dim 24 novembre 2024 - 11:11

Le mythe de la chute de Lucifer et de Prométhée

Du blog de la GLIF blog-glif.fr – Du Très Cher Frère Gérard Lefèvre

Dans un premier temps, il est indispensable de préciser ce qu’est un mythe dans les deux sens du mot.

1) Un mythe est un récit qui met en scène les forces de la nature, sous formes de dieux ou de héros. Le mythe se situe dans une dimension intemporelle, celle de l’origine des choses, avant la naissance du temps historique. Le mythe diffère de la fable, la fable est une histoire qui aboutit à une morale.

Le mythe n’est pas construit pour aller vers une morale à recevoir, il reste ouvert à toute interprétation. Mircéa Eliade en donne cette définition : « Le mythe raconte une histoire sacrée ; il relate un événement qui a eu lieu dans le temps primordial. Le temps fabuleux des commencements. Autrement dit, le mythe raconte comment, grâce aux exploits des êtres surnaturels, une est venue à l’existence. C’est donc toujours le récit d’une création.

2) Cependant le sens originel du mythe s’est affaibli et modifié dans les temps modernes. On a fini par appeler mythe toute construction imaginaire ayant un tant soit peu le support de la conscience collective et servant de référence pour penser ses idéaux et se reconnaître elle-même.

« Je ne m’imagine même pas savoir ce que je ne sais pas. » (Platon, Apologie de Socrate). »

« Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu.

Par lui, tout s’est fait et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui.

En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;

la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. »

Pour faire suite à un article antérieur, il me semble opportun d’ouvrir un pas de côté, en me référant : « tout le symbolisme maçonnique tourne autour de la lumière ».

Mais il s’agit là d’une lumière artificielle, présentée comme Lumière Divine. Les Maçons ne parlent pas de l’inauguration d’une nouvelle loge, mais de l’allumage des feux. Lorsqu’un non initié est reçu dans la Maçonnerie, on dit qu’il a reçu la lumière.

Vous allez dire que la lumière est quelque chose de bénéfique. Mais cela dépend de quelle lumière il s’agit. Car dans ce cas il s’agit de la lumière de Lucifer (Lucifer est un nom latin signifiant « porteur de lumière », composé de « lux » (lumière) et « ferre » (porter).

Tout comme son nom le dit, il n’est que le porteur d’une lumière qui existe, donc qui a une autre source. L’orientation vers ce porteur ne fait qu’induire en erreur, détourner le chercheur de la voie directe et rapide vers Dieu le Père qui est à la fois sa Lumière et sa source.

Cependant, il existe sur terre de nombreux endroits qui porte le sceau du Porteur de la Lumière et assez de crédules pour le vénérer, sans se rendre compte qu’ils vénèrent ainsi Lucifer.

L’astre qui accompagne le Soleil à son lever et à son coucher est Aphrodite, Venus. Comme annonciateur de lumière cet astre dans la Bible est appelé « Lucifer ». Mais Lucifer est un ange déchu, selon les écrits.

L’ange déchu, Cabanel 1847

Dans l’Ancien Testament, les anges ont été créés et établis dans le jardin d’Eden avant l’homme (Ez. 28. 14). Dans le texte d’Esaïe, « le nom du personnage interpellé Helel ben Shahar, (Lucifer dans la Vulgate), vient d’une racine qui signifie être lumineux, éclatant ». Les anges seraient nés de la lumière, première création de Dieu dans le livre du Pentateuque.

Les deux premiers chapitres de ce livre, qui donnent une origine à l’univers et à l’homme, sont suivis de l’entrée du Serpent dès le chapitre III. Par conséquent, Lucifer et le tentateur sont bien comme Prométhée des créatures associées aux premiers temps de l’humanité.

Ce lien entre le Diable, Prométhée et les origines de l’homme apporte un premier élément de réponse à la fascination exercée par ces mythes. Leur vivacité pourrait tenir à l’intérêt que l’homme porte aux récits qui peuvent lui fournir une explication sur le mystère de sa naissance. Il faut également noter que « le feu a été, dès les plus lointaines origines de l’humanité, l’un des pôles d’attraction de leur pensée et de leur sentiment religieux ».

Prométhée et Lucifer – Trop de coïncidences pour être un pur hasard !?

Et si en parlant de Prométhée et de Lucifer, on parle de la même chose mais sous formes différentes et différents décors.

Voyons quelques similitudes qu’on peut trouver dans la mythologie grecque et le récit biblique et des religions abrahamiques.

Prométhée: Avant sa chute, il est un des titans les plus rapprochés de Zeus s’étant relié à lui lors de la titanomachie.

Lucifer: Avant sa chute, il est un des anges les plus rapprochés de Dieu.

Prométhée: Viole l’ordre et la volonté de Zeus en complicité avec l’homme créé d’argile.

Lucifer: Viole l’ordre et la volonté de Dieu en complicité avec l’homme créé d’argile.

Prométhée: Porteur du feu à l’humanité symbolisant le don de la connaissance.

Lucifer: Porteur de la lumière à l’humanité symbolisant le don de la connaissance.

Prométhée: Apporte la connaissance aux hommes en leur apprenant à maîtriser le feu.

Lucifer: Apporte la connaissance aux hommes en les incitant à goûter à l’arbre de la connaissance.

