ven 22 novembre 2024 - 06:11

Vélomania (3/3)

(Tiré de l’ouvrage : Au cœur de la Franc-maçonnerie « Huit récits contemporains » Éditions Numérilivre) – Retrouver le volet n° 1 de cette série

La belle rouleuse, partie vers l’avant rejoindre nos équipières qui tirent toujours le peloton, Jean-Paul me pique mes dernières provisions de sucreries. Lui aussi a sa petite fringale ! Pour me protéger des éternuements d’Eole, j’applique à la lettre les expressions de l’argot cycliste : je ne mets surtout pas le nez à la fenêtre. Planqué en queue du paquet, la tête dans le cintre, je suce honteusement les roues. Lanterne rouge du raid, je n’en ai pas honte, puisque nous ne faisons pas une course. C’est même un honneur d’être le dernier, mais toujours en course, avec si peu de préparation. Je me félicite tout seul !

Maintenon, Rambouillet, Les Vaux de Cernay, Dampierre. Enfin une descente, longue, fluide, quel délice de ne plus pédaler ! J’ai l’impression de glisser, de fendre le vent. L’illusion de retrouver des forces… Vallée de Chevreuse, me dit un poteau indicateur, dans une dernière courbe ! Un nom que le Tour de France a auréolé de gloire. Mais moi, je ne suis pas vraiment pas glorieux, il n’y a personne pour m’applaudir, sur le bord de la route ! Je sais bien que toute descente se paie par une côte, et celle-là, c’est la cerise sur ce Paris-Brest. Je suis largué, plus personne devant moi, j’attends la crampe assassine. J’ai l’impression de faire du sur place. J’ai le temps de compter les tournants de la pente qui s’élève devant moi, comme un sentier de montagne. Il y en a bien 17. Pas besoin de mes freins, en ce moment ! Décidément, nos organisateurs ne nous ont rien épargné, avec un tracé diabolique…qui pouvait éviter cette côte ! L’effort, toujours l’effort. Je me rends compte combien il est facile de parler de « dépassement de soi », bien à l’abri, dans la loge ! C’est ici, à quelques kilomètres de Versailles que je me dépasse. Vais-je y arriver ? Obstination, miracle, j’atteins le sommet, « à la ramasse », vidé, pompé. Je n’en crois pas mes mollets. Oui, je veux, je vais arriver au bout de cette aventure. Au bout de moi-même, surtout, me dit le Compagnon en moi !

Magny, Guyancourt, Saint-Cyr l’Ecole, Versailles, 3 kilomètres. Oui, je vois les jardins et les grands bâtiments gris du Château ! Nous sommes revenus au point de départ, après 1352 kilomètres, m’indique mon compteur. C’est dingue ! J’ai réussi à faire bon dernier de cette course sans vainqueur. Je pense à une douche, à mon lit, à une cure de sommeil…Jean-Paul est devant mais il sait que je ne suis pas tout seul. Matcho est derrière moi, je l’entends gronder, museau dehors. L’ambulance me pousse à coups d’appels de phares qui scintillent dans mes rayons. Merci, madame l’infirmière !

Dernière ligne droite, qui est une grande courbe puisque nous faisons le tour du château. Pour arriver devant, encore cinq cents mètres, aux pieds du Roi-soleil. Il mérite bien son nom, flamboyant aux lueurs rouges du couchant. Matcho bondit par la fenêtre ouverte de l’ambulance, pour courir à mes côtés. Il est magnifique, muscles tendus, dans son ondulante robe orangée, la queue en oriflamme. Sa colère mêlée d’effroi, qui ne l’a pas quittée, m’intrigue vraiment. J’accompagne son regard révulsé, insistant sur ma hanche gauche…L’horreur !

Une vipère !!! Là, accrochée à mon cuissard. Je suis sidéré, pétrifié, dans la légère descente avant le terre-plein. Je ne pédale plus, je ne peux pas, j’ai les mains en eau, collées aux cocottes de frein. Je la vois s’enrouler autour de sa tête triangulaire, elle s’allonge mollement, glisse sur ses écailles verdâtres et jaunes, dans le creux de l’aine, vers ma jambe. Je suis glacé, toujours en roue libre, dans les derniers mètres qui restent. Je n’ose pas bouger, raide sur mon vélo. Je suis tétanisé par cette pupille verticale qui me fixe, ces crochets qui vont se planter dans ma chair…

…Un éclair cuivré jaillit du sol, me laboure la cuisse. En hurlant, Matcho, debout contre moi, arrache la bestiole d’une griffe rageuse. Et lui broie la nuque d’un coup de canines, en passant la ligne d’arrivée, devant moi, sa victime pendante dans la gueule. Mon garde du corps vient aussi de battre au sprint !

