La franc-maçonnerie fonctionne sur un mode particulier et original : une communauté de frères et/ou de sœurs et un rituel forment une loge, élément fondateur d’un ensemble plus large, l’ordre maçonnique. Mais tout se complique avec l’intervention d’un mauvais esprit !
L’ordre maçonnique, bien qu’ayant une réalité virtuelle, correspond à cet ensemble des loges maçonniques mondiales qui fonctionnent sur un même mode, avec des symboles partagés dans une perspective de réflexion éthique sur l’existence humaine.
Depuis le début du 18ème siècle, partout dans le monde, les francs-maçons fonctionnent sur ce modèle. C’est grâce à cette permanence, que l’on peut dire que la franc-maçonnerie est universelle.
Depuis leurs origines, les loges ont voulu s’associer pour former des « grandes loges », encore appelées obédiences, et c’est ainsi que le mauvais esprit de la division s’est inséré dans le vécu maçonnique. Une grande loge, c’est toujours des obligations spécifiques supplémentaires et des interdits.
Dans la Bible, le mauvais esprit, ou esprit satanique, est l’œuvre de Dieu qui ainsi souhaite faire prendre conscience des péchés effectués.
Dans l’animisme, le « mauvais esprit », c’est tout ce qui fait obstacle au non-respect des rites et traditions, à l’ordre établi par les ancêtres, sacré et social.
On pourrait aussi assimiler ce mauvais esprit à l’incapacité de se reconnaître qui habite Jacob et Esaü jusqu’à leur réconciliation.
Aujourd’hui, pour ce qui nous concerne, on voit bien que cet esprit de division maçonnique est l’œuvre d’êtres humains qui recherchent une forme de pouvoir, principale motivation de la création d’obédience.
Dans tous les pays, et à toutes les époques, le nombre des grandes loges n’a cessé d’augmenter. Pour différents prétextes, quelques loges faisaient dissidence et formaient une autre grande loge.
Le résultat ne se fit pas attendre : querelles, exclusions, rupture des liens, concurrence malsaine.
Aujourd’hui, si l’attirance pour le travail maçonnique en loge ne faiblit pas, force est de constater que l’élan initial a perdu de sa vitalité. Les obédiences continuent de fonctionner sur un mode administratif qui leur permet de perdurer, en particulier grâce à leur puissance immobilière, mais elles n’ont plus aucune crédibilité. Leurs activités rentrent dans le cadre de l’occupationnel ; la participation des loges aux activités obédientielles est devenue formelle et ne concerne qu’une minorité des loges de chaque obédience ; les convents sont des chambres d’enregistrement où les débats sont devenus des simulacres de démocratie.
Si les dirigeants des obédiences ne sont pas personnellement en cause, ils semblent être des pantins impuissants à incarner une dynamique collective et figés dans des habitudes.
Tout cela existe grâce à la force de ce mauvais esprit, cet esprit de la division maçonnique, qui est tellement ancré dans les mentalités que le discours de certains vont même jusqu’à le justifier : quelle médiocrité !
Par quel mécanisme pourrait-on espérer combattre ce mauvais esprit ?
A mon humble avis, tout est possible si on redonne aux loges maçonniques leur autorité.
Alors que ce sont les loges qui forment les grandes loges, celles-ci les traitent comme de simples exécutants soumis à des obligations qui leur sont imposées par la super structure !
La loge, théoriquement libre et souveraine, n’est pas, aujourd’hui dans la grande majorité des cas, dans la mesure d’être un ferment de vitalité pour la simple raison qu’elle s’imagine incapable de lutter contre ce mauvais esprit qui l’amène à privilégier des faux débats et des réflexions imposées.
Déresponsabilisée par l’inflation de commissions, des questions techniques et conversations de comptoir, la loge s’est repliée sur un mode administratif qui favorise l’absentéisme et les démissions.
Chaque loge, quels que soient son effectif, sa localisation, son obédience et son ancienneté, doit assumer cette part d’autorité de l’ordre maçonnique qui lui revient de droit. Privilégier une réflexion interne sur ce qui lui paraît fondamental me semble le passage obligé pour combattre cet esprit de division, dont l’effet délétère dénature notre justification.
Au-delà du rituel et du travail maçonnique, une loge c’est avant tout une communauté d’êtres humains qui ont décidé de se rassembler, de réfléchir ensemble et de partager une partie de leurs destinées.
Périodiquement, reposer collectivement les questions afférentes (pourquoi ? Comment ?) et élaborer une réponse consensuelle sont indispensables pour permettre à la loge de se réapproprier les raisons d’existence de cette communauté.
Une loge maçonnique a tous les droits, à la simple condition qu’elle accepte que d’autres loges choisissent des options différentes des siennes. La reconnaissance maçonnique est fondée sur le respect des différences ; ce qui est vrai au niveau des relations interpersonnelles doit aussi se vérifier au nveau des relations inter-loges. L’important est simplement de conserver le mode de fonctionnement commun qui signe l’appartenance maçonnique : une communauté de participants suivant un rituel pour former une loge.
Si partout dans le monde, un certain nombre de loges effectuaient cet exercice, on peut penser que le mauvais esprit perdrait de sa virulence !
TCF,
La FM s’est figée. Tu évoques différentes raisons.
Pour en sortir, il me semble nécessaire de sortir de sa loge et d’en visiter autant que faire se peut: la diversité inspire.
Évidemment il faut un droit de visites d’initiés universel. Cela ne changerait rien au fonctionnement des obédiences mais ravivrait la perception du sens profond de notre mouvement. A partir de là tout serait possible.
Merci MTCF pour ton commentaire.