La société du XXIème siècle connaît un très grave problème avec ce fléau qu’est la délinquance juvénile, laquelle devient universelle… alors que les Droits et Devoirs de l’Homme, sont loin pour leur part, de posséder ce statut. La franc-maçonnerie ne détient évidemment pas la solution absolue, mais elle observe avec les autorités compétentes à la fois le comportement de cette jeunesse déviante et la responsabilité du monde adulte, qu’elle soit pro-consumériste ou médiatique.
La franc-maçonnerie pointe aussi les défaillances éducationnelles, familiales et sociétales, avant de désigner l’école. Faire de cette dernière le bouc émissaire, ne résout rien sinon décourager les enseignants qui en sont les premières et tragiques victimes.
Que propose au final l’institution maçonnique devant ces incivilités, synonymes de récentes violences inouïes jusqu’à provoquer la mort ? Ses valeurs contiennent-elles, mieux qu’un rempart, une direction, un chemin pour que s’y rejoignent les Hommes, dans le respect mutuel ?….
Je me permets de relater ici une « mésaventure » récente personnelle, qui a entraîné ensuite ma réflexion :
Sonnerie de mon portable, « le pont de la rivière Kwaï ». J’aime le ton joyeux de ces huit notes sifflées ! Au moment où je porte le téléphone à mon oreille, une main vive le saisit en me griffant la joue, mes lunettes giclent sur la chaussée et se brisent…Je me retourne et distingue une jeune silhouette qui s’enfuit…Un réflexe, je veux courir après le voleur mais un pied, par derrière, me fait un lâche croc-en-jambe… je tombe lourdement sur le trottoir, le bras tendu, la main encore ouverte, pendant que le complice détale à son tour.
Scène classique d’un vol à l’arraché, dans une rue de banlieue parisienne, un après-midi de printemps. Malgré mes tentatives, je ne peux pas me relever, mon coude s’affaisse. Menton au sol, je vois des chaussures, des bas de pantalons et des jambes féminines s’agglutiner autour de mon visage, pendant de longues minutes. Une douleur atroce envahit mon épaule droite. Dans l’ambulance des pompiers, avant de sombrer dans une semi-inconscience, j’entends les mots « déboîtement », « luxation », puis aux urgences de l’hôpital, un diagnostic plus savant : « rupture de la coiffe des rotateurs ». Et, après la piqûre de morphine, une question flotte en moi : Pourquoi cette violence ?!
Oui, pourquoi et pour quoi cette violence, quasi-gratuite ? Pour un vulgaire téléphone de quelques euros ?! Sur le moment puis les jours et mois suivants, la colère m’a entraîné dans une généralisation tenace : les jeunes, tous des voyous ! Quelque temps après cette stupide agression, le franc-maçon que je suis doute et s’interroge encore, avec une pensée devenue plus nuancée : non, la jeunesse n’est pas toute délinquante ! Heureusement pour notre avenir !
Je me revois, d’abord gamin au patronage, jouant « aux cow-boys et aux indiens » avec les copains qui, s’identifiant aux héros des « illustrés » – les « bandes dessinées » de l’époque – s’affalaient volontiers au sol. Tués « pour de faux », par notre bruitage buccal de revolvers en bois taillé ou les flèches à bout caoutchouté de nos arcs de panoplie. Avec pour seul dommage, après la bousculade, un genou couronné et au maximum une blouse déchirée. Et la perspective d’une juste gifle parentale. Tarif accepté pour un après-midi turbulent !
Je me revois, ensuite adolescent, à la sortie du collège avec « ma bande », chipant un instant ici la casquette d’un camarade devant les escaliers du métro, là le foulard d’une jeune fille, à l’arrêt du bus. Histoire de rire – bêtement – à leurs dépens ! C’était à qui se montrerait le plus créatif en bêtises, du bouton de sonnette d’immeuble enduit de glue au pneu vite dégonflé d’un vélo, sur notre passage ! Nous étions ravis, grands benêts farceurs, de décontenancer les passants ou irriter quelques concierges et facteurs, pour crâner ensuite, et nous « rendre intéressants » devant les autres !
