Vous avez dit Cénacle ? Un terme qui peut avoir plusieurs significations, en fonction du contexte dans lequel il est utilisé… Dans le contexte historique et biblique, il fait référence à la salle du dernier repas de Jésus avec ses disciples, connu comme la Cène, avant sa crucifixion.
Ce mot vient du latin cena qui signifie repas. Le Cénacle est souvent associé à un lieu saint dans la tradition chrétienne. En revanche, dans le domaine des arts en général et de la littérature en particulier, un cénacle désigne également un groupe de personnes, souvent des intellectuels, des artistes ou des écrivains, qui se réunissent régulièrement pour discuter et partager des idées. Dans ce contexte, un cénacle est similaire à un salon littéraire ou à un cercle intellectuel. Il s’agit d’un lieu de rencontre pour stimuler la créativité, l’inspiration et le débat.
Et dans l’art royal ? Dans ce contexte, Cénacle désigne, bien évidemment, un groupe de maçons – frères et sœurs – qui se réunissent pour étudier, discuter et approfondir leurs connaissances des rituels, des symboles et de la philosophie. Des réunions sont souvent caractérisées par un engagement profond envers l’étude et la réflexion intellectuelle. Et fécondes en matière de propositions. Tel ce numéro 2 des Cahiers, fruit de ce cercle d’études qui se veut l’héritier du célèbre Cercle de Tübingen regroupant intellectuels et penseurs allemands associés à l’Université de Tübingen, en particulier au cours du XVIIIe et du XIXe siècle et était connu pour ses contributions significatives dans divers domaines, notamment la théologie, la philosophie, la poésie et la littérature.
Avec pour titre Le Cénacle-Des raisons d’espérer, ce Cénacle maçonnique a pour but principal l’approfondissement des connaissances et la compréhension personnelle des enseignements maçonniques.
Encouragée par l’échange d’idées et de perspectives, la publication des travaux permet aux lecteurs de réfléchir sur des questions morales, spirituelles, et philosophiques d’une manière plus profonde. Comme une continuation logique de ceux suivis en loges…
Des thèmes abordés peuvent varier largement, allant de l’interprétation de symboles spécifiques à des discussions sur des sujets contemporains vus à travers le prisme des principes maçonniques.
Cette réflexion, dans la perpétuation et l’exploration des idéaux humanistes, en s’inspirant des traditions de la Renaissance, s’intitule « Des raisons d’espérer » et aborde divers aspects de la franc-maçonnerie contemporaine et son évolution dans le contexte du XXIe siècle.
C’est ainsi que Claude Delbos*, Président du Cénacle, fournit une définition et une vision de l’avenir de la Franc-maçonnerie reflétant à la fois ses traditions historiques et les défis contemporains et mettant en lumière l’importance de l’initiation dans cette tradition. De son côté, Ysabeau Tay Botner, artiste peintre, souligne la manière dont la méthode maçonnique faisant référence à une approche distinctive adoptée par la franc-maçonnerie dans son enseignement et ses pratiques et favorisant le développement personnel qui, à son tour, influence le collectif. Quant à Jean-François Delbos, il explore l’initiation et le progrès sous les angles psychologique et cognitif alors que Maixent Lequain, Secrétaire du Cénacle, discute de l’individualisme technologique actuel, le qualifiant de « métamorphoses de Narcisse », ce qui pourrait impliquer une critique de l’autocentrisme dans la société moderne.
La question du secret maçonnique est abordée par Françoise Bort, maître de conférences en retraite, tout en tentant de répondre aux critiques et sceptiques actuels de la Franc-maçonnerie.
Diplomate de carrière ayant occupé notamment les fonctions de consul général de France à Tokyo puis à Washington après avoir dirigé la sous-direction de l’information du quai d’Orsay, Alain de Keghel pose la question « Vous avez dit ‘’universalisme ?’’ Parlons-en ». Et d’y répondre en rappelant que l’universalisme maçonnique est un principe clé de la franc-maçonnerie, prônant l’unité et la fraternité au-delà des différences de race, de religion, de nationalité, de statut social ou d’opinions politiques. Enfin, Charles Susanne propose de nouvelles approches théoriques pour intégrer une éthique environnementale dans le processus initiatique, mettant l’accent sur le respect du “Vivant”.
Ces contributions indiquent une volonté du Cénacle de dialoguer avec les enjeux contemporains, en intégrant des perspectives modernes dans le cadre traditionnel de la Franc-maçonnerie. Leur focus sur l’innovation, l’éthique environnementale et la critique de l’individualisme technologique suggère une recherche d’équilibre entre les valeurs anciennes et les défis actuels.
Un très beau partage !
*Claude Delbos a servi en Algérie en Allemagne avant d’être instructeur dans une promotion de Saint-cyriens à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr à Coëtquidan, puis de commander une batterie du 35e Régiment d’artillerie parachutiste à Tarbes.
En 1981, il était affecté à l’État-major de l’Armée de terre, à Paris. À partir d’août 1987 il exerçait la fonction de général adjoint au Commandant de l’artillerie du 1er Corps d’Armée à Metz, et il était nommé général de brigade le 1er septembre 1988.
De 1990 à 1996, il était chargé de cours à la faculté des lettres et sciences humaines de l’université de Metz, dans le cadre d’un diplôme d’études supérieures spécialisées “ Aménagement et Défense ”. Dans le même temps, il était Secrétaire général de « La Saint-Cyrienne ».
Il est président du « Souvenir Vendéen de Clemenceau » et président de la section de Paris de l’« Association des Membres de la Légion d’Honneur Décorés au Péril de Leur Vie ».
Franc-maçon du Grand Orient de France, Claude Delbos est originaire du Périgord, mais partage désormais son temps entre Paris et la Vendée. Il a déjà écrit de nombreux romans historiques et maçonniques.
Le Cénacle-Des raisons d’espérer
Les Cahiers du Cénacle N° 2-Réflexions sur la Franc-Maçonnerie
Collectif – Numérilivre, 2023, 156 pages, 20 €