Les Luminaires, Princes lumineux des feux de l’éther comme les appelait Eschyle, sont le Soleil et la lune. Ils représentent respectivement le principe actif et le principe passif mis en relation par la luminescence. Ils sont la polarité basique d’une des représentations de la dualité. Ces deux luminaires sont fondamentalement complémentaires. Ils sont à marier, comme un yin/yang, dans l’harmonie intérieure, même si leur genre (masculin/féminin) et leur relation hiérarchique ne sont que particularismes liés à une civilisation.
De nombreuses traditions, en divinisant les deux grands luminaires, font de la lune l’épouse du Soleil. Mais pour d’autres, la Lune est une divinité mâle. Par exemple, le dieu japonais Tsukuyomi est lié à la lune et sa sœur Amaterasu au soleil. Rappelons simplement que les traditions parlent en général de dieux-lune (Thot, Khonsou, Osiris, Hermès, Janus …). Ce dieu-lune est tantôt doux et sensible, tantôt agressif, guerrier, et change rapidement de forme. En hébreu, les deux luminaires sont masculins ; en allemand, le mot lune est du genre masculin et le mot soleil féminin, tel qu’on peut le voir sur la gravure attribuée à Albrecht Dürer.
Ces deux luminaires apportent chacun leur nuance de lumière, de conscience et de vie. Les savoirs enseignés par le Soleil sont plutôt des savoirs formels avec de la théorie, des systèmes, de l’analyse, des équations, des principes, tandis que les savoirs enseignés par la lune sont davantage des savoirs informels du vécu, de l’expérience, de l’émotion.
Les francs-maçons travaillent de jour comme de nuit, de midi à minuit dans les loges symboliques. Le soleil et la lune, placés tous deux à l’orient, en attestent la durée. Si, pour Carl Gustav Jung, l’aurore symbolise la sortie de la nuit de l’inconscient, c’est en plein midi qu’a lieu la délivrance de l’agnoia (l’inconnaissance). «Soudain, une lumière, comme un feu jaillissant, surgira dans l’âme» écrit Platon, dans Lettre VII ; «tout à coup, vers midi, une vive lumière venant du ciel resplendit autour de moi», trouve-t-on dans les Actes des Apôtres, XXII, 6 ; «pour le connaissant, il est toujours midi» est-il écrit dans les Upanishad, III, XI, 3.
Chez les romains Lucifer (lux ferre, apporteur de lumière) était le nom de l’étoile du matin (Vénus) qui annonce l’aurore ou le lever du soleil et la déesse Diane était aussi appelée Lucifer, celle qui annonce la lumière lunaire. Les grecs ont différencié Lucifer apporteur de la lumière du matin de celle du soir en lui donnant les noms d’éosphoros pour le matin et d’Espéros pour le soir.
En hébreu «luminaire», meour (מאור), est utilisé pour désigner la lune et le soleil. Sa numération est 247 et par réduction arithmosophique donne 13, numération d’Achad, l’unité (אחד). Ces luminaires sont Un avant leur dissociation en grand et petit luminaire. Dans leur complémentarité, les lumières de ces deux astres se succèdent dans l’alternance, et tous deux croissent, décroissent et disparaissent. Cette périodicité sans fin consacre, en ces astres, les rythmes biologiques du renouvellement, du mythe de l’éternel retour, car leur mort n’est jamais définitive mais suivie d’une résurrection. Ces différents aspects font d’eux un symbole de transformation et de croissance (croissant de lune), le symbole du passage d’un état d’être à une nouvelle modalité d’existence.
Selon Pic de la Mirandole, la Lune et le Soleil représentent respectivement le judaïsme et la chrétienté.
En associant les couleurs des vitraux correspondant à la lune (bleu) et au soleil (rouge), on obtient du violet, dernière couleur visible du spectre et première couleur d’un monde au-dessus (l’ultra-violet), couleur de la spiritualité.
Dès le XVIIIe, les rituels définissent les luminaires : le soleil, la lune et le maître de la loge (le Vénérable). Placés à l’orient du temple, ils triangulent la lumière du jour, de la nuit et de l’esprit.
