Dans une tournure inattendue, sept obédiences affiliées au CLIPSAS (Centre de Liaison et d’Information des Puissances Maçonniques Signataires de l’Appel de Strasbourg) ont décidé de porter l’organisation devant la justice française, mettant en cause la récente élection de Louis Daly à la présidence de l’association lors de l’assemblée générale en Albanie en mai dernier. Ce recours en référé, déposé auprès du tribunal judiciaire de Grasse le 31 juillet 2024, souligne de multiples irrégularités entourant la tenue de cette assemblée et vise à contester la légitimité du scrutin.
LES CONTESTATIONS AUTOUR DE L’ÉLECTION DE LOUIS DALY
L’élection de Louis Daly, déjà président du CLIPSAS entre 2014 et 2016, suscite de vives critiques parmi les obédiences plaignantes. Selon l’assignation, cette candidature enfreindrait les statuts de l’organisation, notamment l’article 14 du règlement général du CLIPSAS qui interdit toute reconduction d’un mandat présidentiel après une première élection. L’assemblée de mai, qui a vu s’affronter six candidats, s’est soldée par la victoire de Louis Daly avec seulement 32,6 % des voix, soit une avance très réduite face au candidat canadien Franco Huard. Les sept obédiences plaignantes allèguent que ce résultat aurait dû être invalidé au regard de l’illégalité présumée de la candidature de Daly.
LES RAISONS DE L’ASSIGNATION : VERS UNE DEMANDE D’ADMINISTRATION PROVISOIRE
Les obédiences à l’origine de l’assignation – parmi lesquelles la Grande Loge Féminine de France et la George Washington Union of Freemasons of North America – demandent la nomination d’un administrateur provisoire pour le CLIPSAS. Leur requête s’appuie sur une situation d’urgence et un péril imminent menaçant le bon fonctionnement de l’association, fragilisée par des dysfonctionnements persistants et un manque de transparence. Les plaignants soutiennent que des violations du règlement, telles que des dépenses irrégulières et l’exigence de paiements en espèces pour des frais de participation, renforcent leur inquiétude pour l’avenir de l’institution.
UNE CENSURE AFFIRMÉE À L’ENCONTRE DE LA PRESSE
La récente communication de Louis Daly, datée du 28 septembre 2024, ne fait que renforcer les inquiétudes sur la gestion autoritaire du président. Dans ce message adressé aux membres de CLIPSAS, Daly adopte une position d’opposition directe à l’encontre du Journal 450.fm, et refuse catégoriquement toute communication avec cette presse qu’il accuse d’attiser des divisions internes. En qualifiant les journalistes et les voix discordantes de “factions” cherchant à nuire à l’unité de l’association, Daly expose une vision alarmante de la gouvernance où la liberté d’informer et de questionner les pratiques du bureau de CLIPSAS est considérée comme une menace.
Le Président Daly ne cache pas son mépris pour toute forme de transparence externe et va jusqu’à exhorter les membres de CLIPSAS à « parler d’une seule voix » contre les entités médiatiques qui ne sont pas, selon lui, dignes d’intérêt ni de dialogue. Cette communication sévère, ainsi que son refus de clarifier des affaires comme celle de Rashad Muhammad – Grand Maître de la Caroline du Sud, dont les antécédents troublés continuent de jeter une ombre sur l’image du CLIPSAS – témoignent d’une volonté de garder le contrôle absolu sur l’information, au détriment de la transparence et de la crédibilité de l’organisation.
UN PRÉSIDENT EN GUERRE CONTRE LES OBÉDIENCES CONTESTATAIRES
Dans un nouveau message daté du 13 octobre 2024, Louis Daly durcit encore le ton et désigne implicitement les sept obédiences contestataires comme des « ennemis » du CLIPSAS. Affirmant que l’action en justice « ne fera que nuire davantage à la réputation de la franc-maçonnerie », il instille l’idée d’une opposition nuisible à la mission de l’organisation. Plutôt que d’encourager le dialogue ou de chercher des compromis, il envisage cette situation comme un affrontement, assurant ses partisans que CLIPSAS « en sortira victorieux et plus fort ».