Bien sûr, nous échangions aussi quelques coups de poing entre nous, au hasard d’un nom d’oiseau mal venu et mal reçu, histoire de nous éprouver et de changer de chef, comme dans tout groupe. Histoire aussi de nous fabriquer des souvenirs à raconter ! Mais jamais, en dehors de nos innocentes sarbacanes, ne jaillissait de nos poches quelque objet pouvant constituer une arme dangereuse !
Puis « l’ordre » revenait après le chahut -ordo ab chao ! – avec les sourires sur les visages, parce que nos jeux, je le pense, relevaient alors davantage de la taquinerie, du défi, que d’une véritable violence dommageable. Et nous rentrions finalement à la maison où nous attendaient devoirs et leçons. Avec le proverbe ou la maxime du jour en forme de morale – inscrit en rouge sur notre cahier de texte – à commenter pour le lendemain. Entre autres : « Ne fais pas aux autres, ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse ! » …
Qu’est-ce que l’homme ?
Aujourd’hui, les mots « devoir » et « leçon » évoquent moins à mon imaginaire d’adulte, l’écriture appliquée à l’encre violette sur une feuille quadrillée et la récitation par cœur des fables de la Fontaine sur l’estrade de la classe, que les obligations morales du citoyen ! Lorsque je repense au vol de mon portable, devoir et leçon, me renvoient …au mobile de « mes » deux chenapans : Ont-ils eu seulement conscience de leur acte ? Leur a-t-on jamais signifié qu’ils vivent au pays des Droits de l’Homme, et qu’à chaque droit correspond un devoir ?! Savent-ils en fait ce qui ne doit pas se faire et ont-ils appris qu’il faut respecter l’intégrité de son semblable ? Connaissent-ils même la différence entre malice et brutalité ? Et tout simplement, se sont-ils un jour posés la question : « Qui-suis-je ? »
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il n’est enseigné nulle part, ce qu’est l’Homme ! Oui, qu’est-ce que l’être humain ? Pour en avoir une idée – et sans accuser ici les vaillants instituteurs devenus « professeurs des écoles », moderne vocabulaire oblige – il faut « aller à la pêche » dans les nombreuses disciplines regroupées par les sciences humaines ou encore dans ces branches parfois qualifiées de « luxes esthétiques », littérature, poésie, philosophie, psychologie, psychanalyse, linguistique, etc. Alors qu’elles sont de précieuses « sources de connaissance », selon les mots du sociologue Edgar Morin. Et c’est bien à ces sources d’ailleurs, que notre franc-maçonnerie spéculative, ne manque pas de s’abreuver avec bonheur depuis sa naissance !
Une imperfection de la nature caractérise le primate dit « supérieur ». Elle le fait venir au monde, prématuré. S’il naissait vraiment à terme, ce serait une catastrophe, vu la taille de son crâne et l’étroitesse du bassin maternel, due à la station debout. Accouchement, signifierait mort du bébé et de la mère, et très vite la disparition de l’espèce humaine !
De la sorte, depuis l’origine, pour la survie même de l’homo sapiens sapiens, le petit d’homme, incapable de marcher, doit être assisté par sa mère et son entourage, pendant de nombreux mois. Alors que le singe dont nous sommes issus – c’est paradoxal !- se lève et court, quelques heures après sa naissance. Idem pour le poulain ou le veau !
L’avantage de ce développement sur plusieurs années serait toutefois l’acquisition du langage humain, né par imitation, de cette proximité forcée et des échanges prolongés mère-enfant. A notre qu’est-ce que l’Homme », c’est le philosophe romain Sénèque qui répond le premier : « l’homme est une chose sacrée pour l’homme ». Ce que confirme Cicéron, orateur latin lui aussi : « Un être humain, du seul fait qu’il l’est, ne doit pas être regardé comme un étranger, par un autre être humain ».
Nous pourrions dire ainsi qu’il s’agit pour l’homme de croire d’abord en l’Homme, avant même de croire au ciel ! Mais au vrai, cet Homme est-il la mesure de toute chose, comme l’affirmera plus tard de son côté le sophiste grec Protagoras ?
Avec la raison, l’intuition et l’imagination, ces trois sœurs qui se chamaillent en lui, l’homme n’est-il pas tout au contraire la démesure de toutes choses ?! Car enfin, qu’est-ce que l’Homme, sinon un être dont cette raison est sans cesse bousculée, mise à mal, défiée par les deux autres, ces espiègles poétesses, vitales mais non fiables, la pythonisse et « la folle du logis », ainsi nommées par les grecs antiques.
