mar 05 novembre 2024 - 10:11

Nouvelle revue en création : « Cosmos » Revue légendaire

1) Documenter l’ésotérisme, l’occultisme et le complotisme ?

Nouvelle venue dans le paysage éditorial francophone, Cosmos est une revue d’information et de documentation explorant les liens entre ésotérisme, occultisme, complotisme et vie sociale et politique, le tout aux prismes des sciences humaines et sociales et de la philosophie.

« Ésotérisme » et « occultisme » font partie de ces termes qu’aucun n’arrive à définir parfaitement, bien que nous disposions tous d’une idée à leur sujet : du rayon fourre-tout du libraire dans lequel on trouvera tout à la fois – et de manière non-exhaustive ! – des essais sur « l’archéologie mystérieuse », des traités de lithothérapie, de la littérature maçonnique, des traités traitant de yoga, de soufisme, de kabbale, des best-seller du New-Age, des théories ufologiques etc., aux considérations de la personne ordinaire ignorant tout de ces questions en passant par celles de « l’initié », l’ésotérisme et l’occultisme prennent mille visages, dans lesquels chacun peut y trouver son compte. Mille visages car quel serait par exemple le point commun qui relierait les éléments de la liste formant le rayon du libraire ?

Quel point commun entre un essai adressant « le pouvoir des pierres » et un traité dédié à l’étude du REAA ?

À première vue, aucun, bien que la plupart d’entre nous serait sans doute d’accord pour ranger ces ouvrages dans le rayon « ésotérisme » ou « occultisme », et non dans le rayon « sciences sociales », « psychologie » ou encore « spiritualités » – bien que ce dernier cas serait discutable, selon ce que l’on mettrait sous le terme de « spiritualités ».

Ainsi, comme le remarque l’historien Antoine Faivre, « ésotérisme » et « occultisme » font l’objet d’une pluralité de sens, d’une pluralité d’usage selon les contextes. Cette pluralité est toute la matière de Cosmos : sans chercher à proposer une définition de plus, Cosmos, dans sa ligne éditoriale, épouse au contraire cette diversité, constitutive de toute entreprise embrassant la perspective des sciences humaines et sociales.
Autrement dit, Cosmos ne dit rien sur ce qui serait par définition d’ordre ésotérique ou occulte, mais documente ce qui généralement est qualifié d’ésotérique ou d’occulte, selon les périodes et les contextes.

Il en va de même concernant la notion de « complotisme » : entre les chercheurs – tel que Quassim Cassam – considérant le complotisme comme un système d’idées plus ou moins identifiables et cohérentes, et ceux – comme Sebastian Dieguez et Sylvain Delouvée – le considérant plutôt comme une certaine attitude psychologique, dont l’une des caractéristiques serait l’explication systématiquement monocausale des phénomènes sociaux, politiques, voire naturels, les débats loin d’être clos. Là encore, Cosmos n’entend pas trancher et se cantonne au constat de la diversité des usages du terme par les différentes composantes de la société. Toutefois, et à l’instar des concepts d’ésotérisme et d’occultisme, il semble que tout le monde dispose d’une idée plus ou moins précise sur ce que serait le complotisme – ou une théorie du complot –, et force est de constater qu’il existe ponctuellement au travers de l’histoire la formulation de connexions entre l’existence de « complots » et la présence d’instigateurs qui s’adonneraient à des pratiques ésotériques ou occultes, et il n’est pas moins ponctuel d’observer la justification de l’existence de « complots » sur la base de croyances plus ou moins teintées d’ésotérisme et d’occultisme. C’est à la lumière de ces observations que Cosmos propose donc ésotérisme, occultisme et complotisme d’une part, et vie sociale et politique d’autre part, comme l’objet de ses investigations.

S’inscrivant ainsi dans la continuité de la célèbre et savante revue Politica Hermetica, Comos s’adresse toutefois au plus large public, du lecteur passionné et érudit au simple curieux désireux d’en savoir plus. La vocation de Cosmos est ainsi de donner à tout un chacun des clefs de compréhensions sociales et historiques sur les mouvances dites ésotériques et occultes. La revue documente et analyse ainsi leurs histoires et l’histoire de leurs idées, et propose de faire le point sur leurs liens réels ou supposés avec des sphères politiques, que ces dernières se situent à l’échelle groupusculaire, étatique ou géopolitique – c’est-à-dire de la relation entre les États.

2) Une revue scientifiquement exigeante, qui s’adresse à tous et sans jugement.

En raison de son caractère descriptif et documentaire, Cosmos ne porte aucun jugement de valeur quant à la vérité – ou à la fausseté – des croyances constituant les mouvances qu’elle étudie : elle le suspend, et préfère traiter les croyances telles qu’elles se présentent.
Ainsi, Cosmos s’adresse tout autant aux sceptiques qu’aux croyants, témoignant de l’histoire des mouvements ésotériques et occultistes et de leur inscription contemporaine dans le paysage des phénomènes magico-religieux. De plus, bien que traitant de politique, Cosmos n’est pas politisée, et abordera au fil de ses parutions des mouvances pouvant occuper n’importe quelle place sur le spectre politique.

Également, Cosmos sélectionne ses rédacteurs sur la base de leur expertise et indépendamment de toute considération politique : disposant d’un Comité scientifique composé de Jean-Loïc Le Quellec (préhistorien et mythologue), Stéphane François (historien des idées) et Damien Karbovnik (sociologue), Cosmos met avant tout l’accent sur les qualités scientifiques de ses contributions, et s’ouvre ainsi à l’ensemble des spécialistes de l’occultisme et de l’ésotérisme, dans le strict respect des normes d’intégrités scientifiques et de l’échange raisonné.