Cette approche manichéenne, qui oppose le « bon camp » à des éléments perçus comme perturbateurs, se révèle étonnamment guerrière dans le contexte maçonnique, et loin des principes de fraternité et d’ouverture. En érigeant un mur contre toute forme de contestation, Daly semble prêt à sacrifier les valeurs de transparence et de dialogue au profit d’une gouvernance autocratique. Ce manque de souplesse et de considération pour les préoccupations légitimes des obédiences pourrait fragiliser encore davantage la cohésion interne de l’association.
UN BUDGET D’URGENCE : UNE GESTION DE CRISE MAL ENCADRÉE
Dans sa lettre du 28 octobre 2024, Louis Daly sollicite un budget supplémentaire de 8 600 euros pour financer un avocat dans le cadre de la procédure en cours. En exprimant sa stupeur face à des « maçons poursuivant d’autres maçons devant les tribunaux profanes » et en dénonçant la demande d’un administrateur judiciaire externe, Daly semble ignorer que le CLIPSAS est avant tout une association de droit français, soumise à la loi de 1901 et non une « super obédience » régie par les seuls principes maçonniques.
Contrairement aux affirmations de Daly, le CLIPSAS n’est pas une institution initiatique exempte des lois civiles. En tant qu’association loi 1901, il est tenu de respecter les normes de gouvernance et de transparence imposées par la juridiction française, tout comme les obédiences membres qui demeurent indépendantes dans leur gestion. Ce rappel est d’autant plus pertinent que Daly propose de faire approuver cette dépense exceptionnelle par un vote par courriel, une procédure qui contrevient aux statuts de l’association.
Conformément aux règles de fonctionnement d’une association loi 1901, une telle décision budgétaire doit faire l’objet d’une Assemblée Générale Extraordinaire (AGE), permettant de traiter cette dépense de manière formelle et légitime. Cette assemblée est impérative pour que toutes les obédiences puissent débattre et voter en toute légitimité. Sans cette AGE, toute décision risquerait de manquer de légalité, renforçant les critiques sur le manque de transparence de la gestion actuelle. Pour avancer dans la résolution de cette crise, le CLIPSAS se doit donc de convoquer cette assemblée sans délai, garantissant ainsi une gouvernance collective et conforme aux obligations légales.
UN CONTEXTE DE TENSIONS AU SEIN DU CLIPSAS
Ce recours en justice s’inscrit dans un contexte tendu marqué par des querelles internes croissantes au sein du CLIPSAS. Depuis plusieurs mois, l’association semble plongée dans un climat de discorde, aggravé par des échanges houleux entre ses membres. Lors de l’assemblée de mai 2024 en Albanie, des pannes de courant et d’internet avaient perturbé les discussions, révélant des faiblesses organisationnelles. Des voix internes avaient alors qualifié cette réunion de « pire de l’histoire » pour l’organisation. À ces problèmes de gestion s’ajoutent les controverses autour des tentatives de restriction de la liberté de la presse par le bureau du CLIPSAS, que 450.fm avait déjà mises en lumière en mai dernier.
Au sein du groupe des membres du CLIPSAS, des obédiences, notamment d’Amérique latine et du Liban, ont exprimé leur soutien à la position du Président Daly, réaffirmant que les différends maçonniques ne devraient jamais être portés devant des tribunaux profanes. Ce message, relayé par Daly, vise indirectement à discréditer les obédiences qui ont décidé d’aller de l’avant avec l’action en justice, en les présentant comme une source de division au sein de la communauté.
Face à cette situation critique, l’Ordre International Maçonnique Delphi a officiellement demandé, le 31 octobre 2024, la tenue d’une Assemblée Générale Extraordinaire (AGE) pour traiter des questions en suspens et apporter des solutions claires aux crises de gouvernance et de budget. Cette demande a été suivie d’une prise de position ferme de la Grande Loge Libérale de Turquie, qui, par un communiqué daté du 28 octobre, a appelé à la démission immédiate de l’ensemble du bureau du CLIPSAS, y compris celle de Louis Daly. La Grande Loge Libérale de Turquie soulève alors une question cruciale :
« Si ce bureau, Président inclus, venait à démissionner, les sept obédiences contestataires accepteraient-elles de retirer leur plainte ? »
En parallèle, la Grande Loge Libérale de Turquie pose une autre question importante :
« Un changement radical dans la gouvernance pourrait-il inciter la Grande Loge Féminine de France, qui a annoncé sa démission effective pour la fin de l’année, à reconsidérer sa position et à rester au sein de l’organisation ? »
Cette perspective de réconciliation, conditionnée à un renouvellement de la direction, souligne la profondeur des tensions actuelles et témoigne de la volonté de certains membres de trouver une issue pacifique à cette crise.
