On connaissait le talent d’écrivain de Boris Nicaise, on découvre avec son dernier ouvrage « Via Crucis » son attirance pour l’histoire et sa capacité à découvrir chez un lointain tailleur de pierres un parcours de vie peu banal qu’il nous fait partager.
« Via Crucis », c’est d’abord l’histoire d’une vie réelle au début de la Renaissance dans cette partie de la Belgique qui était autrefois le comté du Hainaut. Cette vie que l’auteur nous fait découvrir c’est celle d’Anthoine Hanicq, Maître de carrières notable de Feluy et d’Arquennes, deux villages au sud de Bruxelles. C’est aussi un tailleur de pierres renommé sous le surnom de Crédo, et, dans son jardin secret, sculpteur sur bois talentueux.


Dans le contexte d’une rébellion à la mainmise espagnole qui restera dans l’histoire sous le nom de « la guerre de quatre-vingts ans » et de la répression anti réforme, Anthoine Hanicq se révèle comme une personnalité complexe. Le regard de Boris Nicaise a l’audace de faire un parallèle entre la vie d’Anthoine (Credo) et la mythologie du chemin de croix (Via crucis) christique. D’où les quatorze têtes de chapitres correspondant aux quatorze stations.
Avec une grande pudeur et beaucoup de sensibilité, le trajet de vie du Maître des carrières se dévoile non sans s’accompagner d’un certain suspense qui donne envie de connaître l’échéance qui ne sera pas banale !
Il y a aussi dans cette existence d’Anthoine, des rencontres avec des célébrités, en particulier Pieter Brueghel l’Ancien (1525-1569). En savoir plus sur Pieter Brueghel. Et aussi Christophe Plantin 1520-1589, le célèbre imprimeur français installé à Anvers de 1550 à 1589. (En savoir plus sur Christophe Plantin). L’auteur y apporte un développement personnel pertinent.
Dans cette période estivale où la lecture peut aussi être une occasion d’apprendre, « Via Crucis » associe le côté humain d’un trajet de vie riche en passions multiples, l’Histoire et aussi l’ésotérisme avec de multiples liens que chacun pourra découvrir.
J’ai sollicité l’auteur qui a accepté de répondre à quelques questions :

– Vous comparez la vie d’Anthoine Hanicq en 14 chapitres à un chemin de croix avec ses 14 stations ! Qu’est ce qui a motivé ce choix littéraire ?
– Boris Nicaise : Nous sommes dans une époque de conflits religieux majeurs (je parle du 16ème siècle, évidemment) et Anthoine Hanicq avait pour nom de tailleur de pierre « CREDO ». Il m’a dès lors semblé adapté, vu sa vie réelle, de me cadrer dans ce parcours de Passion, jusqu’au-delà même de son décès… comme dans les 14 stations, qui sont d’ailleurs telles que connues à cette époque-là puisqu’elles ont été légèrement renommées depuis. Et puis, cela me permettait un peu de paresse : les titres des chapitres n’étaient plus à trouver !
– Vous avez écrit un roman historique qui a dû vous demander de nombreuses recherches sur la vie en Belgique à la Renaissance ; qu’est-ce qui explique cette passion ?
- Boris Nicaise : Les recherches en archives furent en effet lourdes et compliquées, à consulter des tonnes de papiers moisis et troués par divers nuisibles, mais oui, cela me passionne ! La passion de la Passion, en quelque sorte ! Il est tellement extraordinaire de pouvoir redonner vie à un personnage et tout son entourage après quasi cinq siècles, vous ne trouvez pas ? Car ce n’est pas un roman, en fait, c’est une biographie romancée. Tout y est vrai et je me suis juste permis le luxe de mettre des traits d’union entre les faits pour raconter une vie humaine, tellement humaine, où j’espère que le lecteur se posera l’éternelle question : « Et moi ? Qu’aurais-je fait ? ».
– Votre œuvre a une tonalité mystique christique évidente, est ce votre foi ?
Boris Nicaise : J’ai été élevé dans la foi chrétienne (mi-catholique et mi-protestante, comme dans VIA CRUCIS) et j’en ai sans doute gardé quelque chose, qui fut ensuite réintroduit dans l’athée que j’étais devenu au travers de mes parcours maçonniques. Mais la Foi, non, en pleine conscience ! Mais il était indispensable de parler comme au 16ème siècle, en tous propos, pour éviter les anachronismes et permettre ainsi de mieux faire les parallèles avec notre propre époque. La mise à distance permet les rapprochements.
– Vous faites allusion à des notions éthiques ; est ce que l’éthique a encore un sens pour vous ? et si oui pouvez vous développer ?
Boris Nicaise : Pourquoi « encore » ? Serions-nous des désespérés ? Ah non alors ! Je pense que la morale est relative grâce à l’éthique, celle-ci étant ce qui peut nous donner le goût au perfectionnement de nos valeurs, toujours à revoir et restaurer au cours des changements des sociétés. Le jour où nous ne ferons plus appel à l’éthique pour donner sens à nos vies, nous serons redevenus des pierres brutes et je ne suis même pas certain qu’elles intéresseront le maçon de passage.
Au total, un livre passionnant, bien écrit et ouvert sur d’autres mystères !
Bonne lecture à tous !


Commande en ligne chez Editions F deville (23 €)

Pour connaître la bibliographie de Boris Nicaise

Lire aussi :
Pour une visite au musée de la pierre de Maffle – Ath
Pour mémoire
Via Crucis : chemin de croix : En commémorant la Passion du Christ par les évocations de quatorze moments particuliers de celle-ci (certains issus de la tradition et non rapportés dans les écrits bibliques), les fidèles souhaitent recevoir la grâce de communier intensément aux souffrances du Christ, sauveur des hommes. Sources : https://eglise.catholique.fr/
Les 14 stations du Chemin de croix
- 1e station : Jésus est condamné à mort
- 2e station : Jésus est chargé de sa croix
- 3e station : Jésus tombe sous le bois de la croix
- 4e station : Jésus rencontre sa Mère
- 5e station : Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix
- 6e station : Véronique essuie la face de Jésus
- 7e station : Jésus tombe pour la seconde fois
- 8e station : Jésus console les filles de Jérusalem
- 9e station : Jésus tombe pour la 3e fois
- 10e station : Jésus est dépouillé de ses vêtements
- 11e station : Jésus est attaché à la croix
- 12e station : Jésus meurt sur la croix
- 13e station : Jésus est descendu de la croix et remis à sa mère
- 14e station : Jésus est mis dans le sépulcre
- (15e station : avec Marie, dans l’espérance de la résurrection)
La croix en franc-maçonnerie