Leurs lumières glissent sur les lignes obliques du delta lumineux, elles inondent, avec leurs énergies, le corps de ceux qui sont à l’orient qui, à leur tour, les propagent dans la loge spiritualisée par la fraternité.Selon Le Cahier d’apprentif de 1778 du Directoire Écossais de Bourgogne : le soleil est le Vénérable qui gouverne et éclaire la Loge, la lune représente les deux Surveillants qui reçoivent la lumière du Vénérable et la réfléchissent sur la Loge.
Au moment où le bandeau est enlevé, le récipiendaire face aux luminaires, est illuminé de leurs significations. Les luminaires tracent une forte correspondance énergétique et symbolique coruscante avec les colonnes J et B.
Sur le chemin d’évolution de l’âme, dans le retour à sa source, on assimile le soleil à la «voie courte», la voie directe qui mène à l’illumination. Par contre la lune, en ce sens qu’elle reflète progressivement la lumière, est associée à la «voie longue», c’est-à-dire à celle des incarnations successives.
Dans les rituels anglo-saxons, le soleil et la lune sont aussi associés à l’idée que, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, il y a toujours et partout des maçons au travail.
La Lune, luminaire nocturne, est une planète qui ne produit pas sa propre lumière, elle ne se montre que par l’action éclairante du Soleil, de ce fait elle est symbole de dépendance car elle a besoin du soleil pour miroiter de la lumière dont elle retient une partie en son sein. C’est pourquoi, elle est perçue par certaines civilisations comme féminine ; elle était Isis en Égypte, Astarté en Phénicie, Alilat chez les Arabes, Mylitta chez les Perses, Artémis, Diane, Dictynne Séléné en Grèce, dans l’île de Crète, Luna chez les Romains. Trois divinités grecques représentent les différents aspects de la lune : Hécate (Oui, je ne suis pas pleine de tendresse et de compassion. Je ne suis pas tolérante et je ne vous consolerai pas. Je suis sévère, mais ma colère est toujours juste. Et ma protection éternelle pour ceux qui m’honorent.), la nouvelle lune ; Artémis, la lune croissante et descendante ; Séléné, la pleine lune (Marie est la véritable Séléné, la lune de Noël, vierge enfantant la rosée).
Telle une séphira, on peut la considérée comme passive par rapport au soleil, la lune n’en est pas moins active en ce qu’elle épanche vers la Terre une partie de sa lumière.
La néoménie est le jour de la nouvelle lune et premier jour du mois dans certains calendriers. C’était un jour de fête, célébré dans l’Antiquité en Égypte, en Grèce (le premier jour de chaque mois, c’est-à-dire de la néoménie ou première apparition de la lune, était appelé calendes, du verbe καλέω, et alors on faisait un sacrifice solennel à Junon), à Rome, mais aussi en Judée (à consulter les Remarques sur la fête de la néoménie.
Les Hébreux calculent le temps (années, mois, jours) selon le cycle lunaire tout en lui apportant des corrections par rapport au cycle solaire. La lune est ainsi utilisée pour fixer la date des fêtes juives importantes.
Liée à l’eau, elle devient source et symbole de fécondité et représente le principe féminin, l’archétype maternel par excellence que l’on relie fréquemment à la coupe, réceptacle des eaux primordiales ou des germes de vie.
Astre de la nuit, elle évoque la présence de la lumière dans l’immensité ténébreuse, elle est le sourire du ciel. Comme les étoiles de la voûte étoilée, on la considère comme clarté de la connaissance. En Égypte, le bec recourbé de l’ibis, évoquant le croissant lunaire, associe la lune avec la parole, l’intelligence et l’écriture dont Toth était le dieu.
Parce que liée à la nuit, la lune évoque le rêve, l’inconscient, l’imaginaire. Mais il s’agit là d’une connaissance indirecte, théorique, discursive et froide, l’émanation première étant celle du Soleil.
L’office de secrétaire est placé sous le signe de la lune ; ses tracés d’architecture sont le reflet de ce qui est évoqué pendant la tenue.
