
Le sujet que je vais aborder aujourd’hui concerne une méthodologie initialement destinée à ceux qui étudient la Torah. (La loi, l’enseignement). Cette tradition illustre le cheminement intellectuel et spirituel qui mène à terme celui qui s’engage dans son étude au lieu où il peut atteindre un état de béatitude. Pour ma part, elle m’est parfaitement étrangère, ormis quelques bribes glanées ça et là et je vais tenter d’en approfondir sa signification.
Ce lieu cité plus haut, est le Pardès, et signifie jardin ou verger et s’apparente au mot paradis. On sait que dans la tradition de la Kabbale, chacune des lettres qui composent les mots de la Torah a un sens mystique. Le Pardès lui, est composé de quatre lettres (PRDS) qui désignent un degré de lecture tant des Écritures que de l’œuvre du divin.

Les quatre lettres de ce mot – pé, reish, daleth et sameck – sont chacune l’initiale d’un terme hébreu qui indique les quatre niveaux d’étude des Écritures :
- PESHAT, c’est-à-dire le sens littéral du texte qui ne traite que du monde sensible.
- REMEZ, c’est-à-dire l’allusion / insinuation qui consiste en un niveau plus élevé de l’étude.
- DERASH, c’est-à-dire l’interprétation figurée qui est la parabole, la légende, le proverbe, le mythe.
- SOD, c’est-à-dire le Secret, qui consiste dans le niveau ésotérique traitant de la métaphysique et de la révélation des réalités surnaturelles, secrètes et mystérieuses. (Source Wykipédia)
Par conséquent, le Pardès est un concept permettant de faire référence aux quatre niveaux de compréhension possible de la Torah (l’Enseignement) et aux quatre branches de l’enseignement de la Torah (c’est-à-dire respectivement :
Le Miqra (Ecritures), la Mishna (Répétition), le Talmud (Etude approfondie de la Mishna) et la Kabbale (explication ésotérique de la Torah)).
Le Pardès n’est pas un lieu géographiquement accessible, mais spirituel tout comme le paradis chrétien, l’Eden et autre Nirvana, où l’on ne peut accéder qu’en passant d’un état de conscience à un autre plus élevé.
La Kabbale, branche de la Torah, qu’il est préconisé d’aborder au 14ème degré est donc un tremplin pour s’élever, pour emprunter le chemin du Pardès. Ce voyage dont la Torah est un appui et un décryptage, est un voyage en soi, du monde extérieur, du monde physique vers le monde intérieur de la spiritualité, VITRIOL.
Entrer dans le monde de la Torah est donc un procédé pour s’engager vers le Pardès.

Parallèlement, prendre le chemin de la Perfection du REAA est un processus pour accéder au jardin d’Eden, approcher l’arbre de la connaissance et toucher l’inaccessible étoile. L’endroit de la Vrai Lumière.
La découverte de Sod (le Secret) n’est donc rien d’autre que la découverte de son soi le plus intime tout comme en Franc-maçonnerie qui nous indique que c’est par l’introspection que l’on peut accéder aux secrets de l’univers. Voilà ce que je peux dire de ce sujet, tout au moins ce que j’ai pu comprendre et en tirer une explication simple.
Pourtant, ce qui m’a interpellé, c’est une certaine similitude avec notre processus initiatique de REAA et le but commun sous-jacent.
Mettons en parallèle les quatre lettres qui composent le Pardès :
- PESHAT, Le monde sensible, extraction du monde profane et engagement sur la voie de l’initiation. C’est l’heure de l’appréhension du symbolisme, le moment d’établir les bases de notre temple et de puiser dans la transmission qui nous est prodiguée.
Le moment du dépassement, de la foi et de la confiance en l’autre.

J’ai le souvenir, jeune scout, de ma nuit de totemnisation. La lune était cachée et seul, au milieu d’un bois plongé dans le noir, j’écoutais tous les bruits qui m’environnaient, les bruissements des feuilles, les cris des oiseaux, le craquement des branches mortes, un scénario fantomatique mettant à l’épreuve mon courage. Inutile de préciser que je n’ai pas fermé l’œil de la nuit et que du fond de mon sac de couchage j’ai observé le jeu des étoiles qui me surplombaient. Au petit matin, fier d’avoir subit victorieusement cette étape, j’ai eu réellement le sentiment d’un aboutissement, d’une victoire sur moi-même. En guise de lauriers j’ai été affublé d’un surnom secret que j’ai fièrement enfoui dans ma mémoire.
Le cabinet de réflexion, les épreuves de l’initiation procurent cette même sensation de dépassement de soi et de confiance en ceux qui nous guident que j’ai ressenti à cette occasion.
- REMEZ le moment d’étudier ce qui nous entoure l’architecture, la géométrie, la philosophie. Le moment de percevoir la lumière, de s’enrichir par la parole le dialogue et les voyages.
C’est aussi le palier qui nous incite à aller plus loin rapidement, quitte à obtenir les secrets du temple illégalement. C’est le moment de l’émancipation et de l’envol.
- DERASH le mythe. Le nouveau Maître s’est enfin relevé, de l’horizontalité il est passé à la verticalité.
La goutte qui tombe a fait trois cercles concentriques. Il a victorieusement remonté le courant des trois spirales pour aujourd’hui se redresser et chercher l’origine de la goutte. Par substitution il est devenu Hiram et se doit d’en assumer l’exemplarité et la sagesse.
- SOD Enfin redressé, on recherche la perfection. Pour cela, il faut épouser des situations et des personnages qui nous amènent à vivre des degrés de sensibilités aussi différents qu’enrichissants les uns les autres.

