulement accédaient à ces recherches d’ascendance. Aujourd’hui, sous l’influence des spiritualités orientales, le mouvement gagne de nouveaux élus de tous horizons. Les thérapies abolissent leur frontière avec les spiritualités et les éclosions des approches du potentiel humain. Cette révolution quasi-génétique, nous fond avec le vivant. L’efflorescence spirituelle est la croisée des chemins. On sent bien, aujourd’hui, que quelque chose cloche au-delà des névroses individuelles inévitables. Ce quelque chose, avant, c’était une divinité. Le libertaire recherche l’UN et le TOUT, dans son harmonie avec lui-même, les autres et la nature. Il me semble que plus les souplesses d’une anarchie revisitée animeront la meute, plus les besoins de spiritualité, de développement personnel s’atténueront formellement. La quête de l’harmonie passera, en partie, par ces modes de vie. L’expérience plus que la connaissance , en belle aube d’une anarchie verte en partage avec les autres. Bien moins en ce qui touche la connaissance de soi-même qui restera un royaume luisant et grimaçant à explorer encore et encore. Ce sera un fruit de la liberté… de l’égalité, de la fraternité !

Je laisse le mot de la fin à P. Teilhard de Chardin, pas un révolté mais un visionnaire! Il pressentit les lendemains : « Pas d’avenir évolutif à attendre pour l’homme en dehors de son association avec tous les autres hommes ».

Nous voici au terme de notre périple. Je vous ai invités à aller des symptômes les plus criants pour remonter progressivement au terrain, celui de l’angoisse primordiale caractéristique d’une meute humaine. Avec une réponse possible et, je le crois et le pense, probable.
Jusqu’où la vie en libres réseaux et l’holistivité apporteront-elles. à l’état fiévreux du monde, une claire vigueur de joyeuse santé? En deux mots : une anarchie verte !

La Boulomie – Editions LOL

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Jacques Fontaine
Jacques Fontaine
Jacques Fontaine est né au Grand Orient de France en 1969.Il se consacre à diffuser, par ses conférences, par un séminaire, l’Atelier des Trois Maillets et par une trentaine d’ouvrages, une Franc-maçonnerie de style français qui devient de plus en plus, chaque jour, « une spiritualité pour agir ». Il s’appuie sur les récentes découvertes en psychologie pour caractériser la voie maçonnique et pour proposer les moyens concrets de sa mise en œuvre. Son message : "Salut à toi ! Tu pourrais bien prendre du plaisir à lire ces Cahiers maçonniques. Et aussi connaître quelques surprises. Notre quête, notre engagement seraient donc un voyage ? Et nous, qui portons le sac à dos, des bagagistes ? Mais il faut des bagagistes pour porter le trésor. Quel est-il ? Ici, je t’engage à aller plus loin, vers cette fabuleuse richesse. J’ai cette audace et cette admiration car je suis un ancien maintenant. Je me présente : c’est en 1969 que je fus initié dans la loge La Bonne Foi, à Saint Germain en Laye, au Rite Français. Je travaille aussi au Rite Opératif de Salomon. J’ai beaucoup voyagé et peu à peu me suis forgé une conviction : nous, Maçons latins, sommes en train d’accoucher d’une Voie maçonnique superbe : une spiritualité pour agir. Annoncée dès le début du XXème siècle. Elle est en train de se déployer et nous en sommes les acteurs plus ou moins conscients mais riches de loyauté.

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