Ta vipère est bretonne, mon vieux, tu la trimballes depuis Ménéac ! Elle se faisait bronzer sur une pierre, puis elle a élu domicile dans le cadre de ton vélo, tranquille, pendant que tu récupérais. Tu t’en souviens, t’étais allongé à l’ombre du calvaire, après ton coup de barre ! Et c’est justement après l’étape de Ménéac que ta câblerie a commencé à coincer, non ?! ». J’entends, perplexe, la théorie de Jean-Paul.

– Tu crois, et comment elle a pu pénétrer dans le cadre du vélo ?!

-Par l’avant, Pierre, sous la fourche, tout simplement par le conduit de la potence, c’est la seule explication ! ». – Ou par le tube de selle, il est creux aussi ! » – C’est possible, Pierrot, tu vois quand tu veux bien réfléchir ! »

J’en frissonne. J’imagine ma passagère clandestine, entortillée au long des tubes, bloquant à sa guise la câblerie interne. Je comprends pourquoi mes freins ne fonctionnaient plus, par moments !-D’accord, Jean-Paul, mais par où elle est ressortie, à ton avis ?!-Elle ressortie 500 bornes plus loin, ici, justement par la tige de selle, mon p’tit père !

Je tremble encore. Par la tige de selle…ça veut dire que la vipère a rampé sur le cuir, sur mon maillot, sur mon cuissard… Sacré Jean-Paul, il a encore raison. Un cercle de cyclards intrigués, leur machine à la main, s’est formé autour de nous.

L’explication de mon parrain est logique, à un détail près. Matcho est toujours inquiet, survolté, et tourne autour de moi. Une intuition soudaine me fait saisir et soulever mon vélo au-dessus de ma tête. Je le secoue dans tous les sens : la seconde vipère, lovée sous ma selle, dans les plis du boyau de rechange, tombe en vrille, sur les chaussures de Jean-Paul ! Il fait un pas en arrière, surpris ! L’épagneul, entraîné par son premier exploit, ses longs poils soyeux hérissés, les babines découvertes, ne laisse aucune chance à l’autre reptile. Et de deux !

– Bon réflexe, Pierre, c’est vrai, les vipères vont toujours par deux, à la saison des amours ! Une consolation pour moi, à la distribution des prix, je reçois la coupe, toute symbolique, du dernier arrivé ! Sous les applaudissements généreux de tous les cyclards, avant la séparation générale.

Et rendez-vous dans quatre ans ! » crie dans le micro, un organisateur. Je me jure bien de ne jamais revenir dans cet enfer !

Alors, heureux ! » me lance Jean-Paul, un brin jaloux devant mon trophée ! Heureux, moi ?! Je n’ai même pas la force de lui renvoyer une vanne, j’ai le dos et la jambes raides comme du bois, et le postérieur en compote. Paris-Brest-Paris n’est pas une histoire sans fondement !

19 heures. Il est temps de rentrer à la maison, après nos quatre jours de folie cycliste. Pas de vestiaire, pas de douche à Versailles. Une fois n’est pas coutume, on s’habille devant le roi, polo, survêtement, chaussettes, baskets. Des vêtements secs, c’est bien agréable. Zut ! Je ne trouve plus la carte magnétique pour ouvrir le « Scenic ». Elle n’est pas dans mon pantalon, ni dans mon blouson. Pas non plus dans mon sac, ni dans l’ambulance, ni dans la voiture-balai ! Où ai-je bien pu les mettre ? Nouvelle sueur froide, vertige, j’ai du mal à réfléchir, vanné comme je suis. Ah oui, je me rappelle maintenant, je l’avais mise dans la poche arrière de mon maillot, au départ. Et…je l’ai sûrement balancée avec la banane, quand je me suis délesté, du côté de Ménéac !! Quel imbécile ! Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ?

Je n’ai pas le temps de m’angoisser, je vois dans l’œil rieur de Jean-Paul, que tout n’est pas perdu….

