mer 05 février 2025 - 08:02

Connaissez-vous la Rudyard Kipling Lodge de Paris ?

Atypique dans le paysage maçonnique français, elle est encore aujourd’hui indépendante, et peut-être la plus anglaise des loges françaises travaillant au rite anglais style Emulation, du moins dans l’esprit (et en français).

D’ailleurs, elle nous réserve une surprise en ce début d’année 2025.

La Rudyard Kipling Lodge fut fondée en mars 2011 à Lyons-la-Forêt par des frères de trois loges anglaises de la Grande Loge Nationale Française. Elle tint ses premières tenues à Nucourt, dans la campagne du Vexin, dans une ancienne imprimerie adaptée en loge maçonnique – avec pour plus proches voisins des chevaux à l’enclos. Cet éloignement contribua grandement à confirmer la motivation des frères de la loge et des visiteurs venant de Paris et de sa proche couronne : l’autoroute A15, aux heures de grande affluence constituait une épreuve précédant le plaisir de se retrouver et de travailler ensemble aux trois grades.

Travailler avec plaisir – certes, mais avec une pratique rigoureuse du rituel afin de garantir une transmission fidèle à l’esprit et à la lettre : développer « dans l’intérêt des frères » l’idée fondamentale de la maçonnerie anglaise d’être « heureux et de rendre les autres heureux », de pratiquer « avec sérieux sans se prendre au sérieux » pour qu’il en résulte « avantage et plaisir ». Bref, offrir aux frères un espace où « il n’y a pas de plaisir comparable à celui de rencontrer un vieil ami – excepté peut-être, celui d’en faire un nouveau », selon un certain Rudyard K.

En quelques mois, les fondateurs de la Rudyard Kipling Lodge seront rejoints par des frères issus de la maçonnerie anglaise de la Loge Nationale Française, lesquels, forts d’une solide expérience du rite et de son contexte, compléteront le champ du possible avec l’Arche Royale – issue du chapitre historique Confiance n°25, ainsi que la maçonnerie de la Marque.

Le Vexin : C’est beau, mais c’est loin… Aussi, en 2012, la Rudyard Kipling Lodge fera étape à La Garenne-Colombes, avant de s’établir en 2013 à Suresnes. Et là, l’histoire s’accélère :

  • Les tenues rigoureusement exécutées s’accompagnent de conférences sur l’histoire de la maçonnerie et ses différents développements.
  • Les agapes sont rythmées par un rituel de table des loges de la région de Londres de 1820, incluant les célèbres feux maçonniques.
  • La Rudyard Kipling Lodge ouvre un site Internet d’érudition maçonnique pour diffuser travaux, conférences et textes fondamentaux (www.rudyard-kipling.fr). Un site qui deviendra une référence pour bien des maçons en France, et ailleurs.
  • La Rudyard Kipling Lodge entretient dès lors des relations étroites avec d’autres loges et nombre de frères couvrant le panorama maçonnique français, et s’investit dans des projets audacieux.

Ainsi, en mai 2013 – au cinéma Studio Galande à Paris, est organisée la première projection maçonnique du film de John Huston « L’homme qui voulut être roi » – selon la nouvelle éponyme de Rudyard Kipling, avec à l’écran, les frères Sean Connery et Michael Caine : une centaine de frères et de sœurs des principales obédiences françaises et étrangères regarderont ensemble dans la même direction… celle de l’écran de cinéma. Une seconde projection sera organisée avec le même succès en novembre 2018 au cinéma Luminor à Paris.

Un soir de janvier 2019, empêchés de se retrouver par une météo défavorable, les frères de la Rudyard Kipling Lodge organisent la première tenue sur WhatsApp. (Pour rappel, la première « tenue » sur Internet, bien avant Second Life, a été organisée en 1983 par la loge Saint-Gabriel.)

En 2020, avec le confinement, la Rudyard Kipling Lodge réagit promptement et organise dès le mois de mars des tenues numériques en visio : pas de simples visio entre frères, mais bien des tenues totalement réfléchies et ordonnées, adaptant les mises en place pour respecter les fondamentaux d’une tenue maçonnique au monde numérique. L’occasion aussi d’élargir au monde entier la possibilité de participer à ses tenues, réunissant des frères des 5 continents, de toutes cultures, langues, rites et obédiences, au point de forcer les Anglais à prendre position sur le sujet.

Durant cette même période, le Comité de Bienfaisance de la Rudyard Kipling Lodge versait plusieurs milliers d’euros pour la création d’une « bulle de détente » pour les personnels soignants de l’hôpital St-Joseph à Paris.

Aujourd’hui, les frères de la Rudyard Kipling Lodge s’engagent dans une voie de l’excellence rituelle, encore plus rigoureuse, tant pour affermir leurs convictions que pour se dépasser et faire vivre un rituel souvent méconnu en France, le style Emulation du rite anglais.

La Rudyard Kipling Lodge se réunit à Suresnes les 4èmes mardis : soyez curieux et désireux d’en savoir plus !

En janvier 2025, deux événements majeurs au programme : le 14, une tenue exceptionnelle où les frères et les sœurs en visite pourront découvrir non seulement le rite, mais également la cérémonie de réception, et la tenue régulière du 28 avec l’installation du vénérable maître et de son collège d’officiers.

Let’s meet upon the level and part upon the square, et trouvez le bonheur sur notre chemin !

Contact : contact@rudyard-kipling.fr

Autre article paru sur la Rudyard Kipling Lodge

4 Commentaires

  1. Intéressant cet article. Juste une question : êtes vous certains que lors d’une tenue dématérialisée l’égrégore soit vraiment vécu surtout lorsque dans certains rites une chaîne d’union c’est à dire main dans la main est réalisée avant la fin des travaux ?