Prométhée: maudit et condamné par Zeus à cause des hommes.

Lucifer: maudit et condamné par Dieu à cause des hommes.

Prométhée: chaque matin vient l’aigle de Zeus dévorer son foie qui se régénère à nouveau durant la nuit.

Lucifer: Entre chaque matin dans la pensée, la volonté et l’action de l’homme pour ,le tenter et se substituer à la brillante Étoile du Matin (Ap 26, 16).

Prométhée: à cause du feu de la connaissance et la curiosité de Pandore, l’humanité est condamnée aux souffrances et aux maux de la vie.

Lucifer: à cause de l’arbre de la connaissance et la curiosité d’Ève, l’humanité est condamnée aux souffrances et aux maux de la vie.

Le Logos du Prologue de l’Évangile de Jean, est une échelle pour monter vers le Ciel, Lucifer est également une échelle, mais pour descendre vers l’enfer, la loi est la loi et la loi est accomplie.

Ainsi, le reflet de Satan est l’ego et le reflet malin du Logos est Lucifer. Les deux sont à l’intérieur de tout le monde.

« Le voleur (l’ego) ne vient pas, sauf pour voler, tuer et détruire », tandis que le Logos : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient plus abondamment. » Jn 10, 10.

Il nous faut comprendre que dans le Gnosticisme (doctrine selon laquelle une certaine connaissance apporte à l’homme le salut), lorsque nous nous référons à Dieu, nous savons qu’il n’est pas une personne, un individu, mais Élohim (désigne le vrai Dieu de l’Ancien Testament) : beaucoup de forces, d’énergies, d’archétypes.

Ainsi, Prométhée est précisément cet archétype qui se sacrifie pour l’humanité, car il est le seul archétype qui entre en tant que partie de Dieu à l’intérieur de nous. Sur lui est la honte de la fornication ; cet archétype est cette partie de Dieu qui sait toujours à quel point nous sommes lubriques.

C’est pourquoi dans la Bible, nous voyons que c’est Satan qui dit toujours à Jéhovah comment l’âme se comporte sur Terre. Nous ne pouvons pas nous cacher de Satan, car il est l’ombre de Dieu, son reflet. Oui, nous avons transformé ce Lucifer en un vilain individu noirci. Lucifer, en tant que Satan, reflète tout notre ego, nos défauts, vices, erreurs que nous avons dans notre subconscience. Cependant, c’est en annihilant le vautour (qui symbolise la luxure) que Prométhée est libéré.

Donc, tant que nous avons la luxure, Prométhée ne peut pas être libéré du rocher. Le rocher, comme nous le savons, symbolise la neuvième sphère, Yesod.

Musée Gustave Moreau.

Dans la Gnose, nous nous référons toujours au rocher de Yesod (fait partie du Pilier du Milieu de l’Arbre de Vie), qui, selon les Maçons, est rustique au début; non formé, non ciselé. Il faut ciseler ce rocher et en faire un cube petit à petit. Les outils que nous utilisons, le burin et le marteau, symbolisent respectivement l’imagination et la volonté.

Nous façonnons et perfectionnons cette pierre avec le travail alchimique, avec l’énergie, le feu qui en soi est le même Prométhée. Il est celui qui porte le feu et dans le feu se trouve la lumière.

Mais, ce n’est pas un Satan humanoïde comme celui que veut nous montrer le Clergé, non ; c’est notre propre Satan particulier. Mais quand nous avons obtenu la dissolution de l’Ego, quand nous l’avons réduit en cendres, alors cette pierre brute s’est transformée en pierre cubique parfaite; Satan est alors LUCIFER, le «faiseur de lumière».

Le Dieu du monde matériel est perçu comme un personnage têtu et sadique, qui cherche à maintenir l’humanité dans l’obscurité perpétuelle, tandis que Lucifer est le sauveur de l’humanité en lui donnant le don de la connaissance.

Lucifer est descendu du ciel dans un but précis. Comme Prométhée, il s’est opposé à Dieu pour sauver l’humanité et a été puni pour ses actions.

Prométhée, Lucifer, Jésus, Mātariśvan (1)… et nous, mes frères éclairés par leur Lumière… Mythe ou fable ?

L’initié devra plonger en lui pour ôter ses voiles

et trouver les ultimes réponses au mystère de l’existence.

*

Pour conclure, et comme dit Johann Wolfgang Von GOETHE, tant que vous n’aurez pas compris ce « Meurs et Deviens » vous ne serez qu’un hôte obscur sur la terre ténébreuse.

Je veux louer le Vivant Qui aspire à la mort dans la flamme Dans la fraîcheur des nuits d’amour.

Te saisit un sentiment étrange Quand luit le flambeau silencieux Tu ne restes plus enfermé Dans l’ombre ténébreuse Et un désir nouveau t’entraîne Vers un plus haut hyménée.

Tu accours en volant fasciné Et enfin, amant de la lumière, Te voilà, ô papillon consumé.

Poème de GOETHE intitulé Le Divan,

GL 08/2022 travail de synthèse.

(1) Mātariśvan est un être mythique de la religion védique, qui apporta le feu de loin, probablement du ciel, aux hommes, c’est-à-dire aux premiers prêtre

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