De notre confrère ladepeche.fr – Par Léïne Touala
Entre apprentissage et découverte des valeurs du compagnonnage, l’intérêt porté aux métiers manuels prend de plus en plus d’ampleur. Les compagnons du devoir représentent-ils une voie pour un avenir d’orientation ?
Les résultats du baccalauréat sont tombés, marquant un tournant crucial pour de nombreux lycéens qui se dirigent maintenant vers leurs choix d’orientation. Les admissions via Parcoursup sont aussi bien avancées, laissant certains enthousiastes et d’autres hésitants quant à leur avenir professionnel.
Pour ceux qui ne se reconnaissent pas dans les parcours académiques traditionnels, ou ceux qui souhaitent se réorienter, il existe une alternative : les métiers manuels, notamment au sein des Compagnons du devoir. Charpentiers, menuisiers, plombiers et plus récemment fromagers, ces métiers offrent une diversité d’options.
“Nous disons souvent qu’il s’agit de métiers manuels, ce qui est vrai, mais ce sont surtout des filières dans lesquelles il y a une transformation de la matière. C’est le cas du fromager, c’est pourquoi il a récemment rejoint nos rangs”, explique Thibault Jaugey, prévôt de la Maison des Compagnons de Toulouse.
Comment ça marche ?
Avant de postuler chez les Compagnons du devoir, il est essentiel de comprendre leur fonctionnement et leurs valeurs. Léo, un jeune Toulousain de 17 ans, envisage de devenir menuisier à sa majorité. Pour cela, il devra suivre un parcours spécifique. “J’ai commencé à me renseigner pour l’année prochaine. Je vais devoir déposer ma candidature sur le site des Compagnons du devoir pour une préinscription. Ensuite, il y a une demi-journée portes ouvertes pour expliquer le fonctionnement de l’association, suivie d’un entretien individuel pour parler de mes motivations. On m’a bien fait comprendre que cette dernière étape est la plus importante”, raconte Léo, impatient de passer son bac pour s’inscrire.
Cependant, il n’est pas nécessaire d’attendre le bac pour s’inscrire. Dès 15 ans, les jeunes peuvent postuler pour une formation CAP, après laquelle ils peuvent faire une demande pour devenir compagnon et partir en Tour de France.
Théo, un Toulousain de 23 ans, en est l’exemple type. Après une licence de cinéma, il ne savait pas quoi faire de son avenir. “J’étais vraiment perdu, comme beaucoup de jeunes de mon âge”, sourit-il. Aujourd’hui itinérant charpentier, il a entamé son Tour de France il y a deux ans. Actuellement à Tours, il travaille dans une entreprise spécialisée dans les monuments historiques. “Quand on change de ville, on change aussi d’entreprise, ce qui nous permet d’apprendre un panel de techniques différentes. Le métier est très différent en fonction des régions”, explique Théo.
Pour l’instant, il compte bien continuer son tour de l’Hexagone et espère devenir compagnon d’ici deux ans, avec l’ambition de devenir prévôt ou compagnon formateur pendant deux années supplémentaires. Le prévôt, en quelque sorte directeur d’une maison de compagnon, poursuit son Tour de France tout en encadrant d’autres compagnons. Après cela, il pourra se sédentariser.
“On tire le meilleur de l’être humain”
Si Théo a choisi cette filière, c’est en grande partie pour la qualité de la formation, mais aussi pour découvrir de nouveaux horizons. “Je me cherchais beaucoup et le fait de bouger, de découvrir les valeurs du compagnonnage, m’aide à trouver qui je suis”, explique le jeune homme.
Pour Thibault Jaugey, prévôt de la Maison des Compagnons de Toulouse, cet aspect est fondamental : “Nous ne proposons pas seulement une formation. Choisir les Compagnons du devoir, c’est aussi adopter les valeurs qui vont avec. Ici, on tire le meilleur de l’ouvrier et de l’être humain. Et tout cela se fait grâce aux autres, grâce à la vie en communauté et à la maturité qui vient avec le côté nomade du compagnon.”
Que ce soit pour des raisons d’épanouissement personnel ou de quête de valeurs authentiques, les Compagnons du devoir proposent une alternative à ceux qui cherchent une voie différente, loin des sentiers battus de l’éducation traditionnelle.
Il y a aussi l’homme de plus de 20 ans de FM qui décide de réorienter sa carrière après les 25 ans fatidiques où le Tour de France n’est plus possible, et décide néanmoins de devenir plus opératif avec une formation des Compagnons du Devoir. Tel est mon choix ! Le compagnonnage est ouvert à tous.
Et, depuis 2004, cette prestigieuse institution a ouvert ses portes à la gente féminine. En 2002, les filles représentaient 10% des promotions.
Cf : https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/compagnons-du-devoir-l-excellence-au-feminin_4977747.html