sam 10 mai 2025 - 13:05

Transformer le Plomb en Or : C’est possible… le CERN réalise le rêve des Alchimistes

Avec nos confrères francetvinfo.fr et 20min.ch

Une annonce fascinante a secoué le monde scientifique : des physiciens du CERN, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire basée à Genève, ont réussi à transformer du plomb en or. Cette prouesse, bien que limitée à une infime fraction de seconde, marque une étape symbolique dans l’histoire de la science, réalisant un rêve millénaire des alchimistes. Cependant, au-delà de l’exploit technique, cette découverte nous invite à revisiter le mythe de l’alchimie, non seulement dans son sens littéral, mais aussi dans sa dimension symbolique et spirituelle, notamment à travers l’alchimie spéculative des francs-maçons.

Une Transmutation Scientifique Éphémère au CERN

Illustration d’une collision ultrapériphérique où deux faisceaux d’ions plomb (208Pb) au LHC passent à proximité l’un de l’autre sans entrer en collision. (Image : CERN)

Selon les informations publiées, les équipes du CERN ont utilisé le Grand Collisionneur de Hadrons (LHC), un accélérateur de particules de 27 kilomètres de circonférence, pour réaliser cette transmutation. Le processus repose sur une manipulation complexe de la structure atomique :

le plomb, qui contient 82 protons, doit en perdre trois pour devenir de l’or, qui en compte 79.

Les chercheurs ont accéléré des atomes de plomb à une vitesse proche de celle de la lumière, provoquant des quasi-collisions qui génèrent des champs électromagnétiques intenses. Ces champs, décrits comme « aplatis comme une crêpe » par le CERN, déclenchent une dissociation électromagnétique, au cours de laquelle un atome de plomb éjecte quelques protons. Lorsqu’il en perd précisément trois, il se transforme brièvement en or.

Cependant, cette transformation est loin de ressembler aux rêves de richesses des alchimistes médiévaux.

L’or produit n’existe que pendant une fraction de seconde avant de se fragmenter en particules plus petites, comme des protons et des neutrons, lorsqu’il heurte les parois du tube de faisceau du LHC.

De plus, la quantité générée est infime : entre 2015 et 2018, seules quelques dizaines de picogrammes d’or ont été créées, soit des trillions de fois moins que ce qui serait nécessaire pour fabriquer un bijou. Cette découverte, bien que spectaculaire sur le plan scientifique, n’a donc aucune application pratique pour produire de l’or à grande échelle. Elle illustre néanmoins les avancées extraordinaires de la physique des particules et notre capacité à manipuler la matière à un niveau fondamental, un exploit qui aurait été inimaginable il y a seulement un siècle.

Le Mythe de l’Alchimie : Une Quête Millénaire

Cette percée scientifique ramène inévitablement à l’esprit le mythe de l’alchimie, une pratique qui, pendant des siècles, a fasciné les esprits en quête de savoir, de richesse et d’immortalité. Dès l’Antiquité, en Égypte gréco-romaine, en Chine et en Inde, les alchimistes ont cherché à découvrir la pierre philosophale, un artefact légendaire censé posséder des pouvoirs extraordinaires. Cette pierre, parfois décrite comme une substance ou un savoir ésotérique, était supposée capable de transmuter les métaux vils, comme le plomb, en métaux nobles, comme l’or. Mais ses promesses ne s’arrêtaient pas là : elle était aussi considérée comme une panacée universelle, capable de guérir tous les maux, et comme un élixir de longue vie, conférant l’immortalité ou l’invisibilité à celui qui la maîtrisait.

L'Alchimie, Paracelse et Hippolyte Baraduc...
L’Alchimie, Paracelse et Hippolyte Baraduc…

Des figures mythiques comme Hermès Trismégiste, Paracelse ou Nicolas Flamel ont incarné cette quête alchimique, mêlant science, philosophie et mysticisme. À une époque où la chimie moderne n’existait pas encore, les alchimistes expérimentaient dans leurs laboratoires, manipulant des substances comme le mercure, le soufre ou le plomb dans des cornues, espérant découvrir le secret de la transmutation. Si leurs efforts pour transformer littéralement le plomb en or ont échoué, l’alchimie a néanmoins posé les bases de la chimie moderne, avec des découvertes comme l’acide sulfurique, l’antimoine ou le phosphore. Cependant, ses dérives occultes et son incapacité à produire des résultats concrets ont fini par la discréditer aux yeux de la science naissante des Lumières.

Avec l’avènement de la physique nucléaire au XXe siècle, le rêve des alchimistes est devenu techniquement réalisable, mais à un coût prohibitif et sans viabilité économique. Glenn Seaborg, lauréat du prix Nobel de chimie en 1951, avait déjà réussi à transmuter de petites quantités de bismuth en or en 1980, en utilisant un accélérateur de particules. Aujourd’hui, le CERN a repris ce flambeau, prouvant que la transmutation est possible, mais confirmant aussi ses limites pratiques. Ironiquement, cette réalisation scientifique donne raison aux alchimistes sur le principe, tout en montrant que leur quête matérielle était vouée à l’échec dans les conditions de leur époque.