…- T’as retrouvé ma carte magnétique, Jean-Paul ?! »

Non, mon frérot, t’es bon pour en racheter une autre…mais j’ai l’impression que t’as jeté aussi ta mémoire avec la banane ! Tu ne t’en souviens pas, tu m’as confié un double de ta carte, en venant ! J’ai comme l’impression qu’il va nous être utile, pas vrai ?! »

– Whaouh ! On est sauvés ! Merci ! Que ferais-je sans toi ?!

– Comme chante Jean Ferrat pas vrai, allez, en route, direction Figeac ! ». Un coup de fil à nos épouses. On rentre !

J’ai vraiment besoin de récupérer. Jean-Paul, décidément increvable, a pris le volant en quittant Versailles, dans les encombrements du dimanche soir. Il m’épate, le bougre ! C’est convenu, je le relaierai à Châteauroux. Je suis allongé à l’arrière avec Matcho qui émet des cris plaintifs réguliers. Je le connais bien ce sentimental, il est en train de rêver de l’infirmière qu’il a quittée avec un grand chagrin !

Je ne sais si moi je rêve ou si je dors. J’ai l’impression d’être toujours sur mon vélo et de mouliner sans fin, bercé par le bruit du moteur et les chansons qui se succèdent en sourdine à la radio. L’épreuve s’est inscrite dans mes jambes, dans tout mon corps. Pour être initiatique, elle l’est ! Je sais maintenant ce que signifie un rite de passage, étape par étape. Grandeur nature !

Les villages traversés dansent une ronde dans ma tête. Je vois défiler tous ces clochers d’églises, coniques ou crénelés, en tuiles ou ardoises, dominant fièrement les maisons de chaque village, comme des enseignes rivales. Puis se succèdent les images des châteaux, forteresses, abbayes, basiliques, cathédrales…Silhouettes massives ou fuselées, blanches dans les lumières de l’aurore, rosées aux feux du couchant. Autant de témoignages de l’histoire mouvementée des hommes. La France est un grand livre de pierres !

Jean-Paul m’a appris que les doubles tours ou les clochers jumelés des grandes constructions religieuses sont inspirés des deux colonnes du Temple de Salomon. Je ne connaissais pas cette particularité des cathédrales et des abbayes, avant d’être franc-maçon. Ça sert d’avoir un parrain !

Et au lieu de dormir, voilà que je refais la route et qu’un inventaire des quatre éléments s’impose à moi ! Les ressentis de mon initiation au premier degré se superposent avec les sensations de mes heures sur la selle. J’ai fait vraiment connaissance avec l’invisible pendant ce raid cycliste. Je parle du vent, bien sûr, et de ses variantes ! L’air qui sent le fuel des camions, l’air salé des côtes bretonnes, l’air des bourrasques soudaines, vif, brutal, qui coupe la respiration, qui empêche d’avancer, qui pénètre jusqu’aux os. Et puis, j’ai vraiment eu ma ration d’eau avec toutes les formes pernicieuses que sait prendre la pluie, visage criblé de milliers d’épingles, jambes constellées de giclées terreuses, chaussures transformées en bain de pieds, et supplice ultime, les gouttes qui s’infiltrent dans le cou une à une, et ruissellent le long du dos. Sans parler du coup de soleil qui me brûle encore le front et les tempes. Et enfin ce coin d’herbe sur lequel je me suis affalé, vaincu, à Ménéac. Où m’attendaient les deux vipères voyageuses…Air, eau, feu, terre, je reviens de Brest, initié une deuxième fois !

Je suis assis dans la salle de bain, la tête penchée au-dessus de la baignoire. Clarisse me fait un shampooing, assorti d’un massage divin du cuir chevelu. Aïe, elle vient de me griffer avec ses ongles…Et je me réveille, je viens de rêver…Ce n’est pas ma femme qui me masse mais Matcho en train de m’égratigner consciencieusement la tête avec ses deux pattes avant ! Je me dresse sur mes coudes, j’ai mal partout, la tête en feu. Des lueurs orangées défilent dans la nuit derrière les vitres arrière embuées. Jean-Paul chantonne au volant, radio allumée en sourdine. Il accompagne Rika Zaraï, dont je distingue maintenant la voix qui sort du haut-parleur derrière ma tête…Sans chemise, sans pantalon

Où on est, Jean-Paul ?! »

– Sur le periph’ de Limoges, mon p’tit Pierre ! T’as bien dormi ?!

