Suiveurs ou pilotes ? Des leçons sont à tirer de l’histoire afin de guider les actions des maçons . Tous les systèmes ne se valent pas. Dans un précédent article nous évoquions les idées suivantes :
- l’humain a certes survécu dans la nature hostile grâce à la solidarité et la collaboration efficace dans les clans
- depuis le néolithique les groupes humains se sont agrandis et des règles civilisationnelles se sont mises en place,
- plus récemment, les institutions ont permis de plus en plus aux choix individuels de s’exprimer.
Nous en déduisions que le communautarisme, avec ses chefs de communauté très jaloux de leurs prérogatives, bloquent la société. Ils ne permettent pas aux individus, sauf une pincée de privilégiés, de s’accomplir comme le suggère la pyramide de Maslow.
Donc, même s’il est vrai que l’homme n’est pas autonome, qu’il dépende d’institutions ou de son clan, il faut que la liberté maximale de choix lui soit accessible pour qu’il puisse s’épanouir. C’est pour cela que la laïcité à la française est une pépite qu’il ne faut pas brader, n’en déplaise à nos amis des pays anglo-saxons ou partageant leur façon de penser.
Christian Grataloup, dans son opus « Géohistoire », tente de résumer l’histoire humaine en évitant l’occidentalo – centrisme trop fréquent dans les textes écrits par les vainqueurs.
Cela donne ceci :
- Le monde se compose d’une part de l’Axe, qui va de l’Europe à la Chine, et des zones périphériques
- Les échanges commerciaux le long de l’Axe ont façonné les empires et les économies-mondes ( zones plus polycentriques que les empires : exemple l’Europe )
- La conquête des zones périphériques, comme l’Amérique, ont été plus que faciles : le cocktail de germes pathogènes apportés a exterminé 90% des populations rencontrées, dépourvues des anticorps nécessaires.
- Le peuplement avec beaucoup d’esclaves africains est alors venu combler le manque de main d’œuvre
- La concurrence entre pays européens due au polycentrisme a stimulé la créativité technologique, ancrant la dominance des occidentaux
- Les destructions dues aux 2 guerres mondiales et les décolonisations ont permis de changer l’aiguillage
- Actuellement un équilibrage est en cours, basé entre autres sur l’animosité « Sud vers Nord » post-coloniale.
On comprend aisément l’intention louable, surtout pour un historien professionnel, de ne pas prendre parti.
Il est en effet évident que les motivations des conquérants européens étaient au minimum mélangées et tissées d’ hypocrisie : souhait d’apporter la civilisation aux « sauvages », souhait de les convertir à la « bonne » religion, concurrence loyale ou non avec d’autres pays, envie d’empire ou de richesses…
Mais à la lecture on ne peut s’empêcher de penser au relativisme : toutes les civilisations paraissent se valoir.
En effet, dans les 500 pages de l’ouvrage, aucune référence aux traites d’esclaves autres que celles à destination de l’Amérique.
Pourtant, dès le Moyen-Âge, la traite des Slaves était intense, au point que le mot esclave vient de là, dans toutes les langues européennes. Selon Francis Conte « les esclaves slaves forment l’article d’exportation le plus important de l’Occident vers le monde islamique d’Espagne, en particulier entre l’Allemagne et le califat de Cordoue ».
Ce courant a duré jusqu’en 1864, lorsque l’Empire russe mit fin à l’indépendance des Circassiens et en chassa un grand nombre vers l’Empire ottoman. Il faut rajouter à la traite des Slaves la traite orientale : les esclaves sont collectés parmi les non-musulmans avec l’aide des populations africaines islamisées (comme les Arabo-Swahilis) en drainant vers le monde arabo-musulman le commerce d’esclaves qui existait déjà entre les royaumes africains lors de leurs guerres internes.
Troisième source, moins abondante mais plus constante d’esclaves, chrétiens cette fois, est l’attaque des navires chrétiens en Méditerranée et les razzias dans les pays européens par les corsaires barbaresques et les Turcs, qui durent jusqu’au début du XIXe siècle. Il faudra deux « guerres barbaresques » des Etats-Unis contre le dey d’Alger puis la conquête de l’Algérie par la France, à partir de 1830, pour y mettre fin.
Le livre est aussi muet sur la comparaison entre les deux camps séparés par le rideau de fer.
Toujours le choix de la neutralité, sans doute. Mais alors, les massacres de Staline, Pol Pot, de Kim Il Sun et son fils, de Ceausescu, de Mao et son grand bond en avant, etc., tout cela ne compte pas dans le soutien fort ou mou que les peuples accordent à leur régime ?
Bref, on ne m’ôtera pas de l’idée qu’il faille peser les plus et les moins des divers systèmes, en toute lucidité, ce qui est certes difficile, mais au final non les résultats ne seront pas équivalents et cela devrait guider les choix de tous les humains. Nous en sommes loin : la grosse majorité des peuples, cornaqués par leurs chefs de communauté, soutiennent avec conviction le système dans lequel ils sont nés. On le savait, le progrès n’est pas linéaire, mais à ce point c’est terrible, surtout quand le système régresse, comme c’est le cas aux USA. Laisser la démographie la plus élevée ou la plus violente l’emporter, sans broncher, ne me semble pas la meilleure solution pour l‘humanité . Nous les maçons, réfléchissons y avant de soutenir l’un ou l’autre dictateur en herbe, les « reset » sont plus douloureux que dans les jeux vidéo.
Texte écrit sans IA.