Conçu avec soin et attention, le nouvel ouvrage de Jean-Luc Le Bras, en mettant l’accent sur les aspects visuels, la qualité de fabrication, et l’attrait esthétique, indique clairement qu’il s’agit d’un beau livre, englobant à la fois tant la beauté physique du livre que la qualité de son contenu.
L’auteur, agrégé de géographie, a servi de 1973 à 2012 au ministère de la Coopération et du Développement et au ministère des Affaires étrangères, comme assistant technique, puis dans les fonctions de Conseiller Culturel, enfin en tant que Chef de Service de Coopération et d’Action Culturelle.
Jean-Luc Le Bras est membre de l’Institut d’Études et de Recherches Maçonniques (IDERM) et de l’Aréopage « Sources », Aréopage de Recherche du Grand Collège des Rites Écossais Suprême Conseil du 33e degré en France du Grand Orient de France. Il est aussi l’auteur de nombreuses bibliographies et de l’ouvrage L’étoile occidentale – Une loge européenne à Dakar (1899-1960) (Éd. Dervy, 2019). Dans son Paris G.O., il nous conduit à travers les adresses successives et emblématiques du Grand Orient de France. Notons que la rue Cadet est devenue, dans l’esprit du grand public, synonyme de Grand Orient de France. Un lieu où l’obédience s’y installe en 1852, soit il y a 171 ans. Mais, avant cela, le GODF a beaucoup pérégriné.. Un aspect des choses souvent mal connu et que l’auteur nous dévoile avec talent.
Due à la plume de Georges Sérignac, grand maître du GO de 2020 à 2023, la préface, en servant de point d’entrée pour le lecteur, expose le contenu du livre, établit le contexte et ne manque pas d’éveiller l’intérêt. Voix de l’auteur avant que l’histoire ne débute, elle situe aussi « Cadet » comme un lieu de mémoire.
Notons déjà qu’à la lecture du titre « Paris G.O. », nous pouvons nous poser la question de savoir si Jean-Luc le Bras n’utilise pas la langue des oiseaux, forme de jeu de mots et de symbolisme linguistique qui joue sur les sons et la phonétique des mots pour trouver des significations cachées ou alternatives, souvent associées à l’alchimie, à la mystique et à l’ésotérisme. En prononçant les lettres « G.O. » de manière continue et fluide, cela ressemble phonétiquement à parigot, un terme familier désignant de manière affectueuse, parfois moqueuse, un habitant de Paris.
L’ouvrage s’appuie sur une variété de sources fiables et reconnues, clairement citées et référencées, permettant au lecteur de suivre, pour son plus grand profit et plaisir, le parcours de recherche de l’auteur à travers les différentes et successives adresses du GODF dans Paris depuis 1773, date de la formation du GODF, jusqu’à nos jours.
D’entrée, la frise chronologique en double page, bien conçue et illustrée, transmet efficacement les lieux où s’est réuni le GO : du 12/14 rue du Pot-de-Fer (actuelle rue Bonaparte) de 1774 à 1794, en passant par le 8 rue du Vieux-Colombier (1796-1802), le 47 rue du Four (1802-1843), le 10 rue de la douane (1843-1846), le 10, rue Mathurin (1846 à 1853) et, à partir de 10 juillet 1852, date de l’achat de l’immeuble au 16 de la rue Cadet dans le 9e arrondissement de Paris par le prince Lucien Murat (1803-1878), Grand Maître du Grand Orient de France de 1852 à 1861, au siège désormais emblématique du Grand Orients, traitant avec moult détails des différentes constructions, rénovations et reconstructions.
Nous y apprenons que rue du Pot-de-Fer, première adresse située sur la rive gaude, le GO occupait des bâtiments libérés par l’ancien Noviciat des Jésuites, partie d’un couvent où résident les novices, correspondant à un temps probatoire à l’engagement dans la vie religieuse, après lequel on est admis à prononcer les vœux de religion…
De même que pour les locaux de la rue du Vieux-Colombier où les bâtiments étaient ceux du couvent des religieuses de Notre-Dame-de-la-Miséricorde, établi dans cette rue au 17e siècle et fondé pour l’éducation des jeunes filles, mais aussi, dans le tissu social du quartier et dans le domaine de la charité, fournissant de l’aide aux nécessiteux.