3) Ésotérisme, occultisme et politique : des nébuleuses groupusculaires à la pop culture.

Les affaires humaines sont essentiellement complexes et des événements politiques notables peuvent parfois se voir motivés par des considérations qui, parmi d’autres, font intervenir des croyances et pratiques magiques, la conviction d’un complot, la convocation de mondes invisibles ou de phénomènes paranormaux. De plus, « La Tradition primordiale », « les Supérieurs inconnus », « les Atlantes », « les Reptiliens » ou encore les théories des « Races-racines » ont pu et peuvent être convoquées pour contribuer à justifier des actions et des projets politiques. Également, des dignitaires ou des dirigeants peuvent trouver leurs inspirations sociales auprès d’éminences grises, de médium, de mages ou de « sociétés secrètes ». Des groupuscules politiques, qu’importent leurs orientations, peuvent s’organiser en covent , se réclamant par exemple de la Wicca, de la Magie du Chaos, du Martinisme etc.

La culture populaire n’est également pas en reste. L’attrait pour le fantastique, le merveilleux et l’étrange, – véhiculés par la littérature, le cinéma, la musique, Internet et les jeux vidéos – se montre dans la formation de sous-cultures, des mouvances métal aux univers geek, du néo-paganisme – intéressant tout autant les droites extrême et radicale que l’écoféminisme ou l’écologie politique – à la sorcellerie portée par des influenceuses Tik-Tok ou Instagram. Dans ce monde que l’on disait, après Max Weber, désenchanté, finalement, le magico-religieux réaffirme sa présence, prenant désormais des formes parfois inattendues et souvent syncrétiques. De ces formes émergent alors des cosmologies et des cosmogonies, qui à leur tour façonnent et nourrissent des imaginaires pouvant se fondre en imaginaires politiques, en vision de l’Homme et de la société.
C’est en dernier lieu ce lien, parfois ténu, entre imaginaires politiques et considérations ésotériques et occultes qu’interroge Cosmos, au travers de numéros thématiques.

4) Numéro Un : l’occultisme nazi : histoire d’un fantasme et réalité d’une croyance.

Pour son premier numéro, « L’Occultisme nazi : histoire d’un fantasme, réalité d’une croyance », la revue Cosmos revient sur l’interprétation du phénomène national-socialiste comme étant le produit de groupes et de puissances occultes. Au travers d’études de cas précises, il s’agira de montrer aux lecteurs l’histoire de ce fantasme et sa portée idéologique au sein de mouvances et groupuscules passés et présents.

Portée par le Réalisme fantastique, l’idée d’un occultisme nazi va, à partir des années 1960, imprégner tout autant des sphères politiques, comme certains pans de la Nouvelle Droite (entre autres), que des sphères culturelles, de la littérature de genre au cinéma en passant par les musiques extrêmes.

Ce premier numéro comportera des articles explorant cette thématique sous différents aspects, pour offrir aux lecteurs des outils de compréhension du phénomène, tant dans sa réalité historique que dans sa reformulation d’après-guerre, tant dans ses origines völkisch et ariosophes que dans ses acceptations politiques et culturelles.

Ce premier volume, placé sous le signe du Soleil Noir, plongera donc le lecteur dans les contrées hyperboréennes, à la recherche du Graal et de l’Arche d’Alliance, sous les hospices de la Lance de la Destinée. Du château de Wewelsburg à l’Inde mystique, des Cathares à l’Ordre Noir, de l’ufologie à la pseudo-archéologie, nous vous invitons à un voyage exotique en de bien singulières provinces.

5) Genèse et lancement du projet

Ce projet est porté par Thibault Brice, préparant un master en philosophie analytique, et Cédric Lévêque, docteur en anthropologie sociale et libraire. Le premier s’est intéressé à ces questions très jeune, par le truchement de l’attrait de son grand-père pour l’ésotérisme. Suivant alors les traces de René Guénon, il s’est rattaché à une confrérie soufie avant d’opérer un changement radical au profit d’un agnosticisme dénué de foi. Le second a toujours été attiré par l’occultisme, comme objet de rêveries littéraires, au travers notamment de l’œuvre de HP Lovecraft. C’est en s’intéressant, comme critique, à certains mouvements d’extrême droite qu’il comprit que quelques-uns d’entre eux portaient dans leur logiciel politique des références ésotériques. Il a travaillé la question spécifique de l’occultisme nazi en interrogeant la biographie d’Otto Rahn, nazi convaincu venu en Ariège, dit-on, rechercher le Graal. C’est en échangeant avec Thibault sur ses travaux qu’est née l’idée de monter une revue compilant des articles originaux portant sur les liens entre ésotérisme, occultisme, complotisme et politique.
Pour mener à bien leur projet, Thibault et Cédric ont fondé les Éditions du Doggerland, association loi 1901 assurant la gestion économique et éditoriale de la revue. A terme, ils entendent tous deux enrichir le catalogue de leur maison d’édition en proposant des rééditions ou des traductions, agrémentées d’appareils critiques, d’ouvrages clefs de l’occultisme et de l’ésotérisme.

Lien pour le financement participatif dédié au premier numéro :
https://www.helloasso.com/associations/editions-du-doggerland/collectes/cosmos-la-revue-legendaire

Par Cédric Lévêque et Thibault Brice

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Erwan Le Bihan
Erwan Le Bihan
Né à Quimper, Erwan Le Bihan, louveteau, a reçu la lumière à l’âge de 18 ans. Il maçonne au Rite Français selon le Régulateur du Maçon « 1801 ». Féru d’histoire, il s’intéresse notamment à l’étude des symboles et des rituels maçonniques.

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