De notre confrère linfoauquotidien.com – Par François Dumant
Nous avons appris que vendredi 30 juin, les deux principaux syndicats de police, Alliance et Unsa-police, se disent « en guerre » et appellent au « combat » contre les « nuisibles » et les « hordes sauvages » qui prennent part aux émeutes nocturnes. Si ce discours a suscité la controverse dans le monde syndical, il inquiète au plus haut sommet de l’État.
En effet, les forces de l’ordre, lassées d’être prises pour cible sans pouvoir répondre, pourraient désobéir et répondre de façon létale face aux tentatives de meurtres dont elles sont régulièrement la cible. Il est manifeste que le gouvernement a largement sous-estimé la colère des forces de l’ordre surtout depuis les premiers débordements durant les manifestations liées à la réforme des retraites. Si l’exécutif ne reprend pas très vite les choses en main et de manière pérenne, allons-nous vers une situation insurrectionnelle?
Un communiqué inédit
Les syndicats Alliance et Unsa-police représentent la moitié des voix des policiers aux dernières élections de la fonction publique. Les termes employés sont exceptionnels : le texte décrit une attitude de la police face aux émeutes comme une « guerre » contre les « nuisibles » et les «hordes sauvages». Toutefois, ces propos ne font pas l’unanimité. François Hommeril, président de la CFE-CGC, à laquelle est affiliée Alliance, les a jugés « totalement inappropriés ». Laurent Lescure, secrétaire général de l’Unsa, dont l’Unsa-police est l’une des principales entités, expliquera sur Twitter que « la défense catégorielle d’une profession, même sincère, n’autorise pas à déroger par les mots aux valeurs qui font notre République et qui fondent l’Unsa ». On comprend que s’ils partagent la pensée, ils contestent la forme trop directe du texte.
Une profession très fortement syndiquée
En effet, 90% des fonctionnaires de police sont syndiqués. Un spécialiste de ce courant syndical expliquera que :
« l’Unsa-police est l’héritière du syndicalisme autonome d’après-guerre qui portait la volonté d’une forte adhésion aux valeurs républicaines, renforcée, dans la police, par la grande influence de la franc-maçonnerie : dans un métier de maintien l’ordre, ce syndicalisme attaché à la République est essentiel ».
Il ajoutera que, ce qu’il note dans ce communiqué, est surtout « la forte pression que les adhérents exercent sur leurs responsables syndicaux, mais ceux-ci devraient plutôt essayer de traduire cette pression en termes acceptables et audibles ».
UNSA Police a été désavoué pour ce communiqué par UNSA.