En décembre, la Marianne de l’Arc de Triomphe, puis les symboles du judaïsme, sans compter quelques temples maçonniques tagués, dont un tout près de chez moi…
Le week-end dernier, c’était à Tarbes, un temple plus que centenaire, classé aux monuments historiques… saccagé, interphone arraché, mobilier détruit, épées dérobées.
Une ligne rouge à été franchie ce week-end. Non ce ne sont clairement pas des gilets jaunes, mais des fachos vêtus de jaune… il ne faut pas tout mélanger. D’ailleurs un certain
nombre de gilets jaunes de Tarbes sont venus le lendemain aider à remettre le temple en état, choqués eux aussi…
Mais nous glissons doucement, collectivement, sur une pente savonneuse.
Nous les européens, les français, pays des Droits de l’Homme, de la tolérance, de la liberté.
Qu’avons-nous donc fait de nos Lumières ?
Ca ne vous rappelle rien, les bruits de bottes ? Moi je pense aujourd’hui à Constant Chevillon, mort il y a soixante quinze ans sous les balles de la milice. A Lyon, comme Jean Moulin… Trop contents qu’ils étaient de l’avoir eu, le résistant, le franc-mac à abattre. Une proie encore plus perversement jouissive à leurs yeux que Jean Moulin… car avec Constant Chevillon, non seulement c’était un résistant, mais tout un symbole qu’on abattait !
C’est bientôt ce triste anniversaire… le 23 mars exactement.
Tiens, cette année le 23 mars tombe un samedi… Quelle sympathique surprise nous réserveront-ils donc encore le week-end du 23 mars ?
En attendant, voici un hommage à Constant Chevillon.
C’était le 23 mars 1944
Durant la funeste soirée du 23 mars 1944
Il était peut-être onze heures du soir
Peut-être minuit
Dans cette banlieue noire ou périrent tant de partisans,
Il est tombé
Sous les balles funestes des traîtres à leur patrie
Le Juste est tombé
Gémissons, mais ne désespérons pas. Car toujours, le Phoenix renaît de ses cendres,
Rien ne se perd
Tout se recrée
Il est vivant !
Constant Chevillon est parmi nous !
Ne sentez vous pas frémir ces mots ? Ne sentez vous pas l’âme vibrante de la Franc-Maçonnerie tout entière ? Au seuil de l’horreur, il avait écrit ces mots… « Sans prononcer une parole, sans faire un geste, par le seul fait de son existence, [la Franc-Maçonnerie] semble dire aux prévaricateurs : qu’avez-vous fait de la liberté, de la justice et de l’équité ? Ils veulent donc l’enchaîner et, mieux, l’anéantir pour supprimer jusqu’aux fantômes du remords ». En janvier 1939 il avait écrit ces mots… comme s’il sentait que l’urgence était dans le rassemblement des forces des justes, qui eux seuls pouvaient encore sauver la nation chancelante, éloigner l’ombre des corbeaux et les bruits de bottes qui déjà faisaient trembler la terre.
Constant Chevillon était un Maître. Notre Maître à tous. Une sommité de profondeur initiatique. Infatigable chantre de la tradition il avait à cœur d’extraire du rite, la substantifique moelle de l’âme humaine, la portant jusqu’aux nues pour faire rayonner l’esprit en pleine lumière. Cet homme, initié de haut vol était le Grand Maître de deux formations ésotériques initiatiques : le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm et l’ordre des Chevaliers Maçons Elus Cohen de l’Univers. Il était également Patriarche de l’Eglise Gnostique Universelle.
Victime de la barbarie il y a déjà soixante-quinze ans, Constant Chevillon est parmi nous. A travers ces lignes il nous montre le vrai visage de la Franc-Maçonnerie : un parcours d’adeptat, un visage de lumière, la quête de toute une vie. Tous ses écrits, profondément empreints d’une spiritualité vivante nous montrent la voie.
A nous Maçons des temps modernes il nous enseigne la voie de l’intériorité, nous montre un chemin en direction des profondeurs de l’être pour en extraire la pierre cachée. Le véritable et unique outil est le rite ; la Franc-Maçonnerie dans toute sa dimension symbolique, est « l’esprit informateur des choses ».
La quête commence par une ascèse, qui après un examen de conscience, engage le maçon sur la voie de l’apostolat. A travers un exposé d’une humanité et d’une profondeur sans cesse renouvelées, Constant Chevillon nous montre qu’avant d’être sociale, exotérique ou philosophique, la Franc-Maçonnerie est d’abord et avant tout une voie intérieure, un chemin authentiquement initiatique.
Emettons le vœu que ces mots de Constant Chevillon, notre Maître à tous, demeurent un guide, une lumière qui montre la voie de l’adeptat, à travers les ténèbres du matérialisme ambiant de ce XXIème siècle. Puissent ces mots devenir une ligne de conduite pour les hommes et les femmes de bonne volonté.
Espérons !
Merci d’avoir repris mon texte, que j’ai écrit le 22 mai 2013 en préface à une nouvelle édition de l’ouvrage de Constant Chevillon “Le vrai visage de la Franc-Maçonnerie”, aux éditions du Désir.
Ce texte m’a été comme inspiré après avoir lu son ouvrage. Il ne m’appartient donc pas. Il est le nôtre. Il est celui de ces hommes et femmes de l’ombre qui tournent leur visage vers la Lumière et se lèvent pour dire Non… à la barbarie, aux discriminations, à l’ombre des corbeaux et au bruit des bottes des armées des ténèbres. Et à ce titre je vous remercie de l’avoir republié.
Il faut que l’histoire, l’oeuvre de Lumière de Constant Chevillon soient bien plus largement connus et dépassent par leur force symbolique, le cercle confidentiel des initiés qui le portent en eux.