    • RÉPONSE DE LA RKL :

      Quand on invoque l’egregore dans un propos, on fait souvent référence à deux chose : la première, la réunion des esprits dans une intention commune, puis la seconde, c’est à l’office religieux du dimanche matin.

      L’intention commune des esprits est bien ce qui réuni les participants et ce quelle que soit la forme de la réunion, même numérique.
      Il faut se focaliser sur l’instant présent, participer, se concentrer, s’engager intellectuellement. C’est un effort à faire.
      On n’empêchera jamais quelques uns de décrocher, distraits par d’autres choses, tout comme d’autres de s’endormir à l’occasion d’une planche trop longue.
      Le coupable, c’est notre absence d’intérêt, notre absence d’effort, d’engagement. Ce n’est pas le moyen.
      Il n’y a plus à démontrer aujourd’hui la pertinence des dispositifs numériques et l’efficience des réunions virtuelles.
      Toutefois, une mauvaise réunion ne sera jamais autre chose qu’une réunion pas ou mal préparée.
      Combien n’avons nous pas vécu de mauvaises tenues ratées pour les même raisons, l’absence de préparation, l’absence de travail.
      Nos tenues numériques ont été pensées non pas pour nous, notre nombril, mais bien pour tous les participants, en respectant tous les principes d’une tenue maçonnique.

      La maçonnerie s’est toujours adaptée à son contexte social, politique, économique, environnemental, mais elle est aussi souvent morte de l’inaction de ses membres.
      Nous avons refusé en 2020 de subir pour des concepts qui ne sont pas du champs du maçonnique. Il nous fallait maintenir la chaîne de fraternité et de secours.

      Depuis 70 ans, « le jour du seigneur », réuni les fidèles derrière un écran de télé. C’est un succès sans conteste d’abord passé par la radio qui passe maintenant aussi par internet.
      Devrait-on considérer que cet égrégore là n’est pas valable ? Que la communion des esprit a cet instant là n’est pas valable ?
      Qu’il n’est pas à considérer ?

      Même les intégristes catholiques ne le remettaient pas en cause, dès lors pourquoi laisser nos biais ou croyances le faire ?
      Quand à la chaîne d’union, nous n’en faisons pas.
      Nous pratiquons une chaîne de l’initiation, mais après la tenue et uniquement le soir de la réception d’un nouvel apprenti entré.
      Mais dans ce cas là, le numérique n’est pas envisageable. Quand on invoque l’egregore, on fait souvent référence à deux chose : la première, la réunion des esprits dans une intention commune, puis la seconde, c’est à l’office religieux du dimanche matin.

      L’intention commune des esprits est bien ce qui réuni les participants et ce quelle que soit la forme de la réunion, même numérique.
      Il faut se focaliser sur l’instant présent, participer, se concentrer, s’engager intellectuellement. C’est un effort à faire.
      On n’empêchera jamais quelques uns de décrocher, distraits par d’autres choses, tout comme d’autres de s’endormir à l’occasion d’une planche trop longue.
      Le coupable, c’est notre absence d’intérêt, notre absence d’effort, d’engagement. Ce n’est pas le moyen.

      Il n’y a plus à démontrer aujourd’hui la pertinence des dispositifs numériques et l’efficience des réunions virtuelles.
      Toutefois, une mauvaise réunion ne sera jamais autre chose qu’une réunion pas ou mal préparée.
      Combien n’avons nous pas vécu de mauvaises tenues ratées pour les même raisons, l’absence de préparation, l’absence de travail.
      Nos tenues numériques ont été pensées non pas pour nous, notre nombril, mais bien pour tous les participants, en respectant tous les principes d’une tenue maçonnique.

      La maçonnerie s’est toujours adaptée à son contexte social, politique, économique, environnemental, mais elle est aussi souvent morte de l’inaction de ses membres.
      Nous avons refusé en 2020 de subir pour des concepts qui ne sont pas du champs du maçonnique. Il nous fallait maintenir la chaîne de fraternité et de secours.

      Depuis 70 ans, « le jour du seigneur », réuni les fidèles derrière un écran de télé. C’est un succès sans conteste d’abord passé par la radio qui passe maintenant aussi par internet.
      Devrait-on considérer que cet égrégore là n’est pas valable ? Que la communion des esprit a cet instant là n’est pas valable ?
      Qu’il n’est pas à considérer ?

      Même les intégristes catholiques ne le remettaient pas en cause, dès lors pourquoi laisser nos biais ou croyances le faire ?
      Quand à la chaîne d’union, nous n’en faisons pas.
      Nous pratiquons une chaîne de l’initiation, mais après la tenue et uniquement le soir de la réception d’un nouvel apprenti entré.
      Mais dans ce cas là, le numérique n’est pas envisageable

  2. Hello Jacques !
    Comme disait notre frère Rudyard Kipling : “Une femme ça ne sera jamais qu’une femme, tandis qu’un bon cigare ça se fume.”
    Tribises et bonne année !

    • Propos d’un autre temps, d’une autre société révolue frère Gilles.
      Membre d’un club cigare, nous remarquons que les femmes apprécient le cigare, et notre présence masculine pourtant largement majoritaire ne les dérangent pas.

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Charles-Albert Delatour
Charles-Albert Delatour
Ancien consultant dans le domaine de la santé, Charles-Albert Delatour, reconnu pour sa bienveillance et son dévouement envers les autres, exerce aujourd’hui en tant que cadre de santé au sein d'un grand hôpital régional. Passionné par l'histoire des organisations secrètes, il est juriste de formation et titulaire d’un Master en droit de l'Université de Bordeaux. Il a été initié dans une grande obédience il y a plus de trente ans et maçonne aujourd'hui au Rite Français philosophique, dernier Rite Français né au Grand Orient de France.

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