lun 25 novembre 2024 - 05:11

Autour du « Croire »

Besoin et désir

CROIRE. Toutes nos actions sont basées sur ce verbe, de la croyance en soi et aux autres, aux croyances religieuses. Et aussi du théisme à l’athéisme, quand on croit que l’on ne croit pas! La croyance – en tant que conviction, foi, confiance, certitude – est une œuvre de notre esprit.

Sur le plan philosophique, une différence est à faire et à explorer entre deux particularités très humaines : Le besoin de croire et le désir de croire. Ce qui n’est pas la même chose.

Le besoin de croire est physiologique, donc inné et reçu avec le lait maternel. Notre premier dieu est liquide et se confond avec le sein, cette fontaine miraculeuse! Notre première croyance est de croire à la têtée suivante ! Nous avons besoin de croire ensuite en nos semblables, de la même façon…au risque d’être déçu : C’est la condition humaine !

Le désir de croire est sociologique, donc acquis. Cette envie “d’en savoir plus”, par exemple, sur le mystère de l’univers, c’est elle, née de l’éducation et de l’information, qui nous entraîne, entre autres, vers l’astronomie, l’astrophysique. Vers l’astrologie et la divination aussi ! Et nous fait croire en Dieu ou pas! C’est ce même désir qui nous conduit librement, vers une religion personnelle, à l’église, dans une société philosophique, en franc-maçonnerie, etc. 

Le désir de croire est caractéristique en ce qu’il peut “élargir” notre pensée et notre vision du monde, donc nos savoirs (l’appris) et nos connaissances (l’acquis). Comme tout désir, il peut s’éteindre certes. L’important est de pouvoir changer de désir. Le désir est comme le fer, il faut toujours en avoir un au feu! Celui qui s’arrête de fumer a besoin d’un autre désir de substitution (manger, boire, créer, etc). Parce que nous sommes des êtres de désirs! Le désir, c’est le manque à combler. Et être désirant, c’est être vivant!

Attendre et s’occuper

Par définition, nous n’avons plus à croire quand la chose ou le fait attendu est là ! Ainsi en va-t-il de la croyance au Père Noël, par exemple!

Il n’en est pas de même pour Dieu (une invention utile des hommes). La raison incline à penser que le Messie (libérateur envoyé par Dieu) ne viendra pas mais les « fidèles » continuent de croire qu’il peut venir ! Ceux qui croient par l’intermédiaire d’une “religion-concessionnaire” ont même l’obligation dogmatique de croire! De la sorte, croire c’est attendre! Nous sommes renvoyés ici au bébé qui réclame sa tétée : il est bien dans la croyance qu’elle va venir! La réclamation est une croyance! Parce que désirer, c’est croire. Et donc, nous sommes bien tous des êtres désirants !

De la sorte, nous pouvons même dire que la conscience humaine est caractérisée par l’attente. La conscience, c’est l’attente même! A l’état de veille, nous attendons toujours quelque chose, toujours mieux, toujours plus, mais aussi (consciemment ou inconsciemment) le moment de notre mort ! D’où l’angoisse de l’homme qui doit occuper son temps pour oublier son triste sort. D’où l’existence du travail! De la guerre! D’où, aussi, l’existence des religions qui lui apportent un « consolatum ». Et des sociétés philosophiques. Et de la Franc-maçonnerie. Et des distractions en tous genres, sports compris !

Nous avons le choix pour tromper notre ennui, en attendant le grand passage, l’ultime initiation. La meilleure occupation du temps, parmi les autres, est à mes yeux l’Amour, preuve de notre croyance en l’Homme ! Et c’est bien l’Amour (avec ou sans majuscule) qui assure la perpétuité de l’espèce humaine! Semer, essaimer et s’aimer. Croire en l’Homme, toutefois, c’est croire que nous sommes perfectibles, parce qu’inachevés. Nous sommes encore dans l’enfance de l’esprit : il convient d’en avoir conscience et de nous méfier de nous-mêmes, pour nous corriger et tenter, encore et toujours, de vraiment “grandir” dans notre tête ! En ce sens, j’aime bien cette réflexion philosophique :

Prends garde à tes pensées,

Elles deviendront des paroles,

Prends garde à tes paroles,

Elles deviendront des actes,

Prends garde à tes actes,

Ils deviendront des habitudes,

Prends garde à tes habitudes,

Elles deviendront ton caractère,

Prends garde à ton caractère,

Il deviendra ton destin

              (Franck Outlaw)

 Pendant ce travail sur nous-mêmes, et avant la grande échéance – seule certitude – il est urgent de prendre le temps de vivre !

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Gilbert Garibal
Gilbert Garibal
Gilbert Garibal, docteur en philosophie, psychosociologue et ancien psychanalyste en milieu hospitalier, est spécialisé dans l'écriture d'ouvrages pratiques sur le développement personnel, les faits de société et la franc-maçonnerie ( parus, entre autres, chez Marabout, Hachette, De Vecchi, Dangles, Dervy, Grancher, Numérilivre, Cosmogone), Il a écrit une trentaine d’ouvrages dont une quinzaine sur la franc-maçonnerie. Ses deux livres maçonniques récents sont : Une traversée de l’Art Royal ( Numérilivre - 2022) et La Franc-maçonnerie, une école de vie à découvrir (Cosmogone-2023).

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