dim 24 novembre 2024 - 03:11

Quand Histoire et fiction révèlent le secret de la naissance de la Grande Loge de France…

L’Été 1735-Aux origines de la Grande Loge de France, écrit par Michel König et préfacé par Roger Dachez, offre une plongée fascinante dans le monde de la franc-maçonnerie au XVIIIe siècle, en combinant l’approche rigoureuse de l’historien et la créativité du romancier. Ce récit captivant retrace les événements qui ont mené à la fondation de la Grande Loge de France, en mélangeant personnages historiques réels et interprétations imaginatives.

Le livre est divisé en dix chapitres, accompagnés d’une préface, d’un avant-propos, d’un épilogue et de deux annexes. Chaque chapitre aborde un aspect essentiel de la franc-maçonnerie naissante en France.

Dans sa préface, Roger Dachez, historien, spécialiste de la franc-maçonnerie et Président de l’Institut Maçonnique de France (IMF), introduit l’œuvre en expliquant le concept de « roman vrai ». Il encadre les thèmes abordés et rend hommage à l’approche imaginative mais respectueuse de l’auteur. Il décrit donc le livre comme une œuvre hybride, mélangeant fiction et faits historiques pour combler les lacunes de l’histoire traditionnelle. Il salue Michel König pour son travail de recherche et son talent narratif, offrant aux lecteurs une histoire plus incarnée et vivante.

L’avant-propos de l’auteur présente le contexte historique de la franc-maçonnerie spéculative du XVIIIe siècle, expliquant sa démarche littéraire et sa méthode pour combler les « trous » historiques par la fiction.

En effet, dès la première ligne, Michel Köning nous dit que « Ce récit est une forme d’Ucrhonie ». Donnant même son étymologie. Précisons qu’une uchronie est un genre littéraire qui imagine une réalité alternative, fondée sur un point de divergence avec l’histoire telle que nous la connaissons. En d’autres termes, c’est un récit fictif basé sur un scénario « et si… » qui réinvente l’histoire en modifiant un événement clé ou une série d’événements.

1re de couv., détail – “Château en Écosse de Dana Faja

L’Été 1735 prend un angle uchronique en combinant fiction et réalité historique. Ici, le point de divergence n’est pas un événement clairement différent, mais plutôt la reconstruction fictive de dialogues et de motivations des personnages historiques. Michel König imagine les conversations, intrigues et motivations qui ont pu entourer la création de la Grande Loge de France en 1735, en apportant des détails fictifs là où les archives manquent. Il utilise les personnages réels de l’époque, mais leur attribue des voix, des personnalités, des motivations, et des actions qui ne sont pas documentées mais imaginées. Il crée ainsi un monde plus vivant, où les motivations politiques et maçonniques sont explorées. Et donne une perspective nouvelle sur la fondation de la Grande Loge de France.

Nous relevons l’originalité de l’ouvrage – rigueur historique à une imagination romanesque maîtrisée –, cette combinaison permet d’offrir un récit engageant tout en respectant les bases factuelles.

Les personnages historiques sont soigneusement développés, offrant une perspective intime et réaliste. Louise de Keroualle, duchesse de Portsmouth « La bonne dame d’Aubigny » (chapitre 1er), ressort comme un personnage clé, donnant une voix à une figure souvent sous-estimée. Elle joue un rôle d’importance dans les relations diplomatiques entre la France et l’Angleterre et sert de lien entre les deux nations au sein de la franc-maçonnerie.

L’auteur en profite aussi, dans son chapitre 2, pour explorer « La Loge d’Aubigny »… Michel König décrit ensuite comment la franc-maçonnerie de l’époque devient un lieu d’échanges et de discussions sur des sujets politiques et stratégiques.

Il nous raconte les préparatifs pour la fondation de la Grande Loge de France et évoque les efforts de coordination entre les loges françaises et anglaises. L’occasion de retracer pour le lecteur – dans son chapitre 6 « La fournée des grands Ducs » – les portraits des grands ducs impliqués dans la maçonnerie spéculative, y compris Philippe d’Orléans, Louis de Bourbon et John Derwentwater. Puis il aborde dans le chapitre suivant, la fondation officielle de la Grande Loge de France en 1735, illustrant les premières luttes d’influence entre factions maçonniques… Sans oublier son focus sur John Derwentwater, figure majeure de la franc-maçonnerie anglo-française, et son implication dans le mouvement jacobite.

« La Grande Lumière », titre de l’épilogue, est l’occasion pour Michel Köning de clôturer son récit en soulignant l’importance de la lumière symbolique de la franc-maçonnerie pour la société du siècle des Lumières.