Ce contexte tendu, marqué par des appels à la refonte complète de la gouvernance, met en évidence une fracture profonde au sein du CLIPSAS, où des factions s’opposent désormais sur la légitimité des actions et la nature même de l’organisation, entre fraternité maçonnique et respect des obligations légales d’une association loi 1901.
L’ENJEU D’UNE GOUVERNANCE CONFORME AUX PRINCIPES MAÇONNIQUES
L’issue de cette procédure pourrait avoir des répercussions significatives sur la gouvernance du CLIPSAS, qui regroupe des obédiences de différentes cultures et rites à travers le monde. En contestant l’élection de Louis Daly, les obédiences plaignantes soulignent l’importance de la transparence et de la légitimité dans la gestion des organisations maçonniques, valeurs qui doivent, selon elles, s’incarner dans les plus hautes instances de l’association. La censure à l’égard de la presse, de même que le manque de transparence et d’ouverture, ne font qu’affaiblir la confiance des membres et des observateurs dans cette institution autrefois pionnière.
Le courage n’est pas la meilleure qualité des pleutres…
Je rebondis sur le commentaire fait par Chercheur de Lumière concernant l’inaction du Comité des Sages et des Obédiences fondatrices.
A ce que je sais, plusieurs demandes leur ont été soumises. Mais on ne pouvait pas s’attendre à une quelconque réponse de leur part, ni avant, ni pendant l’AG, Louis Daly faisant partie de ce Comité des Sages.
Après l’AG, ils ont été une nouvelle fois saisi, mais là encore, silence radio.
On peut donc comprendre que les Obédiences, respectueuses du règlement général du Clipsas, n’aient eu d’autre choix que de saisir la justice profane pour dénoncer cette élection présidentielle non réglementaire.
Beaucoup oublient le fait que le Clipsas est une
Association de droit français, régie par la loi 1901, et non pas une Obédience maçonnique.
Conclusion : si le Président du Clipsas ne fait pas respecter le règlement général, si le Comité des Sages et les Obédiences fondatrices restent silencieux, seule la justice profane peut trancher.
Ah mais écoute, faut pas être aveugle pour capter ce qui se trame au CLIPSAS ! Louis Daly et sa clique latino-américaine, ils veulent quoi ? Prendre la main sur l’Organisation et se faire les poches avec des centaines de milliers d’euros qu’il y a dans les comptes. Et tiens, bizarrement, c’est que ses petits potes – des micro-obédiences avec à peine 100 membres – qui ouvrent la bouche en public. Une sacrée chance que la Turquie ait eu le courage de dire tout haut ce que beaucoup murmurent tout bas !
Alors, qu’est-ce qu’on a au CLIPSAS maintenant ? Soit des corrompus prêts à tout pour un bout de pouvoir, soit des peureux qui n’osent plus lever la voix. Et les autres, les 11 obédiences qui ont claqué la porte de l’Assemblée Générale en signe de protestation ? Ils sont passés où, ceux-là ? Ils sont où les membres du Cercle des Sages, ceux qu’on regarde normalement pour prendre la parole dans les moments critiques ? Et les Fondateurs, ils font quoi pendant que tout ça se passe ?
Il est grand temps qu’on arrête de trembler dans notre coin et qu’on se tienne debout. Parce que là, franchement, on n’est plus dans le silence prudent, on est dans la lâcheté pure et simple. Heureusement, y’a encore quelques-uns qui ont les tripes de parler pour le bien commun. Mais faut que ça change, parce qu’on ne peut pas laisser cette fumisterie continuer !
Et franchement, l’article sur 450.fm, il en dit long sur cette situation : 7 obédiences qui assignent l’organisation en justice, c’est pas rien. Ça montre bien qu’il y a un malaise profond. L’élection de Daly en Albanie, c’est pas passé comme une lettre à la poste, loin de là. Alors, on se réveille ou quoi ?