L’homme doué de raison, j’entends ici l’homme qui ne cherche pas à avoir raison, mais à raisonner, cet homme de raison donc, c’est celui qui sans passion excessive et grâce à une pensée cohérente, s’applique à distinguer le réel de la fiction, le bien du mal, le vrai du faux, le juste et l’injuste, le bon du mauvais, le respect de l’insolence, la violence de la douceur…C’est celui, également, qui observe des normes claires, qui fait preuve de logique et de bon sens. Mais, mais…cet homme raisonnable doit compter aussi avec son affectivité qui le rend, tantôt euphorique, tantôt angoissé, autant dire dominé par ses émotions, incertain, jaloux, violent – c’est mon propos même, nous vivons cette violence au quotidien – et dont l’intuition peut lui donner une préscience des choses comme le soumettre à l’erreur totale.
Quant à son imagination, elle fait de lui un être subjectif, prompt à la pensée magique, au merveilleux, aux signes, aux coïncidences, qui refuse sa mort (mais prêt à la donner à d’autres, quand il perd son contrôle !) se berce d’illusion, croit plus au destin qu’à son libre-arbitre, et par là-même peut se penser agi par le sort, sinon les forces de l’esprit.
Ainsi est l’homme, un être à la fois multiple et incomplet, commun et paradoxal, davantage disposé par nature, au plaisir qu’à l’ascèse, à la croyance qu’à la preuve, au désordre qu’à la sagesse. Ainsi nous sommes, jeunes et moins jeunes ! Ainsi je suis : c’est bien pourquoi, qui sait dans un éclair de lucidité, j’ai un jour frappé à la porte du temple maçonnique, pour tenter de m’y améliorer. C’est-à-dire, d’équilibrer chacune de mes trois habitantes, chahutées et chahuteuses. Pour mieux échanger à l’extérieur du Temple. Et pour transmettre à nos successeurs les outils du mieux-être. Et du mieux vivre ensemble !…
Le temps des idoles
…Un éclair métallique zigzague devant son visage : c’est tout ce que le professeur a le temps d’apercevoir avant qu’un bras lui enserre le cou par derrière et qu’il devine, à sa froideur, la lame d’un couteau appuyée contre sa gorge. Immobilisé, la tête relevée, il reconnaît la voix de son agresseur, l’un des étudiants les plus indociles de l’établissement. Il comprend soudain que sa vie est en jeu dans un couloir de lycée, ce matin clair de printemps, qu’il peut mourir au moindre geste défensif si cette main tremblante s’enfonce encore davantage dans sa chair, si la lame glisse à l’horizontale….
…Commence un long suspense, avec un admirable sang-froid et l’intelligence de l’enseignant qui promet un dialogue, pour régler le conflit, « à la régulière », face à face. Et il faudra encore des minutes interminables, pour que l’étreinte se desserre, que l’assaillant lâche son couteau, que l’agressé sente la vie revenir en lui, au grand soulagement du cercle d’élèves, figés autour des deux hommes…
Une scène de violence, malheureusement devenue banale, dans une école de l’Hexagone (que m’a rapportée un enseignant). L’un des acteurs possède le savoir et souhaite le transmettre mais l’autre pourtant en manque, manifestement, le refuse ! Le premier veut offrir « de la civilisation », le second lui répond par de l’incivilité ! Pourquoi celui-ci qui propose du « faire être » exaspère celui-là, en lui donnant l’impression de se « faire avoir » ?!
Sans extrapoler, il est clair qu’une grande partie de la jeunesse refuse par méfiance l’exemplarité et les modèles éducatifs – au parfum de leçon de morale – jugés d’un autre temps et de surcroît perçus comme culpabilisants. Aujourd’hui les idoles sont – davantage que les savants, philosophes et enseignants – les virtuoses du ballon rond, les chanteurs engagés, les humoristes insolents, les animateurs-stars de radio et de télévision, et… « les faiseurs de fric » du monde des affaires ! Parce qu’aux yeux de beaucoup de jeunes gens, les billets de banque acquis rapidement semblent bien mieux ouvrir les portes de la « vie facile » voire de la gloire, que les parchemins universitaires !
