La Grande Loge Féminine de France annonçait, ici-même, le 30 novembre dernier leur colloque public du 10 décembre 2022 « Sport et République, agir dans la Cité pour l’universalisme et contre les communautarismes », proposé, en présentiel et en distanciel, par la Commission Nationale de la Laïcité de la Grande Loge Féminine de France dans le cadre des Rencontres, palais du Luxembourg, salle Médicis, de 15 h à 17 h 30.
En présence de Catherine Lyautey, Grande Maîtresse, et de Mme Marie-George Buffet, ministre des Sports – de 1997 à 2002.
Nous avons aussi noté, dans l’assistance nombreuse, la présence de M. Alain Calmat, ancien patineur artistique – vice-champion olympique en 1964 à Innsbruck, champion du monde en 1965, deux fois vice-champion du monde (1963-1964), trois fois champion d’Europe (1962-1963-1964) et cinq fois champion de France (1958-1962-1963-1964-1965) –, chirurgien, ancien député et ministre délégué à la Jeunesse et aux Sports de 1984 à 1986
et actuellement membre de l’Académie des sports et président de la commission médicale du Comité national olympique et sportif français (CNOSF).
L’introduction donne l’occasion à la présidente de la Commission Nationale de la Laïcité de la GLFF, notre très chère Sœur Véronique Bury-Dagot de s’exprimer et, notamment, d’expliquer le pourquoi du comment de cette thématique. Extrait :
« Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs, chers membres de la Grande Loge Féminine de France, chers amis.
Je tiens au nom de la Commission Nationale de la Laïcité de la Grande Loge Féminine de France. En présence de la Grande Maîtresse Catherine Lyautey. À vous saluer, vous ici présents et qui, à distance, aviez tenu à nous accompagner pour cette nouvelle rencontre de la Grande Loge Féminine de France. Nous étions 137 inscrits en présentiel. La rencontre que nous allons vivre est organisée à l’occasion de la commémoration de la date de promulgation de la loi du 9 décembre 1905, dite loi de séparation des Églises et de l’État. Et en plus elle se fait dans le lieu où se réunissent les élus de la République, afin d’infirmer l’indéfectible attachement de notre obédience au principe de laïcité, principe qui est fondement du pacte républicain. Ainsi que la laïcité décrite sur le site du ministère des sports, des Jeux olympiques et paralympiques. Le colloque que nous avons organisé ce jour a pour titre « Sport et République, agir dans la Cité pour l’universalisme et contre les communautarismes ». Nous aurons le plaisir d’entendre Mme Marie-George Buffet, ministre des Sports et de la Jeunesse de 1997 à 2002 qui a répondu favorablement à notre invitation, ainsi que Jean-Michel Sureau. Par contre Jean-Louis Boujon n’a pu venir pour des raisons indépendante de sa volonté et vous prie de l’en excuser ! En cette journée de la laïcité, cela peut paraître anecdotique, voir surprenant, sauf que le projet sport est un sujet d’actualité et, si j’ose même dire, de brûlante actualité. Et c’est bien en lien avec cette actualité que travaille la Commission Nationale de la Laïcité. Celle-ci s’est donnée pour mission de faire connaître et de promouvoir la laïcité, tant auprès de ses membres que dans la cité, pour témoigner de sa force émancipatrice et de sa cohérence avec nos idéaux humanistes.
Chaque année, la Commission s’empare d’un sujet particulier pour en faire un colloque. À la fois un support de réflexion pour les sœurs de l’obédience, mais aussi un outil de communication ainsi que de transmission des valeurs que porte l’obédience en général et chacune de ses Sœurs, en particulier. Il s’agit à la fois d’informer et d’outiller avec toujours, en objectif, la promotion du principe de laïcité. […] Nous nous attachons à étudier de grands sujets d’actualité : la fin de vie, la création médicalement assistée, l’éducation ou d’autres sujets. Par exemple, le sujet de l’an passé était « La laïcité, un rempart contre l’obscurantisme et les mouvances identitaires ». Cette année, la Commission a choisi de s’intéresser au monde sportif. Parce que celui-ci fait partie des grands sujets de société qui interpellent chacune et chacun d’entre nous. Ce sport nous questionne, à la fois par l’injonction qui nous est faite de pratiquer du sport, par souci de santé ou d’émancipation personnelle. Mais aussi en fonction des dérives constatées dans le monde sportif. C’est le rôle de la Commission de se montrer à la fois vigilante de ce qui se passe dans le monde dont nous faisons partie et d’en informer celles et ceux qui nous entourent, en particulier quand les dérives et les questions qui en découlent portent atteinte aux principes de laïcité pour lequel nous œuvrons… »
Malheureusement, l’absence indépendante de sa volonté et excusé de M. Jean-Louis Boujon, ancien directeur de l’Union Nationale du Sport Scolaire et ancien vice-président de la Fédération Française de Rugby ne nous a pas permis de l’entendre sur « La citoyenneté en acte par le sport ». Dommage, cela aurait été l’occasion de mettre en avant, à l’occasion de la Coupe du monde de rugby, notre équipe féminine qui termina troisième. Encore bravo à elles !