Jean-Luc Le Bras détaille, pour chaque adresse, la façon dont les lieux sont loués, parfois même avec l’utilisation de prête-noms, aménagés et utilisés. Pour cela, il puise aux meilleurs sources.
Il enrichit aussi son propos de la vie maçonnique de grands personnages comme Voltaire, initié le 7 avril 1778, le prince Murat, Émile Littré, Jules Ferry, Honoré Chavée, Charles Cousin ou Arthur Groussier, père du Code du travail et Président du Conseil de l’Ordre à de nombreuses repises entre 1925 à 1945.
De l’emblématique adresse du « 16 Cadet », comme aiment à le dire les membres du GO, l’auteur couvre l’ensemble des domaines : la rue et sa riche histoire tout d’abord, sa spécificité, le musée, l’histoire de ses façades, les évènements majeurs, avec les réceptions de grands personnages, l’accueil d’activités profanes et philanthropiques, de la grande salle des fêtes, du rôle politique du GODF.
Nous retenons que la rue Cadet a joué un rôle notable dans le domaine de l’édition et de la librairie, du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Notamment avec la librairie Gloton qui édita, dès 1934, La Chaîne d’Union, la plus ancienne revue maçonnique encore publiée qui fut créée à Londres en 1964 par des francs-maçons en exil. Par ailleurs depuis 2004, la librairie Detrad (éditeur et fabricant de décors) installée au 18, joue un rôle primordial dans la diffusion des connaissances, des idées et de la culture maçonnique.
L’auteur ne manque pas aussi de dresser la liste des autres commerces ou activités – côté pair : coiffeur, synagogue, Bourse des diamantaires ; côté impair : restaurants, école, ateliers photographiques – participant à l’animation de ladite rue.
Jean-Luc le Bras nous instruit quant à l’histoire du musée de la franc-maçonnerie, fondé en 1889 et reconnu Musée de France depuis 2003. Situé au sein de l’Hôtel du GO, sa mission a pour but de préserver et de présenter des objets et des documents relatifs à l’histoire de l’art royal.
Deux illustrations retiennent plus particulièrement notre attention. Celle de la coupe longitudinale, suivant le grand axe, de l’immeuble du GODF et celle de l’ancienne grille de la porte d’entrée du Grand Orient de France, ouvrage d’art exceptionnel, témoin de son histoire et de son patrimoine. Fabriquée en fer forgé, illustrant le savoir-faire artisanal et la finesse de la ferronnerie , la grille présente des motifs décoratifs incorporant des symboles maçonniques. Elle se trouve désormais dans la salle du Conseil de l’Ordre. Et celle de la coupe longitudinale, suivant le grand axe, de l’immeuble du GODF.
Avant la bibliographie (ouvrages, articles, journaux contemporains, plans de Paris), l’ouvrage présente les vingt-et-un temples de la rue Cadet, avec illustrations pour quinze d’entre eux.
L’analyse approfondie de l’ouvrage quant aux différents sièges de l’obédience depuis 250 ans, sa méthodologie rigoureuse et son langage clair et précis apportent une contribution significative à la connaissance du passé de la plus ancienne et première institution maçonnique de France.
Le Paris G.O.-Histoire des adresses successives du Grand Orient de France 1773-2023
Jean-Luc Le Bras – Préface de Georges Sérignac
Éditions DETRAD aVs, 2023, 116 pages, 27 €
En vente chez l’éditeur.
Bonsoir je suis tombé sur ce lien très intéressant de votre journal sur mon fil d’actualités je suis très heureux d’accéder a un grand savoir grâce à vous j’espère un jour faire parti de la Franc maçonnerie
Car j’aime l’état d’esprit du partage du savoir