Les légendes et les mythes lui donnent un enseignement qui lui permet de se hisser dans l’échelle de la compréhension.
Pourtant, rien n’est acquis et arrivé au 13ème il doit redescendre dans le cabinet de réflexion, revisiter VITRIOL, et refaire son parcours afin de mieux comprendre où il se trouve.
Le 14ème degré lui donne un secret, mais est-ce pour autant « Le Secret » ?
Le nom de Dieu YHWH est écrit sur le Tétragramme au 13ème degré, lorsqu’il est placé sur l’autel des serments, et au 14ème degré au dessus et derrière le Trois Fois Puissant Grand Maître.
Encore quatre caractères hébreux employés pour nommer Dieu, Jéhovah ou Yahvé.
Ce nom qui fut communiqué à Moïse près du Buisson Ardent lorsque Dieu lui dit « Va dire aux enfants d’Israël, je suis Yahvé, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et de Jacob. C’est mon nom pour toujours et il restera dans vos mémoires. » Ce nom signifie la lumière, le mystère de la vie, en fait le Verbe.
Ce nom qui nous est communiqué, nous le connaissions déjà, nous l’avions en mémoire.
Pourquoi le REAA a-t-il emprunté le Nom Ineffable si ce n’est pour nous faire toucher le caractère sacré de notre engagement ?
Pour autant, il nous est divulgué à un moment où nous devons acquérir un degré de conscience du parcours effectué.
Telle l’échelle de Jacob, nous grimpons paliers par paliers pour atteindre notre Pardès.
C’est par ces degrés de consciences que le REAA nous convie, invite, suggère, de tenter de rejoindre le sommet de l’échelle où se trouve ce que d’aucuns appellent Dieu, Adonaï, Jésus, Allah, ou le Grand Architecte de l’Univers.
Mais pour autant, la divulgation de ce secret nous indique-t-elle la connaissance du grand mystère ? « Tous les arbres du jardin, tu peux t’en nourrir, mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras point ».
L’homme a quitté le paradis alors qu’il avait la connaissance et la compréhension de son créateur.
Son orgueil et sa vanité l’ont éloigné du centre initial.

Mais pour autant, pouvait-il se satisfaire de la révélation primordiale insufflée par Dieu alors que sa curiosité et son sens de l’exploration l’ont invité à chercher au-delà des limites imparties. Comme Lucifer il a cherché à obtenir toujours plus de lumière, ce qui l’a amené à s’éloigner du principe créateur.
Notre démarche est de réintégrer le Pardès, ce paradis perdu, là où la lumière divine que nous recherchons se trouve ?
La Kabbale croit en la métempsychose, à la réincarnation.
Dieu se réjouit de la mort de ses fidèles, car l’être humain revient sur terre sous forme humaine ou animale pour se purifier.
D’existence en existence, il doit chercher la vraie lumière et retrouver l’état édénique. Retrouver son androgynie primitive, son état avant la division en Adam et Eve qui doit nous conduire au « Saint des Saints ». Là, tout rentre dans l’unité et la perfection. L’homme qui arrive à cet état de pensée ne se distingue plus de son créateur, il en fait partie.
Introspection (VITRIOL) et réintégration (Pardès) seraient donc les deux indices que le rituel nous propose afin d’approcher le Grand Architecte de l’Univers. J’ai donc le sentiment que le barreau sur lequel je me trouve est plus une étape qu’un aboutissement.
Dans le noir de ma forêt, j’attends le petit matin et le grand jour qui va m’éclairer …

Merci pour ce superbe travail, si clair et si instructif !
J’ajoute que nos sages ont associé chaque niveau de lecture avec un liquide du plus simple au plus complexe.
Ainsi Pshat est associé à l’eau
Ensuite Remez est associé au lait
Puis Drash est associé au miel
Enfin Sod (secret) est associé au vin…
In vino veritas !
(Extrapolation de l’épisode de la nudité de Noé)
Nom des portes dans l’ordre avec la traduction et un texte qui m’est apparu associant tous ces noms, j’ai également une image que je ne peux pas partager avec toi :
MALKUTH ROYAUME
IESOD FONDATION
HOD GLOIRE
NETSAM VICTOIRE
THIPHERET BEAUTE
GUEBURAH FORCE
HESED MISERICORDE
BINAH COMPREHENSION
HOKHMA SAGESSE
KETHER COURONNE
Pour atteindre le ROYAUME, ressourçons nous dans les FONDATIONS de notre Temple pour y trouver la GLOIRE et la VICTOIRE sur nous-même. Que notre vie auréolée de BEAUTE nous donne la FORCE, la MISERICORDE et la COMPREHENSION nous permettant d’atteindre la SAGESSE et mériter la COURONNE