« École, sport, laïcité, tous gagnants », par Jean-Michel Sautreau, ancien président de l’Union Sportive de l’Enseignement du Premier degré, ancien membre du Conseil d’Administration du Comité National Olympique et Sportif Français, mais aussi et surtout, tant il est attaché à ses racines rurales, maire de La Roche-Chalais, en Dordogne.
Présenté par Véronique Bury-Dagot, relevant deux points : « l’école est un pilier du vivre ensemble dans la cité » et qu’il est motivé par un « idéal humaniste et laïc », Jean-Michel Sautreau motive, dans un premier temps, le choix de son intitulé de conférence, donnant ainsi un cadre à son propos.
Le double objectif étant de participer au développement et à l’émancipation de chacune et de chacun, tout en contribuant à ce que la vie en société soit la plus harmonieuse possible. Les quelques mots introductifs définissent de manière courte, mais se voulant explicite son engagement et son militantisme. En un mot, son parcours de vie. Tant en actes qu’en réflexions sur ces actes. Il nous retrace donc son chemin, à commencer par celui d’enfant de l’école de la République Oui, il devint instituteur de cette même école. Il nous confie aussi être un sportif accompli. Et passant au statut de dirigeant pour partager un vécu. Pour lui, ces deux mondes, école et sport, pourraient s’ignorer, mais le militantisme du simple être qu’il est a voulu les faire se rejoindre au milieu du chemin. Il se questionne toujours sur le pourquoi d’un tel parcours et sur sa manière de faire. Il met en avant le processus de découverte – découverte de soi, de l’autre, du monde, des relations entre le monde et lui. Remerciant ses parents pour qu’il vive à plein ce parcours. La raison en était simple, il s’agit de la confiance dans l’école de la République…
Enfin, la dernière intervention, celle de Marie-George Buffet, avec la verve que nous lui connaissons, sur le thème « La laïcité garante de l’universalité des droits dans le sport », éclaira de ses propos l’assemblée. Nous rapporta quelques moments de son intervention.
La ministre commence son discours en remerciant tout d’abord la Grande Loge Féminine de France d’avoir posé ce débat car, trop souvent, le sport n’est pas considéré comme une question politique ou comme l’objet d’une politique publique.
Elle pose la question de savoir quelle est la place du sport dans la construction de la citoyenneté, quelle est la place du sport dans le vivre ensemble de notre République, comment la laïcité peut être une garantie de l’universalité du droit en général et du droit au sport.
Pour répondre à tout cela, il faut déjà peut-être avant mesurer l’enjeu. La place que pourrait avoir le sport dans la construction d’un individu, des rapports entre les individus dans la société mais aussi au niveau des relations internationales. Concernant l’individu, tout a déjà été dit par les différents intervenants. Le sport étant une activité humaine combinant les qualités du corps, de la volonté, de l’esprit.
Le sport, c’est le rapport au corps. Au rapport au corps dans l’espace. Le sport, c’est le rapport aux règles, au respect de l’autre qu’il soit partenaire ou adversaire.
Dans la société, le sport, c’est le partage, le mélange. C’est la tenue sportive qui fait que chacun et chacune est égal sur le terrain, dans le gymnase. C’est la pratique ensemble. Ce n’est pas toujours le vivre ensemble, mais c’est la pratique ensemble déjà.
Le sport, c’est aussi à travers la vie associative l’engagement bénévole. C’est la démocratie mais la démocratie associative.
Le sport, c’est le partage de l’émotion, dans le spectacle sportif. C’est aussi un facteur d’échange à travers les compétitions internationales., facteur d’échange entre les peuples, sur la base de règles sportives universelles. Une participation ouverte à toutes les nations.
En raison de toutes ces belles choses, il est évident que le sport devrait être un droit pratiqué par tous et par toutes. Or, ce n’est pas le cas. Le sport devrait aussi veiller à l’intégrité physique et psychique. De ceux et celles qui le pratiquent. Or, ce n’est pas toujours le cas…
Bien évidemment, après chaque intervention, la parole circula, comme c’est l’usage parmi les Maçons.
La conclusion de la rencontre est apportée par Catherine Lyautey, Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France, qui ne manqua pas de remercier l’ensemble des intervenants, l’assistance très attentionnée ainsi que les Sœurs et Frères et amis(ies) non maçons derrière leurs écrans. Elle relève que le triptyque Liberté-Égalité-Fraternité est suivi par le mot de Laïcité*.
* Pour mémoire, le Livre 19 de la belle collection VOIX D’INITIÉES est intitulé Laïcité, valeurs et éthique, enjeux du XXIe siècle. Ce recueil est le second ouvrage des membres de la Commission Nationale de la Laïcité de la GLFF. Il est préfacé par Marie-Claude Kervella-Boux. L’ouvrage relie la laïcité à la société, et permet d’essayer de comprendre son principe, de la situer dans le temps, en décrypter ses finalités, permettant d’éclairer notre présent en ses évolutions sociales mais aussi en ses reculs ou ses menaces. Disponible chez Conform édition https://bit.ly/3VVL8n0
Pour en savoir plus : Grande Loge Féminine de France – 111-113, rue de Reuilly – 75012 Paris – https://glff.org/