mar 09 décembre 2025 - 17:12

Précisions sur la gestuelle de l’épée au RER

Nous avons constaté que les rituels du rite écossais rectifié labellisés et préconisés par les obédiences comportent, hélas, de nombreuses erreurs. Mauvaises transcriptions, ajouts de contre-sens, naïveté et incompétence des correcteurs, tout ceci a concouru à la sédimentation de pratiques qu’il convient désormais de dénoncer en toute légitimité[1].

Il est impératif de retrouver l’intelligence de nos rites tels qu’ils nous ont été légués.

Ce travail sur l’épée, notamment au premier grade, en est le début. Il est complété d’un vade mecum utile aux frères et sœurs de désir.

Tout d’abord, il convient de rappeler que l’impétrant, en entrant dans la chambre de préparation, remet son épée et son chapeau au préparateur. Ces accessoires lui seront restitués au terme de la cérémonie de réception par le vénérable maître.

Contrairement à d’autres accessoires tel que le compas, le maillet etc. Le chapeau et l’épée sont des éléments de la vie profane. Ils ne sont pas des meubles immobiles ou mobiles, voire des bijoux tels qu’ils sont définis par les instructions par questions et réponses du rite. Ce sont des objets de la vie courante (de l’époque) qui vont acquérir un nouveau statut pendant, et après la réception.

En effet le chapeau sera ôté de la tête (pour les maîtres) lors de la mise à l’ordre, des prestations de serment, des invocations, des prières etc…

Quant à l’épée, elle sera soit au côté, soit pointe dirigée de la main droite vers l’impétrant (pendant la réception), soit vers les vertus, soit pointe haute main droite lors des serments ou invocations, soit enfin main gauche pointe haute (exclusivement le vénérable maître, pour les trois premiers grades).

Ces différentes gestuelles mises en œuvre par les maçons rectifiés sont explicitement énoncées par le rituel. Elles ne permettent pas des variations.

Malheureusement, les rituels « obédientiels » comportent des ajouts intempestifs introduits par des frères ou des sœurs ignorants de la doctrine du régime, et à tout le moins de la profonde cohérence du rituel, compris dans ses 4 grades.

De quoi s’agit-il ? Les rituels obédientiels (au premier grade) disposent que le maître des cérémonies va chercher le vénérable maître lors de la procédure d’allumage des trois flambeaux, épée main gauche pointe haute :

(….) En prononçant ce dernier mot, le Vénérable Maître pose son épée sur la Bible ouverte au premier chapitre de l’évangile Saint-Jean, prend une bougie du chandelier à trois branches, avec laquelle il va par le midi allumer lui-même en silence les trois flambeaux maçonniques qui sont autour du tapis (S-E; S-O; N-O), et il revient à sa place par le nord, ce qui forme le tour entier de la Loge. (….) Dès que le Vénérable Maître pose son épée sur la bible, le Maître des Cérémonies va le chercher avec l’épée main gauche pointe haute et à l’ordre et reste ainsi jusqu’à son retour à sa place. (…)[2]

Cette gestuelle du maître des cérémonies n’est pas conforme à la lettre et à la doctrine du RER. Tout d’abord par rapport aux manuscrits du rite (y compris le 1782 / 1802 auquel se réfèrent ceux des obédiences) et ensuite par rapport à l’enseignement fondamental du RER ;

Par rapport aux manuscrits :

Aucun texte ne prévoit un tel rôle pour le maître des cérémonies dont les tâches sont strictement et exhaustivement définies par le code des loges réunies :

(…)

 Le Maître des Cérémonies doit veiller au cérémonial de chaque assemblée, et examiner avant l’heure indiquée pour le travail, si tout est disposé convenablement pour la cérémonie du jour, Il doit examiner les Frères visiteurs, leur demander leurs certificats et les mots, signes et attouchements du régime auquel ils appartiennent. En cas de doute, il doit consulter le Vénérable Maître, et même attendre l’ouverture de la Loge, et en demander les ordres avant que de les admettre. Il doit avoir soin de placer tous les Frères suivant leurs grades ou dignités dans le régime rectifié. (…)

Le fait de lui demander d’aller chercher le vénérable maître, en portant l’épée pointe haute main gauche fait de lui une sorte de double du vénérable maître ce que ne prévoit aucun texte.

Par rapport à l’enseignement du RER.

épée maçonnique symbole franc maçon avec fourreau

Examinons le rituel du premier grade : Le cérémonial de l’entrée en loge du vénérable maître est parfaitement codifié : L’épée[3] en main pour les deux surveillants et le maître des cérémonies[4]. (En référence à la garde des avenues).

Le maître des cérémonies ne peut pas – et ne doit pas – avoir l’épée pointe haute main gauche. Pourquoi ?

Pour une raison majeure : Il n’évolue pas dans la même géographie symbolique, ni dans le même espace sacré que le vénérable maître, qui lui, est placé à l’orient.

