Le Cercle Philosophique Mathurin Terrier, fidèle à sa mission de reconnaissance et d’amitié, a organisé une conférence captivante intitulée La Musique maçonnique : du profane au sacré, animée par Anne-Claire Scébalt. Cet événement, qui s’est tenu salle Loire à Ancenis, a réuni 80 passionnés pour un voyage musical et symbolique à travers les siècles. En explorant les œuvres de compositeurs emblématiques, de la période médiévale à l’époque contemporaine, la conférencière a offert une plongée profonde dans l’univers de la musique maçonnique, révélant ses dimensions spirituelles et philosophiques.
Une Exploration Musicale et Symbolique à Travers les Âges
La conférence a débuté par une introduction aux origines de la musique maçonnique, un art intimement lié aux rituels et aux idéaux de la franc-maçonnerie. Anne-Claire Scébalt a guidé son auditoire à travers une fresque chronologique, depuis les chants sacrés du Moyen Âge jusqu’aux compositions modernes, en mettant en lumière les intentions des compositeurs et les significations cachées de leurs œuvres. La singularité mélodique de chaque pièce a été décryptée, permettant aux auditeurs de saisir les passerelles entre le profane et le sacré, deux dimensions souvent entrelacées dans la musique maçonnique.
Parmi les œuvres présentées, Viderunt omnes de Pérotin (1199), interprété par The Hilliard Ensemble (1989), a ouvert le voyage. Ce chant grégorien, composé pour la liturgie de Noël, illustre la richesse polyphonique de l’École de Notre-Dame, une période clé dans l’évolution de la musique sacrée. Sa structure complexe, mêlant rigueur et élévation spirituelle, a résonné comme une introduction parfaite aux thèmes de la soirée.

Le XVIIIe siècle, période d’essor de la franc-maçonnerie en Europe, a été largement représenté. Anne-Claire Scébalt a exploré Iphigénie en Tauride de Christoph Willibald Gluck (1779), avec une interprétation de l’Introduction et du chœur par Les Musiciens du Louvre sous la direction de Marc Minkowski (2001). Cette œuvre, empreinte de dramaturgie, reflète les idéaux maçonniques d’humanité et de quête de vérité, thèmes chers à Gluck, lui-même initié. De la même époque, le Rituel maçonnique funèbre, le Déluge de François Giroust (1784), dirigé par René Cotte (1990), a permis d’illustrer les musiques spécifiquement composées pour les cérémonies maçonniques, où la solennité et le symbolisme dominent.
Mozart et Wagner : Figures Emblématiques de la Musique Maçonnique
Un moment fort de la conférence a été l’analyse de Die Zauberflöte (La Flûte enchantée) de Wolfgang Amadeus Mozart (1791), interprétée par le Mahler Chamber Orchestra sous la direction de Claudio Abbado (2005). Mozart, membre actif de la franc-maçonnerie, a insufflé dans cette œuvre des symboles maçonniques évidents : le chiffre trois (trois dames, trois génies, trois épreuves) et une quête initiatique menant à la lumière. L’Ouvertüre, avec ses accords majestueux, a captivé l’auditoire, qui a pu apprécier comment Mozart transcende le profane pour toucher au sacré à travers une musique universelle.
Le Quatuor en Do Majeur, Les Dissonances, K.465 (adagio-allegro) de Mozart (1785), interprété par le Quatuor Mosaïques (2001), a également été abordé. Dédié à Joseph Haydn, un autre compositeur influencé par les idéaux maçonniques, ce quatuor illustre la recherche d’harmonie et d’équilibre, des valeurs centrales de la franc-maçonnerie.
Richard Wagner, avec Parsifal (1882), interprété par le Berliner Philharmoniker sous Herbert von Karajan (1981), a offert une autre perspective. Bien que Wagner ne fût pas maçon, son opéra explore des thèmes spirituels et mystiques proches des préoccupations maçonniques, comme la quête de rédemption et la transcendance. La musique de Parsifal, avec ses longues progressions harmoniques, a transporté l’auditoire dans une méditation profonde sur le sacré.
De Strauss à l’Époque Moderne : La Musique comme Réflexion Philosophique
La conférence s’est également tournée vers des œuvres plus modernes, comme Also Sprach Zarathustra de Richard Strauss (1896), interprété par le Berliner Philharmoniker sous Herbert von Karajan (1995). Les sections Sonnenaufgang (Lever de soleil), Von der grossen Zehnsucht (Du grand désir) et Von der Wissenschaft (De la science) ont été analysées pour leur portée philosophique. Inspirée par Nietzsche, cette œuvre résonne avec les idéaux maçonniques de quête de connaissance et d’élévation spirituelle, bien que Strauss n’ait pas été directement lié à la franc-maçonnerie.
Anne-Claire Scébalt a souligné comment ces compositions, qu’elles soient explicitement maçonniques ou symboliques, invitent à une réflexion intime. La musique, dans sa capacité à transcender les mots, devient un vecteur d’initiation, reliant l’auditeur à des vérités profondes, qu’elles soient profanes ou sacrées.
Un Échange Fructueux avec le Public
L’événement s’est distingué par la qualité des échanges entre Anne-Claire Scébalt et le public. Les 80 participants, visiblement captivés, ont posé des questions pointues, permettant d’approfondir des aspects techniques et symboliques des œuvres présentées. Cette interaction a enrichi la compréhension collective, offrant une nouvelle grille de lecture pour aborder la musique maçonnique. Comme l’a souligné la conférencière, cette approche permet à chacun de tisser un lien plus personnel avec les œuvres, qu’il s’agisse d’un opéra de Mozart ou d’un chant médiéval de Pérotin.
Perspectives et Engagement du Cercle Mathurin Terrier
Le succès de cette conférence, saluée comme « intéressante et captivante » par les participants, ouvre la voie à de nouvelles initiatives du même type. Le Cercle Philosophique Mathurin Terrier, basé à Ancenis, réaffirme ainsi son rôle de passeur culturel dans le territoire. En proposant des événements qui mêlent réflexion, art et philosophie, le cercle continue de nourrir les esprits curieux et de tisser des liens d’amitié intellectuelle.
La Musique, un Pont entre le Profane et le Sacré
La conférence La Musique maçonnique : du profane au sacré a brillamment démontré la richesse de cet art singulier. À travers des œuvres majeures de Pérotin, Gluck, Mozart, Wagner, Strauss et bien d’autres, Anne-Claire Scébalt a offert une expérience à la fois éducative et émouvante. La musique maçonnique, par sa profondeur symbolique, invite à une méditation sur l’humain et le divin, unissant le profane et le sacré dans une harmonie universelle. Le Cercle Mathurin Terrier, par cette initiative, perpétue un héritage de réflexion et d’échange, au cœur d’Ancenis.