De notre confrère republicain-lorrain.fr – Par Olivier JARRIGE
L’association Georges Troispoints se fait la porte-parole des loges maçonniques de Metz. Le 9 novembre, elle organise une conférence pour parler fraternité, une des valeurs de la franc-maçonnerie. Pour Stéphane Gebler, son président, il est grand temps et utile de casser les préjugés autour des loges.
Les francs-maçons dirigent le monde. Les francs-maçons se partagent des affaires, pratiquent l’assassinat, la magie et ont des rites ésotériques. Les francs-maçons se reconnaissent dans la rue dans leur poignée de main… Les préjugés sur les francs-maçons ont la vie dure. Et les réseaux sociaux les répandent hardiment, notamment auprès des adolescents. Pour lutter contre tout ça, l’association Georges Troispoints multiplie les interventions , les cafés trimestriels, et, une fois, l’an, les conférences. La prochaine aura lieu le 9 novembre, autour d’une valeur de la franc-maçonnerie : la fraternité. Georges Troispoints est portée par des membres de la loge du Droit humain, et présidée par Stéphane Gebler. Elle représente aussi les autres loges messines.
À l’origine de bien des préjugés, il y a le secret…
Stéphane GEBLER : « Le secret de la franc-maçonnerie, c’est qu’il n’y a pas de secret ! Le problème d’un certain nombre de francs-maçons est de continuer à croire que, comme dans les années 1940, il faut se planquer… Je n’ai pas de raison de me planquer, parce que je ne fais rien d’illégal et que la franc-maçonnerie me permet d’être un citoyen raisonnable. De travailler sur moi. Il n’y a pas d’honneur, être maçon n’est pas un diplôme, c’est un engagement à travailler sur soi. »
Certains maçons préfèrent la discrétion par peur de réactions extrêmes…
« J’ai hérité de la honte du franc-maçon. On n’a pas à avoir honte ! C’est sûr que s’exposer est toujours une prise de risque. Il faut faire preuve de davantage de courage. »
On imagine que les francs-maçons sont des patrons, des cadres, des universitaires…
« Il faut être simplement humain et avoir un peu de courage. On a une mixité de genre, de catégorie sociale, d’âge. Ce n’est pas un truc qu’on fait deux fois par mois, il faut travailler hors des sentiers battus, ça ne suffit pas d’avoir le tampon maçonnique, il faut bosser tout le temps ! À la loge du Droit humain, on a un effectif stable mais vieillissant. Maintenant, il faut le reconnaître, il y a encore une forme d’élitisme au sein des loges et c’est regrettable. Il y a encore une forte proportion d’intellos de plus de 40 ans, il faut aller vers d’autres couches sociales, on a besoin de se renouveler. »
Pour autant, il faut être coopté…
« C’est encore possible mais d’une manière générale, celui qui veut devenir franc-maçon recherche les loges sur le Net, envoie sa candidature et si son casier judiciaire est vierge, comme chez les enseignants, il y aura une prise de contact. Ce n’est ni plus ni moins que la même démarche qu’un employeur… Les cafés trimestriels permettent aussi de toucher quelques personnes. »
Qu’apporte le fait d’être maçon ?
« La franc-maçonnerie n’a pas pour but de changer le monde, mais de permettre à des hommes et à des femmes de changer, de devenir authentiquement eux-mêmes. Tous les ans, on travaille sur un thème. Après la bioéthique ou le transhumanisme, cette année, c’est la fraternité. On apprend qu’il n’y a pas de vérité absolue. »
Un millier de maçons à Metz
Plusieurs loges se regroupent dans un même local, à Queuleu. Pour autant, il n’y a pas de photo des lieux. Si la loge du Droit humain est favorable à une ouverture, ce n’est pas forcément le cas de ses « homologues ». À Metz, on trouve donc la loge du Droit humain, le Grand Orient de France, la Grande Loge féminine, la Grande Loge mixte unifiée, entre autres. « Au total, il y en a six ou sept », explique Stéphane Gebler, partagé entre l’envie de dire, et celle de respecter la discrétion volontaire des autres loges. Les deux plus importantes loges sont celles du Droit humain (six ateliers de minimum 50 personnes) et du Grand Orient. Chacune a plus de 300 membres. Les autres ont moins d’effectifs. On peut estimer le nombre de francs-maçons de Metz à plus d’un millier. Un beau nombre. « Les maçons de Metz viennent de tout l’ouest de la Moselle. »
Claude Ber sera l’invitée de l’association Georges Troispoints, ce mercredi 9 novembre à 19 h, à l’hôtel de ville de Metz. Elle donnera une conférence sur le thème : « Et si on parlait de fraternité ? » « Nous voulons croiser un regard profane, spirituel, d’une dramaturge, avec celui de notre association », avance Stéphane Gebler, président de l’association Georges Troispoints. Claude Ber est écrivaine, essayiste, poétesse. Elle a publié une quinzaine de livres, sans compter les anthologies. Elle a reçu le prix international de poésie Yvan-Goll, du nom de l’auteur messin (1891-1947).
Merci à l’équipe de 450FM d’avoir relayé la conférence de Claude Ber, qui a éclairé le public avec dynamisme et une simplicité fulgurante. Elle nous a rappelé que la fraternité est une valeur, mais aussi un choix personnel de s’engager à augmenter l’être. Elle a aussi souligné l’importance de l’exemplarité, de l’engagement et la nécessité de l’explication. Un ouvrage à paraître en janvier 2023 reprendra sa pensée ! A suivre!
Concernnat la biographie de Claude Ber, je vous invite à (re)lire mon commentaire du 4 novembre courant https://450.fm/2022/11/04/9-11-22-georges-troispoints-vous-invite-a-metz/