– Comme un plomb ! Fallait me réveiller, on avait dit Châteauroux pour le relais, tu dois être mort ! »

-Heureusement non ! »

– Allez Jean-Paul, arrête-toi, je vais conduire maintenant ! »

– C’est pas d’refus, à moi la banquette arrière ! Si tu veux un café, il est tout chaud ! ».

Jean-Paul a eu la grande élégance de me laisser dormir et la bonne idée de brancher le thermo sur l’allume-cigares. La classe ! C’est vraiment un type bien, mon frère-copain. J’admire sa résistance autant que sa générosité. Je vois dans le rétro qu’il dort déjà, avec la tête de Matcho sur sa poitrine.

Vous êtes en Corrèze, m’annonce un panneau autoroutier dans le pinceau des phares. Brive, 50 kilomètres, Figeac, 150 kilomètres. J’    ai l’impression de voler au-dessus de la route. Sans effort ! Comme il est jouissif de voir les distances s’afficher, qu’importe virages et longues côtes, bien calé sur le siège d’une voiture. Sans pédaler !

Minuit, France-Info, beau temps annoncé sur le sud-ouest. Rocamadour, Padirac, Gramat… Tiens, le péage vient encore d’augmenter, juste ce week-end. Dans moins de deux heures, je serais dans mon lit. Je coucherai sur le canapé, dans le salon, pour ne pas réveiller Clarisse et les enfants. Ma fierté de « l’impossible accompli » pendant cette randonnée cycliste est encore titillée par mon sentiment d’escapade fautive. Je tente de ramener la sérénité dans mon imaginaire en conflit avec une parole forte : « L’important n’est pas de gagner, mais de participer » a dit Pierre de Coubertin, créateur des jeux Olympiques…

Le réel est devant mon pare-brise. Attention aux traversées d’animaux, m’avertit un nouveau panneau fluorescent dans la lumière blanche des projecteurs ! Pour l’instant, je n’ai vu qu’un lapin passer comme une flèche. Ne t’endors pas, Pierre !

Figeac est, à elle seule, une page du livre de pierres français. Et illustrée. Depuis que je suis franc-maçon, je regarde ma ville d’un autre œil. J’y suis né et pourtant je constate que je n’en connaissais pas l’intimité. Il a fallu que notre Vénérable Maître actuel, professeur d’histoire, organise pour notre loge plusieurs passionnantes visites nocturnes, à la lampe électrique, pour que j’en découvre « les grains de beauté » sur son épiderme.

Bien sûr, je vois tous les jours ses maisons à étages du XIIème siècle, en gré et pans de bois croisés, avec greniers à ciel ouvert, joliment nommés « soulelho », puisque j’en habite une, près de la librairie ! Certes, ses hôtels particuliers, bâtis à la Renaissance, avec leurs colonnades, leurs tourelles et pigeonniers, me sont familières, puisqu’elles m’ont fait gagner plusieurs concours de photos ! Mais, je n’avais jamais remarqué ces branches d’oliviers et d’acacia gravées, ni ces animaux mythiques, dragons et serpents enlacés, sculptés dans des cartouches, sur les façades. Je n’avais jamais vu non plus ces visages androgynes en granit, et autres gargouilles barbues grimaçantes, nichés dans des faux « fenestrous », au long des rues piétonnes, pavées d’époque. Il s’agirait de multiples représentations d’une idole, supposée adorée des Templiers, hôtes du Quercy, et baptisée « Baphomet ». Légende ou réalité ? Qu’importe, la Franc-maçonnerie a su tirer allégories, métaphores et symboles, de ces multiples expressions architecturales du passé, dont la France abonde ! Et souvent discrètement signées d’une équerre et d’un compas entrecroisés, surgis lors de nos nuits maçonnes figeacoises, dans le faisceau lumineux du frère- professeur.

Le pont de la rivière Kwaï ! La mélodie sifflotée s’échappe joyeusement de la poche poitrine de mon veston. Au moment où dernier client et vendeuse partis, je ferme la librairie, Jean-Paul me rappelle d’un coup de portable, que nous avons une « tenue » ce soir. Je n’avais pas oublié, mon tablier blanc et mes gants sont dans ma serviette dédiée à la pratique de l’Art Royal. Ainsi que mon exposé philosophique, puisque je « planche » ce soir, en vue de mon accession au degré de maître. C’est la première réunion depuis notre exploit vélocipédique. Il m’a directement inspiré !

