De notre confrère ouest-france.fr – Par Françoise SURCOUF
L’Epte, petit fleuve aventureux, borde le somptueux parc du manoir des Brumes, non loin de Bouchevilliers dans l’Eure. Sur ce lieu hors du temps, ancienne commanderie de l’ordre des Templiers, plane depuis toujours l’ombre de l’étrange.
Franchir le portail de ce superbe logis du XIIe siècle, niché au cœur d’une nature généreuse et verdoyante, semblerait être l’occasion de plonger dans un havre de paix. Mais cette ancienne commanderie templière, située non loin de Bouchevilliers, dans l’Eure, à deux pas du château de Gisors, lui-même haut lieu de l’occulte, recèle des secrets inavouables dans la profondeur de ses murs.
Manoir maudit ?
Selon des témoins du village, le manoir de Sainte-Geneviève des Brumes serait un endroit maudit où la magie noire s’est pratiquée de nombreuses années durant et qui a gardé les stigmates des heures sombres vécues par les anciens propriétaires. Il est vrai que cette partie de la terre normande fut longtemps le fief de prédilection des moines-soldats à la croix rouge, puisque Thibaut de Payen, protecteur de Gisors, était le fils d’Adélaïde, sœur d’Hughes de Payen, premier grand maître de l’ordre du Temple.
Les coups frappés aux portes, les tintements de cloches entendus à l’intérieur des greniers, le souffle glacial qui émanerait de certains murs témoigneraient-ils de la présence des fameux Templiers, dont l’écho du martyr résonnerait encore dans nos mémoires, sept siècles plus tard ?
La tragédie des Templiers
Le 18 mars 1314 est une date qui marque la fin de sept ans de procédures, de tortures, d’infamie, en bref, du bras de fer qui oppose le roi Philippe IV le Bel et les puissants et redoutés chevaliers de l’ordre. Jacques de Molay, grand maître du Temple, Geoffroy de Charnay, précepteur de Normandie, sont arrachés aux sordides cellules où ils croupissent, jetés dans une charrette et traînés sur l’Île aux Juifs, face aux jardins du palais de la Cité où ils sont brûlés vifs.
Naguère encore, les moines guerriers prenaient rang parmi les princes de sang. Soudain, ils ont été brutalement accusés d’hérésie, de sacrilège et de sodomie. Héritier et continuateur des sciences orientales découvertes durant son long séjour en Terre sainte, l’ordre a accumulé une fortune considérable notamment par la voie de ses opérations bancaires. Ils ont, en effet, inventé la banque moderne. Leurs commanderies servent de coffre-fort et de lieu de dépôt, recouvrent les dettes, assurent les transports de fonds et diffusent le chèque sous forme de lettre de change. Cette fortune, le roi Philippe le Bel, désargenté au point qu’il est réduit à produire de la fausse monnaie, veut se l’approprier. Alors, inaugurant la première « opération de police » de l’Histoire de France, il les fait tous arrêter le même jour, vendredi 13 octobre. La commanderie du manoir n’échappe pas à la règle.
Les interrogatoires commencent sous le haut commandement de l’Inquisition. Les inculpés défilent. Les séances de torture se succèdent. Les Templiers sont accusés, entre autres, de pratiquer la sorcellerie et de vénérer des « idoles » venues du mystérieux Orient et rapportées des Croisades.
À l’instar du grand maître qui, du haut de son bûcher en flammes, a maudit ses bourreaux, les moines rouges de Sainte-Geneviève auraient-ils lancé l’anathème sur leurs assassins, et leurs âmes continueraient-elles de hanter le lieu de leur supplice ?
Des faits étranges et terrifiants
Selon les témoignages des visiteurs comme des habitants, le manoir est, en effet, hanté par la présence de plusieurs spectres. Les propriétaires s’y sont succédé mais aucun n’y est demeuré bien longtemps. Tous, quels qu’ils soient, ont été victimes de phénomènes. Quant à leur séjour dans le manoir, il ne laisse pas de les effrayer encore. Les apparitions spectrales, puisqu’il y en a, ont lieu surtout la nuit, lorsque les brumes montent de la rivière et commencent à envahir le parc. Les fameux coups sourds et les sonneries de cloches retentissent, comme venus de nulle part, à l’intérieur du manoir. Un souffle glacial envahit les pièces, notamment la grande salle et s’engouffre dans l’escalier menant au premier étage. Les portes claquent, les objets bougent. Une femme inquiétante, le visage blême et l’aspect décharné, glisserait à travers les portes des chambres…
Un sarcophage dans le parc
L’extérieur de la demeure, particulièrement la partie nord, n’échappe pas aux manifestations étranges. Ainsi plusieurs personnes, dont un braconnier qui visitait le parc nuitamment, auraient aperçu une sorte de cercueil, rappelant les sarcophages égyptiens, qui apparaîtrait soudain avant de disparaître aussi brutalement lorsqu’on l’approche. Cet objet fantomatique serait aussi parfois visible au détour des couloirs de la maison mais aussi dans ce qui fut autrefois le moulin. Ces phénomènes paranormaux seraient également observables de jour. Ainsi, plusieurs témoins auraient constaté la présence, au bord de l’Epte, des silhouettes de trois moines dont se distinguaient les vêtements blancs marqués d’une croix écarlate. À la minute où ils ont fait un pas en direction du groupe, celui-ci s’est volatilisé.
Qui sont donc ces résidents clandestins qui se fraient un chemin par les ténèbres et les brouillards ? De malheureuses victimes des massacres de chevaliers du Temple ? Et pourquoi un sarcophage ? Et ces tintements de cloches ? Cette femme au visage tourmenté ? Les tortures et les exactions atroces qu’ont subies les Templiers ont-elles marqué à jamais les lieux de leur supplice ? Cette commanderie tranquille s’est-elle transformée un temps en bûcher et garde-t-elle le souvenir de ces horreurs ? Seules les brumes qui montent de la rivière semblent connaître la réponse à ces questions…
“, le manoir de Sainte-Geneviève des Brumes serait un endroit maudit où la magie noire s’est pratiquée de nombreuses années”
Où lon constate que les calomnies persitent… remugle des accusations portées par Philippe Le Bel et son âme damnée Guillaume de Nogaret (dont je connais une ar-ar-ar-…-petite nièce !) contre les templiers.
En revanche les manifestations rapportées ne sont pas à ranger toutes au rang des illusions, paréidolies, suggestions, mythomanies… mais c’est une autre histoire (j’étudie ces phénomènes depuis 50 ans)