De la sorte, comment inculquer le goût de l’effort, comment vanter l’endurance et la durée nécessaires – pour construire « l’homme intérieur » de chacun – à une génération qui veut tout, tout de suite, sous forme des derniers produits, objets et prothèses nomades ?! A sa décharge, les fulgurants progrès de la technologie qui effacent le temps comme l’espace et font de la planète un village – grâce à l’ordinateur, la webcam et autre smartphone – ne peuvent que valoriser sinon glorifier, l’empire et l’emprise de l’instant !
Le junior vit intensément « ici et maintenant », c’est-à-dire un présent permanent, qui tend à ignorer hier et demain. A moins que, sait-on jamais, au moment venu des « liseuses électroniques » et récentes « tablettes informatiques », véritables bibliothèques ambulantes, la curiosité l’emporte et réussisse à lui donner ou redonner une envie de lecture. C’est-à-dire de culture, synonyme d’enrichissement par la connaissance du passé, le fonctionnement du présent et la préparation du futur !
Les psychosociologues savent très bien l’importance de l’illettrisme dans notre pays (six millions de français ne savent pas lire !). Et les professeurs des écoles se retrouvent devant nombre d’élèves (un sur cinq !) gavés d’images télévisuelles, qui, malgré les diverses pédagogies déployées, éprouvent les plus grandes difficultés d’apprentissage de la lecture.
Les éducateurs en milieu carcéral ou de « rééducation », n’ignorent pas pour leur part, que beaucoup de jeunes délinquants possèdent moins de 100 mots de vocabulaire. Lorsqu’ils atteignent un niveau d’appropriation de 200 mots, ils deviennent moins agressifs. Et avec 400 mots stockés et exprimables, ils n’ont plus d’accès de violence, s’intéressent davantage aux composantes du jeu social et veulent s’y intégrer positivement !
Les textes des grands écrivains sont à leur portée, et avec une « pensée élargie », il n’est pas rare qu’à partir de l’écrit mieux maîtrisé, les déviants reprennent la bonne route et en découvrent de nouvelles. Celles de la poésie, de la peinture, de la musique, etc ! Souhaitons ne pas être dans un rêve ici, mais dans une possibilité, une réalité, un fait !
Ainsi l’individu motivé et soutenu peut faire face à ses problèmes, apprendre à affronter sa vie et lui donner du sens, au-delà même de l’inter-langage quotidien, grâce aux lumières de la littérature et de l’art. Par exemple, à travers les pensées mises en mots de Montaigne ou Victor Hugo, les sons à messages de Mozart ou Beethoven et les images en couleurs signifiantes de Michel Ange et Rembrandt !
Ainsi l’enfant, l’adolescent, le jeune homme puis l’homme jeune, exposés à des « œuvres parlantes et éclairantes », sont à même d’y trouver des semences psychiques et de grandir aussi dans leur tête. Et de dissoudre, par l’indispensable culture générale – matérielle et fictionnelle – la violence qu’ils portent éventuellement en eux.
Le petit d’homme, comme son géniteur, est nous le savons, à la fois paradoxal et contradictoire, répétitif et mimétique. S’il refuse en se développant le modèle parental et éducatif, il lui reste l’alternative d’imiter en mal ou en bien son semblable juvénile (la violence comme le calme sont contagieux !) ou de s’auto-construire par sa volonté même et son sens de l’observation.
La crise d’adolescence
Autre circonstance authentique dont j’ai été récemment le témoin : …Maria vient du sud méditerranéen, poussée vers le nord comme beaucoup de ses compatriotes par les mauvaises conditions économiques de son pays d’enfance. Sans autre bagage que des études très primaires, une personnalité bien affirmée, un courage assorti d’idées bien arrêtées et la fraîcheur de ses vingt printemps, elle a eu la chance de trouver un emploi de femme de ménage dans l’hôtel d’une grande chaîne.