Rappelons-nous :

Ce n’est qu’en découvrant le mot sacré, dans le rituel de maître écossais de saint André, que (…) Les Frères et Sœurs qui ont été préposés personnellement pour l’illumination, allument les seize bougies des quatre faces de l’appartement et le double triangle flamboyant, que l’on peut faire descendre alors, si l’on veut, en avant du symbole du grade, dont les bougies éclairent le transparent (…)

A ce moment précis l’orient (la lumière) est descendu sur toute la loge. Des lors, tous les frères et sœurs tiennent leur épée pointe haute main gauche quand le respectable député maître leur ordonnera de se mettre à l’ordre. La loge a changé la nature de son espace sacré.

Revenons au premier grade :

En effet, nous l’avons démontré, en aucun cas, le maître des cérémonies ne doit tenir son épée de la main gauche, pointe haute, et accompagner le vénérable maître dans son déplacement. D’abord, il n’est pas nécessairement maître écossais de saint André, et surtout évolue à l’intérieur d’un temple dans lequel l’orient (la lumière) n’est pas descendu. La lumière est à l’orient (c’est suffisamment dit !!!) et c’est bien la raison pour laquelle le vénérable maître laisse son épée sur la bible quand il quitte l’orient pour allumer, seul, les trois flambeaux dans un espace matériel.

J’ajoute que, selon la doctrine, la procédure d’allumage des flambeaux correspond à la recréation du monde[5]. Et donc on voit mal pourquoi le maître des cérémonies, voire les deux surveillants seraient antérieurs à la création du monde (sic) en positionnant leur épée pointe haute.

De surcroît, à la fin de l’assemblée le vénérable maître va éteindre les trois flambeaux du centre de la loge (puis les deux surveillants et le secrétaire, les leurs) puis les trois lumières du chandelier à trois branches. Symboliquement le monde est retourné au « néant » et donc le fait que le maître des cérémonies aille chercher le vénérable maître pour sortir du temple est inapproprié. Les rituels historiques prévoient que les membres de l’assemblée quittent à ce moment-là leurs décors et rien de plus. La séquence maçonnique est close à ce moment précis.

Par conséquent, il convient de ne pas tenir compte des ajouts figurant dans les divers rituels obédientiels et de s’en tenir au rituels manuscrits (fac-similé) de 1788/1802.

Conclusion

Seul le vénérable maître[6], installé à l’orient, peut tenir son épée pointe haute main gauche. Il connaît le mot sacré et il est le garant de l’intelligence du rituel. Dans les trois premiers grades, c’est lui qui professe par ses paroles et sa gestuelle, et personne d’autre, l’enseignement rectifié dans toutes ses dimensions. Dans le monde rectifié d’aujourd’hui, il est essentiel d’avoir une bonne pratique du rite. C’est la condition même de la crédibilité de nos loges rectifiées.

VADE MECUM DE LA GESTUELLE DE L’EPEE AU RER.

Le Vénérable maître :

Épée pointe haute main gauche (pommeau sur l’autel).

Épée posée sur la bible lors de la déambulation d’allumage et d’extinction des flambeaux.

Les surveillants :

Épée pointe basse tenue de la main (gauche ou droite) lors de l’entrée du VM en loge.

Épée au fourreau le reste du temps.

Épée pointe haute main droite lors des prestations de serment.

Le Maître de cérémonie :

Comme les deux surveillants, le maître des cérémonies tient son épée de la main droite (ou gauche) pointe basse, lors de l’entrée en loge du vénérable maître.

Épée au fourreau le reste du temps.

Épée pointe haute main droite lors des prestations de serment.

Dignitaires à l’orient.

Épée pointe haute main gauche.

Épée pointe haute main droite lors des prestations de serment.

Tous les autres :

Épée au fourreau la plupart du temps.

Épée pointe basse lors de la mise à l’ordre.

Épée posée sur siège (avec le chapeau et les gants) lors de la chaîne d’union.

Enfin il convient de rappeler que les déplacements en loge ne se font pas à l’ordre, et ce faisant, l’épée doit rester au fourreau.


[1]  Extrait du rituel de 1778 : (….)  Il est expressément interdit à tous Vénérables Maîtres, Surveillants, Maîtres des Cérémonies, (…)        d »ajouter à leurs fonctions, soit par actes, gestes ou discours, aucune chose arbitraire qui ne soit pas exprimée dans ce Rituel, (…..)

[2]Rituel Glmf / Gpmf

[3]  (Extrait rituel 1782/1802) …Les deux surveillants accompagnés du Maître des cérémonies, se rendent auprès du Vénérable Maître tenant chacun l’épée en main, vêtus et décorés Maçonniquement. ….)

[4]Ce qui peut se discuter, c’est de savoir s’il s’agit de la main gauche ou de la main droite ? Je préconise la main droite si la personne est droitière, et main gauche dans le cas d ‘un gaucher. En effet ce trio a une fonction de défense du VM et surtout de ce que symbolise le chandelier à trois branches (pensée, volonté et action).

[5]    Il s’agit du schéma cosmogonique Martinézien. .

[6]Et les dignitaires du régime. (Bm Lyon fm4/514 rituel 1802, triple union de Marseille)

Albert Leblanc, Eques a Violis. Loge Emanescence. A.L.S. F.LNF. G.C.O.G.P. Montpellier

Autres articles sur le RER

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Articles en relation avec ce sujet

Titre du document

DERNIERS ARTICLES