L’humain est un animal presque comme les autres ; un « humanimal », comme l’appelle joliment Daniel Béresniak, qui obéit aux lois naturelles du fonctionnement des meutes. Mais quelles sont donc ses différences avec les autres vertébrés, de meutes également ? Voici la réponse que le sapiens invente : la conscience, la raison et les longues inventions qui en découlent : La vie sociale et les valeurs circonstancielles, la politique, l’économie et, récemment, l’impuissante écologie qui n’empêchera pas l’ «l’effondrement » d’une grande partie de la planète ».
Les conclusions du très sérieux GIEC sont, hélas, très claires ; le dérèglement climatique va s’accentuer ; dérèglement climatique dont nous sommes coupables malgré nos déclarations et accords internationaux tonitruants.
C’est un fait, les animaux ne possèdent pas ces grandes qualités, anthropomorphistes par définition, chères à tous les humanimaux, dont la monstruosité de la violence meurtrière. La violence meurtrière dont il s’agit dans cet article pourrait bien être le résultat d’une évolution des espèces d’homo ; une sorte d’exaspération d’une force de vie, mais on n’en sait rien.
Pourtant depuis un bon siècle, on a démontré que ces attributs, conscience, raisons valeurs… sont des cache-misères de notre condition violente. De tous les animaux, nous sommes les seuls à être affligés par cette tare. Qui plus est, les massacres, les guerres, les tueries de toutes sortes sont toujours justifiées par l’agresseur. Tous les prétextes sont bons. Mais pourquoi donc sommes -nous des nichoirs inébranlables de la violence ?
L’anthropologie nous répond : il y a six millions d’années, les branches des primates, les singes et les homos, se scindèrent. Or ces derniers furent, dès cette époque, des êtres faibles et démunis devant les lois naturelles : se nourrir, se protéger, se reproduire. Charles Darwin nous apprendra que, peu à peu, cette force nécessaire dépassa son objet pour devenir en partie un désir meurtrier gratuit. Au début, elle fut nécessaire pour vivre et survivre. Puis nantie des outils de la raison, elle se fixa et se développa chez l’humanimal. Pas tous ceux de la branche homo, mais d’une bonne dizaine d’espèces qui, peu à peu, disparurent dans la sélection naturelle. Un rameau d’homo parvint, par le jeu de l’évolution des espèces, à survivre et à se développer en maîtrisant toujours plus les ressources naturelles : Les homo sapiens, si prétentieusement nommés, apparurent, il y a quelques 300 000 ans, estime-t-on aujourd’hui. Dans la disparition graduelle des autres homo. L’homo néandertalis fut son seul cousin jusqu’à 30 000 ans avant notre temps. Ils se connurent donc mais disparut lui aussi.
L’homo sapiens, ce faible primate bipède a, grâce à sa ruse, son intelligence et la solidité des ses meutes, a proliféré de manière excentrique et folle : quasiment 10 milliards d’individus aujourd’hui. L’éthologie nous apprend que les lois naturelles sont implacables. Quand une meute devient trop lourde eu égard à ses ressources habituelles : nourriture, sécurité, la régulation s’opère de deux manières sans doute : affrontements meurtriers avec les autres meutes encore bien nanties, et épidémies du fait de la promiscuité suivies des proliférations des agents pathogènes qui s’ensuivent. Cela ne te rappelle-t-il rien ? Oui ! Beaucoup d’humains, parmi les scientifiques (je n’ai pas écrit : politiques) les plus sérieux estiment que l’effondrement de la planète est inéluctable.
Et après, pour les rares survivants de la biodiversité ? Une révision complète et forcée de la vie en meutes et une remise en cause radicale de la violence, de l’enfant jusqu’au mourant. Et si, des bandes d’humains se préparaient à cette apocalypse, avec pour objectif la maîtrise de cette violence qui ne cesse de nous faire entretuer ? Elles existent bien sûr, dans des associations, des regroupements libres, des réseaux sans attaches, des communautés anarchistes… Et bien ma conviction, la voici : La Franc-maçonnerie en fait partie et avec une force qui sidère.
Notre rite connaît bien la violence et ne cesse de la mettre en scène à l’initiation. D’abord remarquons que le(la) candidat(e) est aveuglé(e) par le bandeau. Ce point est l’acmé de notre mise en scène. Pendant quasiment toute l’initiation, l’impétrant va être soumis à une série d’épreuves qui, sont des fresques vivantes de la violence qui nous sert de chausse-pied de vertu : la porte basse, la pointe du compas sur le cœur, les trois voyages brutaux, la coupe amère, la scène du cadavre avec les épées pointées et parfois d’autres épreuves selon les rites. Mais l’impétrant est presque toujours dans une position réceptive et contrainte ; à l’image des méandres inconscients et parfois véreux de notre inconscient. Réceptive mais contrainte comme le diraient Françoise Dolto et Annick de Souzenelle. D’ailleurs l’éprouvé(e) n’a aucun choix avec le bandeau qui lui est imposé et qui semble lui clamer : « Tout ce que tu vis avec ces secouades et ces duretés aveugles, c’est toi, mais tu ne t’en rends pas compte, aveuglé comme tu es ».
Mais il faut lui faire comprendre qu’une envolée d’espérance subsiste d’amadouer cette violence, dont il est victime et complice. Pendant un bref instant, le bandeau, dans le noir absolu du local, est levé et il(elle) peut entrapercevoir le grand espoir, grâce à la Lumière de la Loge discrète mais porteuse d’horizons rutilants. Sans aucun commentaire. Le bandeau retombe et l’obscurité a laissé, un court instant, entrevoir la lueur de la prise de conscience de la violence qui gît en nous… Alors c’est le moment, où la grande révélation est magnifiée : au milieu des Frères et des Sœurs assemblés(es) en cercle, le bandeau est baissé et non point ôté. Alors notre héros comprend parfois vite et sans réfléchir : « Oui la lumière de la conscience qui m’ouvre à la mesure et à la mauvaise conscience brille ; mais les épées autour de moi me rappellent que je ne dois pas me raconter des billevesées de patronage : la violence est toujours là, avec les épées pointées, mais sans menace meurtrière. La Grande Lumière entonne et chante alors la capacité de l’humain à gravir les échelons de cette violence. Son esprit s’éveille mais sans naïveté.
Et là est le génie de notre rite : oui, nous sommes tous violents ou soumis à elle, sans le vouloir. Souvent même en la justifiant comme dans les conflits, les émeutes et les guerres, qui dévorent, depuis l’aube des temps l’humanité. Et la Franc-maçonnerie tonitrue, mais sans sauvagerie : « Oui, tu es violent mais oui tu peux en dévoiler ta conscience, si tu ôtes le bandeau de ta cécité et ose faire face à cette poussée meurtrière. Désormais tu peux, non point l’effacer, ce qui serait niais, mais tu peux l’agripper. Ou bien même t’appuyer sur sa force pour servir les causes non exemptes de vindicativités affolantes. Pensons, parmi mille exemples, au Hamas et à la riposte d’Israël. C’est ainsi que la violence, qui ne peut être reniée en soi, devient une révélation, car nous en sommes les victimes comme nous l’a appris le bandeau. Mais elle est aussi une puissance à juguler sans ourdissement de censure intérieure ? Pour le pire ? Non ! Pour le meilleur !
Merci, rite maçonnique pour ce splendide arrachage de nos prétextes et de nos poussées logées, en loucedé , dans les replis de notre inconscient aux atours tricheurs de notre vertu meurtrière. La bouse peut devenir perle irisée !!!