Ce vaste et profond sujet est un thème de travail que les vieux maçons connaissent bien, surtout ceux qui dépassent les Loges bleues. Le seul problème : s’il faut attendre une bonne dizaine d’années avant d’aborder cette épreuve, un certain nombre de Frères et de Sœurs partent à l’Orient Eternel sans avoir de réponse. Et si nous en parlions dès maintenant, afin de gagner du temps sur le travail futur ?
Notre bonne éducation judéo-chrétienne nous a toujours enseigné qu’Eve avait mangé la pomme. Tous nos maux viennent de là. Sans les filles, nous serions tous en paix au jardin d’Eden avec nos petits tabliers en feuille de vigne.
Plus sérieusement, depuis le temps qu’on essaie de pardonner sans succès aux Frères qui viennent nous pomper l’air dans le Temple, il serait temps de tester une autre voie, non ? Connaissez-vous un seul Frère du 33° qui aurait pardonné à son ennemi et aurait ainsi trouvé la sérénité ? Pour ma part, j’ai surtout vu des Frères qui se bagarrent et qui attendent une réparation extérieure pour faire leur travail de deuil.
Tout n’est pas perdu. Sachez qu’il existe une voie initiatique à Hawaï qui se nomme « ho’oponopono »[1]. Cela pourrait être traduit par « remettre les choses en ordre » (tiens cela ne vous rappelle rien ?). Pour faire très simple, le principe de cette purification spirituelle est de se pardonner soi-même ce qu’on se fait vivre en se frottant aux autres. Plus concrètement, votre voisin de Loge vous vole votre portefeuille, plutôt que de vous attaquer à lui afin de retrouver votre calme, vous vous pardonnez à vous-même cet incident. Le Dr Hew Len[2] affirme la chose suivante : « Lorsqu’on prend la responsabilité de sa vie, tout ce que l’on voit, entend, sent, ou apprend d’une façon ou d’une autre on en est totalement responsable puisque cela fait partie de la perception de sa propre vie. Le problème n’est pas la réalité à l’extérieur de soi, il serait à l’intérieur; et pour changer cette réalité, on devrait se changer soi-même. La responsabilité totale comprendrait, que tout le vécu est une projection de l’intérieur de l’Homme. ». Mes SS:. et FF:. Maitres maçons, j’imagine que cette lecture vous rappelle quelque chose ?
Les fanatiques du rationnel vont me prendre pour un illuminé. Sachez que le ho’oponopono a été étudié scientifiquement par J. Matthew[3] de la Walden University (Minnesota) en 2008. Il a conclut dans le sens d’une réduction significative de la rancœur dans le groupe étudié.
Il me semble bien que cette technique, que j’étudie depuis une quinzaine d’années, ressemble farouchement à la Franc-maçonnerie. Le principe de responsabilité et d’auto-pardon n’est-il pas le seul moyen d’arriver à une unification intérieure ?
Certains me rétorque parfois que la fameuse sentence de Saint Luc : « Si quelqu’un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l’autre » est du masochisme inapplicable dans notre monde moderne. Pour ma part, je vois la chose autrement. Si on me frappe la joue, je commence par placer ma conscience dans les causes et de cet incident. Une fois identifiée, je pacifie avec la raison de ce chaos, puis une fois apaisé, je présente à la vie mon autre joue. Je vous assure qu’on ne me frappe jamais deux fois, car je travaille sur moi dès que la vie m’envoie une épreuve. Si le chemin maçonnique est la voie de l’égrégore (qui signifie « éveil » en grec), autant travailler sur le chemin avec les outils qu’on trouve sur place. Si c’est pour faire comme dans le monde profane, inutile de perdre son temps dans le Temple. Je vous laisse y réfléchir. Une chose est certaine, personne ne peut changer son voisin. Même les pires tyrans pensent être des types honnêtes. Partant de ce postulat, mis à part travailler sur soi, la seule voie viable pour atteindre le pardon est de l’expérimenter sur sa propre pierre. Bon polissage.
[1] http://tinyurl.com/presentation-oponopono
[2] http://tinyurl.com/docteurHewLen
[3] http://gradworks.umi.com/33/36/3336715.html