En marchant sur la lune le 21 juillet 1969, Edwin Buzz Aldrin, 33ème degré du REAA, membre du Suprême Conseil du Rite écossais Ancien et Accepté des états-Unis, pilote du module lunaire, dépose trois balles de golf, comme trois points, pour signer l’universalité de la Franc-maçonnerie, là où l’homme peut aller.
Prolonger l’étude avec le texte de Spartakus FreeMann, La Lune au sein du Judaïsme et de la Kabbale.
Le Soleil, luminaire diurne, est le symbole évident de la lumière et du feu-principe purificateur ; tout initié est appelé à franchir le rideau de feu qui matérialise la séparation symbolique entre l’état profane et le monde du sacré.
Pour les anciens égyptiens, le disque solaire était symbolisé sous le nom de Rê, non pas comme étant Dieu mais comme étant sa première manifestation dans le monde visible. Il se manifeste par la Lumière qu’il diffuse, et qui crée la vie. Il n’est pas le «Dieu créateur de toutes choses», mais le principe de mutation des ondes dites cosmiques qu’il véhicule et qu’il transforme en énergie créatrice. D’ailleurs, le clergé égyptien expliquait que l’astre solaire pouvait revêtir des formes différentes lors de sa course dans le ciel : Khépri était le soleil levant tandis que Rê était le soleil à son zénith et Atoum, le soleil couchant.
Le soleil en est son serviteur : cela est sensible avec l’écriture hébraïque car soleil, shemèche (ש מ ש) (Deut., 24) s’écrit avec les mêmes consonnes que shamèche (ש מ ש) le serviteur (Deut., 4,19). Il est attesté, très tôt dans la maçonnerie, comme décor principiel de la loge.
Il est le référent du temps pour l’ouverture à midi, et la fermeture des travaux à minuit, aux trois premiers degrés.
Lorsqu’il s’agit du soleil, le temps de midi correspond à l’espace du zénith. Ce mot vient d’un mot arabe signifiant «chemin droit». Ce point dans le ciel est vertical au spectateur, une ligne perpendiculaire passant par lui, et étendue, atteindrait le centre de la terre. Zénith et Nadir sont indissociables et il est dangereux de les percevoir contradictoirement. Maître Eckhart dit bien que : «Le plus haut point de l’élévation se trouve justement au plus profond abîme de l’abaissement. Car plus l’abîme se creuse, plus haute et plus grande s’élève aussi la hauteur ; plus le puits est profond, plus il est haut. Hauteur et profondeur ne font qu’un».
À l’inverse de l’astre manifesté, terrestre, qui culmine au sud, le soleil spirituel, céleste, primordial, culmine au nord où réside l’origine de la lumière éternelle. Les anciens Égyptiens désignaient le nord céleste par le septentrion comme étant le lieu d’éternité, car dans le ciel nocturne de l’Égypte [dans l’hémisphère nord], il y a visibilité toute l’année des étoiles impérissables dont la Grande Ourse. Le soleil s’y trouve donc, symbolisant la lumière incréée, contenant toutes les potentialités que l’initié devra faire éclore. C’est l’opposé du Nadir (en arabe nadir se traduit par «opposé», qui est le sud céleste).
Les documents du Rite écossais Ancien et Accepté étaient enregistrés autrefois avec l’en-tête – sous la Callope Céleste du Zénith qui répond à – suivi d’un blanc pour remplir la latitude du lieu d’où le document est délivré. La latitude seule est exprimée parce que cela indique la position de la hauteur méridienne du soleil.
Il est le référent de l’espace pour le sens des circambulations et l’orientation de la loge (est, ouest, nord, sud).
Dans de multiples mythologies, le soleil a pour substitut ou pour symbole l’aigle.
Le plateau de l’office d’orateur est placé sous le soleil.
Bonjour madame vu la qualité de vos articles, est-ce que je pourrais les avoir particulièrement à chaque sortie dans ma boîte mail : kessearnaud@gmail.com, Merci
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Lumineux …. toujours lumineux les articles de Solange Sudarskis !
A chaque fois des portes qui s’ouvrent et cela nous fait entrevoir d autres perspectives ou savoirs cachés !
Bravo Madame !
Vos apports à la connaissance sont précieux !