(Les « éditos » de Christian Roblin paraissent le 1er et le 15 de chaque mois.)

Je me souviens des discours de Robert Badinter pour qui la laïcité était au fondement de la devise républicaine : elle garantissait la liberté en ce que chacun pouvait l’exercer en matière d’opinion « même religieuse » ; elle garantissait l’égalité entre les êtres humains, en interdisant toute discrimination au regard du droit ; elle garantissait ainsi les conditions d’une fraternité civique, en permettant à tous de faire société, dans le respect de chacun, par temps de paix, et de s’unir dans les épreuves quand il advenait que l’unité nationale fût mise à mal et ce, pour défendre avec la même ardeur les vertus républicaines, celles-là mêmes qui cimentent ce que l’on dénomme aujourd’hui le « vivre-ensemble » et qu’on appelait plus joliment naguère la convivialité…

La laïcité ne pouvait, à son avis, être affectée d’un adjectif qui en aurait amputé le sens. Elle ne pouvait pas davantage compléter d’une quatrième valeur la devise républicaine car, de fait, elle irriguait l’insécable triade. Elle en était à la fois l’enceinte et le chapiteau. Aujourd’hui, le moins que l’on puisse dire, c’est que les murs tombent en morceaux ici ou là et que la toiture prend l’eau.

En réalité, nous ne faisons plus effort pour comprendre l’autre, nous nous éclaboussons de nos certitudes, l’affrontement menace, la querelle est partout. On ne s’entend plus, à tous les sens du terme. La devise, pourtant, est notre socle. Que nous faut-il pour en restaurer la pratique ? On voit qu’en se radicalisant, c’est-à-dire en rejetant d’avance tout compromis avec celui qui ne pense pas comme soi-même, on maltraite un peu plus chaque jour la démocratie. On veut l’emporter sur l’autre et le réduire au silence, dans l’histoire vécue, tandis que les réseaux sociaux sont virtuellement remplis de bruits assourdissants qui enflamment les esprits à proportion qu’ils vident les cœurs.

Certes, ce n’est pas demain que l’on va couvrir la France de fêtes des voisins, surtout que, la plupart du temps, la mixité sociale n’est plus l’apanage de nos rues. Mais il va bien falloir partager quelque chose si l’on doit maintenir une communauté de destin, redresser la tête ensemble, offrir un avenir à nos enfants déboussolés. Or nous avons ce trésor à nos pieds. Nous l’avons inventé autrefois. Il s’appelle la laïcité. C’est notre colonne vertébrale dans l’espace commun. Travaillons en l’exigence. Activons avec elle, de manière attentive, les trois leviers de la devise républicaine. Nous faut-il à grand fracas aller tous dans le mur ?
Pour ma part, je ne sais plus trop quoi faire pour nous ramener à la raison, sinon lancer ce cri à nos consciences : « Au secours, la laïcité ! »
un F.’. plus ancien et plus sage que moi (ça c’est facile) m’a expliqué un jour que liberté + égalité = laïcité et que égalité + solidarité = solidarité. pour moi il avait raison.
j’ai dit
Environ 190 pays dans le monde…dont une quarantaine se disent laïcs…
A réfléchir…