Le numéro 6 de revue semestrielle de la Grande Loge Mixte de France (GLMF) de novembre 2023 offre à ces lecteurs deux dossiers. Ce qui contribue grandement à son succès.
De quoi étancher la soif culturelle des sœurs et des frères. Bonne pioche donc pour Sisyphe qui explore en profondeur les thématiques « Femmes, militantes et franc-maçonnes », offrant l’opportunité d’examiner l’intersection entre genre, activisme et traditions ésotériques, tout en mettant en lumière la contribution unique des femmes à cette organisation séculaire, puis « La franc-maçonnerie, miroir du temps ? », montrant que l’art royal a toujours su s’adapter aux idéaux et préoccupations de son époque et où les pratiques maçonniques ont elles aussi évolué pour s’aligner avec les transformations sociales et sociétales.
Mais avant, dans son éditorial, Christiane Vienne, Grand Maître, rappelle dans quelles conditions est née la GLMF. À la violence du temps présent, elle oppose « l’espoir fou que la sagesse vaincra la barbarie ».
Puis, nous cheminons avec Philippe Foussier, Grand Maître du Grand Orient de France (GODF) de 2017 à 2018, dont le nom est toujours associé à la promotion des valeurs maçonniques traditionnelles telles que la liberté, l’égalité, la fraternité, ainsi qu’à l’engagement envers des causes sociales et éthiques. Il nous livre son analyse de quarante ans de relations entre les deux obédiences.
Où règnent entre elles, comme en géométrie, une priorité de valeurs tendant vers un même point, la convergence mais aussi une même disposition de cœur, d’esprit, où vivant toutes deux en harmonie, elles collaborent à une œuvre commune. C’est en cela que les deux obédiences sont en concorde.
Pour mémoire, la GLMF a été fondée en 1987, suite à une scission avec la Grande Loge Mixte Universelle (GLMU). Une création soutenue par le GODF. La GLMF s’est d’ailleurs constituée sous le nom de Fédération Olympe de Gouges, afin de rendre hommage à cette grande dame de la Révolution française, connue pour son activisme en faveur des droits des femmes et de l’égalité des sexes.
Le premier dossier traite du parcours de trois femmes exceptionnelles Elisabeth Aldworth dont l’initiation a eu lieu accidentellement et qui pour protéger les secrets de l’ordre, reçut la lumière. De Gouges donc, surtout connue pour sa « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » (1791), un texte pionnier qui clamait l’égalité des sexes et les droits des femmes dans la société. Sans parler de ses écrits sur la critique de l’esclavage et la défense des droits des groupes marginalisés.
Enfin, Annie Besant qui a d’abord été impliquée dans les mouvements sociaux et politiques en Angleterre puis a milité pour les droits des femmes, notamment le droit de vote, et qui, après sa rencontre avec Helena Blavatsky, s’est intéressée à la théosophie, un mouvement spirituel qui cherchait à synthétiser les enseignements spirituels de l’Orient et de l’Occident. Elle est d’ailleurs devenue une figure de proue de la Société théosophique, contribuant à sa croissance et à son influence.
Le deuxième dossier nous conduit au cœur même de la proto-maçonnerie, un terme faisant référence généralement aux organisations et aux traditions médiévales. Sont abordés le Manuscrit Cook, les « Gentlemen Masons », les « Coffee Houses », et la première grande loge. Ces éléments constituent des jalons clés dans l’histoire de la franc-maçonnerie, marquant la transition de la maçonnerie opérative, centrée sur le métier de la construction, à la maçonnerie spéculative, axée sur les aspects philosophiques et symboliques.
De cette construction des premiers matériaux sont aussi traités l’art de la mémoire dans l’Antiquité qui n’était pas seulement une technique pratique, mais aussi un aspect profond de la culture intellectuelle et éducative de l’époque, reflétant l’importance de la mémoire et de l’oralité dans les sociétés anciennes. Puis pendant le Moyen Âge, principalement axé sur la dévotion religieuse et l’éducation monastique, et pendant la Renaissance, s’ouvrant à un contexte de renouveau culturel et scientifique.
Enfin, sous la plume de Michel Baron, frère sachant archi diplômé, nous en savons plus sur « Le philosophe John Toland (1670-1722) et le concept du Grand Architecte de l’Univers dans la franc-maçonnerie ». Philosophe irlandais influent, ce dernier est un précurseur de l’illumination. Bien que Toland, rationaliste convaincu, ne soit pas directement associé à la Franc-maçonnerie, ses idées ont eu un impact sur le développement intellectuel de la société, en particulier sur la conceptualisation du Grand Architecte de l’Univers. Toland est souvent associé au panthéisme, la croyance que Dieu est identique à l’univers et à ses lois naturelles. Cette perspective naturaliste de la divinité a influencé la manière dont le concept de Dieu a été perçu dans les cercles philosophiques et maçonniques ultérieurs.
Le dernier article de ce dossier porte sur « La franc-maçonnerie, miroir de la culture universelle ? », par Charles-Albert Helenon. Par sa synthèse des traditions religieuses, philosophiques, spirituelles ainsi que des philosophies hellénistiques et de la pensée des Lumières, et avec des principes maçonniques tendant vers un universalisme, la franc-maçonnerie nous semble bien être vue comme un reflet de la culture universelle et donc un miroir fascinant de la diversité de par la surface de la Terre.
Un très intéressant numéro !
SISYPHE une revue de la Grande Loge Mixte de France – N° 6 – Novembre 2023, Revue semestrielle
Conform édition, 64 pages, 12 €, frais de port inclus
Disponible chez Conform édition.