Le temple maçonnique qui abrite la loge « Les Roses du Quercy » est lové dans une ruelle, derrière le musée Champollion, tout près de la Place des Ecritures. J’ai pris l’habitude, avant de rejoindre mes frères, de grimper et m’asseoir quelques instants sur la terrasse, fleurie de papyrus, qui domine cet endroit magique. Sous mes yeux, en contre bas, est étalée comme un immense tapis grenat recouvrant les pavés de la place, une reproduction de la « pierre de Rosette », hommage de sa ville natale, à Jean-François Champollion. Je songe à son père qui était libraire, comme moi, à Figeac, tout près de ma boutique.

Dans le jour qui décline, j’aime venir rêver à l’original, cette stèle découverte en Egypte fin 1799, et enlevée aux sables du village de Rosette, précisément. Pour devenir ici en Quercy, grâce aux prouesses techniques de l’agrandissement architectural, une géante allongée, tatouée de signes dorés. Elle porte copie d’un décret de Ptolémé VI – ai-je appris en classe – rédigé en trois écritures, hyéroglyphique, égyptienne antique et grecque. Nous savons maintenant, grâce à Champollion, que cette calligraphie sacrée par les Pharaons, exprime des idées et des sons, patiemment répertoriés en vingt ans par ce savant génial. Ainsi s’offre à mon regard, et celui des quelques passionnés comme moi, une autre page, celle-là du grand livre de l’humanité. Je ne peux m’empêcher de rapprocher ces idéogrammes – aujourd’hui parfaitement déchiffrés – des symboles maçonniques, dont l’interprétation, elle, est inépuisable. Imagination, quand tu nous tiens !

Lorsque le Vénérable Maître me demande de « monter à l’Orient » pour lire mon travail, un léger frisson me parcourt et je sens une malicieuse goutte de sueur descendre le long de ma colonne vertébrale. Comme cette pluie froide qui s’infiltrait et perlait dans mon dos, au gré des routes bretonnes…

Je pose mes feuillets dactylographiés sur le lutrin qui fait face à mes frères, venus nombreux ce soir. Je sens leurs regards qui me fixent et distingue dans la lumière filtrée, le clin d’œil complice de Jean-Paul ! L’étoile qui flamboie dans son triangle de verre, sur le mur au fond de la loge, semble m’encourager, elle aussi…

– « Nous t’écoutons, mon Frère, veux-tu nous faire en préliminaire une présentation de ton travail ! » me dit le Vénérable Maître, avec une douceur que j’apprécie.

– « Mes Frères, j’ai choisi de vous présenter ce soir la Légende d’Hermès – je devrais dire les légendes d’Hermès – dans le cadre de la symbolique du degré de Compagnon. Voici donc l’histoire d’une divinité polyvalente. Hermès est en effet le dieu de la santé, mais en même temps et entre autres, le gardien des troupeaux et guide des voyageurs. C’est sur le voyage que j’ai centré ma planche.

Hermès veille sur les routes et ceux qui les empruntent. C’est ainsi qu’un jour en cheminant, il découvre que deux vipères se sont enroulées autour de son bâton. Il le secoue pour les faire tomber et les séparer. De cette première légende est né le caducée médical. Les deux serpents symbolisent les pôles du courant cosmique ascendant et descendant, et par extension, ils représentent l’énergie nécessaire à chacun de nous pour avancer sur notre route…

Le visage hilare de Jean-Paul et son pouce levé m’indiquent que pour ma part, je suis sur le bon chemin !

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Gilbert Garibal
Gilbert Garibal
Gilbert Garibal, docteur en philosophie, psychosociologue et ancien psychanalyste en milieu hospitalier, est spécialisé dans l'écriture d'ouvrages pratiques sur le développement personnel, les faits de société et la franc-maçonnerie ( parus, entre autres, chez Marabout, Hachette, De Vecchi, Dangles, Dervy, Grancher, Numérilivre, Cosmogone), Il a écrit une trentaine d’ouvrages dont une quinzaine sur la franc-maçonnerie. Ses deux livres maçonniques récents sont : Une traversée de l’Art Royal ( Numérilivre - 2022) et La Franc-maçonnerie, une école de vie à découvrir (Cosmogone-2023).

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