Trois Passés ou Anciens Grands Maîtres, trois manières de tenir la parole dans l’espace numérique. Guillaume Trichard, en pleine lumière de l’Agora, propose une page publique lisible, mesurable, immédiatement attribuable. Thierry Zaveroni, dans une présence quotidienne profondément humaniste, rappelle que le fil des jours peut devenir un geste de soutien, d’attention et de culture. Jean-Pierre Rollet, enfin, affronte surtout l’épreuve de la lisibilité de la signature, souvent portée par des relais institutionnels, tandis qu’un compte homonyme à tonalité complotiste tente de parasiter le nom, comme on détourne un sceau pour sceller des fables.

Entre visibilité, constance et vigilance, ces Facebook disent moins une stratégie qu’une éthique.
Ou l’art de tenir un nom dans la cité numérique
Un réseau social ne dit pas seulement ce que l’on publie. Il dit comment on se tient. Il révèle une manière d’occuper la place publique, d’assumer la signature, de faire circuler une parole sans la livrer au vacarme. Et, dans un monde où l’identité se copie comme un masque, il pose une question plus grave qu’il n’y paraît. Qui parle, et au nom de qui.

Guillaume Trichard (GODF), dans son domaine
Chez Guillaume Trichard, la forme choisie est celle qui appartient naturellement à l’Agora. Une page publique, donc une parole structurée pour être vue, relayée, discutée. Les chiffres sont affichés, assumés, lisibles. Au 18 décembre 2025, on y lit 8 469 “J’aime” et 1 589 “en parlent”.
Cela ne mesure pas la profondeur d’une idée. Cela mesure pourtant une donnée utile pour un article de fond, la capacité d’une présence à rayonner au-dehors, à installer un rythme, à demeurer identifiable. Guillaume Trichard avance ainsi sur un terrain qui est le sien, celui de la cité, des principes, du débat, de la laïcité vécue en acte, avec des prises de parole repérables, signées, raccordées à une actualité.

Thierry Zaveroni (GLDF), l’humanisme en partage
Thierry Zaveroni se tient sur une autre colonne. Là où Guillaume Trichard parle depuis l’estrade civique, Thierry Zaveroni déploie une présence plus quotidienne, plus fraternelle au sens humain du terme, avec un souci visible de l’autre, de la détresse, de la consolation, du soutien aux arts et à la culture. Son fil est celui d’un humanisme de proximité, d’une attention portée au vivant, d’un geste qui revient chaque jour comme une veille.
Sur le plan des chiffres, le compteur d’audience du profil annonce plus de 3 600 abonnés, et la régularité est un fait, Thierry Zaveroni publie pratiquement chaque jour. Ici, l’engagement ne s’évalue pas seulement en likes. Il s’évalue en continuité, en ton, en manière d’être présent sans se dissoudre dans la polémique.

Jean-Pierre Rollet (GLNF), actif mais une signature à protéger
La parole de Jean-Pierre Rollet existe bel et bien dans l’espace public, notamment via des contenus relayés sur la page officielle de la GLNF (vidéos, annonces, interventions), y compris à des dates récentes.
Le vrai point de fragilité est ailleurs : la lisibilité de la signature. Quand l’expression passe surtout par des canaux institutionnels (ou par un profil dont la visibilité dépend de réglages Facebook), elle devient moins immédiatement “vérifiable” par le lecteur ordinaire. Or, dans la cité numérique, ce qui n’est pas aisément vérifiable devient facilement réappropriable. Deux exemples de faux comptes Facebook ICI (12 K followers) et ICI.


Et c’est là que le symbole se retourne : le nom devient un sceau… qu’un autre peut tenter d’imprimer sur une cire frelatée.
Car oui, il existe une page homonyme à tonalité ouvertement fantaisiste / complotiste, qui revendique des marqueurs publics massifs – 4 643 “J’aime” et 145 “en parlent” – et se présente dans un registre qui n’a rien d’une parole maçonnique tenue.
Le danger n’est pas théorique :
- danger de réputation (le nom fait écran et rejaillit sur l’obédience),
- danger de désinformation (“au nom de”, avant même tout démenti),
- danger d’arnaque / manipulation, l’usurpation d’identité étant une porte d’entrée classique vers le hameçonnage.
Sur le plan du droit et des démarches, ton rappel est bon et peut être mieux “armé” : la CNIL explique comment réagir (suppression, plainte, conseils) et rappelle la logique judiciaire de l’usurpation ; le Code pénal encadre l’infraction ; et Facebook propose des procédures de signalement.

Le classement, clair, assumé
Premier : Guillaume Trichard, pour une présence publique structurée, mesurable, faite pour l’Agora, avec des compteurs visibles.
Deuxième : Thierry Zaveroni, pour une présence d’humanité quotidienne, un fil qui relève du soin, du soutien, de la culture, avec un socle d’abonnés conséquent, et une constance qui dit une posture.

Troisième : Jean-Pierre Rollet
Non par silence, mais parce que la présence est plus dispersée (institutionnelle, dépendante de la visibilité du profil) et surtout parce que le nom est activement parasité par des pages homonymes très “chiffrées”, donc persuasives pour les non-avertis
Au fond, le classement importe moins que l’enseignement. Guillaume Trichard et Thierry Zaveroni, en tête du classement, nous donnent une chance rare, celle de les suivre, de les entendre dans leur domaine propre, de vérifier par nous-mêmes la tenue d’une parole, sa constance, sa part d’humanité ou de cité. Qu’ils en soient remerciés. Car dans un temps où l’on copie les visages et où l’on vole les noms, la présence assumée devient un acte de responsabilité.
Et c’est peut-être cela, aujourd’hui, la première vigilance, savoir reconnaître la signature vraie, refuser les miroirs, et préférer la lumière lente du discernement au flash trompeur de la rumeur.


