De notre confrère SLATE par Robin Tutenges — 17 mai 2021 à 7h00
Il n’y a qu’à regarder l’actualité récente pour trouver des traces de ce phénomène: le 4 mai, six membres d’un groupuscule d’ultradroite ont été interpellés dans le Doubs et le Bas-Rhin pour avoir projeté d’organiser un attentat visant, entre autres, une loge maçonnique, et potentiellement Jean-Philippe Hubsch, l’ancien grand maître du Grand Orient de France.
Fascinés par Adolf Hitler, adeptes de la théorie du complot judéo-maçonnique et membres d’un groupe d’ultradroite baptisé «Honneur et nation», ces individus, dont trois d’entre eux ont été mis en examen pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle», cherchaient à acquérir des armes tout en s’intéressant de près à la fabrication d’explosifs. Heureusement, la police leur a coupé l’herbe sous le pied avant qu’ils ne passent à l’acte.
Cet événement vient mettre en relief la haine que portent les mouvances d’extrême droite à l’encontre de la franc-maçonnerie. Une animosité qui n’est pas nouvelle et dont les racines profondes remontent à des siècles. Aujourd’hui, l’antimaçonnisme connaîtrait même une certaine résurgence. Comment expliquer ce phénomène? Pourquoi, par le passé comme de nos jours, l’extrême droite en veut-elle aux francs-maçons?
Complot judéo-maçonnique
L’antimaçonnisme ne date pas d’hier. Cette société de réflexion et de pensée, qui rassemble des groupes d’individus divers et variés à travers le monde, a toujours suscité les fantasmes les plus fous. Sa nature initiatique, discrète et ésotérique déchaîne les passions, au point d’être souvent prise pour cible au cours de l’histoire par ses détracteurs, dont l’extrême droite fait partie.
La naissance de la critique à l’encontre des francs-maçons en France remonte à la fin du XVIIIe siècle. «La franc-maçonnerie a été vilipendée d’abord par les contre-révolutionnaires qui la tenaient pour responsable de l’esprit philosophique et donc antireligieux qui avait conduit à la Révolution française», relate Jean-Yves Camus, politologue et directeur de l’Observatoire des radicalités politiques à la Fondation Jean-Jaurès.
Au sein des milieux contre-révolutionnaires et catholiques naît alors une théorie du complot, exprimée publiquement par l’abbé Barruel au début du siècle suivant, selon laquelle francs-maçons et juifs auraient noué une alliance secrète contre les valeurs de l’Église et de la royauté. De façon plus large, ils se seraient unis dans le but de dominer la société française et le monde. Ce complot judéo-maçonnique sera régulièrement mis en avant pour justifier les attaques à l’encontre des juifs et des maçons par les diverses mouvances d’extrême droite, depuis la Révolution française jusqu’à nos jours. (Suite de l’article sur le site Slate)
C’est un peu court .
En réalité il y a plusieurs couches d’anti-maçonisme superposées.
D’abord les séquelles des guerres de religions, la maçonnerie britannique dont le grand maître est le roi d’Angletterre chef de l’église anglicane. Le catholicisme est donc antagoniste “naturel” de ces obédiences supposées protestantes – ou judaïques.
D’autre part il y a les séquelles du combat de la laïcité de l’Etat, qui fait une seconde fois des maçons les ennemis de l’Eglise catholique. A ce titre il est ironique de constater que les arguments évoqués contre les maçons sont identiques à ceux évoqués contres les congrégations religieuses: “un état dans l’état”, “introduits partout”, “caballes secrètes aux buts inavouables”, “main de l’étranger” etc…
Enfin il y a la lutte religieuse contre l’athéisme, l’agnosticisme et aussi la théorie de l’évolution qui longtemps sévissent parmi les catholiques, mais s’est atténuées avec le temps pour bizarement être plus vigoureux de nos jours parmi les protestant en particulier évangélistes apocalyptiques/créationnistes américains.
Cela rappelle la reflexion de Charles Degaulle voyant passer une jeep de la France libre portant fièrement la devise : “mort aux cons” et qui s’exclama songeur: “vaste sujet”!
Vaste sujet …