L’Alchimie Symbolique : Une Quête Spirituelle

Au-delà de la transmutation littérale des métaux, l’alchimie a toujours porté une dimension symbolique et spirituelle, qui trouve un écho particulier dans les traditions maçonniques. Pour de nombreux alchimistes, la transformation du plomb en or n’était pas seulement un processus matériel : elle représentait une métaphore de la transformation intérieure, un voyage spirituel vers la perfection. Le plomb, métal lourd, gris et terne, symbolisait l’état brut de l’âme humaine, marquée par l’ignorance, les vices et les imperfections. L’or, métal noble, lumineux et inaltérable, représentait l’âme purifiée, illuminée par la sagesse, la vertu et la connaissance. La quête de la pierre philosophale devenait ainsi une quête de l’illumination, une tentative de transcender les limites de la condition humaine pour atteindre un état de perfection spirituelle.

Cette alchimie symbolique, souvent appelée alchimie spirituelle, a profondément influencé les traditions ésotériques, notamment la franc-maçonnerie. Les francs-maçons, qui se considèrent comme des « bâtisseurs » à la fois matériels et spirituels, ont intégré cette métaphore alchimique dans leurs rituels, leurs symboles et leur philosophie. Dans la franc-maçonnerie, le processus de transformation du plomb en or est interprété comme une allégorie du travail initiatique : le maçon, à travers son parcours, cherche à polir sa « Pierre Brute » – symbole de son état initial, imparfait – pour en faire une « Pierre Cubique » – symbole de perfection et d’harmonie. Ce travail, qui passe par l’étude, la réflexion, les rituels et l’engagement fraternel, vise à transformer l’individu, à le rendre plus sage, plus tolérant et plus éclairé.

L’Alchimie Spéculative des Francs-Maçons

Alchimie sur la table de l'alchimiste
Alchimie sur la table de l’alchimiste

Dans la franc-maçonnerie, cette alchimie symbolique prend une forme spéculative, c’est-à-dire qu’elle se concentre sur la réflexion et la quête intérieure plutôt que sur des expériences matérielles. Les maçons ne cherchent pas à transformer littéralement le plomb en or, mais à opérer une transformation morale et spirituelle, tant au niveau individuel que collectif. Les outils maçonniques, comme l’équerre, le compas ou le maillet, sont utilisés comme des symboles de ce travail : l’équerre représente la droiture et la justice, le compas l’ouverture d’esprit et la quête de l’idéal, et le maillet l’effort constant pour façonner et améliorer soi-même.

Les rituels maçonniques, riches en symboles alchimiques, reflètent cette quête de transformation. Par exemple, le passage du maçon de l’état d’Apprenant à celui de Compagnon, puis de Maître, est souvent comparé aux trois grandes étapes de l’alchimie : le nigredo (l’œuvre au noir, qui symbolise la purification et la confrontation aux ténèbres intérieures), l’albedo (l’œuvre au blanc, qui représente l’illumination et la purification), et le rubedo (l’œuvre au rouge, qui marque l’achèvement de la transformation et l’atteinte de la perfection). Ces étapes, bien que symboliques, sont vécues de manière concrète à travers les rituels, les méditations et les échanges en loge, où les maçons apprennent à surmonter leurs défauts, à cultiver des vertus et à s’élever spirituellement.

L’alchimie spéculative des francs-maçons s’étend également à une dimension collective. En prônant des valeurs comme la fraternité, la tolérance et la quête de vérité, la franc-maçonnerie aspire à transformer la société elle-même, à faire de l’humanité un « édifice » plus harmonieux et plus juste. Cette vision résonne avec l’idéal alchimique d’un monde parfait, où les divisions et les conflits seraient transcendés par la lumière de la sagesse et de l’amour fraternel. Ainsi, la franc-maçonnerie, tout comme l’alchimie spirituelle, voit dans la transformation du plomb en or une métaphore de la construction d’un monde meilleur, un monde où l’ignorance, la haine et l’égoïsme seraient remplacés par la connaissance, la compassion et la solidarité.

Un Pont entre Science et Symbolisme

L’exploit du CERN, en transformant brièvement du plomb en or, agit comme un pont entre la science moderne et les aspirations ancestrales des alchimistes. D’un côté, il montre que la transmutation, autrefois considérée comme un mythe, est techniquement possible grâce aux avancées de la physique des particules. D’un autre côté, il nous rappelle que la quête alchimique n’a jamais été uniquement matérielle : elle portait en elle une dimension spirituelle, une aspiration à la perfection et à l’unité, qui continue d’inspirer des traditions comme la franc-maçonnerie.

Vieux grimoire d'alchimiste avec ses symboles
Vieux grimoire d’alchimiste avec ses symboles

Aujourd’hui, alors que le CERN repousse les limites de notre compréhension de la matière, la franc-maçonnerie, à travers son alchimie spéculative, nous invite à poursuivre une autre forme de quête : celle de la transformation intérieure et collective. Transformer le plomb en or, c’est peut-être, au fond, transformer nos cœurs et nos sociétés, en remplaçant la lourdeur de l’ignorance par la lumière de la sagesse et de la fraternité. Dans cette perspective, le rêve des alchimistes, loin d’être une chimère, reste une source d’inspiration intemporelle, un appel à tendre vers la lumière, dans tous les sens du terme.

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Pierre d’Allergida
Pierre d’Allergida
Pierre d'Allergida, dont l'adhésion à la Franc-Maçonnerie remonte au début des années 1970, a occupé toutes les fonctions au sein de sa Respectable Loge Initialement attiré par les idéaux de fraternité, de liberté et d'égalité, il est aussi reconnu pour avoir modernisé les pratiques rituelles et encouragé le dialogue interconfessionnel. Il pratique le Rite Écossais Ancien et Accepté et en a gravi tous les degrés.

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