Nous avons eu l’occasion à plusieurs reprises, notamment dans la revue Critica masonica (numéro 13, à paraître février 2019), sur le blog éponyme http://criticamasonica.over-blog.com, sur le site Fragments sur les temps présent https://tempspresents.com de démontrer que l’Eglise catholique française se mourrait à petits feux. On nous permettra d’expliciter cette affirmation quo peut sembler étonnante par une petite démonstration mathématiquement simplissime. On compte aujourd’hui environ en France 11.700 prêtres en France, dont la moitié est âgée de plus de 75 ans et est considérée comme étant à la retraite. Quelque 800 de ces prélats disparaissent chaque année, alors que moins d’une centaine sort des séminaires. Le différentiel, la perte, sont donc, à peu de chose près, de 700 par année, ce qui nous donne les prévisions suivantes, de cinq ans en cinq ans : 2024 : 7.700 prêtres ; 2029 : 4300 ; 2024 : 800. A une ou deux années près, la messe sera définitivement dite dans une quinzaine d’années, autant dire demain.
A l’échelle d’une demi-génération, c’en sera donc fini d’un catholicisme structuré sur un clergé verticalisé, sachant que les effectifs des moines non prêtres et des religieuses suivent la même pente descendante. Une telle constatation que nous avons martelée ad nauseam pour certains sceptiques, n’a été reprise ni par les milieux religieux, ni par les publications rationalistes et athées. N’en tirons aucune acrimonie, l’histoire quasi immédiate tranchera.
Cela pose en tout état de cause une question qui nous semble mériter d’être étudiée, celle du paysage post-religieux en voie de construction. L’athéisme progresse imperturbablement en France et dans d’autres pays européens, mais il le fait moins vite que ne s’écroulent le catholicisme, le luthériano-calviniste et le judaïsme libéral à dominante ashkénaze. Seuls sont en relatif maintien l’islam et le protestantisme évangéliste qui touchent principalement les milieux les plus populaires.
Pour ce qui tient à la masse de celles et ceux dont les parents étaient souvent de culture catholique, protestante ou juive, une bonne partie ne pourra donc pas être considérée comme athée. Dans le continent qui va de l’agnosticisme à une vague croyance, un boulevard nous semble en conséquence ouvert pour des formes variées de spiritualisme, dont une partie de la franc-maçonnerie à la française est porteuse, qu’elle travaille au REAA, au RER, au Rite émulation ou à l’une des variantes de la mouvance dite égyptienne.
Dans un paysage que nous poserons comme post-religieux, la concurrence promet d’être vive. De plus, une caractéristique majeure doit être prise en compte, l’individualisation des convictions, des croyances et des pratiques. Ce ne devrait donc pas être essentiellement les structures préconstituées qui porteront ce spiritualisme, mais celles-ci devront accueillir en leur sein une demande d’autant plus importante que le référent religieux de certains rituels se trouvera en décalage avec la disparition de leur traduction sociale. Pour des obédiences comme la GLNF et celles qui en sont issues, équation GADLU=Dieu pourrait être de plus en plus difficile à tenir. On peut prévoir en effet une crise de la transcendance au profit de la juxtaposition des immanences, des petites dieux personnels.
La crise du catholicisme est effectivement une réalité en ce qui concerne l’encadrement mais est-ce de la même ampleur pour l’institution ? Ce n’est pas évident car d’autres éléments permettent de voir que l’attachement à l’institution reste très fort : à titre d’exemple l’audience des medias de l’église catholique reste très importante. Le caractère institutionnel d’une organisation (c’est également vrai pour le GODF) peut être considéré comme une assurance contre “l’usure” ! Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer la capacité d’adaptation de l’église catholique et l’émergence de nouvelles pratiques !
Quoiqu’il en soit il est clair que le spiritualisme religieux s’exprimera sûrement différemment qu’aujourd’hui !