Une alchimie de lumière et de symboles au cœur du Grand Temple : retour sur la 5e Journée des Auteurs du Suprême Conseil pour la France (SCPLF). Le samedi 31 mai 2025, le Grand Temple du Suprême Conseil pour la France à Neuilly-sur-Seine s’est métamorphosé en un vaste laboratoire spirituel, pour accueillir la 5e édition de la Journée des Auteurs, organisée par la Bibliothèque Chevalier Ramsay sous l’égide du Suprême Conseil.

Placée cette année sous le signe de l’alchimie, cette journée de haute tenue a réuni Frères, Sœurs, passionnés de tradition hermétique et amateurs éclairés de symboles révélés dans une atmosphère dense de sens et de fraternité.
L’accueil profondément fraternel de notre Frère Gérard Abidh, Grand Chancelier et initiateur de cette Journée des Auteurs, a insufflé dès les premiers instants un climat de confiance, de sérénité et d’élévation. Avec une disponibilité rare et un sourire toujours présent, il a ouvert la voie à une rencontre placée sous le sceau de l’écoute et du partage. Sous la présidence attentive et bienveillante du Souverain Grand Commandeur Jack Chopin-Ferier, la journée s’est ouverte avec les mots inspirés de Georges Bernat, autour d’une interrogation essentielle : que nous dit l’alchimie de notre propre cheminement initiatique ?

Trois conférenciers d’exception, aux voix aussi singulières que complémentaires, ont guidé cette exploration du Grand Œuvre.
Françoise Sabadell, médecin et actuelle Grande Secrétaire Générale Adjointe du Suprême Conseil Féminin de France, a offert au public un éclairage aussi savant qu’inspirant sur le Splendor Solis, recueil alchimique magistral du XVIe siècle, attribué à Salomon Trismosin. Véritable cathédrale de symboles, ce manuscrit illustre à travers ses 22 planches enluminées le Grand Œuvre alchimique, où matière et esprit s’unissent dans un lent processus de purification et d’élévation.

Avec clarté et délicatesse, Françoise Sabadell a guidé l’auditoire à travers les étapes de cette transmutation intérieure : l’Œuvre au noir, au blanc, puis au rouge, révélant la puissance opérative des images dans l’initiation. Le matras devient alors un Temple, le feu un souffle, la pierre le cœur vivant du cherchant. À travers son regard éclairé, c’est tout un langage oublié qui s’est réveillé, unissant depuis la Renaissance science, foi et sagesse dans la voie de la Connaissance véritable.
Jean-Paul Holstein, compositeur, musicologue et Frère du Suprême Conseil, a plongé les auditeurs dans les Noces chimiques de Christian Rosenkreutz, ce chef-d’œuvre rosicrucien publié en 1616 sous la plume de Johann Valentin Andreae. Véritable récit initiatique en sept journées, ce texte emblématique conjugue mystique chrétienne, symbolisme alchimique et poésie de la transformation intérieure. Il trace un itinéraire de révélation où l’initié, confronté à la mort, à la solitude et à l’épreuve, s’élève peu à peu vers la lumière de l’union divine.

Jean-Paul Holstein est également l’auteur de Le Grand Œuvre dans les Noces Chymiques de Christian Rosecroix ou le grand voyage initiatique (Agapae, coll. Ex Tenebris LVX, 2024), une œuvre de référence qui explore avec profondeur les strates symboliques, mystiques et psychologiques du texte fondateur. Dans cet ouvrage, il dévoile le double fond du récit : narration initiatique et méditation alchimique, en s’appuyant notamment sur les travaux de Jung pour lire ce voyage comme une métaphore de l’individuation.

Avec une sensibilité profonde et un rare sens du rythme symbolique, Jean-Paul Holstein a mis en lumière les strates cachées de cette allégorie : les trois couples fondamentaux – mort/renaissance, corps/prison, ascension/verticalisation – y deviennent des clés pour penser notre monde intérieur et sa métamorphose. Le rêve comme sas de passage, la tour comme axe du monde, le noir, l’or, la Vierge bleue : autant d’images que son interprétation, à la fois musicale, littéraire, ésotérique et initiatique, a su faire vibrer. Son propos, d’une justesse subtile, a résonné comme un chant de l’âme en marche vers l’Unité.

Dominique Jardin, agrégé d’histoire, docteur en histoire moderne (Université de Nice) et en sciences religieuses (École Pratique des Hautes Études), est un éminent historien du symbolisme et un spécialiste internationalement reconnu de l’iconographie maçonnique et des traditions ésotériques. Auteur prolifique, il a transporté l’auditoire dans les profondeurs mystiques des manuscrits alchimiques et des tableaux de Loge. Sa recherche, rigoureuse et sensible, explore les structures invisibles d’un savoir initiatique à travers images et signes, mêlant érudition historique et intuition symbolique. Conférencier apprécié, il intervient toujours en éclairant les liens entre histoire, symbolique et spiritualité vivante. À travers une iconographie foisonnante – soleils flamboyants, lunes argentées, croix énigmatiques, vases sacrés et triangles initiatiques –, il a révélé les filiations ésotériques unissant l’alchimie chrétienne aux rituels maçonniques du XVIIIe siècle. Du cabinet de réflexion aux rites de purification par l’eau et le feu, il a démontré avec éclat comment le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA) s’imprègne de ces héritages hermétiques, dévoilant des correspondances insoupçonnées. Sa méthode, à la fois exigeante et jubilatoire, a offert à chacun un fil d’Ariane pour tisser sa tapisserie initiatique, transformant l’écoute en une quête intérieure profonde.

L’agape fraternelle qui a suivi les conférences, ponctuée de dédicaces et de discussions inspirées, a consacré la richesse de cette journée. Les regards, les silences, les sourires : tout disait que l’Œuvre au rouge avait laissé une empreinte dans le cœur des Frères et Sœurs présents.
L’après-midi fut ensuite consacrée à une présentation magistrale de manuscrits alchimiques, datés du milieu du XVIIIe au début du XXe siècle, extraits des trésors de la Bibliothèque Chevalier Ramsay. Le Frère Arnaud de Rincquesen, infatigable conservateur, a su transmettre sa passion avec rigueur et modestie. Ces pages métaphoriques, aux encres d’or et au souffle du temps, ont parlé à l’âme des visiteurs.

Car plus qu’un colloque, cette 5e Journée des Auteurs fut une véritable expérience initiatique : chacun en est sorti transformé, porteur d’un feu nouveau. Malgré un long week-end de l’Ascension, le Grand Temple a fait quasiment salle comble, signe éclatant de l’intérêt soutenu pour ces rencontres désormais bien ancrées dans le paysage maçonnique francilien.
Un grand merci au Suprême Conseil pour la France, à la Bibliothèque Chevalier Ramsay, aux auteurs, aux organisateurs et à tous les Frères qui, dans le silence des pierres et la clarté des symboles, poursuivent inlassablement la quête de la Lumière.