Pendant trois ans, elle a fait les lits et passé l’aspirateur, nettoyé les lavabos et les carreaux, repassé chemises et pantalons des résidents . Puis, la qualité de son travail rapide reconnue, ses suggestions souvent retenues, Maria est devenue serveuse au restaurant interne, et enfin réceptionniste. Elle a appris derrière le comptoir et au téléphone, la patience, le dialogue, la gentillesse, l’art de la négociation, mais aussi l’injustice passagère de clients trop exigeants… et « la soumission commerciale », que son caractère rebelle de femme du soleil a peiné à accepter, il faut bien le dire ! Mais tout en souriant parfois les dents serrées,
Maria a compris progressivement qu’elle devait s’assouplir, ne pas se crisper devant sa hiérarchie, accepter les idées de ses collègues, leur résistance parfois, et a su canaliser son propre bouillonnement…dans la piscine de l’hôtel en l’occurrence ! Après trois ans encore, preuve de son efficacité, elle s’est vue confier la prospection et la gestion des séminaires d’entreprises.
Accueillir des adultes de tous horizons venus s’instruire et se former pendant de longues journées lui a donné envie de se perfectionner elle-même : cours de comptabilité, droit, informatique, management, psychologie, l’ont conduite à des stages institutionnels et dans d’autres hôtels étoilés. Elle est aujourd’hui mariée à un collaborateur du groupe et, dix ans après son arrivée en France, directrice épanouie d’un complexe hôtelier renommé dans un aéroport parisien.
Un exemple d’intégration et de réussite sociale qui nous montre que chacun, s’il en a le profond désir, a le droit de réussir mais le devoir d’assumer ses responsabilités avec maîtrise de soi, à chaque étape de sa progression.
Ce que nous appelons « crise d’adolescence », cette opposition du jeune à l’adulte, ce refus d’être d’accord en fait, nous ne le perpétuons pas, plus ou moins, toute notre vie ?! Francs-maçons, franc-maçonnes, nous ressentons bien pour la vivre en loge notre attirance pour les autres et en même temps notre désir d’y garder notre autonomie ! Le principe de plaisir nous guide vers l’indépendance mais le principe de réalité nous impose la dépendance.
Parce que nous sommes conscients que ce qui développe notre humanité c’est le fait même d’être entre nous. Ainsi l’aphorisme tant répété : « la liberté des uns finit là où commence celle des autres » est à la fois absurde en ce que la liberté n’est pas le résultat d’une compétition qui verrait certains bénéficier d’une plus « large » liberté que d’autres. Et il est réaliste, au sens où, animés par un permanent désir de conquête, nous sommes des « êtres de violence », prompts à investir le territoire de l’autre, qu’il soit intellectuel ou physique. !
Mais nous sommes aussi des animaux sociaux, donc soumis à l’entente, à la concorde, à la coopération (nos devoirs) avec des marges de retrait provisoires (nos droits). Et donc soumis à une constante recherche d’équilibre entre la convivialité désirée et la solitude choisie. Cet équilibre est forcément générateur de discordes et de conflits (d’où les guerres !) mais il est clair que si vivions en harmonie totale sur notre planète…nous ne ferions aucun progrès « civilisationnel» et péririons d’ennui !
De la sorte, on ne peut éradiquer complètement le mal dont la nature nous a dotés (en l’espèce la violence précitée) au risque d’éliminer le bien avec lui ! L’insociabilité opposée par une catégorie de jeunes – même si elle n’est pas excusable – contient en soi un message : elle met au jour nos « mauvaises manières », de la cupidité au dépit, de l’instinct de pouvoir à la xénophobie.
Mais paradoxalement, ces « défauts » peuvent aussi devenir des tremplins, des « sésames » car ils nous contraignent à nous ouvrir, à nous dépasser, à grandir. En discernement, en raison, en moralité, en bonté, en douceur, en amour ! Autant de fleurs à cultiver en loge, dont la fraternité constitue le lien ! Autant de vertus à dispenser dans la cité par nos soins !
Nos devoirs sont donc les droits de notre jeunesse, à recevoir ce qu’il y a de plus généreux en nous. A savoir, à la fois le don des racines, comme ancrage de protection, et des ailes, pour son envol vers la liberté d’être et de faire.
Alors ce jeune homme, cette jeune fille sauront, en retour, nous donner le meilleur d’eux-mêmes !
Même après quarante années ( et surtout devrais je dire) c’est un grand et réel plaisir que de suivre et comprendre ce type de propos grandissant le peu que nous sommes.