Nous notons la richesse tant de l’excipits – conclusions et réflexions finales de l’auteur sur la maçonnerie spéculative du XVIIIe siècle – que des annexes (I & II) comprenant les « Bases historiques des faits mentionnés dans le récit » et la copie de très nombreux documents parfois surlignés pour aider le lecteur à une meilleure compréhension et « L’influence diplomatique de Louise de Keroualle à la cour d’Angleterre ».

Michel König

L’Été 1735-Aux origines de la Grande Loge de France est un livre indispensable pour toute personne intéressée par l’histoire de la franc-maçonnerie. Michel König réussit bel et bien à combiner les aspects rigoureux de la recherche historique avec la créativité du romancier, offrant un récit passionnant et instructif. Sa capacité à donner chair et voix aux personnages historiques rend ce livre particulièrement engageant, et sa présentation claire des enjeux maçonniques du XVIIIe siècle en fait un texte de référence.

L’Été 1735-Aux origines de la Grande Loge de France

Michel König – Préface Roger Dachez

Cépaduès, Coll. de Midi, 2024, 144 pages, 22 €

Éditions Cépaduès, collection de Midi, le site.

4 Commentaires

  1. Je suis fière de la société maçonnique car elle joue un extraordinaire dans notre actuelle, en effet, je n’ai pas encore lu le roman mais je sais qu’il apporté des fruits positive dans notre monde

  2. Merci mon frère de tes conseils : j’ai effectivement encore beaucoup à apprendre en Maçonnerie . Je voulais simplement te rappeler la définition du terme AMATEUR (au sens noble)
    “Un amateur est une personne qui se livre à une activité en dehors de son cadre professionnel, généralement sans rémunération, et dont la motivation ressort essentiellement de la passion” ( Wikipedia) Ce terme a été dévoyé et c’est bien dommage. Pour moi , et c’est ce qui ressort des commentaires qui en sont faits ce livre est un ROMAN HISTORIQUE ce qui est assez rare en Maçonnerie pour le signaler. Je vais sans aucun doute l’acheter et y trouver un reel plaisir.

  3. Je n’ai pas encore lu ce livre ; l’identité de l’auteur de la Préface est cependant, à priori , rassurante et de bon augure. Une remarque cependant : ce type d’ouvrages me semble être pour les amateurs (au sens noble) de l’Histoire ce que sont souvent les romans de science fiction aux scientifiques : ils permettent de rêver et de s’extraire, un instant, de la rigueur souvent aride des travaux académiques : un p’tit coup de Da Vinci Code de temps en temps n’a jamais fait de mal à personne ! le tout c’est d’en être conscient et ne pas confondre nos désirs avec la réalité que nous ignorons de tel ou tel fait mais qui, peut être, ,un jour, nous surprendra; Un grand Merci d’avance cependant à l’auteur qui semble avoir tenu compte de ce type de remarques qu’on aurait pu lui faire.

    • En lisant ton commentaire notamment la partie où tu parles d’amateur de l’Histoire, je me rends compte des deux choses: tu racontes des bêtises premièrement, et ensuite tu minimises le travail pourtant colossal de l’auteur. Un tel ouvrage avec une Uchronie donc mélangeant les faits historiques maçonniques de très grande importance et peu connus par beaucoup de gens, à la fiction, tu appelles ça, “livre pour amateurs de l’Histoire“, c’est n’importe quoi que tu dis, comme si tout ce que l’auteur a dit dans ce livre, tu le connaissais, alors que j’imagine qu’il y a beaucoup de faits sur la maçonnerie que tu apprendras, que tu connaissais pas avant.

      Un livre est pour les amateurs (peu importe le domaine), quand il raconte des faits moins profonds et beaucoup connus de plusieurs personnes. Le fait que l’auteur de ce livre met de la fiction à côté des faits historiques sérieux, ce n’est pas pour divertir ou mettre des faits historiques sérieux en “minimal”, en qualifiant ce livre d’amateur pour l’Histoire comme tu le penses (et ça veut dire que t’as rien compris des commentaires de l’article, et l’auteur n’a pas pris en compte ces remarques comme tu le dis dans ton commentaire), mais plutôt pour combler les lacunes de l’Histoire, comme le dit l’auteur de l’article. Il est plus sage de se taire quand on a rien compris que de s’hasarder de dire des bêtises, c’est un conseil que je te donnes, à bon entendeur salut!.
      Et ne prends pas mal tout ce que je t’ai dit ici dans ce commentaire, mais prends le dans le sens positif du terme pour ton propre bien pour la prochaine fois avec de telles situations.

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Il est chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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