Près de trois ans après notre premier article, l’Association de Défense des Laïques s’est distinguée par une présence remarquée au 2e Colloque des référents laïcité de la Région Île-de-France. Le 21 janvier 2023 – une date qui, dans l’histoire républicaine, n’est jamais tout à fait neutre – le chroniqueur Yonnel Ghernaouti vous présentait la naissance d’une nouvelle venue dans le paysage laïque : l’Association De Défense Des Laïques (AD3L), portée notamment par le Grand Orient de France (GODF), la Grande Loge Féminine de France (GLFF) et la Fédération française de l’Ordre Maçonnique Mixte International LE DROIT HUMAIN, au sein du Collectif Laïque National (CLN).

Ce 3 décembre dernier, l’AD3L était présente au 2ᵉ colloque des référents laïcité organisé par la Région Île-de-France, le 3 décembre 2025, à l’hôtel de la préfecture de Région à Saint-Ouen. Une manière de mesurer le chemin parcouru par cette structure encore jeune, mais déjà bien identifiée de celles et ceux qui, sur le terrain, prennent des coups pour défendre la loi de 1905.

Une « force d’action » issue du Collectif Laïque National
Rappelons-le : l’AD3L n’est pas une association de plus dans la galaxie laïque, mais l’outil d’intervention du Collectif Laïque National (CLN), qui fédère aujourd’hui plus de quarante organisations œuvrant à la promotion et à la défense de la laïcité sur tout le territoire.

Créée en 2019 par plusieurs associations membres du CLN – parmi lesquelles l’Association des Libres Penseurs de France, le Comité Laïcité République, ÉGALE, l’UFAL et, côté maçonnique, le GODF, la GLFF et LE DROIT HUMAIN – l’AD3L a été pensée comme une réponse structurée au “djihad judiciaire” mené contre les militants laïques et universalistes : procédures-bâillons, plaintes en diffamation, harcèlement contentieux destinés à faire taire celles et ceux qui dénoncent les offensives intégristes.

Après un temps de latence lié à la crise sanitaire, l’association a été relancée et mise en lumière à l’occasion d’une soirée publique le 17 janvier 2023 à la mairie du 9ᵉ arrondissement de Paris, réunissant de nombreuses personnalités de son comité de soutien autour de son président Jean Javanni, Grand Maître adjoint « Laïcité, République, Enseignements » du GODF.
Soutenir les laïques menacés : une mission très concrète
Le site de l’AD3L résume bien sa vocation : « Soutenir les militants laïques, c’est protéger notre édifice républicain ».
Concrètement, l’association a pour objet de soutenir les personnes physiques ou morales qui œuvrent pour les principes et valeurs républicains – au premier rang desquels la laïcité – lorsqu’elles se trouvent menacées, diffamées, harcelées ou mises en cause en justice en raison de leurs convictions laïques, républicaines et humanistes. Elle assure une veille, notamment juridique, sur les dossiers sensibles, apporte conseils, accompagne les procédures, et peut participer au financement de la défense de celles et ceux qui sont assignés devant les juridictions françaises ou européennes.
L’association se donne aussi pour mission de combattre toutes les formes de fondamentalisme, les discours de haine, le racisme, l’antisémitisme et les discriminations, ainsi que les atteintes aux droits des femmes et des enfants – autant de combats qui résonnent fortement avec l’engagement historique des obédiences maçonniques fondatrices.

Un formulaire de déclaration d’incident permet à toute personne menacée ou poursuivie du fait de ses engagements laïques de saisir directement l’AD3L. Le dossier est alors instruit par un réseau de juristes, de militants et de responsables associatifs, qui décident du soutien à apporter : conseils, accompagnement médiatique, appui financier, mobilisation publique, etc.
La force d’un réseau national
L’un des atouts majeurs de l’AD3L tient à sa nature même : elle est l’émanation d’un réseau national déjà structuré, celui du Collectif Laïque National, fort de vingt ans d’actions communes. Cette inscription dans un tissu militant éprouvé lui donne une capacité de réaction rapide, mais aussi une légitimité politique et symbolique : lorsqu’un militant, un élu, un enseignant ou un responsable associatif est mis en cause, c’est tout un archipel d’organisations laïques qui se tient derrière lui.
L’association bénéficie par ailleurs du statut d’organisme d’intérêt général, ouvrant droit aux avantages fiscaux liés aux dons. Les contributions – petites ou grandes – des particuliers et des obédiences permettent de financer les défenses, les expertises et les actions de sensibilisation.
À Saint-Ouen, la rencontre avec les référents laïcité
La présence d’AD3L au 2ᵉ colloque des référents laïcité de la Région Île-de-France n’avait donc rien d’anecdotique. Toute la journée, au fil des tables rondes et ateliers, il a été question de ces agents publics, chefs d’établissement, cadres associatifs ou élus locaux qui, dans leur service, leur école, leur mairie, se retrouvent en première ligne face aux atteintes à la laïcité : pressions communautaires, contestation de cours, remises en cause de la neutralité, intimidations sur les réseaux sociaux.

Les dispositifs présentés par la Région – réseau des référents, Laïcoscope, plateforme numérique R-Laïcité – visent à briser l’isolement de ces acteurs et à leur offrir un soutien institutionnel. L’AD3L, elle, représente le versant militant et solidaire de la même exigence : lorsque l’engagement laïque conduit jusqu’au tribunal, lorsque les coups deviennent trop durs, il est vital que personne ne reste seul.

En croisant ainsi, dans un même lieu, référents mandatés par la puissance publique et militants épaulés par une association issue des obédiences maçonniques et du mouvement laïque, le colloque de Saint-Ouen a montré combien la défense de la laïcité est aujourd’hui un travail à plusieurs cercles : le droit, la pédagogie, la formation… et la solidarité concrète.

Une vigilance maçonnique dans la cité
Pour les francs-maçons et franc-maçonnes des obédiences fondatrices – Grand Orient de France, Grande Loge Féminine de France, Grande Loge des Cultures et de la Spiritualité –, l’AD3L est plus qu’un outil juridique : c’est un prolongement dans la cité de l’engagement prêté sous le bandeau. Défendre la liberté de conscience, l’égalité des droits, la dignité de chaque être humain ne peut rester cantonné aux murs du Temple ; cela suppose d’accepter que certains combats exposent, isolent, usent.

En soutenant celles et ceux qui, parfois seuls dans leur établissement scolaire, leur commune ou leur association, continuent de dire la laïcité comme un principe d’émancipation et non comme un slogan creux, l’AD3L agit comme une loge de secours : elle apporte la chaîne d’union là où les attaques cherchent à rompre le maillon.
Deux ans après notre premier article, la voir ainsi associée à un grand rendez-vous institutionnel comme le colloque des référents laïcité d’Île-de-France est un signal encourageant : celui d’une laïcité qui ne se contente pas de célébrer 1905, mais invente, jour après jour, les formes concrètes de sa défense.
Pour les lectrices et lecteurs de 450.fm, comme pour toutes celles et ceux pour qui la Franc-maçonnerie est une école de responsabilité, une évidence s’impose : la laïcité n’est pas un héritage acquis, mais un chantier permanent. Avec l’AD3L, ce chantier a trouvé un outil précieux. AD3L, le site
À nous, maintenant, de le faire vivre !

Bravo à Jean Javanni, défenseur opiniâtre de la laïcité.