Retour sur un livre sur l’initiation, qui décrypte les significations potentielles du rituel d’initiation au 1er degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté, caractérisé par une forte composante symbolique et spirituelle.
Il n’y aurait pas d’autres secrets en Franc Maçonnerie que l’initiation. Cependant les auteurs du livre, Alain Graesel et Michel Guerhart, tous deux Ancien Grand Maitre de la Grande Loge de France, expliquent pourquoi leur essai ne dévoile rien et ne brise aucun tabou. L’initiation est une expérience intime qui se vit pleinement et donc difficilement communicable.
C’est bien sûr un début, une cérémonie de rupture qui fait entrer dans un monde nouveau. C’est aussi un processus de transformation, d’évolution progressive de l’être profond, c’est pourquoi, ils reprennent volontiers la définition de l’anthropologue Mircéa Eliade : « l’initiation équivaut à une mutation ontologique du régime existentiel ». Le nouvel initié entre dans une nouvelle communauté humaine et aussi dans un monde nouveau de valeurs humanistes et spirituelles. Evidement dans une totale liberté de conscience.
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Chacun est libre de croire ou de ne pas croire, la Grande Loge de France est non dogmatique. Quand elle évoque le Grand Architecte de l’Univers, c’est à la fois un principe créateur, un symbole librement interprétable et un postulat de recherche, pour laquelle on ne se donne aucune limite.
Les auteurs détaillent la notion de tolérances et de fraternité. La tolérance dans une Loge ou hors des temples, ne saurait accepter…l’inacceptable. Ainsi le pouvoir juridique interne à l’Obédience après écoute, peut exclure tous ceux qui sont condamnés au pénal, par la Justice de la République.
La fraternité qui va au-delà du plaisir de travailler ensemble. Conscients des droits et devoirs, c’est une « pédagogie de la rencontre », un projet commun, mettre de l’Autre dans son propre regard.
L’Obédience est aujourd’hui, loin des actions politique et du pouvoir. L’initié travaille « sans relâche au bonheur de l’humanité », donc l’évolution de la société le concerne. Aussi en loge peuvent être abordés des sujets qui touchent à l’éthique et à la dignité de la personne humaine, comme par exemple, le délicat problème de la fin de vie. Par ailleurs, hors de sa loge, chacun est libre à titre personnel de s’investir dans les partis, associations pour défendre ses points de vue.
En conclusion, les invités rappellent que la Tradition évoquée en Grande Loge de France est loin d’être un concept « ringard », mais bien vivante. Elle s’appuie sur les philosophes d’Athènes, la spiritualité de Jérusalem, ainsi que les opératifs constructeurs des cathédrales, les valeurs chevaleresques et l’hermétisme. « La quête de la Tradition serait donc une quête du sens de l’être et de l’existant ».
- Michel Gerhart, Alain Graesel, L’initiation au 1er degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté (Numérilivre)