Le rôle des hormones dans le comportement des humains est de mieux en mieux décortiqué par les sciences, et en particulier la testostérone et ses effets sur l’empathie et l’esprit de compétition, démontrés par le fonctionnement des zones du cerveau. Cela interroge les métaux, la fraternité, la vigilance en maçonnerie.
Nous maçons avons un devoir de solidarité active envers nos sœurs et frères. Entre mecs s’accompagne de viriles tapes dans le dos ; cela apparaît dans la vidéo produite par nos frères ricains, qui ne fait pourtant qu’une minute ( c’est ici ). Jusque-là, tout va bien.
Mais cela peut se gâter quand l’esprit d’équipe devient esprit de meute, caractérisé par un leader charismatique avec goût du pouvoir et des suiveurs porte-flingue. Dans ce cas, celles et ceux qui ne sont pas de la bande peuvent avoir du souci à se faire en cas de désaccord avec le leader.
Les statistiques sont on ne peut plus précises : une écrasante majorité des actes de violence est le fait d’hommes jeunes.
Steven Pinker, dans son « la part d’ange en nous », détaille les efforts civilisationnels que la société a accomplis afin de progressivement canaliser ces énergies parfois trop bouillonnantes de la jeunesse : le progrès, ça existe. Camus en déduisait laconiquement que « Un homme, ça s’empêche. »
Mais le progrès, ce n’est pas linéaire, et de grandes régressions sont toujours possibles. Il existe encore une part considérable des régions de notre vieille planète où on glorifie l’honneur, le renom de l’homme chef de famille, et où on voit dans « crime passionnel » un adjectif valant circonstance atténuante.
Pour tout cela, l’accusé est tout trouvé : c’est la testostérone, cette hormone mâle qui a des niveaux élevés chez les hommes jeunes, et moindres chez les femmes et autres hommes.
Le sujet a été abondamment étudié, avec comme résultat que « c’est pas si simple que ça ».
Selon l’hypothèse privilégiée par les chercheurs, la testostérone ne rend pas les hommes systématiquement plus agressifs, mais les prépare à un défi de dominance .
Chez les hommes, les taux de testostérone augmentent en présence d’une femme attirante ou dans la perspective d’une compétition les opposant à d’autres hommes, par exemple lors d’une rencontre sportive.
La testostérone pourrait donc être la molette qui transforme les hommes soit en pères, soit en mufles.
Nous maçons sommes censés laisser nos métaux à la porte du temple : nos métaux matériels comme nos objets de valeur (profane) et nos armes, mais aussi nos métaux immatériels que sont notre histoire personnelle, nos soucis, ambitions, casseroles,… et aussi amitiés et inimitiés. Le secours à nos sœurs et frères dans le besoin doit être inconditionnel. Heureusement, l’empathie est là, qui nous aide à comprendre le ressenti de l’autre, afin de mieux l’aider.
Les neurosciences ont repéré la « jonction temporopariétale » du cerveau comme zone commandant l’empathie.
Elle est connectée au striatum, encore appelé zone du plaisir et de la motivation : aider les autres nous procure du bonheur.
Une étude suisse a montré que les femmes sont en moyenne plus partageuses que les hommes ; bon, les choses sont néanmoins fort fluctuantes et cela ne suffit pas à incriminer notre hormone testiculaire.
Et voilà que, patatras, la nouvelle vient de tomber ( l’étude, chinoise, c’est ici ) .
Des essais cliniques avec groupe témoin sous placebo ont montré qu’un ajout de testostérone par gel sur le bras de 70 hommes leur a fait nettement chuter la générosité ( partage d’une somme d’argent ) .
Et l’étude chinoise a montré que chez les participants ayant reçu les doses d’hormone, la jonction temporopariétale en question était endormie. En passant, cela explique l’effet de la testostérone sur les sportifs : elle renforce la détermination du compétiteur, qui ne se demande plus si la défaite va affecter le petit cœur de son rival.
Autre observation faite par Jinxian Ou et son équipe : chez les participants recevant l’hormone, la liaison entre le striatum et la jonction temporopariétale était atténuée. Donc moins de sensation de bonheur en secourant notre prochain…
Faut-il en conclure que nous les mecs sommes définitivement handicapés de l’entr’aide ? Certainement pas à ce stade ; les changements profonds de comportement, ça existe. Une étude ne fait pas le printemps, et de plus nous avons encore si peu compris de la complexité de la machinerie humaine que la prudence reste de mise.
Retenons que les variations hormonales ont un impact sur les femmes et sur les hommes, que nous devons l’intégrer et en faire un argument de compréhension mutuelle plutôt qu’un outil de stigmatisation, et que c’est grâce à une meilleure compréhension de nos comportements qu’ensemble nous pourrons construire un avenir apaisé pour nos enfants. A court terme, que cela ne nous empêche pas de surveiller étroitement nos pulsions, en pensant à Camus.
Et vous, êtes-vous partant pour une vigilance éclairée ?